Emile Cardinal Biayenda et les douze (12) clefs de la conscience socio-culturelle des [ba]-Koongo

Emile Cardinal Biayenda et les douze (12) clefs de la conscience socio-culturelle des [ba]-Koongo

Loin des considérations traditionnelles du peuple Koôngo auquel j’appartiens, je n’ai jamais saisi les notions d’appartenance familiale que ma mère aimait bien faire l’étalage, durant mon enfance, ma jeunesse voire au tout début de ma vie adulte. Ces mots de ma mère résonnent encore en moi, lorsqu’elle clamait haut et fort qu’elle était « mwana koongo, mushi ngoma mwana mvimba, mu tekolo mpanzu….. » C’est en lisant la toute récente et dernière publication de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU sur le Cardinal Emile Biayenda et les 12 clefs de la conscience socio-culturelle des Bakoongo, à l’occasion du quarantième anniversaire de son assassinat (22/03/1977-22/03/2017) publié aux éditions ICES au mois de septembre dernier que j’ai finalement compris le sens profond de ce qui me paraissait être autrefois, une sorte de mystère. L’ouvrage de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU m’a ouvert les yeux et, comporte deux parties. La première partie porte sur la définition du clan, ses traits caractéristiques et les lois fondamentales qui le régissent. La seconde partie consacre les douze (12) clans qui définissent la Famille Koôngo qui sont l’expression même de sa conscience socio-culturelle. L’originalité du livre de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU a été de présenter la famille Koôngo, au travers de ses clans, pas tout simplement comme une parenté essentielle et fondamentale qui domine et ordonne toutes les relations des Koôngo avec leurs semblables, mais en plus de cela comme un espace d’expression professionnelle [Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.25.] Etant la collectivité de tous les descendants par filiation utérine, d’une aïeule commune, et qui portent le nom de cette collectivité, comprenant, entre autres, tous les individus des deux sexes qu’ils vivent en dessous ou au-dessus de la terre…les défunts et les vivants, le clan ou Kanda se révèle aussi comme étant un espace sacré de socialisation ou d’insertion professionnelle de l’individu qui en est membre. [ Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.21.] Ainsi, autrefois, chez les Koôngo, on était disposé dès le jeune âge à être un juge, un forgeron, un artiste, un médecin selon que l’on appartenait à tel ou tel clan ou Kanda. Selon l’auteur Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, les douze (12) clans de la conscience socio-culturelle Bakoôngo auraient constitué une grande famille quadripartite en matière de division de travail. Autrement dit, les clans, objet du dernier ouvrage du kongologue auraient eu : Une appartenance politique et judiciaire : c’est le cas du clan kimpanzu qui, dans l’ancien Congo intervenait dans l’élection des nouveaux rois. [Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.70.] Une appartenance religieuse ou spirituelle : c’est le cas du clan nsaku qui, selon Raphaël Batsikama rapporté par Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU constitue la famille des Lévites congolais, c’est-à-dire de ceux dont la fonction est tournée vers le sacerdoce ou à la mission de prophète. [Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.75.] Une appartenance technologique et industrielle : c’est le cas du clan sundi qui, dans le Koôngo dia Ntootela jouira d’une grande renommée pour le travail de la forge. [Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.83.] Une appartenance artistique et « hospitalistique » : ce fut le cas du clan kimbanda dont les métiers en ce domaine eurent un écho outre-atlantique plus exactement au Brésil et aux Antilles. [Le cardinal Emile Biayenda et les 12 clans…P.90.] En résumé, à travers cet ouvrage dont le travail est « techniquement bien fouillé et d’une grande portée scientifique », le kongologue Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU a réussi à faire ressortir la dimension intellectuelle du Cardinal Emile BIAYENDA, en prenant appui sur sa thèse de doctorat intitulée : Coutumes et développement chez les Bakongo du Congo-Brazzaville.Un ouvrage fort intéressant que je recommande volontiers aux lecteurs et lectrices amoureux de l’histoire du royaume Congo que très peu d’héritiers dudit royaume connaissent. C’est fort dommage !Réapproprions-nous notre histoire, tel est l’un de mes plus précieux vœux de l’année 2018, à l’endroit de mes compatriotes, en l’occurrence, de ceux de culture Koôngo qui s’y intéressent vraiment. Joyeuses fêtes et BWANANA 2018 Eliezere BAHADILA Licenciée en psychologie

Emile Cardinal Biayenda et le sacre du mpfumu mpu ou du chef à couvre tête

Emile Cardinal Biayenda et le sacre du mpfumu mpu ou du chef à couvre tête

A l’occasion du quarantième (40ième) anniversaire de l’assassinat de Monseigneur Emile BIAYENDA, le kongologue Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, de par la publication de son ouvrage aux éditions les Impliqués-L’Harmattan, nous invite une fois de plus, à la découverte de ce vénéré Cardinal qui a été non seulement un bon pasteur mais également un excellent passeur spirituel. « Le testament socio-institutionnel du cardinal Emile BIAYENDA : le sacre du Mpfumu Mpu ou du chef à couvre tête », tel est en effet le titre du remarquable ouvrage de notre kongologue avisé. L’originalité dudit ouvrage, porte non seulement sur la réflexion du Cardinal BIAYENDA mais également et surtout sur sa conviction aux termes de laquelle : « Les coutumes révèlent l’âme profonde d’un peuple. La connaissance profonde d’un peuple permet de l’aiguiller, de discipliner ses instincts, de tenir compte de ce qu’il est, de ce qui constitue sa note individuante : ce qui le caractérise et le distingue des autres. » Ainsi, l’étude de l’élection du Mpfumu Mpu, chez les KOÔNGO, par le Cardinal Emile BIAYENDA, apparaît, selon Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, comme une manière voire une sorte d’invitation au voyage, pourrait-on dire, de la société Congolaise vers sa propre histoire pour mieux penser ses institutions [ puisque au terme de la réflexion du cardinal BIAYENDA, l’on est tenté de dire qu’avec lui les PENSEES SE PENSENT POUR MIEUX PANSER LES PLAIES DES HOMMES POUR ALLER, AU FINAL VERS UN MEILLEUR VIVRE ENSEMBLE QUI N’EST POSSIBLE QUE DANS LA CONSTRUCTION DE L’HARMONIE, EN L’OCCURRENCE DE L’HARMONIE SOCIO-INSTITUTIONNELLE ] et pour aboutir à une gouvernance paisible et raisonnable et qui, par voie de conséquence contribuerait à l’épanouissement de l’être ou du MUUNTU dans tous les aspects de son existence. Ntu buzitu, Mpu buzitu, selon un adage KOÔNGO, autrement dit, le respect et le rayonnement de la couronne dépendent intimement de la personnalité et de la sagesse de l’être qui en est investi. C’est aussi le message que l’auteur entend véhiculer au travers des mots limpides qui gouvernent tout son propos. D’après la réflexion du cardinal BIAYENDA, telle qu’elle ressort de l’ouvrage de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, la tenue de l’élection d’un chef KOÔNGO, le Mpfumu Mpu, les critères qui conduisent au choix des prétendants sont une leçon à retenir pour le Congo-Brazzaville, aux fins de mieux préparer son présent ou son avenir. Comme le souligne parfaitement bien le préfacier du nouveau livre de Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU, le professeur Henri Louis CANAL, « Le vénérable Abbé Emile BIAYENDA est l’un de ces êtres exceptionnels souvent appelés guides de lumière ou tout simplement Sages, Philosophes, Inconnus…, Adeptes du lignage du Primordial… Leur Réminiscence est claire. Celles ou ceux qui savent se Souvenir loin, des Réminiscents, sont plus aptes à construire l’avenir d’ici ou d’ailleurs avec pertinence et durée que les savants habituels. Ils sont la Confiance même du Chemin harmonieux qui, tout en étant là, se trouve en communication cosmique du seul fini. » P .18 Visionnaire à l’instar d’un prophète des temps sans fin ou d’un véritable NGUNZA, le Cardinal était certainement un adepte d’union harmonieuse entre l’invention et la sagesse en matière institutionnelle qui, au final aurait dégagé un système de gouvernance au Congo qui lui serait propre, original, fortement équilibriste, de nature à faire participer toutes les forces vives de la Nation Congolaise à son développement. Je recommande vivement la lecture de cet ouvrage qui nous présente une fois de plus un Cardinal Emile BIAYENDA comme un grand intellectuel avisé et très soucieux du devenir de son pays, le Congo-Brazzaville, pour lequel d’ailleurs, il n’a pas hésité à donner de son sang pour le préserver des divisions, des guerres fratricides ou des maux qui font mal et dont les cicatrices restent éternellement indélébiles. Je m’adresserai spécialement à tous les acteurs sociaux de la Société Congolaise qui, d’une manière ou d’une autre, cherchent à bâtir un meilleur vivre ensemble qui permettrait au MUUNTU, une expression si chère à Rudy MBEMBA-DYA-BÔ-BENAZO-MBANZULU de connaître une jouissance paisible de bonheur et de justice sociale. ELIEZERE BAHADILA (Licenciée en psychologie)

Sur les pas du Vénéré Pasteur : Entretien spirituel avec Emile Cardinal Biayenda

Sur les pas du Vénéré Pasteur : Entretien spirituel avec Emile Cardinal Biayenda

Le Congo-Brazzaville est sur le point de vivre un grand événement électoral tenant au choix d’un nouveau président de la République. Compte tenu de l’importance d’un tel événement, TAATA N’DWENGA directeur de publication du journal imaginaire du MUUNTU s’est, une fois de plus, rapproché du Vénéré Pasteur pour obtenir son soutien et ses conseils sur la manière d’être et de faire pour mieux construire le « vivre ensemble » qui, n’est toujours pas visible dans les faits et gestes des hommes politiques en dépit de leur discours sur ce point. LE JOURNAL DU MUUNTU : Bonjour ! Comment-allez-vous Mon très cher et vénéré pasteur Emile BIAYENDA ? LE CARDINAL EMILE BIAYENDA : [ Mes pensées et surtout mes prières sont tournées vers le Congo-Brazzaville en l’exhortant au courage, et à la confiance pour son avenir d’autant plus que la lumière est proche. A part ça, je vais bien car la paix et la joie du Christ envahissent tout mon être avec les anges et les saints du monde céleste.]LE JOURNAL DU MUUNTU : Comme vous le savez, vénéré père, les Congolaises et les Congolais implorent souvent votre bonté pour la paix dans leur pays. Aujourd’hui, ils sont sur le point de vivre quelque chose d’événementiel, c’est-à-dire un scrutin pour l’élection d’un président de la république. Que pouvez-vous nous dire à propos d’un tel événement lequel, dans des pays comme le nôtre, peut engendrer de terribles conséquences sur les plans humain et social ? LE CARDINAL EMILE BIAYENDA : [ Eh bein ! mon enfant nous devons, pour cela, beaucoup prier notamment], en nous penchant sur l’enseignement du Christ, en examinant son comportement et en réfléchissant sur son agir. Nous demanderons à l’Esprit de «pénétrer nos intelligences, de nous enraciner dans la foi, de nous rendre capables de comprendre avec tous les fidèles quelle est la largeur, la longueur, la hauteur, la profondeur…(du cœur de Jésus, foyer de cet amour) qui surpasse tout ce qu’on peut connaître » (Eph 3, 18-19),….[ Cardinal Emile Biayenda Extrait de son exposé au congrès international des prêtres Paray-le-Monial, 12-18 septembre 1974.] Avec Jésus, la loi d’amour prend des nouvelles dimensions ; elle s’élargit et s’épure en même temps. Elevé aux dimensions de son propre cœur, l’amour sort des limites claniques, tribales, régionales, voire nationales, et devient universel ; surnaturel sans borne à l’exemple de l’amour de Dieu lui-même. [ Cardinal Emile Biayenda ibidem.] LE JOURNAL DU MUUNTU : Mais vénéré père, beaucoup des nôtres Congolais ou Africains deviennent sceptiques face à l’évolution du monde des inégalités considérant à ce titre les Saintes Ecritures comme étant culturellement trop éloignées de nos réalités. Qu’en pensez-vous ? LE CARDINAL EMILE BIAYENDA : N’eut été la concision des limites de notre « relation », nous nous serions longuement attardés sur la symbolique du cœur dans l’Ecriture Sainte et dans la tradition congolaise. Toutefois nous tenons, avant de poursuivre notre réflexion, à souligner qu’à la source de toutes nos actions et de tous nos actes, se trouve le « cœur ». Et sur ce point, la pensée juive et la pensée africaine se rejoignent et se complètent d’une façon très surprenante. L’Ecriture insiste sur l’importance du cœur dans nos relations avec Dieu et avec les hommes. Plus d’une fois, dans l’Ancien Testament, Yahvé fustige les attitudes inacceptables de son peuple. LE JOURNAL DU MUUNTU : Je vous prie de bien vouloir m’excuser de vous interrompre mon très cher et vénéré cardinal, une idée me vient à l’instant même sur les maux dont souffre le peuple Congolais, en est il en partie lui-même responsable ? « Parce que ce peuple ne m’approche qu’en parole, qu’il ne me glorifie que des lèvres, tandis que son cœur reste loin de moi, et que sa religion envers moi n’est que commandements humains, leçons apprises ! Eh bien, je vais continuer à lui prodiguer mes prodiges. La sagesse de ses sages tournera court, l’intelligence de ses intelligents s’éclipsera » (Is 29, 13-14). Par la bouche de Joël et d’Ezéchiel, Yahvé nous livre son plan : déchirer les cœurs des gens de son peuple ; arracher leurs « cœurs de pierre », leurs « cœurs endurcis », et leur donner des « cœurs de chair », capables d’aimer et de réagir comme le sien. « Je leur donnerai un cœur nouveau, et je mettrai en eux un esprit nouveau : j’extirperai de leur corps le cœur de pierre et je leur donnerai un cœur de chair, afin qu’ils marchent selon mes lois et qu’ils observent mes coutumes et qu’ils les mettent en pratique. Alors, ils seront mon peuple, et moi je serai leur Dieu. Quant à ceux dont le cœur est attaché à leurs idoles et à leurs pratiques abominables, je leur demanderai compte de leur conduite. Oracle de Yahvé » (Ez 11, 19-21). [ Cardinal Emile Biayenda Extrait de son exposé au congrès international des prêtres Paray-le-Monial, 12-18 septembre 1974.] LE JOURNAL DU MUUNTU : Mon très cher et vénéré père pensez-vous vraiment que la tradition juive est identique à la tradition congolaise ? LE CARDINAL EMILE BIAYENDA : [ Bien évidemment mon enfant ! d’autant plus que], bon nombre d’expressions bibliques existaient, telles quelles dans nos langues avant que nous ayons eu quelque contact avec l’Evangile. Elles définissent le genre de relations que les hommes peuvent avoir entre eux, et déterminent les différents motifs et mobiles qui peuvent les promouvoir. Signalons-en quelques-unes, en Kituba, Lari et Lingala, par exemple, que nous essayons de traduire assez fidèlement, bien qu’incomplètement, vu toute leur densité : « Ku vuanda na m’tima » = « avoir du cœur », signifiera à la fois : être social, affable, accueillant, savoir réagir devant la misère et les soucis des autres, oublier le mal qu’on vous a fait, savoir pardonner, savoir partager, en un mot, vivre la loi de charité telle que la définit Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens…Pour nous, Congolais, « avoir du cœur », c’est jouir d’une bonté et d’une largeur de cœur remarquables. «

Interview imaginaire du Vénéré Pasteur sur le chemin d’avenir du Congo-Brazzaville

Interview imaginaire du Vénéré Pasteur sur le chemin d’avenir du Congo-Brazzaville

TAÀTA N’DWENGA éditorialiste du journal imaginaire de « l’être intérieur » ou du MUÙNTU, s’est rapproché en âme et conscience du vénéré pasteur, le Cardinal Emile BIAYENDA pour solliciter son aide et son soutien dans les prières et actions qui sont menées, ici et là, pour le maintien de la paix au Congo-Brazzaville. 1. Le Journal du MUÙNTU : Bien des choses à vous Vénéré père et immense est vraiment ma joie de communier avec vous sur le chemin d’avenir de notre beau cher pays le Congo qui, à vos yeux, ne peut être que celui du développement intégral et de la paix ! Qu’est-ce que vous pouvez nous conseiller à ce propos ? Le Cardinal Emile BIAYENDA : [J’invite mon cher et beau pays le Congo-Brazzaville] à méditer et à prier sur un aspect contradictoire de la vie actuelle : d’un côté, l’Homme veut effacer Dieu de ses voies humaines, de l’autre il recherche tumultueusement ce que Dieu veut : la justice, le bien-être de l’Homme…Mais le monde n’accepte plus les méthodes du Christ. L’Homme ne veut plus de Dieu dans la recherche et pour le rétablissement d’un monde plus juste, plus généreux et paisible…il emploie les armes pour menacer les pourparlers. [Cardinal Emile Biayenda Homélie prononcée à Ars, le 18 mars 1973] Le monde actuel semble donner ses préférences à Barabbas : malgré lui ce monde choisit le glaive et la bombe pour maintenir la paix. Certains aiment mieux les actions de brutalité et les menaces pour rétablir la justice. Barabbas est libéré avec ses crimes, ses violences, ses cris de haine et de divisions, ses perturbations et ses agitations injustes, il est admiré et acclamé. [Cardinal Emile Biayenda Homélie prononcée à Menilmontant 6 mai 1973] 2. Le Journal du MUÙNTU : Mais Mon très Cher et Vénéré père que doit-on, en définitive, faire pour restaurer effectivement et durablement la paix au Congo-Brazzaville d’autant plus que ses représentants actuels sont dans une incapacité totale de la construire pour un Congo uni, meilleur, citoyen et fraternel ? Le Cardinal Emile Biayenda : C’est par notre prière que nous permettrons que l’Esprit de Dieu assiste ceux qui, dans les différents milieux doivent concrètement bâtir la cité de la terre en vue de la rendre habitable. Par notre prière nous aiderons tous les hommes à préparer…le chemin du Bien, de la justice et de la paix. [Cardinal Emile Biayenda Homélie prononcée à Menilmontant 6 mai 1973] Voilà la vérité à laquelle nous devons nous convertir : – Dieu règne par le bien, – Et là où se fait le bien – là Dieu travaille – Là où Dieu est acclamé, – là Dieu est honoré ! Dieu règne par la fraternité entre les hommes et là où des hommes s’entendent là aussi est Dieu. – Là où l’on s’aime – Là aussi Dieu règne – Là Dieu est acclamé par des palmes immortelles du bien. [Cardinal Emile Biayenda Menilmontant 6 mai 1973] 3. Le Journal du MUÙNTU : Depuis votre assassinat le 22 mars 1977 et donc votre départ sur terre, le Congo-Brazzaville va de plus en plus mal et quel message souhaiteriez-vous partager avec nous pour qu’il y ait plus de paix ou plus d’unité parmi les hommes ? Le Cardinal Emile Biayenda : Qu’en ce mois spécial, notre prière…pour notre pays et pour la paix parmi les hommes, monte vers Marie, notre Mère à qui notre pays a été consacré…en ce jour de grâce et de fraternité, nous vous lançons plus qu’un appel, à vous tous… pour nous unir…pour promouvoir la paix et la charité dans notre pays et dans le monde. [Cardinal Emile Biayenda Stade Félix Eboué 20 mai 1973] 4. Le journal du MUÙNTU : Mais Vénéré père-cardinal beaucoup de Congolais sont fatigués d’entendre parler de paix ou d’unité mais celle-ci n’est jamais traduite dans les faits et actes humains ! Alors que doit-on entendre vraiment par unité, en l’occurrence l’unité nationale ? Le Cardinal Emile Biayenda : L’unité vraie, c’est l’unité des cœurs, l’unité des esprits peu importe les diversités extérieures…c’est cela qui montre le mieux que l’on est vraiment Un, qu’on est une même famille lorsque les joies des autres deviennent nos joies et que les peines des autres deviennent nos peines…l’essentiel pour l’unité c’est de penser, de dire le bien des autres, reconnaître le bien que les autres sont capables de faire. [Cardinal Emile Biayenda extrait de l’interview tenue à la voix de la Révolution février 1973] 5. Le journal du MUÙNTU : Une dernière question mon Vénéré père avant de vous laisser dignement vous reposer en paix ! Deux ans avant votre départ sur terre vous vous inquiétiez déjà des vicissitudes de la société de consommation ! Quels précieux conseils pouvez-vous nous donner à l’heure actuelle dans un Congo qui est en perte de vitesse sur pas de valeurs qui fondent en temps normal sa raison d’être ? Le Cardinal Emile Biayenda : La société de consommation envahit nos vies. Nous sommes cependant héritiers de coutumes très belles, malheureusement souvent déformées. Vivant dans l’Etat Congolais examinons notre vie dans notre manière de penser et d’agir, au regard de notre mentalité propre et de nos habitudes…Cette œuvre est grande et belle. N’hésitons à demander l’aide de Marie, notre dame du Congo. Tout cela exigera de nous de grands efforts, c’est certain. Il faut du courage pour modifier certaines habitudes de vie…Reconnaissons les obstacles qui entravent…l’unité et l’harmonie entre citoyens de notre nation. [Cardinal Emile Biayenda lettre pastorale 6 novembre 1973] Propos recueillis en âme et conscience par Rudy MBEMBA-Dya-Bô-BENAZO-MBANZULU (alias TAÀTA N’DWENGA) Coordonnateur général du cercle KI-MBAÀNZA ou des Amis de la Nation Congolaise (L’A.N.C.)

Des mots, d’Emile Cardinal Biayenda et de la définition du principe de Vérité dans la coutume Koòngo

Des mots, d’Emile Cardinal Biayenda et de la définition du principe de Vérité dans la coutume Koòngo

Si en langue française, la vérité est définie comme une idée ou une proposition que l’esprit reconnaît comme vraie ou qui s’accorde avec le sentiment que quelqu’un a de la réalité, dans la langue Koòngo, différentes expressions sont utilisées pour décrire une chose ou un fait revêtu du sceau de la vérité. A titre principal, c’est le mot très ancien kie-leka (ou tsie-leka) queon les Koòngo emploient pour traduire la réalité d’une chose, d’un fait voire d’un sentiment. Ainsi « muùna kieleka » est cette expression qui tend à décrire l’exactitude ou la réalité d’une chose qui, somme toute, est reconnue comme telle en raison de son rattachement aux choses dites vraies que l’on situe dans le Nza ou l’univers de kie-leka. Ici, kie-leka du fait de son attachement au vocable de muùna devient conceptuellement parlant comme un lieu de localisation de la vérité. Ce n’est pas la vérité en tant que telle, mais beaucoup plus, un lieu dans lequel la vérité est censée être se situer. Quant à l’expression « ni buùna », contrairement à celle de kie-leka, elle tend à consolider la vérité sur un ton affirmatif qui, par la même occasion, récuse toute contradiction sur la réalité des faits mis en cause. Elle est employée pour exprimer l’idée de justesse, d’exactitude et de parfaite conformité qui, à ce titre ne souffre d’aucune remise en cause. A titre d’exemple, l’Être Suprême NzaMbi MpuNgu est défini comme le Tout puissant, créateur du ciel et de la terre et de tout ce qui existe. A cela l’homme Koòngo répondra naturellement « ééé ni buùna ! wa ma kie-leka ! », c’est-à-dire, qu’il en est ainsi très exactement. Par ailleurs, l’expression « bwisi bwa maàmbu bukiele (ou butsiele) » est celle que les Koòngo emploient pour traduire la manifestation d’une vérité qui se fait jour ou apparaît au grand jour dans le règlement d’une affaire ou d’un litige. Ici, le vocable bukiele n’est, linguistiquement parlant, qu’une transcription évolutive du mot tsia (ou tiya) qui, en l’espèce revêt la signification d’éclats de lumière. C’est dire que, chez les Koòngo, la vérité est aussi lumière et est définie comme telle en raison de sa manifestation qui s’opère sous forme d’éclats de lumière ou de concrétisation d’un fait voire d’exactitude d’une cause dans le règlement d’un litige ou d’un différend. Outre le mot kie-leka, il existe un autre terme dans les parlers Koòngo pour exprimer l’idée de vérité. Il s’agit de nguùla, lequel mot associé au mot muùntu donne nguùla muùntu et qui tend à désigner, l’homme juste, honnête et qui, par ses faits et gestes témoigne parfaitement de l’idée que l’on se fait de la réalité ou de la vérité en matière d’humanité ou ki-muntu. C’est ainsi par exemple Emile cardinal BIAYENDA dans les parlers Koòngo est un nguùla muùntu, c’est-à-dire un être spirituel de haut rang qui, par son vécu a su montrer la réalité même de ce que doit être un muùntu, c’est-à-dire cet être véritablement intelligible qui aspire à la tranquillité, à la paix des hommes vivant dans une communauté qui leur permet de s’épanouir d’une manière ou d’une autre. Il est, par définition, l’être intelligible mais qui l’est encore davantage parce qu’il porte en lui la vérité. C’est ce qui lui confère au final la qualité de nguùla muùntu. Emile cardinal BIAYENDA est un nguùla muùntu parce qu’il est parvenu, par son discours, ses faits et gestes donc par sa façon d’être, au stade social ou socialisant du savoir vivre tel qu’il devrait être selon le muntuïsme ou le ki-muntu, c’est-à-dire la philosophie existentielle bantoue. C’est à ce titre qu’il est, d’après le muntuïsme, un nguùdi, c’est-à-dire une haute autorité humaine ayant, peut-on dire, force de loi en matière spirituelle, religieuse, morale et sociale. Il est le modèle même de cette définition du muùntu tel que le conçoit le muntuïsme. Emile cardinal BIAYENDA est, peut-on dire, le nguùdi’a kaànda, c’est-à-dire le représentant, l’ancien et le témoin agréé par la conscience sociale dans la manifestation des principes de Ki-muntu qui sont à la fois, ordre, exemplarité, développement et épanouissement tant de l’individu que de la société. C’est en cela qu’Emile cardinal BIAYENDA apparaît comme le nguùla muùntu, ce témoin de la socialité, de la justice et de la vérité parmi les hommes, celle qui refuse le mépris, l’aliénation de l’être parce qu’il doit être seulement ce, à quoi, il est destiné par l’Eternel, son Dieu créateur NzaMbi MpuNgu, c’est-à-dire au bonheur et à la paix. Au regard du muntuïsme, Emile cardinal BIAYENDA est véritablement un nguùla muùntu et un nguùdi’a kaànda, parce qu’il est la réalité même de cette dimension humaine qui œuvre intégralement pour le développement de l’être, la paix ou ki-oòngo et le dialogue et c’est au nom de tous ces principes auxquels, il croyait très fort qu’il est allé jusqu’au sacrifice suprême pour ceux qu’il aimait à savoir : les hommes et uniquement les hommes. Ainsi, comme le relève à juste titre l’ancien recteur du grand séminaire de philosophie de Brazzaville, vice recteur et maître de conférence à l’université catholique d’Afrique centrale à Yaoundé, l’abbé Olivier Massamba-Loubelo dans « Les Nouveaux Enjeux Pastoraux entre tradition et modernité Hommage au Cardinal Emile Biayenda Editions ICES Novembre 2012 P.19-40 » : « Chez Emile, les qualités ne sont pas en demi teinte, elles apparaissent dans toute leur maturité et ne s’éclipsent pas, car cet homme est entier et constant. Parmi ses qualités, je voudrais relever spécialement son humilité qui est à la fois déroutante et fascinante. « Il a toujours été comme cela », disent ceux qui l’ont connu depuis les années de formation au séminaire jusqu’à la fin de sa vie. Mais pour le commun des fidèles, c’est la tranche de vie de l’épiscopat et du cardinalat qui marque les esprits. En Afrique ( mais ce n’est pas une spécificité africaine), il n’est pas rare que les prêtres, à plus forte raison les évêques et les cardinaux sont mis sur un piédestal quand ce ne sont pas