Congo/Culture : Yeux d’escargot de l’écrivain Daniel Isaac Itoua reçoit le Grand prix international Johannh Brand 2024

Congo/Culture : Yeux d’escargot de l’écrivain Daniel Isaac Itoua reçoit le Grand prix international Johannh Brand 2024

LIVRES. Le poète et anthropologue congolais, Daniel Isaac Itoua, a reçu le Grand prix international Johannh Brand 2024 pour son œuvre littéraire « Yeux d’escargot, Bruissements de la forêt de Tsakosso » décerné par le Réseau d’associations winners (RAW). Avec cette nouvelle distinction, Daniel Isaac Itoua se réjouit et se félicite du fait que ses œuvres sont maintenant accessibles et adhèrent l’assentiment des lecteurs. « Je me rends compte que les gens commencent à me lire ». A travers cet ouvrage, Daniel Isaac Itoua, amoureux de la nature et attaché à sa forêt de Tsakosso renvoie à son biotope naturel. Il invite les lectrices et lecteurs à aimer la nature, non seulement parce que les animaux sont d’une symbolique importante, mais aussi parce que l’Homme, selon lui, est lié à son environnement. « Dans Yeux d’escargot, Bruissements de la forêt de Tsakosso, j’ai fait de la poésie…Mes poèmes sont des poèmes anthropologiques, rien à voir avoir le style universitaire, pour donner ce que nous pensons de la pensée africaine ». a déclaré Daniel Isaac Itoua. Par ailleurs, il a lancé un appel pour une nouvelle perception des œuvres littéraires en valorisant nos propres cultures : « Nous devons changer ce que nous avons comme logiciel. Le logiciel des universités, il faut le casser. Donc nous devons apporter les méthodes africaines dans le nouveau message », a clamé l’auteur.  « La poésie que j’ai écrite, c’est la poésie de l’Afrique », a conclu Daniel Isaac Itoua. « Yeux d’escargot, Bruissements de la forêt de Tsakosso » est une œuvre littéraire polyphonique et novatrice. Véritable cocktail mêlant poèmes, chants, proverbes et maximes. Il contribue au renouveau scripturaire. Révélation d’un désir de création et d’objectivation, ce livre est un humanisme littéraire et culturel. Cet ouvrage dénonce du népotisme, de l’ethnocentrisme, du chauvinisme, la contribution à mettre à mal les violences de l’histoire comme l’autocratie, la dictature, l’oppression, la stigmatisation des dérives d’un dépérissement démocratique à l’heure de l’internet… Quid sur Daniel Isaac Itoua Natif de la République du Congo, Daniel Isaac Itoua est un écrivain disposant d’une œuvre qui s’imprègne des traditions mbôsi et gangulu. Il est connu comme poète et anthropologue. Il est l’auteur des œuvres comme : instruments de musique traditionnelle des Mbôsi du Congo, secrets et applications (L’Harmattan, 2014), Et si le Kiebe-Kiebe vous était conté ? Tradition initiatique du Congo-Brazzaville (L’Harmattan, 2018) ; Chants de l’horloge du temps humain (La Doxa, 2017) et Du cœur de l’arbre (Edilivre, 2020). Wilfrid Lawilla. D.

Congo. Un grand homme de lettres : 15 ans après sa disparition

Congo. Un grand homme de lettres : 15 ans après sa disparition

Un grand homme de lettres venait de nous quitter il y a 15 ans, plus précisément le 4 juillet 2009. Jean Baptiste Tati Loutard, le guide de mes premiers pas littéraires. Jean Baptiste Tati Loutard, mon professeur de littérature à l’Université Marien Ngouabi. Jean baptiste Tati Loutard, mon président à l’Union nationale des écrivains et artistes congolais (UNEAC). Jean Baptiste Tati Loutard, un homme de culture que jamais je n’oublierai. I. Souvenirs, souvenirs Difficile de témoigner pour un doyen que l’on a connu dès ses premiers pas dans la création littéraire. Dès les années 70 quand je te présente mon premier recueil de poèmes « Métamorphoses », tu me reçois dans ton bureau de travail quand tu exerces les fonctions de doyen de la fac des lettres à l’Université de Brazzaville qui deviendra par la suite Université Marien Ngouabi. A la fin de notre discussion, tu me dis curieusement que j’imite la poésie de Senghor et tu cites un vers de celui-ci. Timide et marqué par ta simplicité, je ne sais que te répondre. Je n’avais jamais la poésie de ce dernier et je le ferai après cette remarque. J’avais tellement lu tes textes, surtout « Poèmes de la mer » ; « Racines congolaises « et « L’Envers du soleil » que mon ami Léopold PindyMamansono, en publiant mes premiers poèmes dans sa « Nouvelle génération de poètes congolais » en 1984 y notera, à propos de ma modeste poésie ce qui suit : « De fait, tout le recueil de Noël Kodia-Ramata est bâti, de point de vue architectural, sur le modèle des « Racines congolaises » et de « l’Envers du soleil » de son maître J.B. Tati Loutard. Même les thèmes abordés se répercutent comme les échos loutardiens de « Poèmes de la mer » et des « Normes du temps ». En me relisant, j’avais découvert que PindyMamansono avait effectivement raison car la mer que j’avais découverte enfant dans les bras de ma grand-mère maternelle, était encore vivante en moi. Cette dernière avait fui le vacarme des locomotives de Marchand, aujourd’hui Missafou pour le bercement de l’océan Atlantique. Depuis mes années d’université, nous ne nous sommes jamais quittés, même pendant ta traversée du désert de 1992 à 1997. Tu me recevais chez toi dans le quartier de la Cathédrale comme un membre de la famille. J’ai adhéré à l’UNEAC grâce à toi. J’ai eu à lire toutes tes œuvres poétiques et narratives car tu m’avais découvert critique littéraire et m’avais dédicacé toutes tes ouvrages en dehors du « Masque du chacal » sorti au moment où je ne me trouvais plus à Brazzaville. Je t’ai fait une grande surprise en publiant une étude critique sur ton œuvre, intitulé « Mer et écriture chez Tati Loutard, de la poésie à la prose » en 2006, chose qui n’avait jamais été faite par un compatriote. La première ébauche de ce travail fut « regardée » par le docteur TchichelleTchivéla qui m’encouragea dans mon projet. Quand il le fallait, je ne manquais pas de vous faire découvrir, toi et ton œuvre, par l’intermédiaire de la presse internationale comme le magazine panafricain « Afrique Education » dont tu admirais la rubrique « Arts et Lettres ». . Voici bientôt moult années que j’ai quitté le pays pour un travail littéraire au bord de la Seine. Notre dernière « rencontre » se situe autour de ton message de félicitations pour la publication de « Mer et écriture ». J’ai aussi fait comme toi en passant de la poésie au roman avec « Les Enfants de la guerre » et « Un journal blanc sous le soleil de l’équateur ». .. Beaucoup de compatriotes écriront sur toi, sur ton œuvre, mais je reste toujours accroché à ta biographie romancée de Joël Planque, sans oublier les réflexions pertinentes de M. et Mme Chemain de l’Université de Nice sur ton œuvre et la préface de mon ami Boniface Mongo Mboussa qui ouvre « Mer et écriture ». Mais après des visions occidentales de ton œuvre, il fallait une autre présentation de celle-ci faite avec un regard du pays, et nous l’avions réalisée, Mongo Mboussa et moi. Je ferme la boîte de mes souvenirs (il y en a tellement trop) avec ces lignes prémonitoires des « Nouvelles chroniques congolaises » quand tu écrivais: « Molangui était dans le sommeil comme un noyer au fond d’un puits. La mort pouvait passer le prendre sans craindre la moindre résistance ». Et quand je me rappelle encore que tu devrais préfacer notre « Dictionnaire des œuvres congolaises » en chantier. Hélas ! Mais le professeur Jacques Chevrier que tu connaissais bien avait accepté de le faire. Paix à ton âme ! II. Le dernier roman de J.B. Tati Loutard Deuxième roman de J.B. Tati Loutard après « Le Récit de la mort », « Le Masque de chacal » publié à Présence africaine en 2006, apparaît comme un autre pan de la réalité sociopolitique du Congo esquissé déjà dans les précédentes proses narratives. Et il n’est pas étonnant de voir Dozock rimer avec Touazock du « Récit de la mort ». De la prose loutardienne, on remarque que ce sont les personnages du terroir qui sont partout omniprésents dans toutes les histoires qui nous sont rapportées. Même s’ils ont pris de l’âge, des « Chroniques congolaises » au « Masque du chacal ». Dozock, ce journaliste incompris et qui décide d’œuvrer pour la liberté de presse, se voit bousculer par les réalités sociopolitiques de son pays. Plus près de nous, les personnages de Tati Loutard évoquent le « quotidien d’aujourd’hui » avec toute son effervescence qui définit ce que nous vivons et ce que nous avions vécu à peine. A la Maison de la Télévision où il est pris à partie par son directeur qui soutient le nouveau régime, Dozock se voit désavoué moralement. Il pense même à démissionner de son travail. Mais le repos, à lui imposé par son chef pour avoir soit disant mal présenter son journal télévisé, le pousse à opter pour une véritable presse démocratique. Et le soutien qu’il a de la part de « Reports sans frontières » quand on va l’incarcérer, ne fera que fortifier sa volonté. Ainsi, il se propose de créer son journal après sa mise à pied. Alors, il se voit comme accompagné par le « masque du

Rabat: hommage posthume à l’écrivain congolais Henri Lopes

Rabat: hommage posthume à l’écrivain congolais Henri Lopes

Le Laboratoire Langue, Littérature, Arts et Cultures de la Faculté des lettres et des sciences humaines de Rabat (FLSHR) a organisé, mardi, une journée d’études en hommage à Henri Lopes, homme de lettres, diplomate et ancien premier-ministre congolais, qui a marqué par ses écrits la littérature africaine contemporaine. Auteur d’une douzaine d’ouvrages littéraires, dont son célèbre « Le Pleurer-rire » (Présence africaine, 1982) et « Ma grand-mère bantoue et mes ancêtres les Gaulois » (Gallimard, 2003), Henri Lopes, a livré à travers ses écrits sa théorie de métissage et son identité triple à la fois originelle, internationale et personnelle. « La littérature francophone qui nous réunit aujourd’hui autour de la figure marquante que fut et restera l’écrivain congolais Henri Lopes (1937-2023) est la preuve tangible que la langue française est passée, depuis, entre d’autres mains et qu’elle a désormais ses grands classiques », a souligné la doyenne par intérim de la FLSHR, Leila Mounir, notant que cette journée d’études est une occasion de lire Henir Lopes pour se rendre compte de l’idiome de l’écrivain au sein de la langue standard. De son côté, le chef de département de langue et de littérature française, Hassan Moustir, a indiqué que cette journée d’études, organisée en hommage à Henri Lopes, figure culturelle et politique disparu en 2023, s’inscrit dans le cadre d’un nouveau cycle baptisé « Lire et relire ». « Cet hommage vise à faire découvrir nos classiques africains à notre public marocain notamment estudiantin pour porter son regard vers l’intérieur du continent sur des auteurs ayant des accents critiques ou parfois esthétiques très marqués comme celui de Henri Lopes », a expliqué dans une déclaration à la MAP, M. Moustir, également directeur du Laboratoire Langues, Littérature, Arts et Cultures. Il a affirmé que Henri Lopes était un écrivain qui s’est démarqué de la négritude en abordant l’identité dans son rapport avec autrui sous l’angle de la complexité, mettant en relief son apport sur le plan esthétique et fondamental à travers son chef-d’œuvre « Le Pleurer-rire » où l’auteur a donné l’illustration pertinente de son appropriation de la langue française pliée à ses exigences expressives propres. Pour sa part, Bouazza Benachir, enseignant-chercheur, a soutenu que Henri Lopes a opéré une nouvelle discursivité dans la manière de présenter, d’écrire et de penser l’Afrique, relevant que la pensée lopésienne s’est façonnée au fil du temps à travers ses connexions avec le mouvement culturel de la négritude et sa corrélation avec le mouvement new-yorkais de Harlem Renaissance, pour s’affirmer par la suite comme « une autre manière de narrer, de penser et de mettre en récit l’Afrique ». Au programme de cette journée d’études, qui a rassemblé d’éminents chercheurs marocains, africains et internationaux, figurent des interventions autour de la pensée et des contributions de l’auteur, dont « Henri Lopes: littérature et pensée », « Entre l’authenticité et la métamorphose: Henri Lopes à la recherche contrasté des Afriques », « Henri Lopes: Métaphysique des nuances », « Vers une exploration des frontières linguistiques et culturelles dans +Le chercheur d’Afriques+ d’Henri Lopes » et « Les Tribaliques: enracinement dans la négritude ou dépassement ». Né en 1937 à Léopoldville (actuelle Kinshasa) dans un pays sous domination coloniale belge, Henri Lopes a mené une carrière politique très dense entre postes de ministre, de diplomate et de premier ministre. En tant qu’écrivain, Henri Lopes a été l’une des figures emblématiques de la littérature africaine moderne. Décédé à à Suresnes (région parisienne) à l’âge de 86 ans, Henri Lopes laisse à la postérité une oeuvre littéraire riche et variée, dont « Tribaliques », « La nouvelle romance », « Le Chercheur d’Afriques », « Une enfant de Poto-Poto » et le « Méridional ».

Académie française: l’écrivain congolais Emmanuel Dongala reçoit le Grand-Prix Hervé Deluen 2023

Académie française: l’écrivain congolais Emmanuel Dongala reçoit le Grand-Prix Hervé Deluen 2023

DISTINCTION. L’écrivain congolais Emmanuel Boundzeki Dongala a reçu le Grand-Prix Hervé Deluen 2023 de l’Académie française. Le Grand Prix Hervé Deluen est un prix annuel créé en 2007 et destiné à récompenser « toute personne ou toute institution qui contribue efficacement à la défense et à la promotion du français comme langue internationale », comme le rappelle l’Académie française. Natif d’Alindao en République Centrafricaine (RCA), d’un père congolais et d’une mère centrafricaine, le romancier et nouvelliste congolais a signé plusieurs grandes œuvres reconnues à l’échelle internationale. Parmi ses chefs-œuvre : « Un fusil dans la main, un poème dans la poche » (1974, Prix Ladislas-Dormandi), « Le Feu des origines » (1988, Prix Charles Oulmont – Fondation de France et Grand Prix Littéraire de l’Afrique Noire), « Les petits garçons naissent aussi des étoiles » (1998, Prix RFI-Témoin du Monde 1998), « Photo de groupe au bord du fleuve » (2010, Prix Virilo et Prix Mokanda en 2013) et « Photo de groupe au bord du fleuve » (2011, Prix Ahmadou-Kourouma), entre autres. Doté d’une enveloppe de 25 mille euros, le Prix Hervé Deluen devient le Grand Prix Hervé Deluen en 2015. Adrien Thyg

France/Congo. Obsèques de M. Henri Lopes

France/Congo. Obsèques de M. Henri Lopes

DISPARITION. C’est dans la magnifique Église Saint François Xavier, inscrite depuis juin 2018, au titre des monuments historiques, pleine à craquer, située Place du Président Mithouard, dans le 7ème arrondissement de Paris qu’il a été, ce 14 novembre 2023, rendu un dernier hommage à l’écrivain, homme politique congolais, M. Henri Lopes. L’illustre disparu s’en était allé, 12 jours auparavant, à l’hôpital de Suresnes. Une cérémonie très émouvante, digne et pleine d’amour. Comme il fallait s’y attendre, s’y sont retrouvés les membres de la famille Lopes dont Mme Christine Lopes et les enfants Lopes. Également présents, la délégation du Gouvernement congolais, venue de Brazzaville, conduite par le Premier Ministre, M. Anatole Collinet Makosso. De même, les personnels de la Représentation diplomatique congolaise en France avec l’Ambassadeur Rodolphe Adada, des membres des communautés africaine et européenne, des amis et connaissances de M. Henri Lopes. Aussi, sur les colonnes de l’Eglise, Mme Edith Itoua, Ambassadrice du Congo en Allemagne, MM. Henri Ossébi, Représentant du Congo à l’UNESCO, Hébert Kakoula Kady, Président de l’Association des Anciens Ministres de la République du Congo, Pierre Damien Boussoukou Boumba, ancien Ministre congolais de la Santé. Une partie de l’assistance, faute de place, a dû suivre la messe qui a duré près de deux heures, debout, au fond de l’Eglise. M. Henri Lopes nous a quittés, avec cette espérance qu’il n’avait cessé d’entretenir, tout au long de sa vie. Et la sérénité qu’il avait dans son combat difficile contre la maladie ne l’avait jamais abandonné. Très émus, les petits fils, les enfants, puis Mme Christine Lopes, la Directrice Générale de l’UNESCO, Mme Audrey Azoulay, ainsi que M. Jean Claude Gakosso, Ministre congolais des Affaires Etrangères, ont, à tour de rôle, chacun selon sa sensibilité, et dans une répartition des problématiques bien agencées, retracé le brillant parcours de l’élève congolais Henri Lopes qui deviendra, au fil du temps, étudiant et militant panafricaniste engagé, en France, célèbre écrivain, Professeur d’histoire à l’École Normale Supérieure de Brazzaville. Encore à Brazzaville, Directeur Général de l’Enseignement, plusieurs fois Ministre, Premier Ministre, Chef de Gouvernement. Reparti en France, il siège comme Directeur Général Adjoint de l’UNESCO, pour finir comme Ambassadeur du Congo en France, revêtu de l’autorité morale du Doyen du Corps Diplomatique dans l’Hexagone. Des intervenants, des paroles fort significatives et empreintes de symboles ont été entendues. Pour Mme Christine Lopes, la mort de Henri Lopes n’est pas une bibliothèque qui a brûlé, comme la tradition a coutume de caractériser la disparition des hommes de culture. Par son décès, estime Mme Christine Lopes, M. Henri Lopes laisse à la postérité une œuvre immense. Il aura passé son existence à écrire, à écrire, encore à écrire. L’ écriture donnant à Henri Lopes de l’assurance et de la confiance. Pouvant, par conséquent, exprimer ses sentiments aussi librement qu’il le voulait, sans contrainte et sans crainte. A entendre M. Thomas Lopes et Mme Audrey Azoulay, M. Henri Lopes était un amoureux du travail, une qualité qu’il a convenablement transmise à ses enfants. C’était un artiste, un penseur, avec une dose de féministe. Et un petit fils de M. Henri Lopes de trouver le grand père, assidu, sérieux, avec le sens de l’analyse, dans toute émotion, sachant surmonter les épreuves. En clair, pour lui, Henri Lopes était un homme accompli. Inspiré par le travail. Des mots touchants sur les Pays millénaires de la Nkéni, avec eux, le village Ossio ainsi que la cité de Gamboma, avec ce que ces Pays comportent de valeurs morales, culturelles et de forces productives ont été prononcés par Mme Christine Lopes et le Ministre Jean Claude Gakosso. Enfant de Gamboma, ces mots m’ont enthousiasmé, tant la vigueur du style venait au soutien de la force des idées. Dans une atmosphère lourde de tristesse, le cercueil en bois clair, de M. Henri Lopes placé en contre bas de l’autel pour être mieux perçu par l’assistance, les orateurs avaient tout fait de maîtriser les aspects de leurs voix, depuis le souffle, l’intonation, le volume, la diction, la respiration et le débit de la parole. Le geste de bénédiction du cercueil de M. Henri Lopes par le prêtre célébrant exécuté, l’office a été clos après la phrase rituelle du Prêtre  » Allez dans la paix du Christ ». Le sentiment d’avoir appartenu à l’assemblée endeuillée a été perceptible dans l’Eglise. S’en est suivie la prise en charge de la dépouille par les agents des Pompes Funèbres qui ont pris la direction du Cimetière Montparnasse où pour l’éternité M. Henri Lopes reposera en paix. Paris 14 novembre 2023 Ouabari Mariotti

Congo/M. Henri Lopes, l’écrivain diplomate*

Congo/M. Henri Lopes, l’écrivain diplomate*

DISPARITIONS. De par sa culture, sa formation et les valeurs qu’il défendait, M. Henri Lopes avait la vertu de regarder les événements en face. L’amour de l’ordre et un réel esprit de suite étaient en lui. Le bruit lui était insupportable d’où la grande sérénité, le calme et la patience qu’on lui reconnaissait. L’humilité, il l’avait. La discrétion également. Ce sont là des qualités, nécessaires, pour être un bon diplomate. Et elles ont fait de M. Henri Lopes l’Ambassadeur que le Congo attendait de lui aux postes où il devait représenter son pays. Ayant su maintenir d’excellentes relations entre le Congo et les États ainsi que les institutions dont il avait la juridiction. . Ci-dessous, en image, M. Henri Lopes, aux côtés du Président Jacques Chirac, pour le cas de la France. En Espagne, face au Roi Juan Carlos et au Vatican, devant le Pape François 1er. Pour cette qualité de diplomate, l’Ambassadeur Henri Lopes était doté d’une grande capacité d’adaptabilité. Sachant mettre en première ligne les intérêts politiques, économiques, culturels et sociaux de son pays, dans toute négociation avec le camp adverse. Flairant ce qui pouvait arriver dans le pays hôte, l’analyser et en informer son Gouvernement. Comme pour tout humain, la mission de l’Ambassadeur Henri Lopes n’a pas été parfaite, de bout en bout. Mais, il l’a assumé, avec honneur et dignité, faisant à toute épreuve prévaloir son sens du devoir. Paris 4 novembre 2023 Ouabari Mariotti Ancien Secrétaire Général aux Affaires Etrangères par intérim République du Congo. *L’homme des lettres, écrivain et ancien Premier Ministre Henri Lopes est décédé le 2 novembre 2023 à l’hôpital Foch, à Suresnes, en France.

Congo. L’écrivain Letembet Ambily : 20 ans après

Congo. L’écrivain Letembet Ambily : 20 ans après

Ce 13 octobre 2023 correspond, jour pour jour, au vingtième anniversaire de la mort d’Antoine Letembet Ambily, un romancier méconnu, mais un grand nom au niveau des dramaturges. Vingt ans après sa mort, peu de gens savent qu’Antoine Letembet Ambily s’était aussi fait remarquer par le seul et unique roman au titre de La femme d’espoir, publié en 1994, quelques années avant sa mort. Mais on l’a connu plus homme politique et dramaturge. Son nom a marqué l’histoire sociopolitique du Congo. Une bibliothèque venait de brûler le 13 octobre 2003 à Brazzaville après une vie fructueuse tant sur le plan politique que culturelle. Il était l’un des grands animateurs de la revue Liaison avant les indépendances, outil culturel où s’étaient remarqués aussi ses compatriotes comme Sylvain Bemba, Patrice Lhoni, Placide Nzala Backa et autres. Letembet Ambily s’était révélé dramaturge quand il va emboîter les pas de son cadet Guy Menga qui venait d’inaugurer le Prix du concours théâtral interafricain de l’ORTF (Office de Radiodiffusion Télévision Française), aujourd’hui Radio France Internationale, en 1969 avec L’Oracle et La Marmite de Koka Mbala. Letembet Ambily sera le deuxième Congolais à décrocher ce Prix du concours théâtral interafricain avec la pièce intitulée L’Europe inculpée. S’en suivront d’autres noms célèbres dans ce domaine tels Sylvain Bemba et Sony Labou Tansi, ce dernier étant considéré comme le meilleur dramaturge congolais de son époque avec son Rocado Zulu Théâtre. Antoine Letembet Ambily a été aussi un bon romancier. Nous vous présentons son seul récit La Femme d’espoir qu’il avait publié en 1994, un roman qui construit un pont entre la tradition et la modernité. Unique roman de l’auteur, La Femme d’espoir (1) apparait comme une fresque socio-historique dont les événements se situent à cheval entre l’époque coloniale et celle qui vient après les indépendances. Toute l’histoire met en relief les us et coutumes du Congo septentrional (La Likouala Mossaka) au contact du catholicisme. Le récit commence par un côté fantastique : un rêve qui n’a pas été révélé au chef du village Ndombi. Ainsi, dans la tradition, les villageois condamnent le « rêveur » accusé d’être à l’origine du malheur qui a frappé le village d’Okaya. A partir de cette situation, commence à naître l’héroïne Marie Noëlle Gnanvoua qui, avec l’appui d’autres femmes, essaie de lutter contre l’intransigeance et l’égoïsme des hommes. Et quand le vieux Ndombi meurt, abandonné par ses autres femmes sauf Gnanvoua, le récit change brusquement de ton ; cette dernière devient chef de canton à la place de son défunt mari. A partir de ce moment, la suite du récit sera presque focalisée sur elle. Liant son intelligence aux apports de la religion, elle organise le village. Avec Gnanvoua, le pouvoir de la femme se concrétise par la création des associations féminines pour la défense de leurs intérêts vis-à-vis des hommes. La mort de son mari la lance brusquement dans le firmament du pouvoir. Aidée par Jean Pierre, son nouvel époux choisi par le défunt Ndombi, les responsables coloniaux et ses amies, Gnanvoua incarne le respect de tout le monde et gravit les marches du pouvoir sans problèmes malgré quelques pesanteurs de la tradition. : ses parents ne sont pas d’accord avec leur fille quand celle-ci devient un grand chef car leurs fétiches ne sont pas assez puissants pour la protéger. Transformée par la religion, elle n’hésite pas à se surpasser et à rassurer ses parents : « Etant devenue chrétienne ; je ne crois plus aux fétiches. Je me suis confiée à Dieu et sa Mère, rien donc de dangereux ne m’arrivera… ». On peut dire que ce roman fait l’apologie de la religion catholique : Ndombi est baptisé avant sa mort, elle-même Gnanvoua vivra pendant un moment au couvent et aura pour nom de baptême, Marie Noëlle. Avec un style simple et clair qui respecte les règles classiques de la langue française et du roman, La Femme d’espoir (2) peut être considéré comme un roman colonial et féministe qui rappelle La Légende de Mpfoumou ma Mazono de Jean Malonga. Dans le déroulement du récit, on note que la plupart des personnages actifs sont les femmes ; les hommes, dans leur rivalité pour le pouvoir, assistent paradoxalement au règne de la femme. Noël Kodia-Ramata Notes (1) Letembet Ambily, La Femme d’espoir, Imprimerie nationale du Congo, Brazzaville, 1994 (2) Note de lecture extraite du Dictionnaire des œuvres littéraires congolaises : Romans et recueils de nouvelles de Noël Kodia-Ramata, éditions Paari, Paris/Brazzaville, 2009, 534p. Œuvres dramatiques de l’auteur L’Europe inculpée, ORTF, 1969, Paris et Clé, Yaoundé, 1969 La femme infidèle, Imprimerie nationale du Congo, Brazzaville, 1973 Les Aryens, Clé, Yaoundé, 1977 La Mort de Barthélémy Boganda , Imprimerie du Zaïre, 1983

« Lettres à un jeune romancier sénégalais », d’Alain Mabanckou, le partage de mille vies

« Lettres à un jeune romancier sénégalais », d’Alain Mabanckou, le partage de mille vies

LIVRES. Alain Mabanckou est de ces écrivains qui, après l’isolement nécessaire à l’écriture de ses livres, savourent les rencontres avec le public. Il suffit de l’entendre narrer sa vie comme un conte, au point qu’il devient souvent difficile de distinguer – mais c’est là tout son charme – ce qui procède chez lui de l’expérience véritable de ce qui est invention pure, pour comprendre à quel point l’auteur aime partager. Lettres à un jeune romancier sénégalais, son nouvel ouvrage, se propose ainsi comme une invitation au partage. Il s’y défend d’emblée de vouloir « dresser un catalogue qui serait une sorte de feuille de route pour quiconque aspirerait à devenir écrivain ». Pour l’écrivain congolais né en 1966 et qui, cette année, peut revendiquer trente ans d’édition, l’idée consiste plutôt en un échange fraternel avec des frères et sœurs auteurs potentiels et désireux comme il le fut d’accéder un jour à la publication… Lire la suite sur LeMonde