L’œuvre de l’artiste-peintre Laila Salmi Un vibrant hommage posthume au poète  Mohamed Salmi

Poésie ou peinture ? Indubitablement, les deux. La peinture et la poésie sont intimement liées par l’extase de l’image. Une richesse visuelle et polyphonique à apprécier, absolument. Grâce à la poésie, l’image se fait une voix. Libre, éloquente et douce. L’image chante l’amour, la paix, la vie et la nature. Plastique ou poétique, l’image provoque nos émotions, nous fait rêver, écrire et peindre. Résultat : une parole peinte. C’est d’ailleurs le cœur sensible de l’univers pictural de l’artiste-peintre marocaine Laila Salmi. Avec une technique intuitive de peinture alliant spontanéité, explosivité et relief,  sa capacité à répéter des motifs laisse une empreinte modelée sur le support,  cette plasticienne d’exception nous offre des résultats époustouflants où couleur et forme se marient harmonieusement pour créer des émotions intenses. Chaque tableau de Laila est une invitation à un voyage infini à la découverte de soi-même, dans un univers poétique captivant. Son travail artistique, d’une grande richesse intellectuelle, révèle une profondeur nourrie de références historiques et d’expériences personnelles. Les thèmes de solidarité, fraternité, amour et paix intérieure sont au cœur de son œuvre, inspirée principalement par le monde des abeilles, symbole d’abnégation, de solidarité naturelle et de travail d’équipe. Dans sa récente série d’œuvres, l’artiste rend un hommage vibrant et posthume à son père, le grand poète marocain d’expression française Mohamed Salmi, décédé le 13 février 2006 à Casablanca. Elle puise dans les poèmes issus des recueils de son défunt père pour les insuffler de nouveau vie à travers ses tableaux. Cette démarche artistique témoigne d’un profond respect pour l’héritage poétique laissé par son père, tout en soulignant la continuité et l’écho intemporel de son œuvre au sein de la création contemporaine. Le choix des poèmes qui ont inspiré l’artiste est empreint d’une profondeur particulière, mettant en lumière la diversité thématique et stylistique présente dans l’œuvre de Mohamed Salmi. Cette poéticité a été reprise par sa fille pour créer une série de toiles abstraites parcourant la notion de silence et de spiritualité.Cette série posthume se positionne ainsi comme un pont entre le passé et le présent, pour offrir une nouvelle perspective sur l’œuvre d’un poète majeur de la scène littéraire marocaine. Un poète prolifique Mohamed Salmi, que Dieu ait son âme était une plume. est une plume. Légère, libre, critique. Dans ses recueils, cette plume devient une voix.Douce, ferme, habitée. Heureusement pour les lecteurs, sa prose est de miel. Du miel du pur sucre, évidemment. Une prose qui s’applique à un univers fougueusement magique où la vie est toujours présente.  Natif de Rabat en 1931, Mohamed Salmi était aussi un artiste-peintre et sculpteur. D’où l’extase des images que l’on retrouve dans ses nombreux recueils dont «Au-delà de la douleur», «Vibrations d’une âme juvénile» ; « L’éveil» ou encore « La grande mission», entre autres. Déjà, dans ses premiers vers, apparaît sa veine créatrice. Mohamed Salmi définit rapidement ses thèmes et son style. Pour assurer la musicalité de ses poèmes, elle travaille la langue française et met en valeur sa sonorité, son harmonie et sa beauté. Sans hésitation, elle se met à écrire ses poésies et va suivre le chemin, parfois douloureux, de sa vocation jusqu’à sa mort. Dans cette poésie lyrique, des motifs plus personnels émergent également. Certains des poèmes de Mohamed Salmi ont connu une diversité de diffusions et de publications, mettant en lumière sa riche créativité littéraire. En effet, durant les années 1950-1951, ses œuvres ont été sélectionnées pour figurer dans « La Page de l’Etudiant », une plateforme prestigieuse sous la direction éclairée de Raymond Deville. Cette reconnaissance initiale a marqué le début de la reconnaissance publique de son talent poétique. La poésie de Mohamed Salmi a également été portée à l’attention du grand public à travers les émissions de la RTM, notamment dans l’émission renommée « Samir Layl ». Cette exposition médiatique a permis à un large auditoire de découvrir et d’apprécier la poésie de cet artiste talentueux. Ce qui a contribué ainsi à sa renommée grandissante. Par ailleurs, l’impact des poèmes de Mohamed Salmi s’est également fait sentir lors des banquets d’ouverture des saisons culturelles, organisés dans le cadre des activités des « Amitiés poétiques et littéraires ». Ces occasions spéciales ont offert à l’auteur une tribune pour partager sa passion pour l’écriture et la poésie, sous la bienveillance du président de l’association, Robert Perrier. Cette reconnaissance au sein de cercles culturels a renforcé sa place dans le paysage artistique de l’époque et a contribué à consolider sa réputation d’écrivain et poète talentueux et engagé. Il faut dire que son œuvre est, ou presque, à l’origine d’une école poétique. Une école avec ses thèmes spécifiques et ses propres formes. Une poésie dont la portée est d’une importance majeure pour l’évolution de la poésie marocaine d’expression française. A.A

Maroc/Exposition. Les œuvres de l’artiste peintre Lamiaa Nhari s’invitent à Tétouan

ARTS. « Fils et doigts» est le thème qu’a choisi l’artiste-peintre Lamiaa Nhari pour son exposition individuelle qui se poursuit jusqu’au 18 mai 2024 à la Galerie Bertucci  au sein de l’École des métiers et arts nationaux  «Dar Sanaâ» de Tétouan. Organisée par la Direction régionale de la culture de Tétouan, cette exposition dont le vernissage a eu lieu le 25 avril 2024,  s’inscrit dans le cadre du Mois du Patrimoine.  Lors de cet événement, Lamiaa Nhari propose une trentaine d’œuvres mettant le caftan au croisement d’autres aspects du patrimoine immatériel marocain comme les bijoux, l’ornementation, le tisserand, la T’bourida, l’équitation, entre autres. Dans ses œuvres, la plasticienne Lamiaa Nhari met en lumière la richesse et la diversité du patrimoine marocain à travers des tableaux détaillés représentant le caftan sous différents angles et styles artistiques.  Les visiteurs ont l’occasion de voir et d’apprécierla créativité et le  talent de cette jeune artiste qui œuvre sans relâche pour la préservation du patrimoine culturel et traditionnel du Maroc à travers ses créations. Elle essaie également d’apporter une perspective unique à travers son interprétation de ce patrimoine immatériel. C’est même le cœur sensible de la démarche artistique de Lamiaa qui met en valeur le caftan marocain et ses techniques artisanales, en l’intégrant à d’autres éléments du patrimoine comme la « Tbourida », les bijoux traditionnels et des repères historiques comme les portes des vieilles villes et le zellige de Fès…. La diversité culturelle est également présente dans les créations pour dire toute la richesse de la culture marocaine à travers la mode et la décoration, voyageant dans la mémoire d’enfance de l’artiste avec ses mondes de couleurs, fils, tissus et broderies de l’environnement familial. Dans cette perspective, à travers ses œuvres uniques et authentiques, Lamiaa rend hommage à l’artisanat marocainqui se révèle être un véritable trésor culturel, véhiculant l’histoire et l’identité pluriculturelle du pays. Ainsi, l’utilisation du caftan marocain, symbole de raffinement et d’élégance, associée à la Tbourida, une tradition équestre emblématique, illustre parfaitement l’art de fusionner les différentes facettes de la culture marocaine pour créer des pièces d’exception. Par ailleurs, l’incorporation des bijoux traditionnels et des motifs caractéristiques, tels que le zellige de Fès, confère à ces créations une touche d’authenticité et de sophistication. Ces influences culturelles se traduisent également par la richesse des techniques artisanales utilisées, allant de la broderie minutieuse aux finitions complexes en passant par l’utilisation de matières nobles telles que la soie ou le fil d’or. Chaque pièce révèle ainsi un savoir-faire unique, transmis de génération en génération, et incarne l’âme créative du peuple marocain. C’est dire qu’en parcourant le monde foisonnant des arts traditionnels marocains, l’artiste Lamiaa nous plonge dans un univers empreint de souvenirs d’enfance, où les couleurs vives, les motifs élaborés et les textures variées se mêlent pour créer un tableau vivant de l’héritage artistique du pays. Chaque création est le fruit d’un travail minutieux, nécessitant parfois des centaines d’heures de travail pour atteindre la perfection. S’inspirant des motifs ancestraux et des techniques traditionnelles, l’artiste compose des œuvres qui racontent une histoire, celle d’un peuple fier de ses racines et de son patrimoine. Les broderies complexes rappellent les traditions séculaires des tribus nomades, tandis que les couleurs chatoyantes évoquent la vivacité des souks et des fêtes populaires. Chaque détail est important dans l’art marocain, qu’il s’agisse d’une simple couture ou d’une incrustation de pierres précieuses. Chaque motif a sa signification, chaque couleur sa symbolique. Ainsi, derrière chaque création, se cache toute une symbolique, un héritage millénaire qui confère aux œuvres de Lamiaa Nhari une dimension intemporelle et universelle.

Maroc/Brahim Lyousfi. Un univers empreint d’émotion et d’émerveillement 

Dans son univers pictural, l’artiste-peintre et calligraphe marocain Brahim Lyousfi,  résidant et travaillant à Settat, aspire à élever l’âme et à offrir une échappatoire bienvenue dans un monde souvent tumultueux.Face aux tourments du monde actuel marqué par l’insécurité, la violence et les fanatismes, sa démarche authentique cherche également à apaiser les esprits en cultivant la rêverie et la culture. Mais ce n’est pas tout. Il  met en avant aussi le souci primordial de préserver notre patrimoine immatériel face aux conflits qui menacent nos sociétés précipitées vers des abîmes inquiétants. L’expression de la beauté et de la sérénité est essentielle pour nourrir l’esprit humain, en particulier lorsqu’il est confronté aux défis contemporains. La création artistique peut être une source d’inspiration et de réconfort pour ceux qui cherchent des moments de paix intérieure et d’évasion mentale. La création artistique a le pouvoir de transcender les tumultes du monde moderne et d’offrir un refuge à l’esprit humain. C’est le cœur sensible des œuvres du plasticien marocain Brahim Lyousfi. En permettant une évasion mentale vers la beauté et la sérénité, ilnous offre une bouffée d’air frais dans nos vies souvent agitées. La peinture de Brahim Lyousfi demande à être contemplée avec du recul. De près, on peut observer ses jeux de matières et ses larges aplats parsemés de touches et points qui semblent presque en projection. Les couleurs prennent vie selon les rapports entre elles et animent les surfaces de manière totalement subjective. Elles expriment pleinement toutes leurs nuances voisines avec l’élan ensoleillé des paysages ainsi que la splendeur culturelle et patrimoniale du Maroc.  La richesse des traditions et la profondeur de l’histoire marocaine se reflètent dans ses oeuvres, offrant aux visiteurs une expérience culturelle inoubliable. Les souks animés regorgent de trésors artisanaux tandis que les palais somptueux témoignent du raffinement architectural ancestral. Chaque pas révèle un nouveau chapitre de cette histoire millénaire, invitant à une exploration passionnante au cœur d’une civilisation fascinante. En outre, Brahim Lyousfi, à travers ses œuvres inspirées par la culture mauresque, rend un hommage remarquable à l’activité et au rayonnement du sud de l’Espagne pendant les 800 ans de domination musulmane. De l’invasion de la péninsule ibérique en 711 jusqu’à la Renaissance, il célèbre le mode de vie ainsi que les réalisations architecturales, poétiques, philosophiques, religieuses et musicales qui ont fleuri en Andalousie sous l’empire arabe d’Afrique du Nord. En tant qu’élément important du paysage identitaire et culturel marocain confronté à l’usure du temps,Brahim Lyousfi a pour mission d’assumer une responsabilité dépassant largement le cadre artistique : celle de représenter dignement l’image de son identité nationale. Il s’engage activement dans la cohésion sociale et la dynamique culturelle en véhiculant à travers son art des valeurs telles que le respect,la modernité ou encore le partage. Ses tableaux dédiés au zellige marocain (sous ses formes contemporaine,traditionnelle ou classique) incarnent cette pluralité tout comme ceux consacrés à La Tbourida (ou Fantasia), inscrite sur Liste du patrimoine immatériel par LUNESCO,en tant que composante majeure du patrimoine ancestral marocain. Dans son approche artistique, Brahim Lyousfi explore les techniques de l’acrylique, de la peinture à l’huile, du crayon et du papier pour créer des œuvres qui transcendent la simple réflexion technique. Sa démarche prend une dimension quasi-spirituelle, fidèle à un vocabulaire formel et chromatique tout en étant constamment en quête d’expérimentation. Ses compositions se déploient comme des éclats visionnaires lumineux, s’appuyant sur quelques éléments entrevus pour construire une œuvre portée par un élan créatif. En tant qu’artiste-peintre figuratif impressionniste authentique, Brahim Lyousfi privilégie les matières picturales dans son travail. Il se distingue par sa capacité à capturer la singularité de chaque sujet, en utilisant des techniques picturales qui mettent en valeur l’essence même de son inspiration. Sa maîtrise du trait et de la couleur lui permet d’exprimer une vision personnelle du monde qui attire le spectateur dans un univers empreint d’émotion et d’émerveillement.  Rédaction

Maroc. Saad Nazih : « Je cherche à susciter des débats constructifs et à encourager une prise de conscience collective »

INTERVIEW. Saad Nazih est un artiste-peintre marocain engagé. Natif de Casablanca, le jeune plasticien, vivant et travaillant entre le Maroc et le Danemark, aborde dans ses tableaux un large éventail de thèmes allant de la rébellion à l’amour en passant par le pouvoir et la liberté ainsi que des questions sociétales, religieuses et politiques.  Dans cet entretien, Saad nous explique les tenants et les aboutissants de ses créations et nous parle aussi de ses coups de cœur. Pages Afrik : Vos œuvres sont d’une diversité étonnante et d’une énergie débordante. Comment définissez-vous votre style de peinture ? Saad Nazih: Lorsque l’on transpose ma peinture dans le domaine musical, elle s’apparente indéniablement au genre Hard Rock. Elle se caractérise par son intensité, sa puissance et son côté offensif, voire brutal à certains moments. Toutefois, elle conserve simultanément une dimension poétique et sincère qui incarne une attitude de liberté et de rébellion. Mes œuvres picturales sont empreintes d’une énergie débordante qui rappelle les riffs électriques des guitares rock. Elles captent l’attention du spectateur dès le premier regard grâce à leur impact visuel saisissant. Les couleurs vives utilisées avec audace sur la toile créent un effet percutant similaire aux accords tonitruants d’une batterie en plein solo. La force brute que j’imprime dans mes tableaux reflète mon désir profond de transmettre des émotions fortes et intenses aux observateurs. Comme les paroles poétiques pleines de vérité chantées lors des ballades rock inoubliables, mes peintures renferment aussi ce souffle lyrique capable de toucher directement l’âme du spectateur. En fin compte donc,  ma peinture est bien plus qu’un simple tableau : c’est une expérience visuelle et émotionnelle qui se rapproche de l’explosion sonore d’un concert rock en live. Elle incarne cette attitude rebelle, ce refus des conventions et cette soif de liberté, caractéristiques du Hard Rock. Vos créations artistiques embrassent un large éventail de thèmes qui vous passionnent profondément. Quels sont vos thèmes de prédilection? Mes créations artistiques explorent une palette de thèmes variés, allant de la rébellion à l’amour en passant par le pouvoir et la liberté. En plus de ces sujets incontournables, mes préférences se tournent également vers des questions sociétales, religieuses et politiques. Je m’efforce d’utiliser mon art comme un moyen d’exprimer mes convictions profondes tout en incitant à la réflexion chez ceux qui contemplent mes œuvres. Chaque sujet que j’aborde est soigneusement choisi pour son potentiel émotionnel et intellectuel. La rébellion me fascine car elle représente le désir inné de remettre en question les normes établies pour créer un changement positif dans notre société souvent figée. L’amour est une source infinie d’inspiration car il transcende les barrières culturelles et linguistiques, touchant chacun d’une manière unique. Le pouvoir est un thème complexe qui explore les dynamiques entre dominants et dominés ainsi que leurs conséquences sur nos vies individuelles et collectives. Il soulève des interrogations fondamentales sur l’éthique du leadership, la responsabilité sociale et l’influence qu’exercent certains individus sur autrui. Quant à la liberté, c’est peut-être le sujet central dans ma démarche artistique. Enfin, je m’intéresse également aux questions sociétales, religieuses et politiques car elles sont le reflet de notre monde en constante évolution. En abordant ces sujets complexes à travers l’art, je cherche à susciter des débats constructifs et à encourager une prise de conscience collective. Pourriez-vous nous parler de l’ensemble des techniques que vous utilisez dans vos œuvres?  En tant qu’artiste, ma principale technique de prédilection est la peinture sur toile. C’est à travers cette méthode que je m’exprime le mieux et que je parviens à transmettre mes émotions artistiques. Toutefois, cela ne signifie pas que je me limite exclusivement à cette technique. Je suis ouvert à explorer d’autres méthodes et supports artistiques si cela correspond à mon inspiration du moment et au résultat final recherché dans mon travail créatif. Je crois fermement en l’idée qu’il est important pour un artiste de se renouveler constamment et d’expérimenter différentes approches afin de développer son style unique. Ainsi, j’ai déjà utilisé diverses techniques lorsque celles-ci étaient appropriées pour exprimer ma vision artistique spécifique. Chaque nouvelle expérience enrichit ma pratique artistique en lui apportant une dimension supplémentaire. Et quelle que soit la technique employée, mon objectif reste toujours le même : capturer les sentiments profonds qui habitent mon âme créative et les traduire visuellement avec authenticité dans chacune de mes œuvres d’art. Votre  oncle a une influence majeure sur votre œuvre… Mon oncle est une véritable muse pour moi, un être qui m’inspire au quotidien. Nous partageons énormément de temps ensemble, que ce soit dans ma vie professionnelle ou personnelle. En effet, il occupe le rôle d’assistant dans mon travail artistique et nous avons même fait en sorte qu’il puisse vivre dans mon atelier depuis maintenant cinq ans. La présence constante de mon oncle a transformé cet espace en quelque chose de bien plus que simplement un lieu où je crée mes œuvres. Il y apporte sa propre touche personnelle et cela se ressent à travers les histoires passionnantes qu’il raconte et les anecdotes sur la vie qu’il partage avec enthousiasme. Au fil du temps, mon oncle est non seulement devenu une figure incontournable dans ma vie mais également le protagoniste principal des tableaux que je peins. Ses traits distinctifs sont représentés avec précision sur la toile tandis que ses aventures captivantes prennent forme à travers chaque coup de pinceau. C’est grâce à lui que mes créations ont pris une nouvelle dimension, car elles reflètent désormais l’influence indéniable qu’il exerce sur moi tant par son caractère unique que par ses expériences vécues. Enfin, je dirais que mon oncle est bien plus qu’un simple membre de ma famille ; il incarne l’esprit créatif qui anime chacune de mes réalisations artistiques. Sa présence continue nourrit sans cesse ma passion pour l’art tout en donnant naissance à des chefs-d’œuvre empreints d’une histoire singulière et intemporelle. Quid de vos futurs projets ? Dans mes projets futurs, je me suis engagé dans des collaborations passionnantes qui ouvriront la voie à de nombreux événements artistiques à venir. L’un d’entre eux consiste en l’ouverture d’une

France/L’œuvre de l’artiste-peintre Monique Latouche. Une envolée dans les cieux de l’imaginaire

ARTS. Comme nombre d’expressionnistes et impressionnistes abstraits, dans les œuvres de la plasticienne française Monique Latouche alias BB Cœur, la forme cède le pas au contenu, celui de sa conscience ou celui de son inconscient. L’espace du tableau devient alors un tremblement, un souvenir, un détail, un tourbillon chromatique, une vérité mystérieuse, une fissure spirituelle… Il s’agit ici d’une peinture universelle, une touche ample, aux accents symphoniques, qui célèbre les grandes forces originelles, suggérées par des matières irisées, diaprées, aériennes. Tels que Jackson Pollock, Ad Reinhardt ou encore Willem de Kooning,  pour Monique, le tableau est une composition qui se fonde sur une harmonie dont la couleur agit sur tout le corps humain. Dans ses œuvres abstraites impressionnistes, expressionnistes ou lyriques, le temps intérieur ou l’émotion créatrice et le temps extérieur ou la matérialisation de cette émotion dans son œuvre sont rendus simultanés par sa matière fluide, légère et transparente. Une prouesse qu’elle accomplit avec une aisance, une maestria et une grande liberté. Sur toile, la légèreté de la matière et les ondes délicates s’opèrent dans un agencement qui exprime une évolution constante et une assurance qui gagnent en sobriété, en symbiose avec la sensibilité de Monique.  Cet art qu’elle nous propose se veut un art aux tons acidulés, formes aiguës et grands aplats de couleurs sur des formats très larges.  Avec cette technique intuitive de la peinture qui allie spontanéité, explosivité et relief en même temps, la répétition de motifs laisse une trace modelée sur le support et offre un résultat tout simplement déroutant où, couleur et forme sont en parfaite harmonie, et du mouvement de cette succession de motifs naît une émotion. Elle ouvre ainsi un champ de découverte infini,  une quête de soi et un voyage décoiffant dans son univers poétique. Ici, chaque tableau est une découverte, mais aussi une nouvelle expérience picturale autant pour son créateur que pour le passionné d’art. Ses tableaux intellectuellement très riches prouvent que Monique est surtout une artiste-peintre dont l’œuvre regorge de références historiques, philosophiques, littéraires avec un clin d’œil à sa propre expérience de la vie.  En effet, son travail artistique est si riche et diversifié qu’il est difficile à résumer. Son  champ sémantique aussi. Ses œuvres apparaissent souvent interconnectées, se complètent.  En somme, elles  permettent de laisser libre cours à ses émotions s’éloigner de la réalité pour ouvrir tous les champs du possible de la création mélangeant la matière  sur fond énergétique. Inspiré de la nature, sa vie, ses lectures, le travail de Monique est caractérisé par une approche personnalisée. C’est l’impression première que nous aimerions avancer en tentant d’interroger cette logique esthétique qui transpose une âme d’artiste raffinée et emplie de verdure pour une envolée dans les cieux de l’imaginaire. Et si la diversité est le propre de la nature humaine, Monique jongle avec les différentes techniques mises à sa disposition : papier, acrylique sur toile, encres de chine, pinceaux, empreintes, dessin, raclette, couteau … elle se consacre corps et âme à ses recherches jalonnées de voyages, d’ateliers, d’efforts pour se procurer toute la documentation utile pour ce faire … Car Monique considère la peinture comme un refuge, pour y préserver la fraîcheur de l’âme, sublimer le quotidien. Une peinture qui n’exclut pas la solitude profonde de l’être, comme si elle était assise sur un banc ou sous un arbre, souvent dans un coin du tableau. Ou alors plongée en pleine méditation, au cœur même de la toile. Quel recueillement, quel silence contemplatif dans les œuvres de Monique! Ses nouvelles toiles nous prouvent ce cheminement intérieur. À présent, l’artiste semble avoir pris de l’altitude avec ses chants aux sonorités hautement spirituelles. C’est aussi l’une des composantes de son univers. Le regard vacille sans cesse, émerveillé entre ses toiles où chacune suscite une vision nouvelle. Ainsi se révèle-t-elle multiple, polymorphe, créatrice d’un univers pictural unique, comme toutes les grandes œuvres qui, qu’elles soient dramatiques, symphoniques, poétiques ou littéraires, sont si riches que l’on peut soi-même les déchiffrer et les interpréter de façons diverses. Devant ces frémissements de lumière, le souvenir de Jackson Pollock s’empare de nous. C’est pourtant un autre monde, mais c’est bien la même magie. Ayoub Akil

Argentine/L’œuvre de l’artiste-peintre Susana Delia Mariani : Une force d’expression éclatante

ARTS. Dans ses œuvres, l’artiste-peintre argentine Susana Delia Mariani mène un véritable combat pictural, ses meilleurs atouts : des couleurs vives et généreuses posées sur la toile. Largesse du geste, force d’expression, cette plasticienne qui vit et travaille à Mar del Plata, située dans le sud-est de la province de Buenos Aires, en Argentine, nous entraîne dans une intense joie visuelle à travers ses portraits de femmes. Son travail s’est tourné vers une recherche sur la profondeur, les transparences et les jeux de lumière. Décidément, Susana Delia Mariani cultive un lâcher-prise qui autorise à sa création de remonter de l’obscurité jusqu’au grand jour. Ici encore, la composition s’impose d’elle-même en une sorte de lumineux éclat visionnaire, à partir de quelques éléments entrevus que l’ensemble se construit au rythme de l’élan créateur. Comme les Nymphéas de Monet, sa peinture nécessite de prendre du recul: près du tableau, les jeux de matières, les larges aplats parsemés de touches et de points, à la limite de la projection.  A partir d’un assemblage d’une multitude d’éléments photographiques piochés un peu partout, Susana réalise une composition visuelle suffisamment aboutie pour passer à l’étape finale: la peinture.  Après avoir transféré son image vers une toile, le travail de peinture consiste à reprendre l’ensemble de l’image pour en révéler son aspect final par l’équilibrage de la lumière, des contrastes et autres effets de matière. Le but étant d’arriver à bon équilibre du mixage des différentes techniques employées. Ce qui lui permet de mieux mettre en œuvre son univers onirique. Il suffit de s’éloigner de quelques pas pour que la composition s’assemble, se construise et révèle son thème. L’univers de l’artiste-peintre Susana, on le pressent, s’éloigne du réel angoissant, fait d’insécurité, de violence, de fanatismes, pour proposer une approche vivifiante et pacifiée, une invitation baudelairienne au voyage. Là où n’est qu’ordre et beauté / Luxe, calme et volupté. Face au monde tel qu’il se présente, la démarche se révèle donc d’autant plus sincère qu’elle tend vers l’apaisement, la rêverie, la culture, notions qui échappent aux sociétés précipitées au bord du gouffre par des conflits qui les dépassent. Cette plasticienne semble avoir inscrit ses travaux dans la lignée des Peintres de la Réalité Poétique, dont Maurice Brianchon fut le chef de file. Dans une période attachée à l’ordre, cette conception privilégie le retour au réel et à la figuration, mais un réel transfiguré par la poésie. Les sujets de prédilection de Susana  sont alors des scènes d’extérieur, mais  elle excelle aussi dans les scènes d’intérieur et les natures mortes notamment les portraits et les paysages. Le regard à l’œuvre découvre alors des silhouettes suggérées qui évoluent si librement dans l’espace.  Suggérées car les formes restent avant tout allusives, comme si les êtres devaient se fondre avec la nature, dans une harmonie qui exclurait toute vaine tentative de domination. Elle s’inspire de sujets oniriques, ou fantasmagoriques mais ses œuvres  restent cependant fidèles à la réalité des formes. Elles déroutent, interrogent, dégagent de la poésie. Surtout ses portraits de femmes, entre autres.   On y découvre les motifs les plus divers comme des gouverneurs symboliques. Des effets prismatiques émanent de la couleur rayonnante la plupart du temps, parfois romantique. Les contrastes des motifs confrontés de manière grotesque s’assemblent dans le scintillement et l’éclat du tourbillon. Tout cela se bouscule sur la toile en voisinages inattendus, suscitant chez le spectateur la surprise et le questionnement. Le rapprochement est tantôt éloquent, tantôt obscur, jusqu’à ce que l’effort soit fait de se laisser inviter dans cet univers et de s’en imprégner. Bref, il faut dire que dans la spontanéité du geste créatif émerge un dialogue en filigrane entre le pinceau, la lumière et la forme et parfois le rendu dépasse tout horizon d’attente, car, sur la toile encore humide, la lumière réfléchie par les pigments traduit miraculeusement l’état d’âme du moment et l’émotion ressentie. Le chromatisme vif et contrasté de ses peintures ne dépend que des rapports des tons entre eux, selon les surfaces qu’ils animent, de manière totalement subjective. Susana Delia Mariani réussit à nous faire vivre ce même voyage des sens lorsque nous nous laissons emporter par chacune de ses peintures. Un interlude et une parenthèse enchantée assurés. Ayoub Akil

Rabat. L’«Hommage à la femme créative» joue les prolongations jusqu’au 24 mars 2023

Bonne nouvelle ! Portée aux nues par le public et les médias, l’exposition « De l’ombre à la lumière» de la plasticienne Loubaba Laalej qu’abrite actuellement la Bibliothèque nationale du Royaume du Maroc (BNRM) sera prolongée jusqu’au 24 mars 2023. Dans cette exposition, organisée sous l’impulsion de la Ligue des Écrivaines du Maroc à l’occasion de la tenue du Congrès constitutif de la Ligue des Écrivaines d’Afrique, Loubaba Laalej met en lumière le portait de nombreuses femmes (célèbres ou méconnues) appartenant à des époques et des civilisations différentes mais toutes unies dans leur lutte contre les stéréotypes et les carcans qui les emprisonnent et les cantonnent dans l’ombre. L’exposition, offrant au visiteur plus de 40 tableaux, est organisée en deux volets. Le premier traite des «icônes de la plasticité au féminin», où Loubaba Laalej célèbre, par le pinceau et la plume, de nombreuses artistes engagées «immortelles» et «contemporaines» qui ont rencontré plusieurs obstacles contre lesquels, elles ont choisi, selon l’expression même de  l’artiste, de lutter et de ne pas céder à la passivité mortelle. Le deuxième volet de cette exposition comporte, quant à lui, des tableaux représentant des exemples de «dames du monde», accompagnées de titres résumant la lecture faite par Mme Laalej au sujet de leurs parcours exceptionnels : «Balkis, message d’ascension», «Néfertiti, ma Pharaonne», «La magie d’Isis», «Zénobie, la fière», «Sapho, amoureuse des étoiles», «Sayyida al-Hurra, la brillante reine de Tétouan», «Zarqa’al-Yamama ou le regard ressuscité» et bien d’autres femmes ayant marqué  l’Histoire de l’Humanité. Pour la critique littéraire Zhour Gourram, les tableaux de Loubaba Laalej «libèrent la femme du silence de l’Histoire sur son acte symbolique» et valorisent l’attachement de la femme créatrice à «s’exprimer sur son projet historique de réécrire l’Histoire des femmes dans toutes les civilisations et les cultures par le langage de la création et de l’art, loin de tout régionalisme extrémiste et proche de tout ce qui est commun entre les dames du monde». Native de Fès, Loubaba Laalej est une artiste peintre et écrivaine prolifique, membre de la Ligue des Écrivaines du Maroc. En 2019, elle  obtient un doctorat honorifique délivré par le Forum International des Beaux-arts (Fine Arts Forum International) à titre de reconnaissance. Elle a publié plusieurs ouvrages sur son expérience créative : « Émergence fantastique », « Mes univers », « Matière aux sons multiples », « Abstraction et suggestion », « Femmes du monde : entre l’ombre et la lumière ». Parmi ses recueils de poésies (Écrits et œuvres) : « Fragments », « Pensées vagabondes », « Icônes de la plasticité au féminin », « Mysticité et plasticité », « Melhoun et peinture », « Poésie et peinture », « Chuchotement du silence », « Musique et plasticité » (Tome I et Tome II), « Vivre avec soi », « Vivre ensemble », « Danse et plasticité » (Tome I et Tome II), « L’Amour et l’Art », « La Mort et l’Art », »Le Temps et l’Art », »La Route de lumière », « La Beauté et l’Art », « Voix intérieure », « La Vérité et l’Art »… Parmi ses livres en cours de publication (Écrits et œuvres) figurent: « La Liberté et l’Art », « L’Imagination et l’Art », « La Mémoire et l’Art », « Le Bonheur et l’Art », « Le Rêve et l’Art », « Le Désert et l’Art », « Manifeste lyrique »…

Maroc/L’artiste-peintre Faiza Khurram. Un goût prononcé pour la spiritualité

ARTS. Dans les œuvres de l’artiste-peintre pakistanaise Faiza Khurram, le geste est chant, la couleur est rythme et les nuances des fragments de mémoire, de récit et de poème en pleine genèse. Ce plasticienne  à la touche impressionniste, néo-figuratif, abstraite lyrique, entre autres styles, qui vit et travaille à Karachi, la capitale économique et financière du pays, a choisi dans ses travaux récents d’exprimer sa perception du monde avec beaucoup de rhétorique et de métonymie, avec un goût prononcé pour la spiritualité. De même que dans l’écriture, les lettres de l’alphabet constituent un outil de communication avec l’intellect, dans les compositions picturales de Faiza Khurram, ce sont les formes et les couleurs. Cette composition a le pouvoir de parler à l’âme de celui qui la regarde en silence et sans l’intervention inutile de l’artiste. Elle porte en elle sa signification authentique; il suffit à celui qui la regarde de comprendre cette vérité.  En témoignent ses œuvres « Amour spirituel», « Histoire d’Adam et Eve»,  entre autres portraits et récits picturaux littéraires et philosophiques… Au cours de la réalisation de l’œuvre, la seule préoccupation de l’artiste Faiza est la recherche de l’équilibre. Dans ses peintures, les figures de base ont toujours été intégrées à l’esquisse d’un paysage donné, avec des constructions qui essaient de mettre de l’ordre dans le chaos du monde tel qu’elle le perçoit.  Les couleurs dominantes se marient aux multiples nuances des autres couleurs, créent des compositions aux multiples surfaces contrastées, avec une mise en lumière parfaite et maîtrisée. Le principal changement de rythme est dans la structuration même de l’espace: ses évasions ultra-romantiques occupent désormais la place centrale de l’espace pictural. La réflexion technique de notre artiste-peintre se métamorphose ainsi en méditation spirituelle. Le peignage des plages colorées rappelle les pratiques des miniaturistes et le sillonnement des jardins zen, lieux de méditation par excellence. Qu’on le veuille ou non, bien qu’elle soit toujours dans la recherche et l’expérimentation, Faiza reste fidèle à son vocabulaire formel et chromatique au-delà de la finalité qu’elle lui assigne. L’espoir existe donc, en dépit de tout, au sein de la plus obscure des nuits. C’est normal : l’art n’exorcise-t-il pas, ne conjure-t-il pas les démons, ne sauve-t-il pas la plasticienne, n’est-elle pas l’un des exercices majeurs des hautes traditions spirituelles ? Mais, en tout cas, pour cette artiste- peintre, c’est l’espoir d’une évasion de la peinture: comme le poète n’habite pas une terre mais une langue, l’artiste-peintre n’habite pas le monde mais la peinture. C’est la seule mère-patrie dont personne ne peut l’expulser. La peinture est son territoire inaliénable, son paradis retrouvé.  Faiza s’inspire ainsi de sujets oniriques, ou fantasmagoriques mais ses œuvres restent cependant fidèles à la réalité de formes. Elles déroutent, interrogent, dégagent de la poésie. La splendeur et l’élégance de ses œuvres sont le fruit d’un travail particulièrement humain. Sa sensibilité aiguë à l’atmosphère, la sûreté de la composition, le contrôle exceptionnel de la palette caractérisée par une tonalité sourde, contrebalancée par les couleurs, sont tout simplement magnifiques. Le chromatisme vif et contrasté de ses peintures ne dépend que des rapports des tons entre elles, selon les surfaces qu’elles animent, de manière totalement subjective. Sur le plan sémiologique, la peinture de  Faiza n’est pas de l’art brut, mais une peinture ressaisie par le savoir de ses éléments les plus fondamentaux. Elle nous fait alors voyager à travers ses œuvres presque sans mot dire, pour nous faire découvrir le monde tel qu’elle le ressent, pense, voit et perçoit. Le regard à l’œuvre découvre alors des silhouettes suggérées qui évoluent si librement dans l’espace. Suggérées car les formes restent avant tout allusives, comme si les êtres devaient se fondre avec la nature, dans une harmonie qui exclurait toute vaine tentative de domination. Bref, l’art que Faiza Khurram nous donne à voir et à apprécier est en mouvement, en ébullition constante sans règles établies. Ici, chaque tableau est une découverte, mais aussi une nouvelle expérience picturale pour son créateur. Son processus prend source dans la mémoire. Et les émotions sont presque palpables. C’est dans son silence acharné, sa mystique abrupte et l’instinct de la transcendance que notre artiste a su puiser dans son génie, sa passion du jaillissement et son sens inné de créer l’union dans la diversité.  Aboutissement : une œuvre riche qui dépasse le jeu des formes, des apparences, pour recueillir ce qui est au cœur des choses,  l’esprit du concret. Ayoub Akil