Souad Houssein : Faire tomber les barrières pénalisant l’industrie cinématographique et audiovisuelle en Afrique

CINEMA. « La création cinématographique et audiovisuelle en Afrique s’est démocratisée tant en termes de production que de diffusion. De même, la production cinématographique et audiovisuelle africaine s’est internationalisée », selon Souad Houssein.

« L’avènement des plateformes numériques a été un véritable révélateur de talents cinématographiques pour l’Afrique encore peu équipée en salles de cinéma », a constaté l’experte Franco-Djiboutienne des cinémas d’Afrique dans un entretien accordé au journal L’Opinion/Continentalnews.ma

« Ce sont les nouvelles technologies numériques qui ont permis ce saut qualitatif et cet engouement intense des jeunes pour ces métiers considérés hier comme élitistes », a-t-elle expliqué affirmant que le digital a permis de produire plus, de mieux en vivre et de gagner en visibilité.

Membres de la Francophonie et plus particulièrement des pays d’Afrique francophone, Souad Houssein venait d’assister à la 27ème édition du Festival international du cinéma d’auteur de Rabat, organisée du 17 au 24 novembre.

Un rendez-vous très prisé du public et des professionnels du septième Art qui «m’inspire du respect pour son ancienneté et son professionnalisme », a-t-déclaré lors de cet entretien saluant sa belle longévité « car il n’est pas aisé de maintenir, dans la durée, un évènement de cette envergure », a-t-elle reconnu.  

OPAC, un instrument panafricain de gouvernance culturelle dédié aux filières cinématographiques et audiovisuelles

Il est à souligner que lors de cette édition, placée sous l’égide de « Rabat, Capitale de la Culture Africaine 2022 », l’experte a présenté le projet d’observatoire panafricain de l’audiovisuel et du cinéma (OPAC) qu’elle développe actuellement avec une équipe d’experts pluridisciplinaire et multiculturelle.

Il s‘agit d’« un instrument panafricain de gouvernance culturelle dédié aux filières cinématographiques et audiovisuelles, dont la mission principale est de servir de levier économique afin de contribuer à la croissance de l’industrie cinématographique et audiovisuelle des 54 pays d’Afrique », a expliqué S. Houssein soutenant qu’il contribuera à faire tomber les barrières et les blocages qui pénalisent bien souvent cette industrie.

S’il est vrai que ni la qualité d’une œuvre, ni l’expérience d’un réalisateur ne peuvent garantir le succès d’une œuvre cinématographique ou d’une série télévisée, l’experte est toutefois persuadée que « la mutualisation des efforts sur le continent peut être un facteur d’émulation et de complémentarité pour faire du cinéma un pilier du développement économique du continent ».

Grâce notamment aux festivals et aux plateformes numériques, Souad Houssein note avec force que « la production d’images est en réel essor en Afrique, désormais forte tant sur le plan quantitatif que qualitatif, elle est reconnue, recherchée, accueillie et s’internationalise ».

Elle en veut pour preuve qu’au niveau mondial « les plateformes proposent désormais à portée de clic, une diversité cinématographique et audiovisuelle jamais atteinte où l’Afrique est bien présente, tandis qu’au niveau national les salles renaissent un peu partout ».

Un motif de satisfaction en plus pour celle qui a, au cours de sa carrière au sein de l’Organisation internationale de la Francophonie, a conduit et coordonné des projets de développement et de promotion du cinéma des pays du Sud.

« Tout cela est très encourageant, et l’observatoire donnera le coup de pouce décisif, j’en suis convaincue », a-t-elle confié assurant qu’il permettra « de comprendre les réalités, les potentialités et les tendances du marché de l’image à l’échelle du continent africain tout en offrant une aide tangible aux décideurs politiques et aux financeurs en termes de visions stratégiques et d’investissements potentiels », a conclu Souad Houssein.

Alain Bouithy

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