
SOCIETE. Kinshasa est l’une des rares villes au monde traversée de part et d’autre par 24 rivières et par un puissant fleuve avec son débit de 80.832 m3 par seconde au maximum.
Outre les deux grandes rivières de Ndjili et de Nsele qui résistent encore à la pression humaine de la pollution, toutes les vingt-deux autres sont carrément étouffées dans leur lit par les déchets non biodégradables que les populations kinoises ont pris la triste habitude de jeter dans ces cours d’eau. Ces bouteilles plastiques et tant d’autres déchèteries remplissent tant les caniveaux que les cours d’eau où ils sont appelés à se déverser et, à la première précipitation, les furieuses eaux de pluie ne sachant par où couler, se déversent dans les rues et inondent les habitations comme nous avons pu le constater cette semaine.
En tirant les oreilles aux populations qui commettent la grave erreur de jeter les déchets n’importe où, c’est surtout aux services publics de l’Etat congolais que revient la première responsabilité. Car c’est l’Etat congolais qui est aménageur des espaces et pourvoyeur des services pour la qualité de vie dans les espaces habités.
À Kinshasa fort malheureusement, règne le non planifié, la jungle, l’air de la faillite de l’état dans le mode de gestion du milieu de vie des populations. Ni le gouverneur actuel plus versé dans la campagne présidentielle en faveur du régime actuel ni le président de l’assemblée provinciale dont les kinois n’attendent plus rien sinon la galerie des photos personnelles chaque dimanche soir, aucune autorité de cette ville n’en maîtrise les ficelles de l’administration.
Et tenez-vous bien : le danger peut bien être devant nous. Car selon les dernières projections de la CIA ( cfr « Le monde en 2040 vu par la CIA » publié tout récemment en avril 2022) la ville de Kinshasa à l’horizon 2040 sera la mégapole africaine la plus peuplée avec 28 à 30 millions d’habitants, bien avant Lagos et Le Caire. Si rien n’est fait en terme de gestion de la voirie et de l’urbanisme, la situation pourra devenir simplement incontrôlable.
Ainsi donc renforcer les capacités de la voirie urbaine, la doter des outils performants de travail et d’un personnel bien formé quant à ce, mettre de l’ordre dans le fonctionnement des services de l’urbanisme et habitat en vue de bannir les constructions anarchiques, procéder une fois le mois au curage de 24 rivières traversant la capitale kinoise, réorganiser méthodiquement la récolte des déchets domestiques et leur recyclage, voilà des pistes qui peuvent nous éviter des scènes hallucinantes auxquelles nous avons été exposés cette semaine. “Gouverner, c’est prévoir”, ne l’oublions point.
Par Germain Nzinga