TRIBUNE. Cent jours après l’investiture de l’équipe gouvernementale, l’opinion juge son action. Quant à nous, nous estimons que dans notre environnement, coter un Gouvernement après 100 jours n’est pas réaliste. Nous sommes habitués à faire du copier coller. Parce qu’aux USA, en France…un Chef de l’État ou un gouvernement est évalué et côté après 100 jours, nous le faisons aussi.
Le contexte est-il le même ? Dans des pays développés, un gouvernement qui est mis en place trouve les infrastructures nécessaires, une administration qui fonctionne harmonieusement et qui assure la continuité de l’État. Les ministres sont sélectionnés tenant compte des critères on ne peut plus objectifs. Une fois investis, ils savent par où commencer et se mettent directement au travail avec un budget à la hauteur des enjeux.
Chez nous, ce n’est pas le cas. Généralement, les cabinets ministériels ne travaillent pas en parfaite harmonie avec l’administration. Plusieurs dossiers se limitent aux cabinets. La plupart des nouveaux ministres recommencent à zéro ou abandonnent les projets de leurs prédécesseurs.
Il se pose aussi un problème de casting. Il y a certains ministres sélectionnés par les regroupements politiques qui n’ont aucune expérience ni savoir-faire. Ils apprennent à traiter les dossiers en étant au gouvernement. Parfois, les directeurs des cabinets leur sont imposés par leurs familles politiques, pas sur base de la technicité mais, sur base du militantisme et de la soumission à leur autorité morale. Sûrement qu’après 100 jours, ils se recherchent encore.
Que peut-on attendre d’un ministre et d’un directeur de cabinet novices ? La profondeur de la crise que traverse le pays nécessite que le casting soit fait de sorte qu’un nouveau ministre se mette au travail dès le premier jour. Il doit savoir ce qu’il doit faire avant même d’entrer en fonction.
Cela nécessite qu’au-delà de l’appartenance à des regroupements politiques, le Président de la République soumette les candidats ministres à une interview. Chacun doit faire preuve de la connaissance du secteur qu’il voudrait diriger et le changement qu’il compte apporter conformément à la politique et à sa vision parce que c’est lui qui est détenteur du mandat populaire.
Parmi les membres du gouvernement actuel, certaines individualités sortent du lot. C’est la preuve que ce sont les personnes qu’il faut à la place qu’il faut. Le cas le plus frappant est celui du ministre d’ État à la justice choisi par le Chef lui-même sans passer par une quelconque autorité morale.
À voir sa prestation, ns pouvons affirmer qu’avant d’entrer en fonction, il savait déjà ce qu’il devait faire. Et sur le plan du fond, il le fait bien. Reste à soigner la forme. Il s’attaque à un mal que l’opinion publique victime du dysfonctionnement de la justice a toujours décrié dans l’indifférence totale de l’autorité de tutelle.
Chaque congolais a déjà été victime de la prévarication de nos magistrats. Du fait pr le nouveau ministre d’avoir dénoncé publiquement ce mal et de faire preuve d’une ferme volonté à le combattre, lui attire une estime méritée de la population. Toutefois, pour réussir sa mission, il doit être en bonne intelligence avec le Conseil Supérieur de la magistrature. Continuer à bien faire les choses, parler moins et le faire savoir par ses services de communication. Si les choses s’étaient passées ainsi dans tous les secteurs, les 100 jours du gouvernement auraient été une réussite.
Dans tous les cas, tenant compte de la complexité de notre environnement, du copinage qui prévaut lors de la composition du gvt et du fait que les membres du gvt n’ont pas les moyens de leur politique par le fait que les ministres des finances et du budget font passer les dossiers de qui ils veulent, il n’est pas indiqué de juger le gvt après 100 jours. Toutefois, il serait mieux que ceux des ministres qui ne sont pas à leurs places dégagent le plus tôt que possible.
Par Steve Mbikayi