La mer Méditerranée représente seulement 1% de la surface océanique mondiale, mais est à l’origine de 20% de la production marine du monde. Cependant cette richesse dépend d’un patrimoine qui se dégrade rapidement.
C’est le constat alarmant que dresse le WWF à quelques jours de l’ouverture de la conférence « Our Ocean» organisée à Malte par l’Union Européenne.
Avec ses 46 000 km de littoral, la mer Méditerranée fait vivre 150 millions d’individus. Le rapport « Relancer l’économie de la mer Méditerranée : les actions pour un futur durable » publié récemment, montre que la mer Méditerranée joue un rôle fondamental dans l’économie de la région mais que le patrimoine naturel de la mer – qui soutient une grande partie de l’économie et contribue au bien-être de la communauté – s’érode.
Produit par le WWF en collaboration avec le Boston Consulting Group (BCG), ce rapport est l’analyse la plus pointue jamais réalisée sur le patrimoine naturel de la Méditerranée. Il évalue la valeur globale du patrimoine de la Méditerranée à plus de 5,6 millions de millions de dollars US. Cette valeur correspond à l’exploitation d’actifs naturels incluant les littoraux productifs, les pêcheries et les herbiers marins. La production économique annuelle estimée de la mer est d’au moins 450 milliards de dollars US.
Calculée de la même manière que le PIB national, la richesse de la mer Méditerranée la placerait au cinquième rang des économies nationales de la région. A titre de comparaison, elle génère une production annuelle à peu près équivalente à celle de l’Algérie, de la Grèce et du Maroc réunis.
Cependant, le rapport révèle aussi que de nombreuses ressources de la mer Méditerranée sont en déclin à cause d’une exploitation non durable, ainsi que l’accélération de l’utilisation de ces ressources. Le rapport se concentre sur le secteur des pêches et l’industrie touristique en croissance rapide et montre que l’équilibre de la mer Méditerranée est à un tournant décisif.
Le tourisme est le secteur qui contribue le plus aux économies locales, représentant 11% du PIB cumulé des pays méditerranéens. Cependant, le modèle actuel de tourisme de masse – qui implique souvent un développement agressif du littoral, une consommation d’eau et d’énergie excessive et une gestion non durable des déchets et des eaux usées – a dégradé l’environnement côtier et marin.
Selon le rapport, le tourisme représente plus de 90% de la production économique annuelle de la Méditerranée. L’utilisation des zones côtières pourrait générer des conflits compte tenu de la croissance prévisible du tourisme dans la région.
Le secteur de la pêche méditerranéenne, au troisième rang de l’économie de la région, traverse ces dernières années une crise qui va en s’aggravant. Ce secteur a toujours une valeur globale estimée à plus de 3 milliards et génère directement plus de 180 000 emplois.
Pour parvenir à un avenir durable pour la Méditerranée, le rapport fixe six priorités:
- Mettre en œuvre une gestion et une planification maritime cohérentes et axées sur les écosystèmes
- Mettre en place une économie bleue durable
- Parvenir à une économie respectueuse du climat et neutre en carbone
- Débloquer le potentiel productif du patrimoine naturel à travers des financements publics et privés
- Réduire l’empreinte du tourisme de masse et rechercher des modèles de tourisme plus durables
- Soutenir une pêche durable.
Avec CP