Guitariste, auteur-compositeur, Manuaku Pépé Felly est reconnu comme l’un des guitaristes-solo les plus novateurs et initiateur du style rythmique de ce qu’on appelle aujourd’hui « L’école Zaïko ». En pionnier, il a su explorer les possibilités de la guitare-solo, construisant, par sa maîtrise des effets entrainant une tension et un vocabulaire prodigieux.
En effet, Manuaku a privilégié dans son jeu rythmique la recherche d’un swing massif, proche de celui produit dans les années 50 par le guitariste hawaïenne Jimmy (Zacharie Elenga). Ses arrangements ont fait tâche d’huile dans tous les orchestres jeunes nés au cours des années 70.
Son langage s’est particulièrement mis au service des classiques dont on a attribué l’appellation « Choqué », dans la façon de danser depuis les premières années Zaïko. Il a d’ailleurs été le 24 décembre 1969 un des trois co-fondateurs avec Jossart Nyoka Longo, et Shungu Wembadio « Papa Wemba ». Pépé Felly a aussi été chef d’orchestre et directeur artistique du groupe Zaïko « Langa Langa ».
Pour la petite histoire
– Naissance le 19 août 1954 à Kinshasa. Issue d’une famille de guitariste, il est le petit fils de Mayungu Manuel d’Oliveira du groupe San Salvador des années 50.
– Ancien étudiant de l’Académie des beaux arts de Kinshasa (option peinture), Pépé Felly débute sa carrière musicale en 1969 dans Zaïko « Langa Langa ».
– 1973 – la presse Congolaise désigne Pépé-Felly comme le meilleur guitariste de la nouvelle génération, celle de la musique dite jeune à l’époque.
-1977 – Il participe avec Tabu Ley Rochereau au festac de Lagos, enregistre la chanson « Love me Love me » avec Jimmy Cliff, la star de la musique Jamaïcaine, puis avec le chanteur Français Jacques Higelin.
-1978 – En marge de l’orchestre Zaïko langa-langa, Pépé-Felly monte avec Ray Lema, l’orchestre expérimental les Ya Tupas, dans le genre world music. L’expérience est couronnée de succès. Les Ya Tupas remportent le prix « Maracas d’or ».
-1979 – (après Fredy Kebano en 1978 à Brazza et au 11ème Festival de la jeunesse à Cuba) Pepe-Felly est le premier à introduire le synthétiseur dans la musique Congolaise à Kinshasa.
-1980 – Pépé-Felly se retire de Zaïko Langa-Langa, pour former le groupe Grand ZaIko Wawa, désigné meilleur orchestre de l’année 1984 par les mélomanes et la presse Congolaise.
-1989 Pépé-Felly s’installe en Suisse, participe aux ateliers de l’école de jazz de Lausanne, donne des leçons de guitare chez Hello Jazz avec le grand saxophoniste Américain Robin Kenyatta, puis participe à des nombreux concerts et à des séances d’enregistrements en studio.
-2009 – De retour à Kinshasa Pépé-Felly ouvre une école de musique accessible à tous les jeunes congolais de la R.D.Congo : « Ecole de culture, le Griot » tout comme il fait régulièrement des tournées aux USA, en Afrique et en Europe dans le cadre de coopération artistique.
-Juin (21-23) 2018 – Brillante participation à la fête de la musique à Paris, suivie d’un séjour de travail avec les producteurs de la musique numérique.
Toujours en effervescence, l’art de Manuaku fait preuve aujourd’hui d’une belle sagesse et d’une sûreté parfaite. C’est le fruit de longues années d’expérience. Il n’use que fugitivement de la virtuosité dont il est capable. Pour l’accompagner, des jeunes musiciens à suivre de près. Dans son repertoire, des thèmes bien choisis, et une transparence extraordinaire.
Pépé Fely est aussi un des rares guitaristes à faire toujours du véritable « Sebene » la base rythmique de son style, élément indispensable de l’attirail de tout guitariste sur le thème de la rumba.
Pour l’essentiel de sa discographie, notons les titres et les éditions : « Ebele ya bas ébène » (Gillette d’or), « Gina » (Esselta), « Hymne Bayaka » (Sonodisc), « Kongo/Alchimie » (Sonima), « Manuaku Trio » (Roni Sound), « Regards croisés » (Raji Média), « Les grands classiques de la musique congolaise » (Kos and Co) « Kinshasa 2 Brixton » (Kinshasa 2 Brixton).
Clément Ossinondé
Merci à mon aîné Clément de cette belle restitution de l’histoire de notre musique à travers ceux qui la font !
Je me souviens, comme hier, de l’époque de Ma Loukoula, Mahoungou, etc.
Ah quelle belle époque, en sont souviendra toujours,appréciable de leurs savoir-faire,ils ont émerveillé tout un monde.
Merci beaucoup Prof pour l’histoire