L’orchestre Les Bantous de la capitale rend Hommage à Joseph Kabaselle dans son Album « Pont sur le Congo »

« Pont sur le Congo » Tel est le titre du nouvel et merveilleux album des Bantous de la capitale réalisé dans un coffret de 20 meilleures chansons du répertoire de « Kale Jeff ».

« Pont sur le Congo » pour sceller les liens de fraternité entre les deux Congo. Encore que pour Joseph Kabaselle et dans sa chanson « Ebale ya Congo », « Le fleuve Congo ne constitue pas une barrière, mais un chemin… » (ebale ya Congo ezali lopango te, ezali se nzela…)

Joseph Kabaselle. Une voix qui nous a tous exaltés et qui a magnifié l’amour s’est tue le 11 février 1983 à Kinshasa. Kabasele est avant tout, pour nous, un mythe, un chanteur et chef de groupe. Le beau gosse à l’exceptionnelle voix veloutée de deux octaves et demie, est l’un des pères de la musique congolaise moderne.

L’hommage des Bantous de la Capitale à « Grand Kallé »

Fier d’être parmi les continuateurs de l’œuvre de Joseph Kabaselle, Les Bantous rendent à leur idole un véritable hommage à travers ce super CD produit par la Fondation Grand Kallé, distribué par Amaryllis Productions et Cyriaque Bassoka Productions.

L’épopée de Joseph Kabaselle dans l’African Jazz se trouve merveilleusement retracée par une splendide compilation de 20 chansons en forme de guide, parmi lesquelles, les plus connues et les plus écoutées de toute la carrière musicale de Joseph Kabaselle, et qui sont devenus des véritables classiques.

Rappelons que le « cordon ombilical » Kallé et Les Bantous ne doit pas étonner les connaisseurs, lorsqu’on sait que les pères fondateurs des Bantous : Jean-Serge Essous, Nino Malapet et Saturnin Pandi ont évolué longtemps aux côtés de Joseph Kabaselle dans les orchestres Rock-A-Mambo/African jazz aux éditions Esengo (1957/59/. Tout comme Jean-Serge Essous /Joseph Kabaselle dans l’African team de Paris (1969/70). Sans oublier Ganga Edo qui dans les années 50 a régulièrement côtoyé le « Grand Kallé », avant de participer à la percussion à l’enregistrement en 1953 à la célèbre œuvre « Parafifi ».

Les Bantous de la capitale marquent par cette réalisation un véritable exploit qui pour l’essentiel a extrait au menu : de l’amour, de la tendresse, de l’émotion, de la mélancolie, et pourquoi pas de la nostalgie qui reflètent toute l’évolution du « Grand Kallé ». Peut-être faut-il se réjouir particulièrement des voix taillées dans l’or massif des chanteurs des Bantous, les superbes harmonies rythmiques des guitaristes qui transcendent toutes les modes et savent se moquer du temps qui passe.

Professionnalisme impeccable des Bantous, minutieusement accompagné par une section rythmique menée par le guitariste lead et rythmique Albert Tsonga « Dhedhe », avec lui Rodrigue Mbila « Patcheko »(guitare basse). La section cuivre signe ici l’un de ses sonorités les plus émouvantes, produites par Pierre Kinsakieno « Ma Pierre » (Trombone) et Gérald Batsimba « Mays »(trompette). Quant à la section chant, c’est une étrange frénésie qui pousse Simon Mangouani, François Ganga « Fregh » (sous la supervision de Ganga Edo), à travers plusieurs chansons qu’elle maitrise avec brio. Enfin, Faustin Nsakanda « Fautino« (claviers), Alban Smith Gambomi (batterie et percussion) Daddy Nkouakoua (tumbas).

Il faut en particulier écouter l’extraordinaire version qu’il donne des titres comme « Parafifi », « Kale kato », « Bolingo suka te », « Kelya », « Indépendance cha cha » et tant d’autres, dans un Song mélancolique transformé en acrobatie vocale fascinant, mais loin de l’uniformité de timbre de l’univers sonore de Joseph Kabaselle.

Joseph Kabasele, 35 ans après sa mort il parvient à « rester vivant », dans le cœur des fans, des amis, des parents, des musiciens qui vont célébrer sa mémoire à la présentation solennelle de l’album souvenir des Bantous de la capitale.

35 ans après la mort de Grand Kallé, c’est aussi l’occasion de découvrir quelques extraits de l’évocation du Club Kalé de Brazzaville sous la plume de Sylvain Bemba. Témoignage à un homme qui était très aimé.

“Kabasele-Tshamala : la mort d’Orphée. Lettre à un ami mort qui a vécu en chantant et chantait pour vivre.

« Mon cher Kallé-Jeff. Il parait que les artistes, jamais, ne meurent. Alors, pourquoi ne pas t’écrire cette dernière lettre? A l’heure où la revendication de l’identité culturelle est à l’ordre du jour qui se lève à l’horizon, il est permis de rester fidèle à une certaine conception de la mort africaine. Celle-ci, on le sait, est vécue non pas comme une fin, mais comme un passage vers une autre forme de vie. Je te savais malade, très malade même, mais de là à imaginer que tu nous quitterais comme un contrebandier, à cette date fatidique du 11 février 1983.

« Tu es passé de l’autre côté, et je n’ai même pas vu le passeur t’emporter sur l’autre rive. Ton oncle, le Cardinal Malula était venu annoncer personnellement ton départ sur les antennes de Télé-Zaïre, et moi je suivais sur l’autre chaîne, celle de Télé-Congo, un programme scientifique, “La planète bleue”. Pouvais-je me douter qu’à cette heure là, tu t’envolais déjà vers ce “silence des espaces infinis” qui effrayait le philosophe, vers ces espaces à partir desquels l’intuition géniale d’Eluard a décelé en notre planète une belle “orange bleue”.

« A propos d’intuition, quelque chose devait démanger la caboche de Clément Massengo, quand il s’est mis en tête de raconter à la radio l’histoire du “Club Kallé” dans l’émission hebdomadaire “Escale à Brazza”.

L’histoire d’une amitié pure, désintéressée entre toi et nous, nous qui ne t’avons jamais demandé de nous citer dans une seule de tes chansons, nous qui ne t’avons jamais trahi. Entre toi et nous, la clef (de sol) était sur la porte, et cette dernière restait ouverte nuit et jour pour la fête des cœurs et la joie de l’esprit…

« Je n’aurai probablement pas l’occasion de lire la presse écrite kinoise, mais je peux te dire qu’en ce qui concerne les médias audio-visuels c’est un hommage unanime qui, de Brazzaville à Kinshasa est monté vers toi. Le mot qui est revenu le plus sur les lèvres des journalistes, c’est sans aucun doute le mot “monument”.

« Pour mes confrères, tu es un monument de notre musique congolaise, une figure de proue. Par-delà le style ampoulé des éloges funèbres, il y a du vrai dans cette image. S’il fallait s’en tenir au seul critère de la beauté du timbre de voix, la tienne est de la famille de celles qui font d’un chanteur un enchanteur…. »

C’est dire que Les Bantous de la Capitale ont pris le relais par cette initiative louable qui permet aux mélomanes de tout bord d’entrer dans un monde fantastique de leur idole : L’immortel « Grand Kallé ».

Bravo ! Les Bantous de la capitale

Pratique : L’album est produit par la Fondation Grand Kallé – Producteur exécutif (Eddy Fleury Ngombe) – Distribution (Cyriaque Bassoka production) – Prise de son et mixage ( Guy Noël Kombo) – Assistant (Jireh Massengo) – Disponible chez Cyriaque Bassoka Productions et chez tous les disquaires.

Une journée spéciale de présentation et du lancement de l’album, Samedi 22 décembre 2018 chez B.H. Electronic 101 rue du faubourg Saint Denis 75010 – Paris.

Clément Ossinondé

 

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