HIGT TECH. Sur le papier depuis 2019, l’Agence Nationale de Sécurité des Systèmes d’Information (Anssi), qui devrait garantir la protection du cyberespace national(présidence de la République, Primature, sénat, assemblée nationale, ministère de la défense, ministères, Cid(ex dgst), police, gendarmerie, sociétés de téléphonie mobile, banques, etc.), ne semble pas être une préoccupation majeure pour les autorités congolaises.
Une situation d’autant plus délicate que le Congo risque gros en ces temps où les hackers évaluent la vulnérabilité des cyber espaces nationaux en Afrique pour agir aussi bien en local qu’au delà des frontières nationales.
Un expert en matière de cyber sécurité, de passage à Brazzaville, nous confiait, yeux larmoyants, que le système informatique du ministère des finances du Congo est très vulnérable. L’homme, qui ignorait que je suis journaliste, m’ expliquait qu’à partir d’une pâtisserie attenante au ministère, il se serait introduit dans les données du ministère. Aïe ! Il faut reconnaître que le cyberespace est constamment victime de nombreuses attaques aux conséquences dramatiques. Aucun pays, quels que soient ses niveaux de développement technologique et informatique, n’est à l’abri.
Les cyber pirates savent que le cyberespace de bons nombres pays africains est extrêmement vulnérable. En octobre 2020, en Ouganda, des hackers ont piraté des services financiers digitaux Pegasus Technologies. Ils avaient réussi à pirater 2000 cartes sim auprès des opérateurs Airtel et Mtn. Ils ont ensuite, par le biais d’une commande digitale, fait transférer des milliards de Shillings des banques Stanbic Bank et Bank of Africa vers des comptes mobile money auprès de 2 opérateurs de téléphonie mobile. En 3 jours, les cyber pirates ont pu dérober 3,2 milliards de dollars!
Au Mali,
La filiale du géant bancaire marocain a été victime d’un piratage, rendu public début février. Jeune Afrique, qui a eu accès à des informations privilégiées, a dévoilé l’ampleur d’une attaque visant VIP, groupes et institutions, de Choguel Maïga à l’ambassade de France, en passant par Orange, TotalEnergies et Azalaï.
« C’est l’un des plus importants piratages subis par une banque africaine. Des millions de documents volés, contenant les données personnelles de clients, des informations sur les comptes : solde, transactions, mouvements, mais aussi des notes internes, une liste d’identifiants d’agents et de mots de passe ».
Incroyable mais vrai!
Au Congo Brazzaville, quoique la stratégie d’omerta pratiquée par les grands groupes soit de mise, force est de reconnaître que la Banque Commerciale Internationale(BCI), Ecobank, Bgfi Bank, et récemment la Banque Postale du Congo, ont déjà, non sans dégâts mineurs, repoussé des tentatives de cyber attaques. Difficile d’en savoir davantage sur le degré de vulnérabilité du cyberespace national. Et pour cause, l’Anssi, créée en 2019, est un mort-né. Analphabètisme criard des gouvernants congolais en matière du numérique? Les autorités mesurent -elles l’ampleur des dégâts en cas de cyber attaque à la malienne ou à l’ougandaise? Une chose est vraie: aucune stratégie numérique de défense nationale n’existe au Congo.
C’est l’Anssi qui devait, en principe, anticiper et évaluer les possibles conséquences d’une cyberattaque d’envergure visant les systèmes d’information du Congo. Les formations de pointe aux métiers de l’économie numérique sont-elles entreprises par le ministre des postes, des télécommunications et de l’économie numérique, Léon Juste Ibombo? Il n’en est encore rien selon nos informations.
S’il est vrai que les banques et entreprises ont externalisé leurs services de cyber sécurité assurés par des experts étrangers, le pire est cependant à redouter lorsque la surveillance du cyber espace congolais se retrouve entre les mains des étrangers.
Une stratégie nationale de défense devrait permettre la standardisation, la coopération et la coordination entre acteurs des secteurs public et privé.
Pourvu que le Premier ministre, Anatole Collinet Makosso, et son ministre des postes, Léon Juste Ibombo, donnent un coup d’accélérateur à cette stratégie de défense nationale. Ils ont tout l’air d’être des analphabètes en la matière.
Par A.Ndongo
Journaliste économique et financier.