L’Algérie en pleine déconfiture en cette fin d’année 2018

TRIBUNE. La colère bouillonne en Algérie, alors que même la hausse récente du prix du baril reste insuffisante pour contenir les cris de colère du peuple algérien envers ses dirigeants.​

Après une imposante manifestation à Ouargla, ville pétrolière, où les habitants sont descendus dans les rues en agitant des banderoles sur lesquelles étaient écrit « Pourquoi y a-t-il 25.000 chômeurs dans la capitale du pétrole ? « , voilà celle des retraités de l’armée algérienne. L’information d’abord ignorée par les responsables algériens a fini par sortir via les réseaux sociaux.​

C’est ainsi qu’on apprenait avec stupéfaction que plus d’une dizaine de milliers de vétérans de l’armée algérienne avait été bloquée tout proche de d’Alger par des milliers de gendarmes pour y subir des assauts sauvages alors qu’ils ne revendiquaient que leurs modiques retraites qu’ils ne perçoivent plus depuis belle lurette.​

On notera également qu’en Algérie, il n’y pas que la jeunesse ou les militaires retraités qui rugissent contre le Front de Libération Nationale (FLN) et les dirigeants du pays, mais le peuple tout entier.​

Ces hurlements du peuple algérien sont amplement justifiés lorsqu’on constate que la croissance estimée par la Banque Mondiale (BM) jusqu’en 2020 sera insuffisante pour mettre un terme à la hausse du chômage et que, poursuivant ses projections, la BM n’est guère plus optimiste sur les prix du pétrole, unique entrée en devises pour le pays. En effet, la BM présage un pétrole 69 dollars le baril, un tarif qui restera bien inférieur de près de 40% à la moyenne de 2011-2014 et dont les perspectives d’un retour à des niveaux élevés sont quasiment nulles.​

Pour les réserves de change, celles-ci poursuivent leur baisse vertigineuse pour atteindre 88,61 milliards de dollars en décembre 2018 contre 97,33 milliards de dollars en décembre 2017. Une baisse qui devrait se poursuivre pour atteindre les 85,2 milliards de dollars à la fin de l’année 2018, 79,7 milliards en 2019 et 76,2 milliards en 2020.​

De plus, depuis le 1er octobre 2018, le peuple algérien a découvert subitement l’augmentation des tarifs de stationnement à l’heure ou à la journée, notamment à Alger, où l’abonnement mensuelle est passée de 4500 à 7140 dinars algériens.​

Une tarification abusive, représentant un quart du salaire des travailleurs, qui les met hors d’eux car ne pouvant stationner leur véhicule hors des parking étatiques en raison des risques de vol et de vandalisme qui écument la ville d’Alger et tant d’autres villes algériennes.​

S’agissant de l’affaire de la saisie de 701 kilogrammes de cocaïne, nul besoin d’être grand clerc pour comprendre qu’il ne s’agit ni plus ni moins d’une trahison conduite d’une main de maître par le Palais d’El Mouradia pour éliminer nombre de responsables militaires algériens et offrir, par la même occasion, au peuple algérien une fausse impression d’une opération « mains-propres » ; une manoeuvre destinée à blanchir l’image du gouvernement algérien et à garantir un cinquième mandat à Bouteflika.​

Quant aux dernières pluies, elles ont provoqué des catastrophes dans toutes les villes et villages de l’Algérie et il faudrait s’attendre à de nombreuses épidémies en raison des égouts bouchés et des quantités énormes de détritus ménagers jetés à même les rues, devenues pour l’occasion des piscines gratuites, sans qu’ils ne soient ramassés quotidiennement par les services publics.​

Ainsi se résume la vie politique et socio-économique du peuple en Algérie qui continue à vivoter avec un système possédant une pseudo-légitimité historique et morale en raison des promesses du socialisme, non tenues en passant, puis par la lutte contre le Front Islamique du Salut (FIS) et surtout le bien-fondé financier suite à la distribution de la rente pétrolière. Aujourd’hui, l’Algérie les a perdus toutes trois​

Le dernier espoir de changement des démocrates en Algérie restera au final le net car l’opposition algérienne n’a plus de porte-parole et le Président de l’Assemblée Populaire Nationale (APN), Saïd Bouhadja, vient de jeter, le 07 octobre 2018, l’éponge pour faire perdurer Bouteflika à son poste avec l’organisation sur mesure de la présidentielle.​

Une possibilité qui pourrait pousser le peuple algérien à descendre en masse dans les rues.​

D’ailleurs, Bouhadja vient de s’en prendre virulemment, le 07 octobre 2018, au Premier Ministre et Secrétaire Général du Rassemblement National Démocratique (RND), Ahmed Ouyahia, l’accusant notamment d’avoir une main dans la crise qui secoue actuellement l’APN et le pays.​

Un bien triste record que viennent de mettre en évidence les bavures commises au quotidien par les forces de répression algériennes à l’égard des citoyens algériens, interdits de s’exprimer, de manifester et de se rassembler dans les rues, à Alger et comme partout ailleurs dans ce pays transformé en immense prison à ciel ouvert mais aussi les nombreux autres crimes sociaux et économiques perpétrés à l’encontre d’un peuple sans défense.​

L’unique question à se poser est pourquoi l’Agence de Presse Service (APS) et la presse algérienne dans son ensemble ainsi qu’une certaine presse française ont elles fait une si grande impasse à ces dérapages et à ces liberticides qui se déroulent en Algérie et s’acharne à braquer, du haut de son hypocrisie, ses projecteurs sur la situation au Sahara marocain ?​

Décidément, il n’y a pas de mots pour décrire la « ligne éditoriale » de la très culottée APS et de leurs affidés nationaux ainsi qu’étrangers, porte-étendard du régime despotique algérien, dont le mérite retentissant est de constituer aujourd’hui, avec la Corée du Nord et le Venezuela, l’un des derniers vestiges de la tristement célèbre défunte époque stalinienne. Effronterie, cynisme et insolence !​

Farid Mnebhi.​

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