
TRIBUNE. Le Mali l’a refait. L’histoire se répète et se planque même au Mali. Un pays qui a connu une série de coups d’Etat tout au long de son histoire : en novembre 1968 contre Modibo Keita, en mars 1991 contre Moussa Traoré, en mars 2012 contre Amani Toumani Toure et là en août 2020 contre Ibrahim Boubacar Keita. Une alternance chaotique et violente, anti-constitutionnelle!
Mais les Maliens peuvent se donner une raison, au moins le président élu et en qui nombreux n’avaient plus confiance est parti. Aujourd’hui retenu prisonnier auprès des militaires qui s’organisent à conduire une transition, avant le retour à l’ordre constitutionnel. Certainement qu’il n’y avait plus mieux comme recette, le plat du dialogue national et le chemin du consensus n’ayant pas apporté satisfaction.
Des scènes de pagaille et d’arrestation du chef de l’Etat et de son Premier ministre qui ont fait le tour du monde. Des images qui peuvent toujours nourrir des appétits des autres militaires tapis sur le continent et qui attendent tranquillement leur tour de passer à l’acte. Une actualité dont la diffusion a intentionnellement été interdite dans plusieurs pays africains, histoire d’éviter les mauvaises copies. D’accord!
Et pourtant, l’Afrique mérite et mieux. L’alternance devrait être démocratique et civilisée. Les chefs d’Etat au pouvoir doivent y penser et y travailler, car les pays gagneraient en stabilité et avanceraient sur la voie de développement.
La Côte d’Ivoire, le Sénégal, la Guinée et le Congo devraient, dans ce cas, donner une autre image de l’Afrique. Les élections sont à leur porte. Et les opposants ruminent de la frustration, parfois à raison. La participation aux élections des chefs d’Etat au pouvoir depuis plus de deux mandats ne garantit pas l’alternance. Tout est fait pour que le président sortant reste en place.
Et les coups d’Etat paraissent comme la panacée en Afrique pour obtenir une alternance au pouvoir. On s’en fout de la couleur qu’elle porte, entachée du sang des martyrs ou des manifestants de rue. Des recettes qui ont certes bien marché sur le continent dans les années 1970, mais qui ne devraient plus être utilisées ou simplement incantées.
L’Afrique devrait être exorcisée des coups d’Etat. Les acteurs politiques doivent tout faire pour instaurer la culture démocratique sur le continent. C’est de leur devoir.
Par Arsène Séverin – Journaliste (fb)