
TRIBUNE. En vue de freiner l’épidémie due au CORONAVIRUS, qui a officiellement causé le décès d’une dizaine de personnes et mis notre pays complètement à l’arrêt, les autorités gouvernementales ont pris une série de mesures. Ainsi le 31 mars 2020 a consacré le début de l’état d’urgence sanitaire ponctué par un couvre-feu sur toute l’étendue du territoire national.
Depuis ce jour, certaines activités jugées non essentielles sont interdites. La circulation est soumise à l’obtention préalable d’une autorisation de sortie. Les frontières sont fermées, les bus privés et taxis sont interdits à la circulation. Quant aux marchés domaniaux, ils ne se tiennent que 3 jours par semaine. Les restaurants, les lieux de culte, les boutiques, les bars et les lieux de sport sont fermés.
Après un mois de confinement, le président de la République Denis SASSOU NGUESSO a, dans un message à la nation, annoncé le 30 avril 2020, la prolongation du confinement à domicile pour deux semaines de plus.
Par ailleurs la task Force mise en place par le gouvernement ne nous a pas encore dit si nous avons atteint le pic de la pandémie dans notre pays ou pas.
Quarante jours après le déclenchement de cet état d’urgence sanitaire, quel bilan pouvons-nous faire ? Quelles leçons pouvons-nous tirer ? Et comment pouvons-nous aborder l’avenir avec plus de sérénité ?
Aujourd’hui, force est de constater que le confinement est plus ou moins respecté selon les classes sociales et les quartiers. Dans les quartiers habités par des congolais qui ont des revenus au-dessus de la moyenne, le confinement est respecté. C’est le cas dans certains secteurs de Brazzaville comme : Le centre-ville, Batignolles, l’OCH de Bacongo et de Moungali.
Cependant, dans les quartiers populaires, le confinement se fait en dents de scie. Déjà fortement affectés par les coupures d’électricité et d’eau courante, les habitants de ces quartiers voient leurs conditions de vie se dégrader depuis le début de la quarantaine.
La plupart des habitants vivent d’emplois informels et en restant bloqués chez eux, ils n’ont plus aucuns revenus. Ils vivent au jour le jour et font des boulots souvent précaires, parfois sans contrat de travail pouvant leur assurer des revenus en cette période de confinement.
Il n’échappe à personne que les effets combinés de la crise économiques et du confinement commencent à rendre la vie très dure et même pénible aux habitants de ces quartiers pauvres qui se retrouvent sans activités.
Nous pensons que le temps est venu d’alléger le dispositif de la quarantaine pour permettre à la population de respirer tout en mettant quelques garde-fous. Nous pouvons donc mettre en place un plan de déconfinement progressif qui se fera en plusieurs étapes et dont l’amorce se fera dans la deuxième quinzaine du mois de mai. Il faut donc enclencher un assouplissement en prenant des mesures mieux adaptées à nos réalités.
Outre l’obligation du port des masques, lors de tous déplacements, qui constitue une avancée significative dans la lutte contre cette pandémie, il est important que des mesures ci-après soient prises dans cette première phase :
-Le maintien du couvre-feu. Cette mesure est essentielle car elle permet aux forces de l’ordre de faire appliquer certaines dispositions relatives aux mesures barrières édictées par les autorités du pays. Si le couvre-feu est levé, il y aura un relâchement. Les rencontres nocturnes de tout genre favorisant la propagation du virus ;
-Pour ralentir la propagation du virus, il faudra traiter toutes les personnes contaminées par le COVID-19 et procéder à l’identification, au dépistage et au suivi de toutes les personnes avec lesquelles, elles étaient en contact ;
-La réouverture des frontières aériennes (aéroports). Il faudra au préalable tester tous les passagers qui atterriront dans nos aéroports. Cette mesure implique aussi la mise en quarantaine et l’isolement de tous ces passagers entrant sur le territoire congolais ;
-Ramener le nombre des jours de marchés domaniaux de 3 à 4 jours dans la semaine comme décidé précédemment, il y a peu, par le Maire de Brazzaville. Cette mesure permettra de réduire l’afflux massif que nous observons dans ces marchés ;
-Autoriser la circulation des taxis et des bus, ceci pour permettre à la population de ne plus subir le calvaire qui le contraint à faire des kilomètres à pieds. Dans les quartiers périphériques beaucoup des personnes meurent par manque de moyens de transport pouvant leur permettre de se rendre en urgence dans les hôpitaux ;
-La mise en place d’une circulation alternée des voitures personnelles, des Taxis et des Bus. Les voitures personnelles, taxis et bus qui ont des numéros impairs circuleront les : lundi, mercredi et vendredi. En revanche les voitures et bus ayant des numéros pairs circuleront les : mardi, jeudi et samedi. Aucune voiture, taxis ou bus ne devra circuler le dimanche sauf pour les cas d’extrême urgence ;
-Limiter le nombre de personnes dans les voitures personnelles et taxis à 3, à 10 dans les minibus (type Hiace) et 15 dans les bus (type Coaster) ;
-La réouverture de l’Université Marien-NGOUABI, des université privées ainsi que des classes pour les élèves de Terminale, Troisième et CM2. Il est impérieux d’éviter une année blanche dans nos universités tout comme il est de notre devoir de permettre aux élèves en classes d’examens d’aborder leurs évaluations dans des meilleurs dispositions ;
-La réouverture des restaurants. Ceux-ci devront se limiter à la vente des plats à emporter ;
-La réouverture des boutiques d’alimentation et des petits marchés de proximité afin de désengorger les marchés domaniaux bondés de monde et qui sont des lieux propices à la propagation du Covid-19 car le respect d’une distance d’un mètre ne peut y être observé ;
-La reprise des activités pour les professions libérales : maçons, peintres, menuisiers, électriciens, mécaniciens, plombiers, jardiniers…
Ainsi appliquées et respectées, ces mesures d’ordre social, sanitaire et économique, ajoutées au respect de certains gestes barrières tels que : se laver régulièrement les mains, tousser sous le coude et respecter la distance physique d’un mètre, pourront permettre à notre pays de faire face à cette pandémie et d’éviter l’effondrement de notre modèle social et économique.
Telle est l’économie de notre modeste contribution.
Henri Blaise NZONZA
Président de la Nouvelle Dynamique pour le Congo.