TRIBUNE. Je plaide coupable les mains en l’air : je suis de ceux qui pensaient que Francis Ngannou, alias The Predator, n’avait aucune chance face au boxeur Tyson Fury alias le Gypsy King, l’invincible champion WBC des lourds.
Je suis de ceux qui ont cru jusqu’au tout début du combat que Ngannou allait vivre l’enfer face à Fury. Oui, qui pouvait penser une seule seconde que Francis Ngannou, combattant de MMA fraîchement converti à la boxe anglaise, pouvait tenir face à celui que plusieurs observateurs et spécialistes considèrent comme l’un des plus grands boxeurs de tous les temps ? Qui ?
Je n’ai jamais douté de la puissance de Francis Ngannou, mais quand on pense à la manière dont Tyson Fury était parvenu à éteindre le « tout puissant » Deontay Wilder lors de l’acte 3 de leur face-à-face à la T-Mobil Arena de Las Vegas, quittant ainsi les lieux avec le titre dans la valise, il y avait des raisons de ne pas donner cher de la peau de Ngannou.
La surprise est donc totale au sortir du face-à-face qui a opposé les deux hommes hier à Ryad, en Arabie Saoudite, devant près de 20 000 spectateurs venus des quatre coins du globe. Comme l’ont relevé la quasi-totalité des médias et des observateurs, Ngannou a réussi ce que presque personne n’aurait pu imaginer avant ce combat. Résistant physiquement [et même moralement], et de manière surprenante, sur l’ensemble des dix rounds, il a réussi l’exploit, à la grande surprise de tous, d’envoyer Fury au tapis au troisième round. L’image du Gypsy King s’effondrant sur le dos fera date.
Certes, Tyson Fury a été déclaré vainqueur par décision partagée des juges, mais il n’en demeure pas moins que pour nombre d’observateurs, le vrai gagnant est Francis Ngannou, qui, faut-il le reconnaître, a d’ores et déjà réussi sa reconversion dans la boxe. Certains observateurs affirment que la décision finale des juges visait à sauver l’honneur d’un champion et l’image d’une boxe en perte de vitesse au niveau mondiale.
Quoi qu’il en soit, le monde de la boxe doit maintenant composer avec Francis Ngannou. Ce digne fils du continent est très fort. Il est puissant. Sûrement les effets du Abui-Kpem, qui signifie le bon manioc en Ewondo, une langue du Cameroun…
Je bois mon lait nsambarisé…
Par Patrick Mbeko