« Il y a un problème de gouvernance financière indépendamment de la chute du prix du baril de pétrole. Qu’on arrête donc d’accuser le pauvre prix du baril en chute libre d’être à l’origine de la crise économique et financière actuelle », a déclaré Dr Kitsoro Firmin C. Kinzounza au journal La Semaine Africaine.
Prenant le niveau d’endettement des autres pays de la CEMAC, l’économiste congolais a rappelé que « nous avons environ 1500 milliards pour la Guinée Equatorial; 850 milliards pour le Gabon; 360 milliards pour le Cameroun et 28 milliards pour la R. Centrafricaine, et la République du Congo 5400 milliards ».
Que s’est-il passé pour le Congo se retrouve avec une dette aussi élevée? Pour ce consultant international en management « il s’est passé que dans les autres pays de la CEMAC, le ministre des Finances est la seule personne habilitée à engager l’Etat à l’étranger, donc à endetter l’Etat ».
Ce qui n’était pas le cas au Congo où jusqu’à récemment « nous avons trois organes qui endettent l’Etat à l’international, en l’occurrence le ministre des Finances comme cela se fait normalement et de l’autre côté la SNPC et le ministère de l’Aménagement du territoire et des grands travaux », a-t-il fait observer. Ce qui, a-t-il ajouté, « fait que nous arrivons à un taux d’endettement de 117% du PIB alors qu’au Gabon le même taux était de 61% du PIB en juin 2017 ».
Comment expliquez ce pays qui a multiplié des prêts aux autres pays africains soit devenu le plus endetté de la CEMAC? Pour répondre à cette question, Dr Kitsoro Firmin C. Kinzounza a rappelé que la crise profonde dans laquelle se trouve le Congo n’est pas due simplement à la chute du prix du baril de pétrole « mais plutôt, à 80 %, à la mauvais gouvernance financière et la mission du FMI a eu le mérite d’établir pleinement ce fait ».
Pour rappel, le Congo a accordé des prêts à hauteur de 100 milliards à la Côte-d’Ivoire, 50 milliards à la Guinée Conakry, 25 milliards à la RCA, entre autres. Ceci sans l’autorisation préalable du Parlement, a fait observer l’économiste.
« Selon nos informations, seule la Côte d’Ivoire a établi un échéancier de remboursement. La Guinée Conakry aurait opposé au Congo une note de la Banque mondiale demandant aux pays ravagés par le virus Ebola d’annuler leurs créances », a-t-il poursuivi.
Pour conclure sur ce point, il a noté que « nous avons là une manifestation de générosité d’un Etat envers d’autres, sans implication du Parlement et de la Cour des comptes et de discipline budgétaire ».