
L’économie de la zone euro a enregistré une reprise modérée de 0,7% en 2024 après 0,4% en 2023, malgré une contraction persistante en Allemagne (-0,2% après -0,3%), rapporte la Direction des études et des prévisions financières (DEPF) soulignant une résilience de la France (1,1% après 1,1%) et de l’Italie (0,7% après 0,7%) et à une forte expansion de l’Espagne (3,2% après 2,7%).
La zone euro devrait poursuivre sa reprise graduelle, avec une hausse du PIB de 1,0% en 2025 et 1,2% en 2026, indique ce département relevant du ministère marocain de l’Economie et des Finances citant l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Toutefois, la croissance reste inégale selon les pays et les secteurs d’activité, fait-il savoir dans sa Note de conjoncture du mars 2025 (N°337).
L’économie allemande devrait enregistrer une reprise modeste en 2025 (0,4%) qui devrait se renforcer en 2026 (1,1%), portée par une hausse des dépenses publiques1. La croissance française devrait se modérer cette année (0,8%), sous l’effet de l’ajustement budgétaire et de la détérioration du marché du travail, avant de se redresser l’année prochaine (1%).
En Italie, le rythme de croissance devrait rester stable en 2025 (0,7%), avant de s’améliorer en 2026 (0,9%). En Espagne, la croissance continuerait de surperformer les pairs (2,3% en 2025 et 2,1% en 2026), malgré son ralentissement.
La reprise dans la zone euro repose principalement sur le secteur des services, tandis que l’industrie manufacturière reste en récession. La consommation des ménages bénéficie d’un marché de l’emploi solide et d’une amélioration du pouvoir d’achat grâce à la baisse de l’inflation et à la progression des salaires. L’investissement reprend, soutenu par des taux d’intérêt en baisse et des coûts énergétiques modérés.
Cependant, les perspectives demeurent fragiles face aux risques géopolitiques et protectionnistes, avec notamment la menace de tarifs douaniers américains. En outre, la zone euro reste confrontée à des défis structurels : faibles gains de productivité, pénuries de main-d’œuvre, transition énergétique coûteuse et sous-investissement, compromettant sa compétitivité.
Au T4 2024, l’économie de la zone euro a affiché une croissance modérée (0,2% après 0,4% au T3), avec un faible gain de l’emploi.
Parmi les grandes économies de la zone, l’Allemagne (-0,2%) et la France (-0,1%) se sont contractées, l’Italie a enregistré une croissance modeste (0,1), tandis que l’Espagne (0,8%) a poursuivi sa forte expansion.
En glissement annuel, le PIB de la zone euro a rebondi de 1,2% (après +1% au T3). Les données à haute fréquence montrent des évolutions mitigées au sein de la zone euro début 2025.
L’indice PMI composite (50,2 en février après 50,2 en janvier) signale une faible croissance du secteur privé. Les services restent en expansion (50,6 après 51,3), mais à un rythme ralenti, tandis que l’activité manufacturière demeure en contraction (47,6 après 46,6).
Parmi les grands économies, l’Allemagne affiche une croissance modérée (50,4 après 50,5), l’Italie marque une nette reprise (51,9 après 49,7), l’Espagne maintient une forte expansion (55,1 après 54,0), tandis que la France enregistre un fort repli (45,1 après 47,6).
La production industrielle de la zone euro a rebondi en janvier (0,8% après -0,4% en décembre), tirée par l’Allemagne (2,1% après -1,9%) et l’Italie (2,9% après -2,5%), malgré un repli en France (-0,6% après -0,5%) et en Espagne (-1% après 1%). Sur un an, elle s’est stabilisée, mettant fin à 20 mois de contraction.
En revanche, les ventes de détail dans la zone euro ont enregistré un repli en janvier (-0,3%), après deux mois consécutifs de stagnation. Par pays, les ventes ont diminué en Italie (-0,4%) et en France (-0,1%), mais progressé en Allemagne (+0,1%).
Néanmoins, l’indice de sentiment économique (ESI) de la zone euro a confirmé son amélioration en février (+1,0 point à 96,3), avec notamment une hausse de la confiance des consommateurs (+0,6 point).
Le marché de l’emploi reste solide. Le taux de chômage dans la zone euro est resté stable pour le 3ème mois d’affilée à 6,2% en janvier, son plus bas historique. Toutefois, des différences significatives sont observées entre les États membres. Le chômage a nettement diminué en Espagne (-2,9 points sur un an pour se situer à 10,4% en janvier) et en Italie (-2,3 à 6,3%), resté inchangé en France (à 7,3%), mais a rebondi en Allemagne (+0,3 à 3,5%). La pénurie de main-d’œuvre qualifiée reste un défi majeur pour les entreprises.
L’inflation globale de la zone euro s’est atténuée en février (à 2,3% après un pic de 2,5% en janvier). La hausse des prix a décéléré pour les services (3,7% après 3,9%) et l’énergie (0,2% après 1,9%). L’inflation sous-jacente, qui exclut l’énergie et l’alimentation, a aussi ralenti (à 2,6% après 2,7%), marquant son plus bas niveau depuis janvier 2022.
Selon la BCE, l’inflation globale devrait légèrement ralentir en 2025 (pour se situer à 2,3%), puis baisser pour se rapprocher de la cible de 2% en 2026 (1,9%). De son côté, l’inflation sous-jacente devrait se modérer, passant à 2,2% en 2025 et 2,0% en 2026.
Dans ce contexte désinflationniste, la BCE continue d’assouplir sa politique monétaire pour stimuler une reprise économique encore atone.
Début mars, elle a réduit ses taux directeurs de 25 points de base (pb), portant le cumul des baisses à 185 pb depuis juin 2024. Les taux de la facilité de dépôt, des opérations principales de refinancement et de la facilité de prêt marginal ont ainsi été ramenés à respectivement 2,50%, 2,65% et 2,90%.
La BCE a affirmé que les taux sont devenus nettement moins restrictifs, laissant entrevoir d’autres baisses possibles. Toutefois, le rythme et l’ampleur des réductions des taux dépendront de l’évolution des perspectives économiques et de l’inflation.
La BCE table désormais sur une croissance du PIB de seulement 0,9% en 2025 et 1,2% en 2026 (contre 1,1% et 1,4% prévu en décembre). Elle prévient que les craintes d’une guerre commerciale nuisent à l’économie.
Sur le marché des changes, l’euro s’échangeait à 1,08 dollar le 24 mars, en hausse de 4% depuis le début du mois et de 6,1% depuis son creux de 26 mois atteint le 13 janvier. L’euro est soutenu par les mesures de relance budgétaire et les engagements en matière de dépenses de défense en Allemagne.
Le repli du dollar s’explique par la faiblesse des données économiques américaines et l’incertitude liée aux politiques commerciales restrictives, notamment les menaces de tarifs douaniers.