Congo Brazzaville. M. L’Ambassadeur Pascal Gayama, figure légendaire de la Diplomatie Congolaise s’en est allé

DISPARITION. Communiquée par son Epouse, l’Honorable Députée congolaise, Esther Ahissou Gayama, la triste nouvelle du décès de son Excellence Monsieur l’Ambassadeur Pascal Gayama est tombée, le 2 janvier 2025. Le lendemain du Jour de l’an.
Fils d’Okoyo , dans le Département congolais de la Cuvette Ouest, M. Pascal Gayama voit sa vie durablement se construire, dès le lycée Savorgnan de Brazza, à Brazzaville. Au sein de cet établissement, élève d’allure relaxe, dandy sur les bords, mais studieux, travailleur et discipliné, il reçoit une solide formation classique qui lui ouvre un bel avenir de haut cadre. Au terme d’une bonne préparation, il réussit le concours de l’Office de Coopération Radiophonique(OCORA). Un examen qui lui permet de devenir Journaliste à la Radiotélévision Congolaise. Mais, une profession sur laquelle M. Pascal Gayama ne mise pas beaucoup, d’autant qu’il se retournera, par la suite, vers l’Institut des Sciences Politiques de Paris. Une Université de recherche sélective, de rang international, fondée sur des valeurs d’ouverture et d’excellence. Admis à cet Institut, M. Pascal Gayama choisit l’option Diplomatie.
Du passage du Journaliste Pascal Gayama à la Télévision Congolaise, le Professeur André Patient Bokiba, Conseiller Culturel du Président Denis Sassou Nguesso, garde le souvenir d’une belle expérience de pigiste au Journal Télévisé de Télé Congo où il avait été introduit, en 1965 par M. Pascal Gayama, à la prestation éblouissante.
Aux côtés du Professeur André Patient Bokiba, trois autres commentateurs du Journal Télévisé. MM. Raymond Ibata, Alphonse Foungui et Ange Edouard Poungui. Une époque où Télé Congo était la première télévision d’Afrique francophone. Pour l’histoire, il était arrivé aux quatre pigistes de diffuser des éléments sur le Congo Kinshasa où le Président Mobutu venait de prendre le pouvoir. Contexte politique, au Congo Brazzaville, né des Trois Glorieuses obligeant, les commentaires des quatre pigistes avaient une forte tonalité révolutionnaire et tiers mondiste. A la grande satisfaction de M. Pascal Gayama. Ce qui, d’ailleurs, avait valu aux pigistes des félicitations du Directeur Général des Services de l’Information de ces temps là, M. Sylvain Bemba, aujourd’hui disparu.
Fier de sa formation à Sciences Po, M. Pascal Gayama, en bon patriote, rentre au Congo, en 1972, pour se mettre au service de son pays. Il est alors aligné sur le statut du corps des personnels des Affaires Etrangères. Une étape de sa carrière où il gravit rapidement les échelons. Du grade de Secrétaire des Affaires Etrangères, il est élevé au rang de Ministre Plénipotentiaire. Et, New York, aux USA, fut son premier poste d’affectation, à l’étranger, avec ce grade, en qualité de Conseiller à l’Ambassade du Congo auprès des Nations Unies. Il y exerce, environ cinq ans, et repart, à nouveau, à son Ministère d’origine à Brazzaville, avant d’être mis en mission à l’Ambassade du Congo auprès de l’OUA et de l’Ethiopie, comme Ambassadeur. De l’Ethiopie, il regagne encore le Ministère des Affaires Etrangères du Congo. De là, il fera son entrée au Gouvernement comme Secrétaire d’Etat Chargé de la Coopération jusqu’en 1991.
La Conférence Nationale se tenant à Brazzaville, M. Pascal Gayama y participe comme Membre du Gouvernement. Et, sera, par la suite, désigné par le Président Denis Sassou Nguesso, candidat pour la Sous-Région Afrique Centrale à un des postes de Secrétaire Général Adjoint de l’OUA. Il en fut élu et alors nommé Chef de Département de l’Education, Sciences, Culture et Affaires Sociales de l’OUA(ESCAS). Deux mandat, il exercera.
Revenu au pays, au terme de ses charges à l’OUA, le devoir appellera encore M. Pascal Gayama à New York où le Congo présidait le Conseil de Sécurité. Ambassadeur en Second, il sera promu à New York. Après l’élévation de l’Ambassadeur en Chaire au poste de Ministre des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Pascal Gayama assurera pleinement la fonction d’Ambassadeur Extraordinaire et Plénipotentiaire jusqu’à son rappel au Congo où il sera retenu Ambassadeur Itinérant auprès du Président de la République , puis Ambassadeur du Congo au Royaume Uni. Enfin, en 2024, réinstallé à Brazzaville, l’Ambassadeur Pascal Gayama, des suites d’une maladie, s’éteint définitivement, à l’âge de 76 ans.
Pascal Gayama, alors Secrétaire Général Adjoint de l’OUA, est celui qui proposa au Congo de briguer le siège du Festival Panafricain de la Musique (FESPAM). Ainsi, ce fut grâce à lui que la République du Congo obtint cet honneur d’abriter le siège du FESPAM, une position diplomatique interafricaine pour le moins enviée par d’autres Etats du continent.
Pour M. Bayi Nicodème Sinibaguy-Mollet, son collègue Diplomate, M. Pascal Gayama portait en lui, des usages de ce qui ressemblait à une vie d’artiste. De Lékéty, dans le Département congolais de la Cuvette Ouest, à Makoua, dans la Cuvette Centrale, de Makoua à Brazzaville, et de Brazzaville à Paris, estime M. Bayi Nicodème Sinibaguy-Mollet, M. Pascal Gayama a vécu comme un artiste. Un grand mélomane. De sa voix de ténor, il fredonnait régulièrement des chansons des Orchestres Bantou de la Capitale, Ok Jazz, African Jazz, l’Afrisa International. Etaient également à sa portée, des airs des formations musicales des célébrités comme Otis Reding, James Brown, de l’Orchestre Broadway et de bien d’autres, aussi prestigieuses.
Avant le passage des disques vinyles et des cassettes audio au système numérique, ses années d’étudiant et celles qui ont suivi, M. Pascal Gayama était un féru de collection des disques CD et vinyles. Sur les étagères de sa chambre à la Cité Universitaire de Cachant, en région parisienne, il stockait divers supports d’artistes musiciens, aussi bien africains, européens, sud américains que des USA. Toutes sortes de musique s’y bousculaient depuis la Salsa, la Pachanga, la Charanga, le Boléro, le Rock and Roll, la valsa, le tango et autre Rumba. Une passion pour la musique que Pascal Gayama parallélisait avec le goût pour la lecture.
L’Ambassadeur Pascal Gayama disparaissant, c’est une lumière de la Diplomatie congolaise qui s’est éteinte. Mais demeure légendaire son image de Diplomate, dans l’univers des Affaires Etrangères congolaises de ces cinquante dernières années. Tant le passage de l’Ambassadeur Pascal Gayama, dans les rouages des Affaires Etrangères congolaises, laisseront des marques. Des marques qui le distingueront, à n’en point douter, de ces autres figures au passage furtif dans ce Département.
Au fil du temps, Pascal Gayama, Ambassadeur du Congo, à l’OUA, en Ethiopie, au Conseil de Sécurité, à New York, à Londres, au Royaume Uni, Secrétaire d’Etat Chargé de la Coopération, Ambassadeur Itinérant auprès du Président de la République du Congo. Un itinéraire qui pourrait faire rêver ces jeunes Congolais sortis des écoles spécialisées, prétendants à la carrière de Diplomate.
Si l’on ajoute aux références diplomatiques de Pascal Gayama, l’homme qu’il a été, fin, adroit, habile à négocier, d’esprit ouvert et modeste, aux paroles élégantes, très attaché à la culture téké et aimant le monde des arts ainsi que la musique, c’est un préjudice immense que subit la Nation congolaise, en perdant Pascal Gayama.
En ces moments d’intense douleur pour la famille de l’Ambassadeur Pascal Gayama, particulièrement Mme Esther Ahissou Gayama, je joins ma voix à ces milliers d’autres qui ont connu ou approché l’Ambassadeur Pascal Gayama pour exprimer à cette famille mes condoléances les plus attristées. Au personnel du Ministère congolais des Affaires dont je suis un ancien Secrétaire Général par intérim, je traduis ma solidarité. La même solidarité avec les populations actives et laborieuses du riche Département de Cuvette Ouest d’où mon défunt Grand-Père Ouabari tire une partie de ses origines.
Reste à l’Etat Congolais, par tradition et pour des raisons de cohésion nationale, d’activer la précieuse carte de la Patrie Reconnaissante, en mémoire de l’Illustre Disparu, pour les loyaux et nobles services rendus par ce dernier à la Nation congolaise.
Adieu Pascal
Repose en paix.
Paris 8 janvier 2025
Ouabari Mariotti

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *