
TRIBUNE. 2025 sera une année électorale cruciale au Cameroun. Depuis l’avènement de la pseudo-démocratie, chaque scrutin a été marqué par des tensions, mais celui-ci s’annonce particulièrement sensible en raison de deux particularités qui renforcent les inquiétudes.
Le contexte politique : une opposition renforcée et structurée
Depuis les élections de 2018 et la crise post-électorale qui a suivi, l’opposition camerounaise s’est reconstruite et renforcée. Une aile dure s’est dégagée, capable de contester, de mobiliser et d’entonner une musique de la révolte dont le refrain pourrait se généraliser. Surtout, une opposition structurée et prête à diriger a émergé, composée d’hommes et de femmes d’État dont le sérieux ne souffre d’aucune critique.
L’engouement populaire : un électorat réveillé
Pendant des années, les errements des gouvernants ont éloigné les Camerounais de la politique. Les citoyens, désabusés, répétaient des expressions comme « Que je vote ou pas, il va gagner« , comparant la politique à une musique écoutée en boucle jusqu’à l’écœurement. Cependant, les choses semblent avoir changé. La récente mobilisation pour l’inscription sur les listes électorales en est la preuve : elle a atteint un niveau sans précédent.
Trois destins possibles :
1. Un coup d’État militaire (orchestré depuis l’étranger)
Un général camerounais a déclaré qu’en 1991, si le président Biya avait perdu le pouvoir, les militaires l’auraient repris par la force. Après 43 ans de pouvoir, les éléments du système se sont enracinés et renforcés, rendant leur délogement difficile. Certains pourraient préférer brûler le pays plutôt que de perdre leurs privilèges et leur bourgeoisie compradore.
2. Une nouvelle victoire du président Paul Biya (92 ans)
Bien qu’il n’ait pas encore déclaré sa candidature, Paul Biya, au pouvoir depuis 1982 et dans les arcanes du pouvoir depuis 1962, pourrait se représenter. En cas de victoire, le Cameroun risquerait de connaître une révolte populaire, tant le mécontentement est palpable.
3. Une transition démocratique apaisée (le destin souhaité, mais le moins probable)
En cas de victoire du parti au pouvoir ou de l’opposition, des félicitations pourraient être échangées au nom de la paix. Cependant, ce scénario reste peu probable dans un contexte aussi polarisé.
Teddy Patou
Journaliste et animateur radio.