
«Les étoiles noires de Nollywood» est le livre qu’Aset Malanda, origine du Congo Brazzaville vivant à Paris, a publié en 2014 à travers lequel elle parle de la bonne position du cinéma africain en général et du Nigéria en particulier. La rédaction de starducongo l’a rencontrée à Paris au Salon du livre.
Asset Malanda : C’est avec un véritable plaisir que je partage ma passion pour le cinéma avec le peuple congolais, avec les africains et tout le monde. La passion pour le cinéma me vient tout simplement de ma curiosité. Je souligne que je suis curieuse de nature. Dans ma jeunesse, j’ai connu des situations qui m’ont conduite au devant du cinéma. J’ai participé aux tournages de films, c’est un univers dans lequel j’ai toujours baigné. Le cinéma s’est imposé à moi. J’ai acquis ma culture cinématographique grâce au cinéma afro-américain. Depuis quelques années, je suis amoureuse du cinéma africain et nigérian en particulier.
A quel niveau se situe la différence entre Hollywood, Bollywood et Nollywood dans le monde du cinéma ?
Asset Malanda : Je pense que tout le monde sait que Hollywood renvoie à la grande industrie du film américain ; Bollywood est en référence au film indien et la première lettre de ce mot nous fait penser à la capitale Bombay et Nollywood nous fait tourner vers l’industrie du cinéma nigérian.
Qu’entendez-vous par «le Nigéria vient de déplacer les Etats-Unis» tel que vous l’avez écrit sur la quatrième de couverture de votre livre ?
Asset Malanda : Lorsque j’écris que le Nigéria vient de déplacer les Etats-Unis, je le dis simplement en termes de production annuelle de films. On a l’impression que l’Amérique est le premier pays de production de films au monde, les choses ont changé car c’est le Nigéria qui occupe la première place en termes de production de films. Il en produit chaque année entre 2000 et 2500 films.
Affirmeriez-vous que cette production de films se fait à partir du Nigéria ou d’une capitale d’un pays développé ?
Asset Malanda : Nollywood est une production purement locale, une production nigériane. C’est une production qui n’est partie de rien pour créer une industrie nigériane. C’est donc une industrie qui s’autofinance. C’est un phénomène hors du commun. C’est une industrie qui s’est créée seule sans subventions gouvernementales, sans mécénat et sans investisseurs privés.
Pensez-vous que les thèmes des films nigérians qui ont tendance à ne traiter que du fétichisme participent à l’éducation des masses ?
Asset Malanda : C’est bien de me poser cette question mais c’est ce à quoi on pense lorsqu’on ne connait pas bien le cinéma nigérian. Ce sont des films qu’on qualifie de films traitant de la sorcellerie et de la magie noire, on peut dire que c’est un genre comme tous les genres qui existent. Mais Nollywwood ne produit pas que ce genre de films, on y trouve également des films traitant de la romance, des films d’action, de la comédie. Cette industrie produit énormément de films. Au Congo par exemple, on regarde beaucoup plus les films dénommés «Karachika», on a l’impression qu’il n’y a que cela qui intéresse le Congo.
Je comprends que cela est aussi du à ce phénomène des églises de réveil. Il faut corriger cette vision congolaise parce qu’il y a beaucoup de genres de films dans le cinéma nigérian.
A combien de titres êtes-vous déjà en ce qui vous concerne ?
Asset Malanda : Je suis à ma seconde réédition. Mon livre a été publié en 2014.
Que savez-vous du cinéma congolais en tant que congolaise ?
Asset Malanda : Je ne connais pas bien le cinéma congolais, mais j’étais au Congo en 2014 et j’ai constaté que des jeunes gens commençaient à produire de films mais je suis convaincue qu’il reste beaucoup à faire. Il y a un problème d’infrastructures et ces jeunes ne sont pas soutenus. Ils n’ont pas de moyens et ils se débrouillent avec les moyens de bord. Il faut qu’il y ait un peu plus de cinéastes congolais qui émergent pour représenter le pays à l’extérieur et vendre son image.
Propos recueillis par Florent Sogni Zaou