Yii oboo, Naa Lambert. Adieu Grand Frère Lambert
HOMMAGE. Lambert Ngalibali, ancien Maire de Brazzaville et ancien Ministre des Travaux Publics du Président congolais, Pascal Lissouba, nous a quittés, dans les premières heures de la matinée, du 25 juillet 2020, dans un hôpital de la région parisienne. C’était mon Grand Frère. Naa Lambert, comme je l’appelais, avec courtoisie, en langue Bangangoulou. Mon ancien collègue, au Gouvernement, avec lequel j’ai partagé de longs instants d’échange sur diverses thématiques dont les questions judiciaires, l’aménagement du territoire, la gestion municipale et la culture Téké pour laquelle il se passionnait et avait une bonne maîtrise qui me séduisait. Lambert Ngalibali pouvait disserter, des heures entières, sans répit, sur la culture Téké. Expliquant, avec dextérité, les symbolismes de la panthère, de la couverture rouge, de la couleur écarlate qui frappait dans les cérémonies Téké et tous les autres outils de la magie de cette culture. Le temps de sa maladie, le Ministre Lambert Ngalibali a fait preuve d’un courage exceptionnel, face aux différentes étapes de son traitement. Il est resté digne et fort, malgré de nombreuses souffrances, afin de préserver sa famille. Une famille qu’il aimait intensément. Dans ses moments de désespoir, il avait toujours un mot pour lui redonner le moral. Bien qu’il se battait, pour vaincre la maladie, plus que tout, il semble que le Ministre se préparait, finalement à son départ. D’autant que Mr Sylvestre Mbou, son Porte Parole et Compagnon Politique, dans un hommage qu’il lui a rendu, écrit que le Ministre Lambert Ngalibali lègue deux consignes majeures. « Un testament politique digne d’une proposition de sortie de crise au Congo. » » Et, une instruction sur le lieu de son enterrement ». Le Ministre Victor Tamba Tamba, ami et compagnon de Lambert Ngalibali, en apprenant la triste nouvelle de sa disparition, s’est dit » inconsolable ». « Combien, pour lui, Lambert Ngalibali est irremplaçable en ses déterminismes citoyens et qualités humaines dont la spiritualité, la philosophie et l’idéologie de la vie solidaire et patriotique qu’ils exprimaient, furent et demeurent la pierre angulaire des faisceaux multidirectionnels de l’espérance et de la désespérance ». Le Premier Ministre et écrivain Henri Lopes, informé du deuil, a écrit pour sa part » qu’il nourrissait, à l’égard de Lambert Ngalibali, un grand respect. Le premier Congolais, de l’avis du Premier Ministre, hormis Tchicaya U Tam’si, Matsocota, Aimée Gnali, qu’il ai rencontré, à aimer la musique classique. » Pour Henri Lopes, une fois, encore, le Congo perd une grande figure. Comme collègue, Ministre, je trouvais, en Lambert Ngalibali, un homme juste. Il avait toujours le sourire, le regard bienveillant. Attentionné, exigeant avec lui même et à l’endroit de ses collaborateurs de son ministère. Dévoué, selon les circonstances, aux causes communes et à celles des autres. Toujours positif, optimiste. Lors de la campagne présidentielle, 1er et 2ème tour de 1992, au Congo, le Ministre Lambert Ngalibali, MM. Benjamin Mbani, Emile Ello et moi, nous avions, en charge, entre autre secteur de sensibilisation, dans la région des Plateaux, les zones de Lékana, Djambala, Ngo et Mbon. Cet épisode de campagne m’a permis de découvrir l’animal politique qui sommeillait en Lambert Ngalibali. Tribun hors pair. Attaché à ses convictions qu’il défendait aisément, pour rien au monde, il ne trahissait ses certitudes. Partout où nous conduisait le programme, Lambert Ngalibali, en fils des Plateaux, il avait la capacité à rassembler et à susciter l’adhésion des populations au projet de Pascal Lissouba par delà les clivages traditionnels locaux que nous rencontrions. S’inscrivant, en permanence, dans la raison, l’action et la responsabilité. Le Ministre Lambert Ngalibali, parti, laisse un vide immense. Et dans sa famille, et au sein du monde politique qui l’a côtoyé de longues années et dans l’univers Téké où il était un notable écouté, estimé et respecté. Les souvenirs avec le Ministre seront préservés à jamais, dans les coeurs. Aux parents, amis et connaissances du Ministre, je dis, en ces moments de profonde douleur, l’expression de ma solidarité et de mes condoléances les plus attristées. Mes pensées sont, par ailleurs, tournées vers Mme Ngalibali qui a tout donné, jusqu’à la fin, pour que son cher époux survive. S’étant battue, avec énergie, à ses côtés, fortement soutenue par ses enfants. Lambert, repose en paix, là où la terre t’accueillera. Qu’importe. Peut être, en France, provisoirement. Peut être, dans les nobles terres de tes ancêtres, dans les environs de Lékana où t’y ont précédé les tiens. Tu as pleinement vécu ta vie, en dépit des aléas inhérents au destin d’un homme. Tu as su aimer et profiter de chaque instant de ta famille et de tes amis. Par ta façon d’être, ton rapport avec autrui, ta conception de ton existence, faite de sagesse, de déférence, de préservation de l’essentiel et d’humilité, je peux avancer que tu as réussi ton passage sur terre. Yii oboo, Naa Lambert. Adieu Grand Frère Lambert. Paris le 25 juillet 2020 Ouabari Mariotti Membre de l’UPADS.