Congo. « DEPEWE » Un des pères de la modernisation du « Likembe » ou « Sanza »
Le « Likembe » également appelé « Sanza » ou encore piano à pouce, est un instrument originaire d’Afrique et très populaire chez les bantous du Bassin du Congo. Il serait né depuis la nuit des temps avec des lames de bambous. Constitué d’une sorte de clavier en métal (souvent sur une gamme pentatonique, ou diatonique), et d’un résonateur (calebasse, coloquinte…), l’accordage y est très simple et instantané puisqu’il s’agit de faire coulisser les lamelles. De la transe à la rumba congolaise, le « Likembe » ou « Sanza » est également un partenaire privilégié pour les conteurs et les griots. Parmi les grandes figures joueuses du « Likembe », originaires de Brazzaville qui les premiers ont franchi les éditions musicales kinoises pour les enregistrements sur disque. On compte : Antoine Moundanda ; Daniel Bemba ; Hilaire Baniekuna ; Paul Babin ; Emmanuel Sono… et bien sûr : « D E P E W E » « Dépéwé » ou « Dépéo », de son vrai nom Maurice Mitolo est l’une des figures les plus populaires de la « Sanza » moderne (ou de la « réfolklorisation ») Né à Mbanza-Ndunga (Congo-Brazzaville) en 1931, il chante et joue à la « Sanza » depuis son jeune âge. Sa popularité commence au début des années 50 à la firme Opika de l’éditeur belge Moussa Benattar (bien avant l’arrivée d’Antoine Moundanda aux éditions Ngoma le 18 avril 1953. Ils ont toutefois eu l’occasion de se produire souvent ensemble) Aux éditions Opika « Dépéwé » évolue comme chanteur-compositeur et enregistre, le 05 Avril 1951 les œuvres suivantes : – « Sangu saku ta nkewa » – « Madimbadi » – André wateli » – « Mama landa » suivies d’autres compositions à succès réalisées dans la plus pure tradition du « maringa-folk » en liberté avec quelques nuances de la « Polka Piqué » du meilleur goût. En 1956, « Dépéwé » trouve mieux de quitter les éditions Opika pour les éditions CEFA où il jouit des conditions plus intéressantes et connait un succès fulgurant à travers la chanson tradi-moderne. Installé à Léopoldville (Kinshasa) depuis 1949, il rentre définitivement à Brazzaville au cours des années 60, avant de s’installer à Pointe-Noire au début des années 80 et de créer un groupe qui a eu moins d’ambition et de notoriété. Toutefois, étant une vedette qui aimait voyager, on avait l’impression qu’il était partout et nulle part. « Dépéwé » qui a eu de fortes attaches à Kinshasa, y est retourné fréquemment. Sa photo ci-dessus date de 2009. Il faut dire que « Dépéwé » n’a jamais vraiment été honoré à la hauteur de son talent et de ses œuvres. Notons enfin, que le duo « Les Frères Makouala » qui évoluent en France et qui animent des ateliers à la philharmonie de Paris sur la « Sanza » du Congo, les xylophones d’Ouganda et les contes, sont parentés à Maurice Mitolo « Dépéwé ». C’est donc un don de la famille. Clément OSSINONDE
Congo Brazzaville. En honneur à Antoine Moundanda
RETRO. Il nous a quittés, plusieurs années passées, notre compatriote Antoine Moundada, Chef de « Likembé Geant ». Lui qui a chanté » Poto Poto mboka monènè, solo Kinshasa poto moyindo » , « Nzila ya Ndolo », « Paul Kamba ». Le rythme de la légende Antoine Moundanda est basé sur un instrument traditionnel la « Sanza », alors que, de manière générale, les formations musicales congolaises utilisent la guitare. Depuis lors, en imitation à Anroine Moundanda, la « Sanza » fait son chemin et brille de mille feu, concurrençant la guitare. C’est probablement, le succès de la « Sanza » qui a poussé les ensembles folkloriques, groupes musicaux des cantiques religieux et autres profanes a utiliser ce bel instrument traditionnel. Je pense aux groupes Ognègnè, Na Mbon, Ebouka, Ossii Yien, des Terres de Gamboma, dans le Centre du Congo. Également aux groupes similaires de la Cuvette Ouest et de la Cuvette Centrale au Congo. Leur production, à la « Sanza » qui a fini par devenir électrique, comme la guitare, est sensationnelle. Elle écume les veillées funèbres, les cérémonies de retrait de deuil et les manifestations populaires. Le célèbre chroniqueur musical Clement Ossinonde partage cet avis. Que la mémoire d’Antoine Moundanda qui a introduit la » Sanza » dans la musique moderne soit ici honorée. Et là bas, à l’éternel infini, qu’il repose en paix. Lui et son « Likembé Géant » vivent en nous. Ouabari Mariotti Paris 13.11.2020