République du Congo. Répression des voix dissidentes alors que la crise économique exacerbe les défaillances du système de santé
Les autorités de la République du Congo ont mené une alarmante répression contre les défenseurs des droits humains et les militants qui ont dénoncé les conséquences de la crise économique et de son impact sur le quotidien des populations, et notamment sur l’accès à la santé, a déclaré Amnesty International dans un rapport publié lundi 19 avril 2021. Le rapport, ‘Sur le dos de la crise : Violations du droit à la santé et répression des défenseurs des droits économiques et sociaux en République du Congo’, documente l’impact dévastateur sur le pays de la crise économique débutée en 2014 consécutive à la chute du prix du pétrole, et qui se poursuit dans le contexte de la pandémie du COVID-19. Basé sur des entretiens menés au Congo et à distance avec plus de 50 personnes dont des patients, des syndicalistes et des membres d’associations de défense des droits humains, le rapport met également en lumière la répression des défenseurs des droits humains et des militants qui ont dénoncé la situation. La crise économique a eu des conséquences brutales sur la vie des populations au Congo. Leur droit à la santé a été compromis par une probable mauvaise gestion du secteur de la santé et des manquements dans la concrétisation de la gratuité de certains soins. Le coût des soins de santé continue d’être un obstacle à l’accès à des soins médicaux vitaux. Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale « La crise économique a eu des conséquences brutales sur la vie des populations au Congo. Leur droit à la santé a été compromis par une probable mauvaise gestion du secteur de la santé et des manquements dans la concrétisation de la gratuité de certains soins. Le coût des soins de santé continue d’être un obstacle à l’accès à des soins médicaux vitaux. La crise économique a appauvri des dizaines de milliers de retraités, des centaines de fonctionnaires et d’étudiants, certains toujours en attente de percevoir leurs pensions, salaires et bourses, » a déclaré Samira Daoud, Directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale. « Malgré les annonces des autorités pour améliorer le système de santé et respecter les droits économiques et sociaux des populations, peu d’actes concrets ont été réalisés dans ce sens depuis six ans. En outre, ceux qui ont revendiqué leurs droits économiques et sociaux ont été réprimés. Des défenseurs des droits humains, des syndicalistes, des journalistes et des étudiants ont été la cible de poursuites judiciaires, de menaces, de sanctions administratives et de mauvais traitements. » Trous dans le budget de la santé et infrastructures vétustes Le budget du secteur de la santé de la République du Congo a régulièrement diminué depuis 2015, à l’exception d’une légère augmentation en 2020 pour faire face à la pandémie du COVID-19. En 2014, le budget a été estimé à un montant d’environ 515 millions d’euros. A partir de 2015, il a amorcé une baisse continue, jusqu’à atteindre son point le plus bas en 2017, soit 200 millions d’euros environ – une diminution de plus de 60% par rapport à 2014. Le budget a stagné en 2018 et 2019, avant de remonter nettement en 2020 à 325 millions d’euros environ à la faveur de la pandémie de COVID-19. Depuis le début de l’année en cours, il a diminué à nouveau, atteignant un montant de 290 millions d’euros environ. De nombreux projets d’amélioration du système de santé, dont un plan de construction de 12 hôpitaux généraux démarré en 2016, n’ont pas été entièrement mis en œuvre par les autorités. Le rapport documente la déliquescence rapide des infrastructures de santé ces dernières années, dont le Centre Hospitalier Universitaire de la capitale Brazzaville est un exemple parlant. L’institution a régulièrement été privée d’eau courante et d’électricité ces dernières années. Un responsable d’un centre de santé a déclaré à Amnesty International que leur établissement ne disposait pas de moyens pour renouveler son stock de médicaments ou payer les factures d’eau. Un employé dans une autre structure sanitaire a déclaré que le plateau technique était défaillant avec le scanner et l’IRM qui ne fonctionnent toujours pas. Cette fois, trois personnes sous respiration artificielle sont décédées. C’est fréquent, et l’hôpital n’assume jamais ses responsabilités. Le parent d’un patient à l’hôpital général Adolphe Sicé de Pointe-Noire A l’hôpital général Adolphe Sicé de Pointe-Noire (extrême sud), les coupures d’électricité ont eu des conséquences fatales sur des patients, selon le parent de l’un d’eux : « … Quand il y a coupure de courant au bloc opératoire, il n’y a pas de bascule automatique vers le générateur. Donc il faut qu’une personne se déplace pour mettre le générateur en marche, ce qui peut prendre de longues minutes. Cette fois, trois personnes sous respiration artificielle sont décédées. C’est fréquent, et l’hôpital n’assume jamais ses responsabilités. » Pas de paiement, pas de traitement Le manque d’investissement dans le système de santé congolais et les mauvaises conditions de travail ont conduit de nombreux agents officiant dans le secteur public de la santé à profiter des meilleures offres du secteur privé. Pendant ces trois dernières années, le secteur de la santé a perdu plus de 40% de son personnel actif, selon la ministre de la santé. Par ailleurs, des soignants, pourtant en première ligne dans la lutte contre le COVID-19, se sont plaints à plusieurs occasions du manque d’équipements de protection individuelle mis à leur disposition. Alors que le président de la République a déclaré le 17 décembre 2019 que « toutes les gratuités en matière de santé ont été maintenues, à savoir les césariennes, les traitements contre le paludisme pour les enfants de 0 à 15 ans et le VIH/SIDA », la gratuité de certains soins n’était pas effective. Le rapport documente comment les patients qui ne sont pas en mesure de payer leurs factures médicales sont parfois laissés sans traitement. Un patient de l’hôpital du district de Gamboma, dans le centre du pays, a déclaré à Amnesty International qu’il avait vu l’hôpital refuser de traiter des patients
La dictature algérienne poursuit inlassablement sa répression maladive contre la contestation populaire incarnée par le Hirak
TRIBUNE. Il est un fait indéniable en Algérie que le régime d’Alger poursuit sa course effrénée contre les opposants, journalistes et jeunes internautes et ce, en dépit de la pandémie du Coronavirus (COVID-19), qui avait contraint le mouvement de protestation contre anti-régime dit Hirak à suspendre provisoirement ses manifestations depuis mi-mars 2020. Le pouvoir algérien a bien entendu tiré profit de cette trêve décrétée par le Hirak pour procéder à l’arrestation d’un maximum d’activistes et à les faire condamner de lourdes peines de prison pour atteinte à l’intégrité du territoire national, incitation à attroupement, blocage de site d’information politique pour soi-disant diffusion de fausses informations portant atteinte à l’ordre public, publications sur les réseaux sociaux et acharnement contre les médias indépendants. Mais, depuis la levée partielle du confinement sanitaire, le 07 juin 2020, dans certaines Wilayas, les manifestants pro-Hirak ont pu reprendre, le 19 juin 2020, en masse leurs marches hebdomadaires dans plusieurs villes telles Bejaïa, Tizi-Ouzou, Bouira, Contantine et bien d’autres villes faisant la démonstration que ce mouvement reste toujours vivace Les manifestants ont brandi ou scandé des slogans appelant à la libération immédiate de dizaines de détenus d’opinion (journalistes, blogueurs, figures du Hirak), mais ils ont surtout scandé des messages très hostiles envers l’armée et l’homme qu’elle a imposé en tant que Président aux Algériens. « Tebboune Mzaouar, Jabouh El Askar » (Tebboune est falsifié, c’est l’armée qui l’a ramené), « El DjazairTeddi El istqlal, les généraux à la poubelle » (L’Algérie aura son indépendance, les généraux à la poubelle), « Dawla madaniya, machi askariya » (Etat civil, non militaire), « Y’en a marre, y’en a marre, y’en a marre des généraux », repris en chœur les manifestants. Prétextant l’interdiction de rassemblements pour cause de coronavirus, les forces anti-émeute algériennes ont réprimé la manifestation pacifique de Bejaïa à travers un usage massif de gaz lacrymogène et de tirs de balles en caoutchouc. Des arrestations et des blessés ont été dénombrés. La nouveauté de la deuxième vague du Hirak, c’est que l’armée est au cœur des revendications des marcheurs car il ne sert à rien de changer Abdelaziz par Abdelmadjid tant que les généraux interviennent dans la politique et sont les faiseurs des Chefs d’Etat en Algérie. Force est donc de constater que le climat de répression s’est fortement accru afin d’annihiler toute reprise du mouvement de contestation anti-régime, notamment avec la condamnation, le 21 juin 2020, de la célèbre militante Amira Bouraoui à une année de prison ferme et l’arrestation, le 19 juin 2020, de près de 500 manifestants dans 23 villes algériennes. Une vague de répression qui confirme que la situation des Droits de l’Homme en Algérie est la plus pire du Monde. C’est pourquoi, les responsables d’Alger devraient cirer leurs mocassins pour pouvoir danser un paso doble sous une musique martiale ; un agit-prop diligenté par le sieur T.Bone en personne. Les militants du Hirak ont bien compris que tout changement en Algérie passe par un repli des militaires dans leurs casernes au lieu de se sucrer sur le dos du peuple algérien. Farid Mnebhi