Les turpitudes des pouvoirs en Afrique

Les turpitudes des pouvoirs en Afrique

TRIBUNE. L’Afrique se lève et le monde s’essouffle, l’Afrique s’éveille et le monde entier vit les douleurs de l’enfantement. Le berceau dit de l’humanité n’a pas su donner ce qu’il portait, tant les enjeux sont variés et les acteurs nés de ce berceau et élevés par lui n’ont pas su appréhender sa pensée. La mère Afrique a porté des fils et filles qui, devenus grands et âgés ont oublié les valeurs universelles que celle-ci leur a instruit de porter et de promouvoir à travers le monde.  Le travail et l’amour de la patrie. Le travail a été le fruit de nos brillants ancêtres qui s’étaient donnés à l’édification de cette culture matrilinéaire et paternaliste qui est le respect de soi et de l’autre.  Nos aïeuls nous ont transmis à tous un savoir et celui-ci consistait non pas à s’ériger des murs de hantise de prédation autour de soi, mais à s’ouvrir aux autres par un esprit de solidarité et de fraternité.  Nous avions eu et reçu les instruments qui permettent à tous, notamment pour tous les peuples du monde, à conserver ce droit à la vie et à le rendre pérenne en vertu de l’intérêt des prochaines générations.  Mais qu’avons nous fait ?  Que sommes-nous devenus ? Et quelle est la cause et l’intérêt que nous portons ?  Le désastre économique, écologique et environnemental, les crises sociales et pour finir, la faillite des États : la liste n’est pas exhaustive. Elle est si longue que la plume ne possède pas assez d’encre pour amorcer l’aboutissement de la tâche.  De quoi souffrent nos peuples ? Pourquoi tant de misère et famine ?  Avions-nous respecté les enseignements de nos aïeuls ? Hélas non !  Avions-nous été conduits par la justice sociale et le droit à promouvoir et fortifier les valeurs intrinsèques qui caractérisent la vie d’un État, à savoir le travail, la justice sociale et l’équité ? Hélas non ! Le commun des mortels dit je cite : la nature a horreur du vide. Et bien le vide juridique fruit du vide institutionnel a donné comme résultat l’absinthe (la misère sociale due aux injustices sociales et aux politiques sans fondement juridique institutionnel), l’ivraie (des hommes politiques imbus d’eux-mêmes croyant être parvenus au sommet de la pyramide tandis qu’ils sont en réalité esclaves du système auquel ils ont prêté allégeance, hommes corrompus sans éducation, en mal de comprendre que les voies qu’ils sont entrain de suivre d’autres avant eux en ont aussi essuyé les revers) au milieu du blé (des hommes habiles, de brillants intellectuels capables de relever la tête de leur pays et de faire respecter les fondements institutionnels mêmes, détruits et en voie de disparition)… Aucun État n’est épargné, car le constat est général et l’amertume sociale se répand au-delà des frontières du berceau de l’humanité.  Nous prendrons à titre illustratif la République du Congo, pays d’Afrique central, comme nous aurions d’ailleurs pris l’exemple d’un autre État failli aussi du monde, mais nous intéresserons aujourd’hui particulièrement à ce pays.  Ex-colonie française et ancien territoire appartenant à l’Afrique équatoriale française (AEF), devenu après République du Congo à cause de l’affirmation des peuples à retrouver leur droit à la légitimité et la souveraineté. Cette affirmation suivi pourtant de brillantes déclarations, aux discours tonitruants, n’ont pour autant pas en effet  réellement conduit à la naissance d’un État-Nation et à l’émergence d’un État, frelon de la maturité intellectuelle des peuples à disposer d’eux-mêmes et s’approprier les valeurs sociales que procurent l’appui des institutions.  Sortis pour la plupart d’entre eux des écoles missionnaires catholiques et coloniales; pourquoi missionnaires catholiques? Parce qu’en ce temps, les peuples de ces contrées étaient considérés comme des balayures du monde, des attardés intellectuels, des peuples sans culture ni connaissance par ceux-là même (les colons français) qui les aliénaient. Ces écoles missionnaires catholiques, d’elles sont donc sorties des élites et préparer pour la plupart d’entre elles à occuper des fonctions administratives et économiques au sein de la structure politique et sociale établie par le législateur colon appelé je cite : Système Colonial.  Et donc, ces hommes qui ont été choisis du milieu des familles et dont les talents d’orateurs avaient été répertoriés, avaient donc été récupérés et certains d’entre eux choisis afin de servir l’empire et conserver une main mise quant la définition et l’instauration de l’organisation structurelle de l’Etat à l’époque avec pour capitale M’FOA.  Dès lors que vous aviez un système juridique et juridiquement entre les mains d’un occupant agissant et s’exerçant à partir de son système politique colonial, ceux qui ont été appelés à diriger le pays, ne peuvent être qu’au service de l’empire qui les a engendrés. D’où l’indépendance du Congo n’a été que seulement un symbole parce qu’il n’a été en fait que l’émanation d’un désir de l’élite coloniale française à changer de paradigme tout en continuant d’assurer la domination et la prédation à travers l’élite intellectuelle congolaise qu’ils avaient eux – mêmes formée dans leurs écoles les plus prestigieuses françaises en ce temps là et ce jusqu’à ce jour. Les hommes intellectuels devenus politiques parce que ayant reçu ces attributions au niveau du système colonial, ne pouvaient donc pas ne pas faire le contraire de ce qui leur est exigé et ce jusqu’à ce jour. Le constat est amer et la réalité abjecte. D’où, à chaque fois que le Congo Brazzaville a connu l’émanation d’un leader charismatique politique aux allures non pas du système colonial mais prônant le nationalisme et le néo libéralisme, ils ont purement et tout simplement été éjectés du pouvoir soit par une sédition ou une révolte populaire teintée de maillage d’acteurs politiques corrompus. Comme ce fut le cas avec la démission du Président l’Abbe Fulbert Youlou (son reproche c’est d’avoir voulu changer de paradigmes institutionnelles grâce aux réformes économiques et sociales qu’il avait amorcées et il lui était aussi reproché d’avoir été très proche des américains: à l’époque ce fut John Fiedjeraald Kenedy  avec lequel Youlou avait des accointances politiques et s’en accommodait bien volontiers. Ce qui déplu à la France et le Vatican d’ailleurs et

La corruption des élites africaines : « Un cancer qui tue » les institutions et les peuples

La corruption des élites africaines : « Un cancer qui tue » les institutions et les peuples

La tragédie de l’Afrique, c’est la « scandaleuse impunité » qui protège ses élites, responsables du pillage systématique des ressources de leurs pays. L’ancien diplomate mauritanien Ahmedou Ould Abdallah accuse « ces oligarchies » qui ruinent le continent. Il s’est confié à franceinfo Afrique. La concentration du pouvoir et des richesses aux mains des élites est un mélange cancérigène devenu de plus en plus une marque dans nos pays. » C’est le constat amer d’Ahmedou Ould Abdallah. L’ancien chef de la diplomatie mauritanienne sait de quoi il parle. C’est un bon connaisseur du continent africain qu’il a sillonné pendant plusieurs années en tant que Secrétaire général adjoint de l’ONU. « La corruption est un véritable cancer qui tue sur le continent africain. C’est vrai qu’il s’agit d’un phénomène international, mais il y a une énorme différence en Afrique. C’est l’impunité qui protège les élites corrompues », explique-t-il à franceinfo Afrique. « Une escroquerie à grande échelle qui discrédite les Etats » En plus de sa casquette de diplomate, Ahmedou Ould Abdallah est membre fondateur de Transparency International. Il siège encore aujourd’hui au sein de son conseil d’administration. Cette organisation non gouvernementale a pour vocation principale la lutte contre la corruption à travers le monde. Tous les rapports publiés ces dernières années font le même constat : les élites opèrent de véritables hold-up sur les ressources du pays. Ahmedou Ould Abdallah dénonce une escroquerie à grande échelle qui discrédite et tribalise les Etats. « Un petit groupe, un petit clan contrôle l’économie d’un pays et se met au-dessus de la loi. Ce phénomène d’oligarchie se développe avec arrogance. Ces oligarchies ruinent nos pays et se drapent dans la souveraineté nationale pour ne pas rendre compte à leurs propres populations. Ce fléau explique certains sujets brûlants actuels comme les guerres civiles et l’immigration », observe Ahmedou Ould Abdallah. Et il tient à préciser qu’il ne parle pas ici de la corruption du petit douanier ou du petit policier au coin de la rue, qui n’est que le résultat de la grande corruption des élites dirigeantes jouissant d’une scandaleuse impunité. Pour s’attaquer à la corruption, il faut une presse libre, une police libre et une justice indépendante. Aucune de ces trois conditions n’est remplie en Afrique. La justice est entre les mains d’un groupe oligarchique Ahmedou Ould Abdallah, ancien chef de la diplomatie mauritanienne à franceinfo Afrique Ainsi, des dizaines de milliards de dollars s’évaporent chaque année sur le continent, sans que personne ne lève le petit doigt. « En Europe de l’Ouest, lorsque les dirigeants sont accusés de corruption, c’est la fin de leur carrière. Ça provoque immédiatement un scandale et les responsables se retrouvent derrière les barreaux. La tragédie dans nos pays, c’est l‘impunité et l’arrogance de ceux qui sont corrompus », se désole l’ancien haut fonctionnaire de l’ONU. Et les multinationales dans tout ça ? Ne sont-t-elles pas complices de ce fléau qui pénalise les populations africaines ? Ahmed Ould Abdallah balaye l’argument qui veut qu’il n’y a pas de corruption sans corrupteur. « Mais pourquoi vous l’acceptez ? Pourquoi à Singapour on ne l’accepte pas ? Pourquoi on le refuse de plus en plus en Malaisie ? Si quelqu’un vous donne un million de dollars pour sauter du haut de la tour Eiffel, allez-vous le faire ?« , interroge-t-il. « La corruption justifie le terrorisme et le radicalisme » Depuis Nouakchott, en Mauritanie, où il s’est installé, Ahmedou Ould Abdallah mène ses recherches sur les enjeux globaux de la paix et de la sécurité en Afrique. Pour lui, la corruption rampante des élites africaines constitue aujourd’hui la plus grande menace sur la paix et la sécurité qui justifie le terrorisme et le radicalisme dans la société africaine.  « Il faut que cessent les pillages arrogants et systématiques de nos pays. Des contrats distribués en une journée, sans appels d’offres, qui se concluent par la cession de vastes concessions minières, pétrolières, agricoles et j’en passe. C’est une véritable tragédie. »  La corruption ne disparaîtra pas d’un coup de baguette magique, reconnaît-il. C’est un combat de longue haleine, un combat de toute une vie, auquel tous les citoyens et la société civile africaine doivent être sensibilisés, explique-t-il à franceinfo Afrique. Ainsi, des dizaines de milliards de dollars s’évaporent chaque année sur le continent, sans que personne ne lève le petit doigt. « En Europe de l’Ouest, lorsque les dirigeants sont accusés de corruption, c’est la fin de leur carrière. Ça provoque immédiatement un scandale et les responsables se retrouvent derrière les barreaux. La tragédie dans nos pays, c’est l‘impunité et l’arrogance de ceux qui sont corrompus », se désole l’ancien haut fonctionnaire de l’ONU. Et les multinationales dans tout ça ? Ne sont-t-elles pas complices de ce fléau qui pénalise les populations africaines ? Ahmed Ould Abdallah balaye l’argument qui veut qu’il n’y a pas de corruption sans corrupteur. « Mais pourquoi vous l’acceptez ? Pourquoi à Singapour on ne l’accepte pas ? Pourquoi on le refuse de plus en plus en Malaisie ? Si quelqu’un vous donne un million de dollars pour sauter du haut de la tour Eiffel, allez-vous le faire ?« , interroge-t-il. « La corruption justifie le terrorisme et le radicalisme » Depuis Nouakchott, en Mauritanie, où il s’est installé, Ahmedou Ould Abdallah mène ses recherches sur les enjeux globaux de la paix et de la sécurité en Afrique. Pour lui, la corruption rampante des élites africaines constitue aujourd’hui la plus grande menace sur la paix et la sécurité qui justifie le terrorisme et le radicalisme dans la société africaine.  « Il faut que cessent les pillages arrogants et systématiques de nos pays. Des contrats distribués en une journée, sans appels d’offres, qui se concluent par la cession de vastes concessions minières, pétrolières, agricoles et j’en passe. C’est une véritable tragédie. »  La corruption ne disparaîtra pas d’un coup de baguette magique, reconnaît-il. C’est un combat de longue haleine, un combat de toute une vie, auquel tous les citoyens et la société civile africaine doivent être sensibilisés, explique-t-il à franceinfo Afrique. Retrouvez cet article sur Franceinfo Afrique