Perspectives économiques : la Banque africaine de développement prévoit une croissance de 4,5 % en 2024 et 5,3 % en 2025 pour Madagascar

Le Groupe de la Banque africaine développement dans son Rapport pays 2024, prévoit une activité économique vigoureuse pour Madagascar avec une perspective de croissance de 4,5 % en 2024 qui devrait grimper à 5,3 % en 2025. La croissance de la Grande île était de 4,4 % en 2023, contre 4,3 % en 2022. Le rapport dont le thème est : « Impulser la transformation de Madagascar par la réforme de l’architecture financière mondiale » a été publié, mercredi 31 juillet 2024, à Antananarivo par le bureau pays de la Banque en concertation avec le gouvernement de Madagascar. Des représentants gouvernementaux, notamment le ministre de l’Environnement et du Développement durable, Max Andonirina Fontaine, la directrice de cabinet du ministre de l’Economie et des Finances, Florence Andrianaivohery, des administrations publiques et du secteur privé, de la société civile et des partenaires au développement de la Grande île, ont pris part aux échanges riches et constructifs autour de ce rapport. Kevin Chika Urama, économiste en chef et vice-président du Groupe de la Banque africaine de développement chargé de la Gouvernance économique et de la gestion des connaissances, est intervenu par message vidéo. Il a souligné l’importance des rapports pays qui permettent d’éclairer les politiques nationales et d’alimenter le dialogue politique des autorités avec le secteur privé et les partenaires au développement sur la transformation structurelle. Il a par ailleurs, mis l’accent sur la nécessité de réformer l’architecture financière mondiale pour contribuer à l’accélération de la transformation structurelle de Madagascar. Mme Andrianaivohery, a indiqué, pour sa part, que la réforme profonde de l’architecture financière mondiale pourrait permettre à son pays de tirer profit de nouvelles opportunités à travers la diversification des sources de financement disponibles, et d’améliorer les conditions des prêts et de faciliter l’accès à des financements innovants, pour accélérer son développement. « Le thème du rapport pays 2024 est en phase avec l’objectif du Document de stratégie-pays 2022-2026 de la Banque pour Madagascar, qui est d’accélérer la transformation structurelle de l’économie, soutenue par l’industrialisation afin de créer des emplois décents et verts », a déclaré Adam Amoumoun, responsable pays de la Banque à Madagascar. « La revue à mi-parcours du Document de stratégie-pays, qui a eu lieu en mai 2024, a montré que des résultats satisfaisants ont été enregistrés. La Banque africaine de développement consolidera ces résultats sur la période restante de la stratégie pour contribuer à accélérer la transformation structurelle du pays », a-t-il souligné. Pour le ministre Max Fontaine, les besoins de financements climatiques de Madagascar demeurent importants et il faut que la Banque appuie le pays dans la préparation des projets et la mobilisation des financements auprès des fonds verts, a-t-il souligné. Après la présentation du rapport par l’économiste pays de la Banque pour Madagascar, Hamaciré Dicko, les discussions ont porté sur les performances macroéconomiques et les perspectives, les outils pour promouvoir une croissance forte et résiliente, les progrès sur la transformation structurelle de Madagascar et les réformes de l’architecture financière mondiale. La directrice du suivi et de l’évaluation au ministère de l’Économie et des Finances, Marilys Victoire Razakamanana qui a facilité les échanges, a fait la synthèse des discussions en insistant sur la nécessité d’accroître les financements climatiques au profit de Madagascar. Le 31 juillet 2024, le portefeuille actif du Groupe de la Banque africaine de développement à Madagascar comptait 18 opérations pour un montant total de 1,16 milliard de dollars américains.
La croissance mondiale devrait rester faible en 2023

Perspectives. « L’économie mondiale s’est montrée plus résiliente que prévu au premier semestre de 2023 », a annoncé l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans un rapport intermédiaire sur ses perspectives économiques. Dans ce document, rendu public mardi 19, l’organisation internationale d’études économiques prévoit cependant que « les perspectives de croissance restent moroses ». En 2024, compte tenu de la matérialisation progressive des effets des politiques monétaires et de la reprise plus faible que prévu enregistrée en Chine, estime l’OCDE, « la croissance mondiale devrait être inférieure à celle observée en 2023 ». « L’inflation globale diminue, mais l’inflation sous-jacente demeure persistante, alimentée par le secteur des services et par la situation encore relativement tendue des marchés du travail », souligne également l’organisation dans son rapport constatant que les risques restent orientés de manière prédominante à la baisse. Pour l’OCDE, « l’inflation pourrait de nouveau s’avérer plus persistante qu’anticipé, dans la mesure où les marchés de l’énergie et des produits alimentaires pourraient encore subir des perturbations. Un ralentissement plus marqué de l’activité en Chine freinerait davantage la croissance partout dans le monde. La dette publique reste élevée dans de nombreux pays ». Ainsi, selon les perspectives économiques intermédiaires – septembre 2023, la croissance économique mondiale devrait ressortir autour de 3% au titre de cette année, avant de refluer à 2,7% l’année prochaine. Dans ses explications, l’organisation internationale estime qu’«une part disproportionnée de la croissance mondiale en 2023-24 devrait rester imputable à l’Asie, malgré la reprise plus faible que prévu observée en Chine ». Poursuivant son analyse, l’institution fait remarquer que l’inflation globale a continué de reculer dans de nombreux pays, sous l’effet de la baisse des prix de l’énergie et des produits alimentaires au premier semestre de 2023. Elle note cependant que « l’inflation sous-jacente (c’est-à-dire hors composantes les plus volatiles, à savoir l’alimentation et l’énergie) n’a pas sensiblement reflué ».Pour les analystes de l’OCDE, elle reste donc nettement supérieure aux objectifs fixés par les banques centrales. Dans ce cas, « l’un des principaux risques est que l’inflation s’avère de nouveau plus persistante qu’anticipé, ce qui obligerait les banques centrales à relever encore les taux d’intérêt ou à les maintenir à un niveau élevé pendant une période plus longue », souligne l’organisation. Abordant la question des effets des politiques monétaires qui se font sentir progressivement dans les économies, l’OCDE note que « sur fond de hausse rapide des taux directeurs, les taux d’intérêt des nouveaux prêts aux entreprises et des nouveaux prêts hypothécaires ont augmenté ». Aussi, bien qu’elle soit douloureuse pour les ménages et les entreprises, elle estime que «la hausse des coûts d’emprunt, qui vise à freiner la demande, constitue un canal classique de transmission des effets de la politique monétaire». A la question de que peuvent faire les pouvoirs publics, l’OCDE recommande que les politiques monétaires restent restrictives, appelle les autorités budgétaires à se préparer aux futures tensions sur les dépenses et les invite à assouplir les restrictions aux échanges qui stimuleraient la productivité et la croissance. Alain Bouithy
Perspectives économiques en République centrafricaine : Investir dans le capital humain pour préserver l’avenir
La quatrième édition des cahiers économiques de la République centrafricaine (RCA), publiée mercredi 4 août par la Banque mondiale, a confirmé un ralentissement de l’activité économique en 2020. La combinaison du Covid-19 et d’une insécurité renouvelée au milieu des conflits post-électoraux devrait plonger l’économie dans la récession en 2021. Le rapport est revenu sur les défis du capital humain et présente les opportunités pour renforcer l’investissement dans les personnes afin de préserver l’avenir. Intitulé « Investir dans le capital humain pour préserver l’avenir », le rapport note que l’activité économique a ralenti en 2020 pour la cinquième année consécutive. Frappée par la pandémie du Covid-19, la croissance du PIB réel a ralenti à 0,8 %, son plus bas niveau au cours des cinq dernières années. Du côté de la demande, la consommation privée s’est contractée en 2020, reflétant une baisse des revenus des ménages. Pour ce qui est de l’offre, la dynamique positive du secteur agricole a empêché l’économie d’entrer en récession, et les secteurs de la foresterie et des télécommunications ont mieux résisté que prévu. Le rapport souligne également que malgré les pressions inflationnistes dues aux perturbations de la chaîne d’approvisionnement, l’inflation est tombée à 2,3 % en 2021 (d’une année sur l’autre) – en deçà du critère de convergence régionale. La situation budgétaire s’est détériorée et la dette publique a encore diminué pour s’établir à 44,1 % du PIB en 2020 – grâce à l’annulation et au rééchelonnement de la dette. « Avec le Covid-19 et le regain d’insécurité, on estime que la RCA pourrait perdre 4 ans de croissance du revenu par habitant, avec des estimations montrant que le PIB par habitant devrait rester au même niveau en 2023 qu’en 2019 » a déclaré Wilfried A. Kouamé, économiste à la Banque mondiale et auteur principal du rapport. Parlant des inquiétudes, ce dernier a ajouté que « la croissance économique pourrait se redresser à moyen terme, soutenue par des niveaux de production agricole et industrielle, mais seulement à condition que la situation sécuritaire s’améliore. De toute façon, plus de 3,5 millions d’habitants devraient continuer à vivre dans l’extrême pauvreté entre 2022 et 2024, et l’insécurité alimentaire et l’accès limité aux services publics de base, en particulier dans les zones reculées, resteront des préoccupations majeures ». Par rapport aux perspectives, la RCA reste exposée à un risque élevé de surendettement en raison principalement de sa faible mobilisation des ressources intérieures et de ses revenus d’exportation. Le déficit du compte courant s’est creusé de 4,8% du PIB en 2019 à 8,7% du PIB en 2020, en raison de la faiblesse de la demande extérieure et des transferts privés ainsi que d’un déficit accru de la balance des biens alors que les bonnes exportations ont diminué et que les importations non pétrolières ont augmenté par des investissements financés par des donateurs avec la pandémie du Covid-19. En ce qui concerne le capital humain, la RCA fait face à de nombreux défis et des besoins énormes bien que le capital humain soit un moteur essentiel d’une croissance économique soutenable et de la réduction de la pauvreté. « La RCA dispose d’environ 35 ans pour tirer pleinement parti de sa jeune population en âge de travailler et tirer le meilleur parti de son dividende démographique » a indiqué Han Fraeters, Représentant resident de la Banque mondiale pour la RCA. Afin d’inverser cette tendance, « La RCA doit veiller à ce que les adultes de demain soient en bonne santé, bien éduqués et productifs. Mais cela nécessite des investissements dès aujourd’hui. L’investissement dans le capital humain doit devenir une priorité pour le gouvernement. Sinon, le dividende démographique se transformera en malédiction démographique ». Le rapport formule plusieurs recommandations qui permettront de renforcer ce capital humain et protéger l’avenir tout en stimulant la croissance économique et en améliorant le niveau de vie des populations. Parmi lesquelles : i. Relever les défis du développement de la petite enfance pour jeter des bases solides à la fois pour la prospérité et la résilience des adultes ainsi que pour la croissance économique et la compétitivité du pays ; ii. Autonomiser les femmes et les filles pour accélérer la transition démographique, réduire le mariage des enfants, accroître l’accès à la planification familiale, retarder la grossesse à l’âge adulte et réduire la mortalité infantile ; iii. Renforcer la gouvernance et les Institutions dans les secteurs du capital humain tout en renforçant la coordination entre les partenaires techniques et financiers sous le leadership du gouvernement ;
Economie mondiale : ralentissement synchronisé et perspectives précaires

TRIBUNE. L’économie mondiale connaît un ralentissement synchronisé et nous avons, une fois encore, revu à la baisse les perspectives de croissance pour 2019, à 3 %, soit son rythme le plus lent depuis la crise financière mondiale. La croissance continue d’être affaiblie par l’augmentation des obstacles au commerce et la montée des tensions géopolitiques. Selon nos estimations, les tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine réduiront cumulativement le niveau du PIB mondial de 0,8 % d’ici à 2020. La croissance est également freinée par des facteurs propres à certains pays émergents et par des forces structurelles, comme la faible croissance de la productivité et le vieillissement de la population dans les pays avancés. Dans l’édition d’octobre des Perspectives de l’économie mondiale, nous prévoyons une modeste amélioration de la croissance mondiale à 3,4 % en 2020, ce qui constitue une nouvelle révision à la baisse de 0,2 % par rapport à nos projections d’avril. Toutefois, contrairement au ralentissement synchronisé, cette reprise n’est pas généralisée et est précaire. La faiblesse de la croissance est due à une forte détérioration de l’activité manufacturière et du commerce mondial : une hausse des droits de douane et une incertitude prolongée en matière de politique commerciale nuisent aux investissements et à la demande de biens d’équipement. En outre, l’industrie automobile connaît également une contraction en raison de divers chocs, tels que les perturbations dues aux nouvelles normes d’émission appliquées dans la zone euro et en Chine, dont les effets sont durables. Dans l’ensemble, la croissance du volume des échanges commerciaux au premier semestre de 2019 est tombée à 1 %, soit le plus faible niveau enregistré depuis 2012. Contrairement à l’industrie manufacturière et au commerce qui affichent une faiblesse extrême, le secteur des services continue de résister dans la majeure partie du monde, ce qui a permis aux marchés du travail de conserver leur dynamisme et à la croissance des salaires ainsi qu’aux dépenses de consommation de rester saines dans les pays avancés. Des premiers signes de fléchissement se font toutefois sentir dans ce secteur aux États-Unis et dans la zone euro. La politique monétaire a largement contribué à la relance de la croissance. En l’absence de tensions inflationnistes et face à un affaiblissement de l’activité, les grandes banques centrales ont assoupli à juste titre leur politique monétaire afin de réduire les risques de dégradation de la croissance et de prévenir un désancrage des anticipations inflationnistes. Nous estimons que, sans cette relance monétaire, la croissance mondiale serait inférieure de 0,5 point de pourcentage en 2019 et en 2020. Les économies des pays avancés continuent de ralentir et se rapprochent ainsi de leur potentiel à long terme. La croissance a été ramenée à 1,7 % en 2019 (contre 2,3 % en 2018) et devrait se maintenir à ce niveau en 2020. Les solides conditions du marché du travail et les mesures de relance contribuent à compenser les effets néfastes du fléchissement de la demande extérieure pour ces pays. La croissance des pays émergents et des pays en développement a également été révisée à la baisse, à 3,9 % pour 2019 (contre 4,5 % en 2018), en raison notamment des incertitudes liées aux politiques commerciales et nationales, et du fait du ralentissement structurel en Chine. L’accélération de la croissance mondiale en 2020 est tirée par les pays émergents et les pays en développement, qui devraient connaître un rebond de la croissance à 4,6 %. Ce rebond s’explique pour moitié par une reprise ou une récession moins forte dans des pays émergents en difficulté, comme l’Argentine, l’Iran et la Turquie, et pour le reste par une reprise dans des pays où la croissance a considérablement ralenti en 2019 par rapport à 2018, comme l’Arabie saoudite, le Brésil, l’Inde, le Mexique et la Russie. Toutefois, une grande incertitude entoure ces reprises, notamment parce que de grands pays comme la Chine, les États-Unis et le Japon devraient connaître un ralentissement plus marqué en 2020. Escalade des risques Plusieurs risques de dégradation pèsent en outre sur la croissance. La montée des tensions commerciales et géopolitiques, y compris les risques liés au Brexit, pourrait perturber davantage l’activité économique et faire dérailler une reprise déjà fragile dans les pays émergents et dans la zone euro. Cela pourrait entraîner une brusque évolution de la propension au risque, des perturbations financières et un retournement des flux de capitaux à destination des pays émergents. Dans les pays avancés, la faiblesse de l’inflation pourrait persister et restreindre davantage la marge de manœuvre monétaire, ce qui en limiterait l’efficacité. Politiques de relance de la croissance Pour redynamiser la croissance, les dirigeants doivent lever les obstacles au commerce au moyen d’accords durables, apaiser les tensions géopolitiques et réduire l’incertitude qui entoure les politiques intérieures. Ils contribueraient ainsi à renforcer le climat de confiance et à relancer l’investissement, l’industrie manufacturière et le commerce. À cet égard, nous attendons avec intérêt des précisions sur l’accord de principe conclu récemment entre la Chine et les États-Unis. Nous considérons comme bienvenue toute initiative visant à désamorcer les tensions et à revenir sur les récentes mesures prises sur le plan commercial, en particulier si elles peuvent ouvrir la voie à un accord global et durable. Pour écarter d’autres risques pesant sur la croissance et accroître la production potentielle, la politique économique devrait stimuler l’activité d’une manière plus équilibrée. La politique monétaire ne saurait suffire. Elle devrait s’accompagner d’un appui budgétaire lorsque l’espace le permet et si la politique n’est pas déjà trop expansionniste. Des pays comme l’Allemagne ou les Pays-Bas devraient profiter de faibles taux d’emprunt pour investir dans le capital social et les infrastructures, même dans une simple perspective coûts-avantages. Si la croissance devait se détériorer davantage, il pourrait être nécessaire d’élaborer une riposte budgétaire coordonnée à l’échelle internationale, et adaptée à la situation de chaque pays. Bien que l’assouplissement monétaire ait favorisé la croissance, il est essentiel de mettre en place dès à présent une réglementation macroprudentielle efficace pour prévenir une mauvaise évaluation des risques et l’accumulation excessive de facteurs de vulnérabilité financière. Pour assurer une croissance
Les perspectives économiques en Afrique assombries par plusieurs risques

«La situation du continent est bonne. Les performances économiques générales de l’Afrique continuent de s’améliorer, le taux de croissance du produit intérieur brut étant estimé à 3,5 % en 2018, soit un taux comparable à celui de 2017 et en hausse de 1,4 point de pourcentage par rapport aux 2,1 % enregistrés en 2016 », a récemment assuré le président de la Banque africaine de développement (BAD), Dr. Akinwumi A. Adesina. Quand bien même elle reste insuffisante pour faire face aux défis structurels que constituent les déficits courants et budgétaires persistants et la vulnérabilité de la dette, « la croissance économique africaine devrait s’accélérer dans les années à venir pour atteindre 4 % en 2019, et 4,1 % en 2020», a-t-il pronostiqué dans l’avant-propos du dernier rapport de la BAD. Prudente, l’institution financière panafricaine a toutefois prévenu que les prévisions macroéconomiques pour l’Afrique décrites dans son rapport, « Perspectives économiques en Afrique 2019 », sont assombries par plusieurs risques. Dans son rapport, la Banque africaine de développement en récence trois principaux. D’après les experts de la Banque africaine, le premier risque à craindre viendrait d’une nouvelle escalade des tensions commerciales entre les Etats-Unis et leurs principaux partenaires commerciaux. A les en croire, il réduirait la croissance économique mondiale, ce qui aurait des répercussions sur l’Afrique. Dans son rapport, l’institution panafricaine a rappelé que « ces tensions, ainsi que le renforcement du dollar américain, ont augmenté la volatilité des prix des matières premières et exercé des pressions sur les devises des pays émergents ». Dans le cas où la demande mondiale venait à ralentir, la Banque africaine a indiqué que les prix des matières premières pourraient diminuer, « ce qui réduirait la croissance du PIB et affecterait les soldes commercial et budgétaire pour les exportateurs de matières premières d’Afrique ». Les coûts du financement extérieur constituent la deuxième menace à même d’assombrir les prévisions macroéconomiques pour l’Afrique. Pour la BAD, il ne fait aucun doute qu’ils pourraient augmenter davantage si les taux d’intérêt dans les pays développés augmentaient plus vite que prévu. Ce n’est pas nouveau, le changement climatique s’impose également parmi les risques pour les économies africaines, notamment pour la production agricole, comme l’insinue l’institution. En effet, « si les pays africains connaissaient une nouvelle fois des conditions météorologiques extrêmes en raison du changement climatique, semblables à celles de ces dernières années, la production agricole et la croissance du PIB pourraient être plus faibles que prévu », a averti la BAD. Enfin, l’autre risque, et non des moindres, est lié à la sécurité dont les conséquences sur les économies du monde sont bien connues. Comme c’est le cas partout ailleurs, « dans certaines zones, l’instabilité politique et les problèmes de sécurité pourraient affaiblir les économies », a prévenu l’institution financière. Dans son rapport, la Banque africaine a indiqué que « les pays qui ont amélioré leurs positions budgétaire et extérieure et qui ont une dette faible ou modérée se montreront probablement résilients face aux nouveaux chocs externes ». En revanche, elle prévient que ceux qui n’ont pas reconstitué leur marge de manœuvre budgétaire se trouvent démunis face aux risques majeurs de ralentissement. Pour rappel, dans son rapport, la BAD a indiqué que l’Afrique de l’Est est en tête avec une croissance du PIB estimée à 5,7% en 2018, suivie de l’Afrique du Nord (4,9%), de l’Afrique de l’Ouest (3,3%), de l’Afrique centrale (2,2%) et de l’Afrique australe (1,2%). «Sur les 4% de croissance projetés pour l’Afrique en 2019, l’Afrique du Nord devrait représenter 1,6 point de pourcentage, soit 40%. Cependant, la croissance moyenne du PIB en Afrique du Nord est irrégulière en raison de l’évolution rapide de la situation économique de la Libye», a-t-elle relevé. Alain Bouithy
DOSSIER. République centrafricaine : Evolutions et perspectives économiques, selon le FMI

La reprise se poursuit à un rythme modeste. La croissance est estimée à 4,3 % en 2017, soutenue par une activité robuste dans les secteurs forestier, minier, BTP et commerce. Cependant, l’insécurité a affecté la production agricole. L’inflation atteint 4,1 %, sous l’effet de la hausse des prix des denrées alimentaires. Le déficit budgétaire a été contenu malgré la contreperformance des recettes. La mobilisation des recettes intérieures a stagné en 2017 à cause de la faiblesse des contrôles fiscaux, du faible recouvrement des arriérés d’impôts, du rendement limité du contrôle rétroactif des valeurs des importations et de la baisse des recettes fiscales forestière. Toutefois, les résultats se sont améliorés au premier trimestre de 2018, avec une augmentation des recettes, en terme nominale, de 23 % par rapport à 2017. L’objectif indicatif fixé pour la fin de mars a été atteint, ce qui suggère que certaines réformes ont commencé à porter leurs fruits. Du côté des dépenses, la masse salariale se situe à 5,1 % du PIB. Avec l’aide d’un bailleur de fonds bilatéral, les autorités ont mis à la retraite environ 800 soldats qui avaient atteint l’âge requis. Les autres dépenses courantes sont restées globalement inchangées par rapport à 2016. Dans l’ensemble, le déficit primaire intérieur s’est élevé à 2,2 % du PIB. L’investissement public s’est redressé, grâce en grande partie aux dépenses en capital financées sur ressources extérieures. La dette publique est ramenée à 53 % du PIB du fait, entre autres, de l’allégement consenti par la Chine. La situation extérieure a évolué conformément aux prévisions. Le déficit courant (8 ½ % du PIB) n’a pas varié par rapport à 2016. La hausse des exportations de bois et de diamants n’a pas compensé l’augmentation des importations de pétrole et de celles liées aux investissements publics. La balance globale a été excédentaire, ce qui a contribué à une accumulation d’actifs extérieurs nets plus importante que prévu. La croissance du crédit à l’économie a été faible. Le crédit à l’économie a progressé de 1,4 % en 2017, malgré l’arrivée à échéance d’un emprunt spécifique dans le secteur des télécommunications. Les indicateurs de solidité financière indiquent que les banques restent robustes dans un climat des affaires difficile, alors que, parallèlement, le niveau élevé des prêts improductifs baissait légèrement. Les perspectives à moyen terme se sont améliorées. Les services du FMI s’attendent à ce que la croissance reste dans l’ensemble inchangée en 2018 (4,3 %) et augmente de 5 % à moyen terme sous l’impulsion des secteurs de la forêt et du bâtiment, et grâce à l’accélération des projets exécutés dans le cadre du RCPCA. Le projet d’une grande centrale solaire a été confirmé et sa construction devrait débuter en 2019. Le doublement de l’approvisionnement en électricité permettrait de s’attaquer à un obstacle majeur à la croissance. Des risques demeurent, avec la possibilité d’une escalade de la violence. Une recrudescence des tensions et des combats aurait des répercussions sur le commerce, la production agricole et les travaux publics, et impacterait la stratégie de développement des autorités. Cela aurait pour effet d’intensifier la crise humanitaire, de miner la confiance, d’augmenter l’inflation et de réduire les recettes publiques. Une nouvelle hausse des cours mondiaux du pétrole affaiblirait la situation des finances publiques et nécessiterait la prise de mesures supplémentaires pour préserver la stabilité. D’autres risques concernent notamment la capacité limitée des autorités à appliquer la stratégie de développement et les retards dans le décaissement des aides extérieures, ce qui pourrait réduire l’investissement public et compliquer la gestion de trésorerie. Par contre, un rebond plus fort est possible si la sécurité s’améliore et si les fragilités de longue date dans le domaine de la gouvernance sont prises en main. Extrait Rapport du FMI n°18/214 (18 juin 2018).
Perspectives économiques pour l’Afrique subsaharienne: le FMI appelle à asseoir la reprise économique

Dans la dernière édition des Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, le Fonds monétaire international (FMI) affirme que l’Afrique subsaharienne connaît une légère accélération de sa croissance, qui passe de 2,8 % en 2017 à 3,4 % en 2018. « Cette accélération est due en grande partie à l’amélioration des politiques appliquées dans certains pays et à une conjoncture extérieure plus favorable, caractérisée par une croissance mondiale plus forte et par une hausse des cours des produits de base », explique le FMI soulignant que ces facteurs ont entraîné d’importantes entrées de capitaux. L’organisation internationale en veut pour preuve que les émissions d’obligations d’État par des pays préémergents tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Sénégal et le Nigéria qui ont atteint des niveaux records. Dans un communiqué publié dernièrement, le FMI relève toutefois que les résultats et perspectives économiques sont très différents d’un pays à l’autre. En effet, il ressort de ses observations que les pays exportateurs de pétrole sont encore aux prises avec les séquelles de la plus forte chute des prix réels du pétrole depuis 1970, et leur croissance est bien en deçà des tendances antérieures. L’organisation constate aussi que plusieurs autres pays, dont des pays riches ou pauvres en ressources naturelles et des pays fragiles, maintiennent un taux de croissance de 6 % ou plus, alors que d’autres sont en proie à des conflits internes qui se traduisent par un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées. En outre, elle note que l’économie de l’Afrique du Sud et du Nigéria, les deux poids lourds de la région, tourne en dessous de la normale, ce qui pèse fortement sur la croissance régionale. Plus généralement, le FMI fait observer que « le niveau de la dette publique a augmenté dans la région : sur les 35 pays à faible revenu de la région, 15 sont aujourd’hui surendettés ou présentent un risque élevé de le devenir. Les paiements d’intérêts ont également augmenté, absorbant une part croissante des recettes : dans la région, les paiements d’intérêts médians ont doublé entre 2014 et 2017, passant de 5 % à 10 % des recettes ». Tout aussi préoccupant: le ralentissement généralisé de la croissance du crédit au secteur privé et la multiplication des prêts improductifs dont le nombre a tout particulièrement augmenté dans les pays riches en ressources naturelles, note le FMI. Dans ces pays, poursuit l’organisation, la morosité économique s’est traduite par une dégradation de la qualité du crédit et les arriérés de l’État continuent d’affecter le secteur bancaire, constate-t-elle sur son site Internet. Le fonds a également observé qu »à politiques inchangées, la croissance moyenne de la région ne devrait pas dépasser 4 % à moyen terme, un niveau largement inférieur aux prévisions d’il y a cinq ans et insuffisant pour que les pays réalisent leurs objectifs de développement durable ». Quoi qu’il en soit, l’organisation estime que « les dirigeants doivent profiter de la conjoncture extérieure favorable pour transformer la reprise actuelle en une croissance durable et robuste, en prenant des mesures pour réduire la dette et relever le potentiel de croissance à moyen terme ». Martin Kam
Perspectives économiques au Congo: les facteurs positifs et négatifs, selon la BAD

Exacerbée par la dépendance du pays vis-à-vis des revenus pétroliers, la baisse des cours mondiaux du pétrole continue de saper les efforts du Congo pour diversifier son économie et accroître sa résilience, a constaté la Banque africaine de développement (BAD). Toutefois, l’institution bancaire a assuré qu’une reprise économique est projetée à 3,1 % pour 2018 et 2,1 % pour 2019. A en croire la BAD, elle devrait s’appuyer sur l’augmentation de la production pétrolière résultant de la mise en production du champ pétrolier de Moho-Nord, représentant 19,3 % de la production nationale. D’après la banque africaine, et en dépit des faibles perspectives de croissance et de la baisse des recettes pétrolières, qui continuent de peser sur le solde budgétaire, « les mesures de contrôle des dépenses publiques devraient avoir réussi à contenir le déficit budgétaire à 4,4 % du PIB en 2017, contre 12,9 % en 2016 ». De son côté, le solde budgétaire devrait redevenir positif avec 2,8 % du PIB projetés pour 2018 et 4,2 % pour 2019, a-t-elle ajouté. Mieux, la BAD a estimé que le Congo pourrait tirer profit de la morosité économique pour se relever. En effet, si le pays est toujours confronté aux faibles prix du pétrole et à l’absence de réformes structurelles stimulant son potentiel inexploité, cette situation constitue une occasion d’entamer une diversification, a soutenu la BAD dans l’édition 2018 de son rapport annuel phare intitulé « Perspectives économiques en Afrique ». Facteurs positifs. Analysant les facteurs positifs l’économie congolaise, l’institution a noté qu’outre ses abondantes ressources naturelles pétrolières, forestières et minérales, « le Congo peut exploiter sa position stratégique en Afrique centrale et ses 170 km de littoral atlantique pour stimuler son économie », précisant que les projets de réhabilitation et modernisation des trois aéroports internationaux congolais appuieront les investissements étrangers. Dans ce doucement, la Banque, qui soutient qu’une relance de l’industrie et de la construction serait le principal moteur de la croissance, a également relevé les progrès réalisés dans les transports sur les principaux corridors économiques, soulignant que certaines autoroutes ont été modernisées et d’autres construites. Enfin, la BAD a fait observer que le Congo a lancé d’ambitieuses réformes, telles que « La marche vers le développement », pour améliorer la qualité de la vie dans les cinq prochaines années. Facteurs négatifs. Malgré des avancées importantes, la BAD a estimé que le Congo reste tout de même en retard par rapport à d’autres pays africains ayant un niveau de développement similaire. Les raisons de ce retard se trouve dans sa forte dépendance vis-à-vis des produits pétroliers qui exacerbe une position extérieure déjà fragile ainsi que le coûteux environnement des affaires qui entrave la concurrence et l’investissement, décourageant les investisseurs potentiels. LA BAD fait aussi remarquer que le Congo est tombé de la 177e à la 179e place (sur 190 pays) dans le rapport Doing Business 2018 de la Banque mondiale et qu’en 2016, l’Indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement le classait 135e sur 188 pays, avec une note de 0,592. L’autres éléments à prendre en compte, c’est le niveau de pauvreté. Tombé de 50,2 % en 2005 à 36,9 % en 2011, il reste l’un des plus élevés d’Afrique. Par ailleurs, avec un coefficient de Gini de 0,489 en 2011, le Congo est le deuxième pays le plus inégalitaire de l’Afrique, après l’Afrique du Sud. Enfin, la BAD a noté que la lente croissance économique dans les pays développés ou les autres partenaires économiques du Congo pourrait avoir un effet négatif sur la demande de produits d’exportation. Martin KAM