Dans la dernière édition des Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne, le Fonds monétaire international (FMI) affirme que l’Afrique subsaharienne connaît une légère accélération de sa croissance, qui passe de 2,8 % en 2017 à 3,4 % en 2018.
« Cette accélération est due en grande partie à l’amélioration des politiques appliquées dans certains pays et à une conjoncture extérieure plus favorable, caractérisée par une croissance mondiale plus forte et par une hausse des cours des produits de base », explique le FMI soulignant que ces facteurs ont entraîné d’importantes entrées de capitaux.
L’organisation internationale en veut pour preuve que les émissions d’obligations d’État par des pays préémergents tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya, le Sénégal et le Nigéria qui ont atteint des niveaux records.
Dans un communiqué publié dernièrement, le FMI relève toutefois que les résultats et perspectives économiques sont très différents d’un pays à l’autre.
En effet, il ressort de ses observations que les pays exportateurs de pétrole sont encore aux prises avec les séquelles de la plus forte chute des prix réels du pétrole depuis 1970, et leur croissance est bien en deçà des tendances antérieures.
L’organisation constate aussi que plusieurs autres pays, dont des pays riches ou pauvres en ressources naturelles et des pays fragiles, maintiennent un taux de croissance de 6 % ou plus, alors que d’autres sont en proie à des conflits internes qui se traduisent par un grand nombre de réfugiés et de personnes déplacées.
En outre, elle note que l’économie de l’Afrique du Sud et du Nigéria, les deux poids lourds de la région, tourne en dessous de la normale, ce qui pèse fortement sur la croissance régionale.
Plus généralement, le FMI fait observer que « le niveau de la dette publique a augmenté dans la région : sur les 35 pays à faible revenu de la région, 15 sont aujourd’hui surendettés ou présentent un risque élevé de le devenir. Les paiements d’intérêts ont également augmenté, absorbant une part croissante des recettes : dans la région, les paiements d’intérêts médians ont doublé entre 2014 et 2017, passant de 5 % à 10 % des recettes ».
Tout aussi préoccupant: le ralentissement généralisé de la croissance du crédit au secteur privé et la multiplication des prêts improductifs dont le nombre a tout particulièrement augmenté dans les pays riches en ressources naturelles, note le FMI.
Dans ces pays, poursuit l’organisation, la morosité économique s’est traduite par une dégradation de la qualité du crédit et les arriérés de l’État continuent d’affecter le secteur bancaire, constate-t-elle sur son site Internet.
Le fonds a également observé qu »à politiques inchangées, la croissance moyenne de la région ne devrait pas dépasser 4 % à moyen terme, un niveau largement inférieur aux prévisions d’il y a cinq ans et insuffisant pour que les pays réalisent leurs objectifs de développement durable ».
Quoi qu’il en soit, l’organisation estime que « les dirigeants doivent profiter de la conjoncture extérieure favorable pour transformer la reprise actuelle en une croissance durable et robuste, en prenant des mesures pour réduire la dette et relever le potentiel de croissance à moyen terme ».
Martin Kam
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