Dette extérieure : les pays en développement ont déboursé un montant record de 1 400 milliards de dollars en 2023
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Selon la dernière édition du Rapport sur la dette internationale de la Banque mondiale, les pays en développement ont dépensé un montant inédit de 1 400 milliards de dollars au titre du service de leur dette extérieure, la charge des intérêts ayant atteint en 2023 son niveau le plus élevé depuis vingt ans. Les paiements d’intérêts ont augmenté de près d’un tiers et se sont élevés à 406 milliards de dollars, grevant dans de nombreux pays les budgets pouvant être alloués à des domaines critiques tels que la santé, l’éducation et l’environnement. Les données révèlent que la pression financière a été la plus intense dans les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, ceux qui sont éligibles aux prêts de l’Association internationale de développement (IDA) du Groupe de la Banque mondiale. Ainsi en 2023, ces pays ont payé un montant record de 96,2 milliards de dollars pour rembourser leur dette extérieure. Bien que les remboursements du principal aient diminué de près de 8 % pour atteindre 61,6 milliards de dollars, les charges d’intérêt ont grimpé à un niveau sans précédent de 34,6 milliards de dollars en 2023, soit quatre fois plus qu’il y a dix ans. En moyenne, les paiements d’intérêts des pays IDA s’élèvent aujourd’hui à près de 6 % de leurs recettes d’exportation, une proportion qui n’a pas été observée depuis 1999 et qui va même jusqu’à 38 % pour certains d’entre eux. En raison du resserrement des conditions de crédit, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales sont devenues la principale bouée de sauvetage des économies les plus pauvres. Depuis 2022, les créanciers privés étrangers ont reçu près de 13 milliards de dollars de plus en remboursement de la dette contractée par des emprunteurs du secteur public des pays IDA que ce qu’ils ont déboursé en nouveaux financements. Au cours de la même période, la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales ont injecté près de 51 milliards de dollars de plus en 2022 et 2023 par rapport aux remboursements perçus au titre du service de la dette. La Banque mondiale a financé un tiers de cette somme, soit 28,1 milliards de dollars. « Les institutions multilatérales sont devenues la dernière planche de salut pour les économies pauvres qui s’efforcent d’équilibrer les paiements de la dette avec les dépenses consacrées à la santé, à l’éducation et à d’autres priorités de développement, explique Indermit Gill, économiste en chef et vice-président senior du Groupe de la Banque mondiale. Dans les pays pauvres très endettés, les banques multilatérales de développement jouent désormais le rôle de prêteur en dernier ressort, un rôle pour lequel elles n’ont pas été pensées. C’est le reflet d’un système de financement défaillant : à l’exception des fonds injectés par la Banque mondiale et d’autres institutions multilatérales, l’argent sort des économies pauvres alors qu’il devrait y entrer. » La pandémie de COVID-19 a fortement alourdi le fardeau de la dette de tous les pays en développement, et la flambée des taux d’intérêt mondiaux qui s’en est suivie a rendu plus difficile le redressement de la situation pour bon nombre d’entre eux. Fin 2023, la dette extérieure totale de l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire atteignait le chiffre record de 8 800 milliards de dollars, soit une augmentation de 8 % par rapport à 2020. La progression en pourcentage a été deux fois plus importante pour les pays éligibles à l’IDA, dont la dette extérieure totale a grimpé à 1 100 milliards de dollars, c’est-à-dire une hausse de près de 18 %. En 2023, les emprunts à l’étranger sont devenus beaucoup plus coûteux pour tous les pays en développement. Les taux d’intérêt sur les prêts des créanciers publics ont doublé et excèdent 4 %, tandis que les taux appliqués par les créanciers privés ont augmenté de plus d’un point pour atteindre 6 %, leur niveau le plus élevé en 15 ans. Enfin, si les taux d’intérêt mondiaux ont commencé à baisser, ils devraient rester supérieurs à la moyenne qui prévalait au cours de la décennie précédant la pandémie. Le Rapport sur la dette internationale présente les principaux éléments issus de la base de données de la Banque mondiale sur les statistiques relatives à la dette internationale, la source la plus complète et la plus transparente de données sur la dette extérieure des pays en développement. Il témoigne d’un effort accru pour garantir l’exactitude des informations relatives à la dette des pays IDA, grâce au rapprochement des données que ces économies communiquent au système de notification des débiteurs de la Banque mondiale avec celles fournies par les créanciers du G7 et du Club de Paris. Cet exercice de rapprochement prêt par prêt a permis d’obtenir un taux de concordance des données de 98 %, ce qui réduit la marge d’erreur de dix à seulement deux points. « Des données exhaustives sur les engagements des gouvernements peuvent favoriser de nouveaux investissements, réduire la corruption et prévenir de coûteuses crises de la dette, précise Haishan Fu, statisticien en chef de la Banque mondiale et directeur du Groupe de gestion des données sur le développement de l’institution. La Banque mondiale a joué un rôle de premier plan dans l’amélioration de la transparence de la dette à travers le monde, en particulier dans les pays éligibles à l’IDA. En 2023, près de 70 % de ces économies ont publié des données sur la dette publique, entièrement accessibles sur un site web gouvernemental, soit une augmentation de 20 points par rapport à 2020. C’est un signe encourageant pour l’avenir. »
Le « piège du revenu intermédiaire » freine les progrès dans 108 pays en développement
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Une nouvelle étude propose un modèle stratégique pour assurer une croissance de qualité au 21e siècle Selon une nouvelle étude de la Banque mondiale, plus d’une centaine de pays, dont la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du Sud, se heurtent à de sérieux obstacles qui risquent de les empêcher de devenir des économies à revenu élevé au cours des prochaines décennies. Le rapport propose pour la première fois une feuille de route détaillée afin de permettre aux pays en développement d’échapper au « piège du revenu intermédiaire ». En se fondant sur les enseignements des 50 dernières années, le Rapport sur le développement dans le monde 2024 constate qu’à mesure que les pays s’enrichissent, ils tombent généralement dans un « piège » lorsque leur revenu atteint environ 10 % du PIB annuel des États-Unis par habitant, soit l’équivalent de 8 000 dollars aujourd’hui. Ce montant se situe au milieu de la fourchette des pays que la Banque mondiale classe dans la catégorie des « pays à revenu intermédiaire ». Depuis 1990, seuls 34 d’entre eux ont réussi à se hisser au niveau des économies à revenu élevé, et plus d’un tiers ont bénéficié soit de leur intégration dans l’Union européenne, soit de l’exploitation de nouveaux gisements de pétrole. À la fin de l’année 2023, 108 pays figuraient dans la catégorie des économies à revenu intermédiaire, avec chacun un PIB annuel par habitant compris entre 1 136 et 13 845 dollars. Ces pays abritent six milliards de personnes, soit 75 % de la population mondiale, ainsi que deux tiers des personnes qui vivent dans l’extrême pauvreté. Ils génèrent plus de 40 % du PIB mondial et sont responsables de plus de 60 % des émissions de carbone. Mais ils sont en butte à de bien plus grandes difficultés que leurs prédécesseurs pour échapper au piège du revenu intermédiaire, en particulier le vieillissement rapide de leurs populations, la montée du protectionnisme dans les économies à revenu élevé et la nécessité d’accélérer la transition énergétique. « La bataille pour la prospérité économique mondiale sera en grande partie gagnée ou perdue dans les pays à revenu intermédiaire, affirme Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale et premier vice-président chargé de l’économie du développement. Pourtant, un trop grand nombre de ces pays s’appuient sur des stratégies dépassées pour devenir des économies avancées. Ils dépendent uniquement de l’investissement pendant trop longtemps ou optent prématurément pour l’innovation. Une nouvelle approche est indispensable : il faut d’abord mettre l’accent sur l’investissement, ensuite privilégier l’injection de nouvelles technologies venues de l’étranger et, enfin, adopter une stratégie à trois volets qui équilibre investissement, infusion et innovation. Face aux pressions démographiques, écologiques et géopolitiques croissantes, nous n’avons pas le droit à l’erreur. » Le rapport propose la « stratégie des 3i » pour permettre aux pays de se hisser au statut d’économie à revenu élevé. En fonction de leur stade de développement, tous doivent adopter un ensemble de politiques séquencées et progressivement plus sophistiquées. Les pays à faible revenu peuvent se concentrer uniquement sur des politiques visant à accroître l’investissement, c’est la phase 1i. Puis, une fois atteint le statut d’économie à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, ils doivent monter d’un cran et passer à la phase 2i, qui combine politiques d’investissement et d’« infusion », ce processus consistant à adopter des technologies provenant de l’étranger et à les diffuser dans l’ensemble de l’économie. Arrivés au niveau de revenu intermédiaire supérieur, les pays doivent à nouveau changer de vitesse et passer à la phase finale des 3i : investissement, infusion et innovation. Dans la phase d’innovation, les pays ne se contentent plus d’emprunter des idées à la pointe mondiale de la technologie, ils en repoussent les limites. « Le chemin à parcourir sera escarpé, mais les pays peuvent progresser, même dans les conditions difficiles d’aujourd’hui, déclare Somik V. Lall, directeur du Rapport sur le développement dans le monde 2024. Le succès dépendra de la manière dont les sociétés équilibreront les forces de création, de préservation et de destruction. Ceux qui tentent d’épargner à leurs citoyens les épreuves inhérentes aux réformes et à l’ouverture passeront à côté des bénéfices qui découlent d’une croissance soutenue. » Le rapport souligne que la Corée du Sud est un modèle à suivre pour les trois phases de la stratégie 3i. En 1960, son revenu par habitant n’était que de 1 200 dollars. Fin 2023, ce chiffre s’élevait à 33 000 dollars. La Corée du Sud a commencé par appliquer un ensemble de mesures simples visant à augmenter les investissements publics et à encourager les investissements privés. Dans les années 1970, cette méthode s’est transformée en politique industrielle qui encourageait les entreprises nationales à adopter des technologies étrangères et des méthodes de production plus sophistiquées. Les entreprises coréennes ont répondu présent. Samsung, jadis fabricant de nouilles, a commencé à produire des téléviseurs pour les marchés nationaux et régionaux après avoir acquis des licences technologiques auprès d’entreprises japonaises (Sanyo et NEC). Le succès de Samsung a dopé la demande d’ingénieurs, de gestionnaires et d’autres professionnels qualifiés. À ce stade, le gouvernement sud-coréen a à son tour répondu présent. Le ministère de l’Éducation a fixé des objectifs et augmenté les budgets des universités publiques afin qu’elles contribuent au développement des nouvelles compétences demandées par les entreprises nationales. Aujourd’hui, Samsung est un innovateur mondial de premier plan, l’un des deux plus grands fabricants de smartphones au monde. D’autres pays ont suivi des chemins comparables, notamment la Pologne et le Chili. La Pologne a privilégié l’augmentation de la productivité grâce à l’injection de technologies en provenance d’Europe occidentale. Pour sa part, le Chili a encouragé le transfert de technologies de l’étranger et l’a utilisé pour stimuler l’innovation nationale. L’une de ses plus grandes réussites a été l’adaptation des technologies norvégiennes d’élevage du saumon aux conditions locales, ce qui a permis au Chili de devenir l’un des tout premiers exportateurs de saumon au monde.
Les compagnies des pays en développement mal armées pour répondre à la demande croissante d’énergie
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Pour garantir une énergie propre et accessible à tous, il est crucial de disposer d’entreprises d’électricité solides, affirme la Banque mondiale dans un nouveau rapport. Cependant, seules 40 % d’entre elles sont financièrement viables dans les pays en développement. Seules 40% sont en mesure de couvrir leurs charges d’exploitation et le service de la dette, selon la Banque mondiale En effet, selon le document, qui examine les performances de plus de 180 compagnies d’électricité dans plus de 90 pays, « la majorité des compagnies d’électricité des pays en développement sont mal armées pour répondre à la demande croissante d’électricité et injecter plus d’énergie renouvelable dans les réseaux ». Seules 40 % d’entre elles sont en mesure de couvrir leurs charges d’exploitation et le service de la dette, note l’institution financière internationale. Elle estime ainsi que les faiblesses relevées dans son rapport sont de nature à compromettre « la réalisation des objectifs mondiaux de transition énergétique visant à fournir à tous une électricité propre, fiable et abordable ». Des difficultés particulièrement aiguës dans les pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur Dans son rapport intitulé «The Critical Link : Empowering Utilities for the Energy Transition » (Le lien essentiel : Donner aux compagnies d’électricité les moyens d’assurer la transition énergétique), la Banque mondiale explique que « les difficultés sont particulièrement aiguës dans les pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur, où les coûts élevés, les tarifs bas, les pertes de transport et de distribution, l’inefficacité du recouvrement et les carences de la planification entretiennent des cercles vicieux de sous-performance, qui viennent grever les budgets publics tout en privant de nombreux usagers d’un approvisionnement électrique fiable ». L’autre point abordé dans ce rapport est que ces difficultés financières et opérationnelles dissuadent également les investisseurs, empêchant de nombreuses compagnies de lever des capitaux privés à un coût abordable et freinant les investissements nécessaires à la modernisation et à la mise à niveau des réseaux électriques. Les auteurs dudit rapport préviennent, en outre, que le coup d’accélérateur en faveur de l’intégration d’un volume croissant d’énergies renouvelables intermittentes, conjugué à l’urgence de fournir de l’électricité aux quelque 700 millions de personnes qui en sont encore dépourvues, mettra encore plus à rude épreuve la viabilité financière et les capacités techniques de compagnies d’électricité déjà fragiles. Donner aux compagnies d’électricité les moyens de réussir Comme le souligne Guangzhe Chen, vice-président de la Banque mondiale pour les infrastructures, il est important de noter qu’«en leur qualité de gestionnaires des réseaux électriques, les compagnies d’électricité seront au cœur des efforts visant à décarboner les sources d’énergie et à garantir l’acheminement d’une électricité plus fiable, condition essentielle pour propulser les économies en avant, créer des emplois et améliorer les conditions de vie de millions de personnes ». Pour lui, cela montre bien que « les décideurs publics, les organismes de régulation et les bailleurs de fonds du développement doivent se mobiliser pour donner aux compagnies d’électricité les moyens de réussir, en assurant des politiques déterminées et des financements de plus long terme qui permettront de concrétiser la promesse d’une énergie propre et accessible pour tous ». De l’avis de l’institution, il incombe aux pouvoirs publics de mettre en place un environnement favorable et des règles de passation des marchés transparentes qui réduisent les risques pour les investisseurs et simplifient le développement des infrastructures. Elle estime que la viabilité des compagnies d’électricité est à ce prix. Pour leur part, les organismes de régulation doivent veiller à ce qu’elles « puissent raisonnablement recouvrer leurs coûts dans le cadre des tarifs définis et encourager les investissements dans des réseaux efficaces et résilients », estime, en outre, la Banque mondiale soutenant que même dans des pays dotés de politiques et de réglementations solides, ces compagnies doivent améliorer leurs systèmes de facturation et de comptage, et adopter de meilleures pratiques commerciales et de nouvelles technologies afin de gagner la confiance des usagers et des investisseurs. Afin de compenser le coût élevé de la transition pour les compagnies d’électricité, et compte tenu de la pénurie de financements publics, le rapport exhorte les bailleurs de fonds du développement à apporter des capitaux concessionnels et à fournir des instruments d’atténuation des risques pour les investisseurs privés. Alain Bouithy
Le potentiel fiscal est loin d’être pleinement exploité dans les PDFR
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FISCALITE. «Les pays en développement ont progressé dans la mobilisation des recettes fiscales durant ces dernières décennies, mais il reste beaucoup à faire », estiment les services du Fonds monétaire international (FMI) dans une récente note de réflexion. «Les recettes fiscales ont progressé dans les pays en développement à faible revenu (PDFR), avec une augmentation des ratios impôts/PIB moyens d’environ 3,5 points de pourcentage depuis les débuts des années 90 pour atteindre 13,8% en 2020 », souligne la note préparée sous la haute autorité de Katherine Baer et Ruud de Mooij. Selon le document, qui offre des enseignements et des orientations pratiques sur la base de l’expérience acquise par le FMI en matière de renforcement des capacités dans ce domaine, la situation varie selon les pays et le caractère durable de l’augmentation des recettes reste fragile face aux chocs. Quoi qu’il en soit, de l’avis des auteurs de ce document, Juan Carlos Benitez, Mario Mansour, Miguel Pecho et Charles Vellutini, il est matériellement possible d’augmenter de 9 points de pourcentage le ratio impôts/PIB en réformant le système fiscal et en renforçant les capacités institutionnelles. Une assurance confortée par les nouvelles données empiriques figurant dans ledit document qui laissent penser qu’une nouvelle augmentation notable est possible. Améliorer les institutions administrant le système fiscal Pour atteindre cet objectif, il faudra tout de même s’engager fermement à améliorer les institutions qui administrent le système fiscal et gèrent sa réforme et à perfectionner la conception des impôts de base. D’après les auteurs, il est nécessaire d’adopter une approche holistique et institutionnelle axée sur l’amélioration de la politique, de l’administration et de la mise en œuvre juridique des impôts de base. Des enseignements et orientations pratiques sur la manière d’améliorer la capacité fiscale sont ainsi livrés dans cette note qui assure que les PDFR peuvent augmenter leur ratio impôts/PIB de 6,7 points de pourcentage en moyenne pour réaliser pleinement leur potentiel, compte tenu des institutions et des structures économiques actuelles. « En amenant ces dernières au niveau des pays émergents (PE), la réforme institutionnelle peut leur faire gagner 2,3 points supplémentaires », expliquent les auteurs indiquant que le total, à savoir 9 points de pourcentage du PIB, permettrait à l’Etat de jouer pleinement son rôle dans le développement durable, inclusif et résilient. Pour Juan Carlos Benitez, Mario Mansour, Miguel Pecho et Charles Vellutini, cette augmentation des recettes nécessite de renforcer la conception des impôts de base (TVA et accises, impôts sur le revenu des personnes physiques et impôts sur les sociétés). Réformer les dépenses fiscales inefficaces D’après ces derniers, l’accent doit être mis sur l’élargissement de l’assiette fiscale par la réforme des dépenses fiscales inefficaces, une imposition plus neutre des revenus du capital et une meilleure utilisation de l’impôt foncier, en tenant compte à la fois de l’efficacité et de l’équité. Les services du FMI estiment aussi que l’amélioration des institutions qui administrent le système fiscal et gèrent sa réforme est essentielle si l’on veut obtenir des résultats. Ainsi, ils recommandent la création d’unités de politique fiscale adéquates chargées de prévoir et d’analyser l’incidence des politiques fiscales sur tous les aspects de la politique économique, l’amélioration de la professionnalisation des fonctionnaires responsables de la conception et de la mise en œuvre des impôts ainsi qu’une meilleure utilisation des technologies numériques pour renforcer les administrations fiscales. Sans oublier la clarté dans la façon dont la politique et l’administration sont transposées dans la législation. En plus de ces recommandations, la note estime que la capacité fiscale doit continuer à reposer au premier chef sur l’amélioration de la conception et de l’administration des impôts nationaux de base. Et de noter : la coopération internationale dans l’imposition des bénéfices des entreprises multinationales, bien qu’importante, est insuffisante pour répondre aux besoins des PDFR en matière de recettes et ne doit pas détourner l’attention de l’objectif plus général de renforcement de la capacité fiscale au service du développement. Rappelons que la capacité fiscale, c’est-à-dire les capacités politiques, institutionnelles et techniques à lever des impôts, est un aspect fondamental du rôle de l’Etat dans le développement. Elle fait également partie intégrante de la réalisation des objectifs de développement durable (ODD), de la lutte contre le changement climatique et de la viabilité de la dette, comme cela est indiqué dans la note. Alain Bouithy
Remboursement de la dette publique. La flambée des taux d’intérêt accentue les vulnérabilités liées à la dette dans des pays en développement
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INTERNATIONAL. « La hausse des coûts d’emprunt fait courir un risque de crise de la dette aux pays les plus pauvres », a récemment prévenu la Banque mondiale dans un rapport sur la dette internationale intitulé « International Debt Report ». Selon le document établi par l’institution de Bretton Woods, pour assurer le service de leur dette publique extérieure et des dettes garanties par l’État, les pays en développement ont dépensé un montant record de 443,5 milliards de dollars au titre de l’année 2022. Le problème, c’est que « les paiements au titre du service de la dette – principal et intérêts – ont augmenté de 5% par rapport à l’année précédente pour l’ensemble des pays en développement », a indiqué l’institution financière internationale. D’après le rapport, en 2022, les 75 pays admis à emprunter auprès de l’Association internationale de développement (IDA), institution de la Banque mondiale qui soutient les pays les plus pauvres, ont payé un montant record de 88,9 milliards de dollars au titre des frais de service de la dette. Le coût global du service de la dette des 24 pays les plus pauvres pourrait atteindre jusqu’à 39% entre 2023 et 2024 Toujours selon la Banque mondiale, « au cours de la dernière décennie, les paiements d’intérêts par ces pays ont quadruplé, atteignant un niveau record de 23,6 milliards de dollars en 2022 », a fait savoir l’organisation internationale estimant que le coût global du service de la dette des 24 pays les plus pauvres devrait s’envoler en 2023 et 2024, avec une augmentation qui pourrait atteindre jusqu’à 39 %. Comme l’explique Indermit Gill, économiste en chef et vice-président senior du Groupe de la Banque mondiale, rappelons que «des niveaux d’endettement record et des taux d’intérêt élevés ont précipité de nombreux pays vers la crise». Selon son analyse, «chaque trimestre où les taux d’intérêt restent élevés se traduit par une augmentation du nombre de pays en développement qui basculent dans le surendettement et se heurtent au choix difficile entre le service de leur dette publique et l’investissement dans la santé publique, l’éducation et les infrastructures ». Quoi qu’on en pense, la flambée des taux d’intérêt a accentué les vulnérabilités liées à la dette dans tous les pays en développement, a fait remarquer la Banque mondiale. L’institution en veut pour preuve : « Rien qu’au cours des trois dernières années, on a compté 18 défauts de paiement souverains dans dix pays en développement, soit plus que le nombre enregistré au cours des deux décennies précédentes », ajoutant qu’à l’heure actuelle, environ 60% des pays à faible revenu sont exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà dans cette situation. La hausse des coûts d’emprunt détourne les ressources disponibles au détriment de secteurs critiques qui en ont besoin C’est dire que la situation est préoccupante d’autant plus que « l’augmentation des coûts d’emprunt a détourné le peu de ressources disponibles au détriment de secteurs critiques qui en ont besoin, tels que la santé, l’éducation et l’environnement ». Ce n’est pas tout : les paiements des intérêts absorbent une part de plus en plus importante des exportations des pays à faible revenu, tout en sachant que « plus d’un tiers de leur dette extérieure est soumis à des taux d’intérêt variables qui pourraient augmenter soudainement », a également relevé l’institution. Sans oublier que beaucoup de ces pays traînent un fardeau supplémentaire : l’accumulation du capital, des intérêts et des frais pour avoir bénéficié du privilège de la suspension du service de la dette accordé dans le cadre de l’Initiative de suspension du service de la dette (DSSI) du G20. Un fardeau pour les économies en développement d’autant plus que l’appréciation du dollar s’ajoute aux difficultés de ces pays en rendant les remboursements encore plus onéreux, selon le rapport. Pour l’économiste Indermit Gill, la situation est telle qu’elle nécessite « une action rapide et coordonnée de la part des gouvernements débiteurs, des créanciers privés et publics et des institutions financières multilatérales, plus de transparence, de meilleurs outils pour assurer la viabilité de la dette et des modalités de restructuration plus rapides. Faute de quoi, ce sera une autre décennie perdue pour ces pays. » Alain Bouithy
La coopération entre la Chine et l’Afrique sert d’exemple pour la coopération entre les pays en développement
La coopération entre la Chine et l’Afrique est multidimensionnelle et contribue énormément à la croissance économique de chaque partie. Elle peut servir de modèle de coopération entre pays en développement, selon des experts africains. La coopération sino-africaine « va de la coopération économique, commerciale, militaire, éducative, sanitaire, agricole et aussi bien à beaucoup d’autres domaines stratégiques importants pour le développement de notre continent », a indiqué Maman Tachiwou Aboudou, enseignant chercheur à la faculté des sciences économiques et de gestion (FASEG) de l’Université de Lomé, au Togo, dans une récente interview accordée à Xinhua. La partie africaine « bénéficie d’aides publiques au développement, d’un nouveau marché pour ses matières premières, de la construction d’infrastructures et des investissements dans divers secteurs », a indiqué Issouf Ouattara, économiste consultant et spécialiste en intelligence économique du Burkina Faso. La Chine est le plus grand partenaire commercial de l’Afrique et sa quatrième source d’investissement. Selon des données du ministère chinois du Commerce, le commerce bilatéral entre la Chine et l’Afrique s’est élevé à 282 milliards de dollars en 2022. Au cours des quatre premiers mois de l’année, les nouveaux investissements directs de la Chine en Afrique ont atteint 1,38 milliard de dollars, en hausse de 24% sur un an. « Depuis les années 2000, avec l’arrivée des motos chinoises, des pompes immergées, des câbles d’extension électrique et surtout du matériel de forge et de constructions, les villes africaines ont connu une croissance exponentielle », a rappelé M. Aboudou. « La coopération entre la Chine, l’Amérique latine et le continent africain a entraîné des changements positifs dans le paysage géopolitique des marchés émergents et des pays en développement », a indiqué Paul Zilungisele Tembe, chercheur principal au département de la linguistique et des langues modernes de l’Université d’Afrique du Sud, lors du Forum de Beijing sur le développement et la coopération des marchés émergents et pays en développement qui s’est tenu en juillet dernier. En outre, « la montée de la Chine a donné un exemple positif qui est actuellement imité par la majorité des pays émergents », a ajouté Paul Zilungisele Tembe. Dans le passé, les marchés émergents et les économies des pays en développement occupaient une place périphérique dans l’économie mondiale, la montée en puissance de la Chine en tant que deuxième économie mondiale ayant donné à une majorité de pays en développement l’occasion de participer à la scène internationale et d’avoir un impact sur celle-ci, a-t-il estimé. Ces dernières années, fidèle à la philosophie du respect mutuel, de l’égalité et du bénéfice mutuel, de la coopération gagnant-gagnant, de l’ouverture et de l’inclusion, la Chine ne cesse d’améliorer ses relations avec l’Afrique ainsi que la qualité de ses programmes sur le continent, tout en prenant en compte le bien-être des populations locales. La coopération sino-africaine « encourage indirectement les partenaires traditionnels des pays africains à redéfinir leurs partenariats », a loué M. Ouattara, ajoutant qu’elle « peut être un modèle de coopération entre pays en développement ».
La crise de la dette des pays en développement s’est aggravée
![La crise de la dette des pays en développement s’est aggravée La crise de la dette des pays en développement s’est aggravée](https://www.pagesafrik.com/wp-content/uploads/2020/10/Banque-mondiale-1.jpg)
Le poids du service de la dette dans les pays pauvres atteint un niveau sans précédent depuis 2000, a annoncé la Banque mondiale dans un nouveau rapport sur la dette internationale. En effet, «la crise de la dette à laquelle sont confrontés les pays en développement s’est aggravée», a indiqué le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass. Selon le constat établi par la Banque mondiale, « Les pays les plus pauvres éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (IDA) consacrent aujourd’hui plus d’un dixième de leurs recettes d’exportation au service de leur dette extérieure à long terme, publique ou garantie par l’État, peu après le lancement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) ». Comme le font remarquer les experts de l’institution financière internationale, il s’agit d’un niveau sans précédent depuis 2000. D’après le rapport de la Banque mondiale sur la dette internationale, rendu public récemment, toutes les économies en développement, à revenu faible ou intermédiaire courent des risques croissants liés à leur dette. Il est à rappeler que la dette extérieure de ces pays s’élevait à 9.000 milliards de dollars à fin 2021, soit plus du double de son montant d’il y a dix ans, après calcul des experts de l’organisation financière. Il se trouve que la dette extérieure totale des pays IDA a presque triplé durant la même période pour s’élever à 1 000 milliards de dollars, ont constaté les auteurs du rapport qui marque (reconnait-on) une avancée dans la transparence de la dette. La crainte est que « la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement de la croissance mondiale risquent de faire basculer un grand nombre de pays dans une crise de la dette, sachant qu’environ 60% des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà surendettés », a indiqué la Banque mondiale. Ainsi, d’après les auteurs dudit rapport, les paiements du service de la dette extérieure à long terme publique et garantie par l’État des pays éligibles à l’IDA s’élevaient à 46,2 milliards de dollars, à la fin de l’année 2021. Ce montant équivaut à 10,3% de leurs exportations de biens et services et de 1,8 % de leur revenu national brut (RNB), des pourcentages en nette augmentation par rapport à 2010, alors qu’ils étaient respectivement de 3,2% et 0,7%. Des prévisions du rapport, il ressort que le service de la dette des pays IDA devrait augmenter de 35% pour atteindre plus de 62 milliards de dollars en 2022. Ce qui devrait constituer l’une des plus fortes progressions annuelles de ces deux dernières décennies, annonce le rapport soulignant que la Chine devrait représenter 66 % des paiements dus au service de la dette publique bilatérale dans les pays IDA. Même si, à première vue, les indicateurs semblent avoir évolué favorablement en 2021, le rapport constate que la situation est différente pour les pays IDA, dont le ratio dette/RNB reste supérieur au niveau antérieur à la pandémie, à 25%. A cela s’ajoute le fait que les perspectives économiques se sont considérablement détériorées et, comme cela a été constaté, la croissance mondiale a fortement marqué le pas cette année. Par ailleurs, « alors que le monde est confronté à un resserrement général des politiques monétaires et budgétaires sans précédent depuis 50 ans, le risque d’une récession planétaire l’année prochaine s’est amplifié », a fait savoir la Banque mondiale soulignant que la dépréciation des devises a aggravé la situation de nombreux pays en développement dont la dette est libellée en dollars. Ainsi que le soutiennent les auteurs du rapport, autant dire que l’amélioration du ratio dette/RNB en 2021 est probablement temporaire. L’évolution de la situation de la dette est telle que David Malpass estime qu’« une approche globale est nécessaire pour résorber la dette, accroître la transparence et faciliter une restructuration plus rapide, afin que les pays puissent privilégier les dépenses qui soutiennent la croissance et réduisent la pauvreté ». À défaut, le président du Groupe de la Banque mondiale prévient que « de nombreux pays et leurs gouvernements seront en butte à une crise budgétaire et à l’instabilité politique, et des millions de personnes sombreront dans la pauvreté». Quoi qu’on dise, «l’opacité de la dette est la raison pour laquelle tant de pays glissent aveuglément dans une crise de la dette», a soutenu Indermit Gill, premier vice-président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale persuadé que des données complètes et transparentes améliorent la gestion de la dette. D’après lui, celles-ci «rendent plus fiables les analyses de viabilité et elles facilitent la mise en œuvre des restructurations de la dette afin que les pays puissent retrouver rapidement la stabilité et la croissance économiques». Et de conclure : «à long terme, aucun créancier n’a intérêt à dissimuler les montants de la dette publique.» Alain Bouithy
Des possibilités illimitées : créer plus d’emplois pour les jeunes dans les pays émergents et les pays en développement
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TRIBUNE. « Définir, c’est limiter » a dit Oscar Wilde. Pourtant, les économistes doivent parfois utiliser des définitions pour appréhender la portée d’un problème et trouver les moyens de lever les obstacles à la réussite. C’est particulièrement vrai pour les jeunes dans les pays émergents et les pays en développement. Nous savons qu’ils sont essentiels au développement économique et à la croissance. Ils représentent environ un tiers de la population en âge de travailler dans un pays émergent ou un pays en développement moyen. Nous savons aussi que la jeunesse mondiale est confrontée à des marchés du travail difficiles et à des pénuries d’emplois. Dans un pays émergent ou un pays en développement moyen, quelque 20 % des 15 à 24 ans ne travaillent pas et ne font pas d’études contre 10 % en moyenne dans les pays avancés. Le coût social et économique de cet écart est considérable. La confiance dans la société tend à être moindre dans les pays où le niveau d’inactivité des jeunes est plus élevé, ce qui augmente les risques de conflits sociaux. Une récente étude des services du FMI montre que si le sous-emploi des jeunes dans un pays émergent ou en développement moyen était aligné sur celui du pays avancé moyen, le taux d’emploi de la population en âge de travailler augmenterait de 3 points de pourcentage et la production de 5 %. C’est le genre de changement dont les jeunes, et tous les pays, ont le plus grand besoin. Des politiques qui fonctionnent pour la prochaine génération Comment peut-on y parvenir ? Une éducation plus longue et meilleure constitue une réponse partielle, mais qui ne suffira pas. Dans les pays émergents et les pays en développement, trop de jeunes bien formés peinent à trouver de bons emplois. Inspirée de nouvelles analyses utilisant à la fois des mégadonnées macroéconomiques et microéconomiques (des dizaines de millions de points de données individuels), notre étude publiée aujourd’hui mentionne une série de mesures qui peuvent contribuer à résorber l’écart avec les pays avancés. Elles amélioreront les perspectives d’emploi pour tous, mais surtout pour les jeunes non scolarisés. Trois mesures en particulier méritent d’être privilégiées : Premièrement, promouvoir l’égalité femme–homme sur le lieu de travail : la persistance d’importants écarts entre hommes et femmes est en grande partie à l’origine des moins bons résultats du marché du travail pour les jeunes dans les pays émergents et les pays en développement. En moyenne, près de 30 % des jeunes femmes n’y sont ni en activité ni scolarisées, soit presque deux fois plus que de jeunes hommes. Une partie, mais pas la totalité, de cette différence peut s’expliquer par les conséquences économiques de la maternité. Toutefois, la législation a également un rôle à jouer. En effet, lorsqu’elle protège les femmes de la discrimination dans l’emploi, leurs taux d’emploi et d’activité s’améliorent sans nuire aux hommes. Par exemple, si l’Afrique subsaharienne renforçait la protection juridique des femmes en la portant au niveau moyen de celle dans les pays émergents d’Europe et d’Asie centrale, nous estimons que les taux d’emploi et d’activité des jeunes femmes augmenteraient de 10 % à 15 %, ce qui réduirait sensiblement l’écart femme–homme. Deuxièmement, un meilleur fonctionnement des marchés du travail : ne pas fixer des règles excessivement strictes, s’assurer que les indemnités de licenciement ne sont pas trop coûteuses et établir un salaire minimum pas trop élevé par rapport au salaire moyen, toutes ces mesures vont de pair avec une amélioration des taux d’emploi et d’activité des jeunes qui ne suivent pas d’études – en particulier des jeunes femmes. Une étude de l’histoire récente des réformes du salaire minimum en Indonésie le confirme. Dans les provinces indonésiennes qui ont relevé le salaire minimum officiel, par rapport au salaire moyen, de 10 % de moins que les autres provinces, le taux de chômage des jeunes a été inférieur de 1 à 1,5 point de pourcentage. Ces mesures ont bénéficié le plus aux jeunes femmes ; elles ont également entraîné une forte hausse du nombre des emplois formels (qui sont généralement plus productifs et souhaitables) offerts aux jeunes des deux sexes. Troisièmement, une plus grande ouverture des marchés de produits : les gouvernements peuvent favoriser le dynamisme des marchés en intensifiant la concurrence et en encourageant l’entrepreneuriat. Dans le monde entier, beaucoup trop de jeunes n’ont pas accès aux capitaux et aux crédits nécessaires au lancement de leur entreprise ou à son expansion si elle existe déjà. Une baisse des coûts de lancement d’une jeune pousse, un allègement des formalités administratives pour les entreprises et une plus grande ouverture aux marchés internationaux s’accompagnent d’une amélioration des résultats en matière d’emploi des jeunes et de leur qualité. Nos recherches montrent qu’une libéralisation des marchés de produits, faisant passer la réglementation du niveau moyen de l’Asie du Sud et de l’Est à celui de l’Amérique latine et des Caraïbes, ferait augmenter de 5 % le taux d’activité des jeunes hommes Il n’y a pas de temps à perdre Les objectifs de développement durable des Nations Unies pour 2030 privilégient deux piliers pour les jeunes : réduire sensiblement leur taux de chômage et veiller à ce que ceux qui ne font pas d’études aient des possibilités d’emplois productifs et tangibles. Nous pouvons constater qu’il reste un long chemin à parcourir, mais une voie existe pour y arriver. Le plus remarquable, et ce qui est plus rare en économie, est que les propositions de politique publique susceptibles d’aider les jeunes ne nécessitent pas d’arbitrage entre eux et leurs aînés. Elles bénéficient à tous et concourent à la croissance de l’économie d’un pays de façon saine et durable. Si nous faisons les bons choix maintenant, les avantages potentiels sont vraiment illimités. Par Christine Lagarde et John Bluedorn (DG du FMI et Economiste principal au département Europe de l’institut)