L’Afrique est confrontée à une pauvreté et à des difficultés économiques massives au nom de la lutte contre le changement climatique
TRIBUNE. Des organisations allant de la Banque mondiale à la Banque européenne d’investissement (BEI) ont cessé de soutenir la production de combustibles fossiles en Afrique dans l’espoir d’encourager la transition du pétrole, du gaz et du charbon vers des sources d’énergie durables telles que l’énergie éolienne et solaire. Aujourd’hui, on peut légitimement craindre que le soutien des investisseurs à la production de pétrole et de gaz ne diminue également. Blackrock, qui contrôle 7 000 milliards de dollars d’investissements, et la Royal Bank of Scotland ont déclaré qu’elles se détourneraient des investissements qui soutiennent la production de combustibles fossiles. La ferveur anti-combustibles fossiles se manifeste d’une manière qui peut paraître surprenante: la Banque d’Angleterre a été critiquée pour la présence d’une compagnie pétrolière au sein de son conseil d’administration. La pression vient également du continent africain. Des ONG du Kenya et de la région environnante, financées par l’Occident, ont récemment demandé à l’Union africaine de mettre un terme à l’utilisation du charbon et d’envisager l’abandon progressif de l’utilisation du pétrole et du gaz au cours des trois prochaines décennies, dans l’espoir d’éliminer les émissions qui contribuent au réchauffement de la planète. Je reconnais que le changement climatique doit être pris au sérieux, mais nous ne pouvons pas accepter des réponses à côté de la plaque. Nous ne devons pas priver notre continent des avantages considérables qu’il peut tirer de l’exploitation du pétrole et du gaz, qu’il s’agisse des opportunités économiques liées à la monétisation des ressources naturelles ou des initiatives d’importance cruciale liées à la transformation du gaz en électricité. Je n’appelle en aucun cas à l’arrêt des programmes d’énergie durable. Ils sont mis en œuvre et j’espère qu’il y en aura d’autres. Je dis simplement qu’il est trop tôt pour adopter une approche de type « ou bien, ou bien » à l’égard des sources d’énergie vertes et des combustibles fossiles. De plus, ce sont les Africains, et non des étrangers bien intentionnés, qui devraient déterminer le moment opportun pour éliminer progressivement les combustibles fossiles en Afrique, si tant est qu’ils le fassent un jour. Faire pression sur l’Afrique pour qu’elle agisse autrement est insultant, et ne vaut pas mieux que de nous envoyer de l’aide étrangère en partant du principe que les Africains sont incapables de se construire un avenir meilleur. Il est également hypocrite de la part de pays et de personnes qui bénéficient de la sécurité, d’une plus grande espérance de vie, du confort et des opportunités économiques associés à une énergie abondante et fiable de dire: « C’est fini, l’Afrique. Plus de combustibles fossiles pour vous. Les temps désespérés appellent des mesures désespérées ». Qu’en est-il du désespoir que vivent quotidiennement les quelque 600 000 Africains privés d’électricité? Est-il raisonnable de s’attendre à ce qu’ils attendent que les énergies vertes se développent alors que les réserves nationales de gaz naturel et de pétrole brut peuvent être exploitées pour produire de l’électricité et des combustibles de chauffage beaucoup plus rapidement? S’attaquer à la pauvreté énergétique Nous ne pouvons pas aller de l’avant avec l’élimination progressive des combustibles fossiles en Afrique avant de nous attaquer aux vastes étendues de notre continent qui vivent dans la pauvreté énergétique. Je suis tout à fait d’accord avec feu le secrétaire général de l’OPEP, Mohammed Barkindo, qui a déclaré dans son discours de 2021: « Les près d’un milliard de personnes dans le monde qui n’ont pas accès à l’électricité et les trois milliards qui n’ont pas accès à des combustibles modernes pour cuisiner ne sont pas de simples statistiques sur une page. Ce sont de vraies personnes…Personne ne doit être laissé pour compte ». Plus près de nous, plus des deux tiers de la population de l’Afrique subsaharienne, soit plus de 620 millions de personnes, n’ont pas accès à l’électricité. Ce qui est encore plus exaspérant, c’est que ce chiffre est susceptible d’augmenter. L’Agence internationale de l’énergie (AIE) prévoit que d’ici 2040, environ 75 % de l’Afrique subsaharienne n’aura pas accès à l’électricité. Pourquoi ? La croissance démographique dépasse de loin l’extension des infrastructures. Comme je l’ai écrit dans mon livre, « Une transition juste : Résorber la pauvreté énergétique grâce à un mix énergétique », vivre sans électricité est bien plus qu’un simple désagrément. Elle empêche les gens de bénéficier de soins de santé modernes et les expose à la pollution atmosphérique toxique causée par la combustion de combustibles dangereux à l’intérieur des habitations. Elle renforce également la pauvreté et contribue à la stagnation économique : Les entreprises, les usines et les écoles ont besoin d’électricité pour fonctionner et se développer. Je suis convaincu que l’une des meilleures chances pour notre continent d’éliminer la pauvreté énergétique est d’exploiter stratégiquement nos abondantes ressources en gaz naturel au lieu de l’exporter et de le brûler à la torche. En 2024, l’Afrique disposait de 503,3 billions de pieds cubes de réserves prouvées de gaz naturel. Le gaz naturel peut être utilisé pour la production d’électricité : Il est disponible, il produit moins d’émissions de dioxyde de carbone que le diesel, l’essence ou le charbon, et il est abordable. En fait, son prix a récemment baissé. De plus, le gaz naturel peut être intégré à l’énergie éolienne et solaire pour produire une énergie à la fois durable et fiable. La conversion du gaz en électricité nécessitera certes des efforts, qu’il s’agisse de la création d’accords commerciaux intra-africains mettant le gaz naturel à la disposition des pays qui en sont dépourvus ou de la coopération des producteurs d’électricité, mais elle représente pour les Africains un moyen tout à fait réalisable de relever l’un des plus grands défis auxquels le continent est confronté.En outre, la Namibie a été le théâtre de découvertes étonnantes par TotalEnergies, Shell et Galp Energia. La Mauritanie, le Sénégal, l’Ouganda, le Congo, le Mozambique, le Ghana, l’Angola et la Côte d’Ivoire sont les principaux bénéficiaires des investissements directs étrangers dans de nouveaux projets. Dans ce contexte, le moment est mal choisi pour arrêter la production et l’utilisation du gaz naturel en Afrique. C’est pourquoi l’African Energy Week est importante, car
Congo : Sassou, Collinet, Mokoki et Cie pointés du doigt dans divers crimes
TRIBUNE. Rien d’excessif ne transparaît dans l’intitulé de notre article si l’on essayait d’égrener le chapelet de maux que font subir les gouvernants congolais aux populations. On ne peut pas dire que la misère et la précarité qui sévissent au Congo Brazzaville, couplées à l’offre sanitaire désastreuse sont moins que des crimes, puisqu’elles mettent en péril la vie des citoyens. Beaucoup de Congolais meurent par manque de soins appropriés et du fait d’une paupérisation voulue et entretenue par le gouvernement Makosso et qui s’est exacerbée depuis bientôt cinq ans. Le venin de cette paupérisation a gagné toutes les structures de l’État, et ceux qui sont à la tête de ces structures s’accommodent allègrement de la mal gouvernance sans qu’ils en soient offusqués. Gérer une institution publique comme une épicerie familiale est devenu une habitude qui a élu domicile dans le logiciel mental de ces responsables. Ils se sont fourvoyés dans une inconscience notoire. Il va sans dire que le premier palier des crimes d’État est l’absence de structures adéquates de santé. La prise en charge médicale laisse à désirer. Que d’injustices! Les mieux nantis se font soigner à l’Étranger tandis que les pauvres sont voués à la mort. Les riches du Congo dont la fortune procède de détournements de deniers publics, peuvent se payer sans hésiter les services sanitaires de haut standing. On les connaît, ces voleurs et criminels de la république. Il suffit d’arpenter les rues et avenues de deux grandes villes pour se rendre compte à quel point fleurissent les villas. Dans les quartiers populaires où logent les citoyens lambda, plusieurs maisons s’écroulent du fait des inondations, mais sans faire sourciller. Faute de voirie, les caniveaux débordent. Les marigots communément appelés madukutsékélé, charrient les eaux remplies de détritus de toutes sortes. Le péril fécal en ajoute au manque d’hygiène, et les maladies entraînent de nombreux citoyens vers la mort. L’absence d’assainissement est un autre crime perpétré par M. Sassou et son gouvernement. Les malades qui s’adressent au Centre hospitalier universitaire de Brazzaville (CHUB) n’ont pas beaucoup de chance d’en sortir vivants. Pour cause, la gestion peu orthodoxe et le délabrement total de cette structure, en dehors de l’imagerie qui a été changée, ne rassurent pas. Il manque de tout dans cet hôpital : plateaux techniques fiables, matériel, réactifs, médicaments, ascenseurs, eau potable, sanitaires, etc. Le scandale de fin d’année s’est déroulé la semaine dernière où 90% du CHUB était plongé dans le noir du 20 au 22 décembre, Cela n’a choqué personne, ni les plus hautes autorités. Cela ne nous étonne pas, elles ont leur avion médicalisé prêt à décoller au moindre toussotement de l’une d’entre elles. Elles ne peuvent pas apporter de l’assistance aux citoyens malades.; c’est clair, une non assistance à personne en danger. Cela s’assimile ni plus ni moins à un crime en bande organisée. MM. Sassou, Collinet et Mokoki devraient répondre d’avoir nommé le retraité Alexis Raoul Thierry Gombet, directeur général du CHUB qui n’a pu organiser le service d’urgence du CHUB qu’il a dirigé pendant des années comme révélé au parlement. Pourquoi continuer à garder quelqu’un à la tête du CHUB alors que les services de sécurité, les syndicalistes, les médecins, les enquêtes parlementaires alertent sur l’incompétence et les détournements de fonds par ce dernier ? Malgré les aides et la subvention d’un milliard huit cents millions de fcfa par trimestre qu’il reçoit de l’État, ce directeur général n’arrive pas à payer, ni réactifs, ni médicaments pour soulager les malades. Pire, il attribue des marchés de gré à gré alors que cela est prohibé; il rémunère plus des membres de son cabinet qu’il a recruté que les médecins. La complaisance ou le silence des gouvernants au plus haut sommet est complice, digne de la mafia ou du crime. Parlant de crime, il sied de dire qu’il est devenu organique au Congo. Il s’apparente à un régal pour lesdits gouvernants qui ne se méprennent aucunement de porter le couteau à la gorge des citoyens, prêts à leur tailler la carotide. Au CHU, les morts se comptent chaque jour. Ils sont devenus des trophées de la chasse macabre à laquelle se livreraient MM. Sassou, Collinet et Mokoki. Plus il y a de morts, certainement, mieux ils se portent. Les hôpitaux du Congo sont devenus des mouroirs. Les gouvernants ne s’en offusquent pas. Tels des charognards, ils seraient à l’affût du moindre corps que les services sanitaires démunis envoient dans la chambre mortuaire. De même dans les grandes villes, comme nous l’avons souligné plus haut, malgré les cours d’eau et les moyens financiers injectés pour les grands travaux, des canalisations n’ont pas été construites pour évacuer les eaux usées. Jean Jacques Bouya, Rodrigues Ngouonimba, Gilbert Mokoki, Anatole Collinet Makosso et Denis Sassou Nguesso interrogent. Peut-on dire que la franc-maçonnerie à laquelle ils ont adhéré les rend aveugles et insouciants ou insensible devant la misère des populations ? Pourtant, les grands-maîtres des Loges maçonniques que nous avons rencontrés au cours de nos enquêtes en France, en Angleterre et récemment au Moyen Orient nous ont avoué que l’objet de la FM est l’amélioration des conditions de vie des citoyens et la gestion honnête de la cité. Si c’est cela, alors, le directeur général du CHUB, les gouvernants congolais ne sont ni Chrétiens ni Franc-maçons mais plutôt des syncrétistes. Ils ont trahi le serment. Par ailleurs, les articles 8, 36, 95 210, 211 de la constitution du 25 octobre 2015, la Loi n° 009/88 du 23/05/88 instituant un code de Santé, les décrets n° 84-290 du 26 mars 1984 portant création du conseil national de la santé et du développement social, le décret n° 2009-312 du 13 octobre 2009 relatif aux attributions du ministère de la santé et de la population, le décret n°2018-268 du 2 juillet 2018 portant organisation du ministère de la santé et de la population, culpabilisent les responsables politiques, administratifs et certains médecins. L’article 95 renforce cette position : « … La responsabilité pénale du Président de la République peut être engagée en cas de
Tchad/Changement climatique: 3,34 millions de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050
CLIMAT. « Jusqu’à 3,34 millions de personnes supplémentaires au Tchad pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050, du fait des chocs liés au changement climatique, si des mesures urgentes en matière d’adaptation ne sont pas mises en place », a prévenu la Banque mondiale. Dans le rapport national sur le climat et le développement (CCDR) pour les pays du G5 Sahel : Mauritanie, Burkina Faso, Mali, Niger et Tchad, l’institution internationale estime que les émissions combinées des pays du G5 Sahel ne dépassent pas 1% des émissions globales de gaz à effet de serre, mais il s’agit des pays parmi les plus vulnérables au changement climatique dans le monde. D’après le document, Les Contributions déterminées au niveau national (CDN) dans le cadre de l’Accord de Paris ainsi que les estimations du CCDR indiquent que les besoins de financement des pays du G5 Sahel en matière d’action climatique se chiffrent à plus de $30 milliards. Pour l’institution de Bretton Woods, « si aucune mesure n’est prise – à travers les six canaux d’impact identifiés dans la modélisation de l’analyse d’impact sur la croissance, le PIB annuel du Tchad pourrait diminuer de 4,2% à 10.5% du fait du changement climatique, respectivement selon les scénarios humides et secs ». Rasit Pertev, Représentant résident de la BM pour le Tchad: « L’économie du Tchad a plus que besoin d’être accompagnée dans ses efforts vers la diversification pour mieux résister aux chocs« . La situation est préoccupante d’autant plus que « l’économie du Tchad est confrontée à de multiples défis souvent interdépendants qui ont ralenti ou compromis sa croissance », comme le relève la Banque mondiale dans son dernier Mémorandum économique du Tchad (CEM) intitulé « Stimuler la croissance et réduire la vulnérabilité ». Economiste en chef et coordonnateur du programme croissance inclusive, finance et institution pour les pays du Sahel central, Fulbert Tchana Tchana est persuadé que « le Tchad gagnerait à urgemment mettre en œuvre des réformes fortes dans différents secteurs, y compris ceux du pétrole, des infrastructures, de l’éducation et de l’emploi, ainsi qu’à renforcer la sécurité et la résilience au changement climatique, afin d’enclencher les transformations structurelles qui permettront la transition économique du pays ». Adrien Thyg
La République centrafricaine peut sortir des millions d’habitants de la pauvreté en modernisant son secteur agricole
La République centrafricaine peut sortir des millions d’habitants de la pauvreté en transformant son secteur agricole vital, pour entraîner la croissance économique, rapporte la Banque mondiale dans la dernière édition de sa note sur la situation économique du pays. Près de 75 % des Centrafricains, en particulier les femmes, vivent de l’agriculture, essentiellement avec des emplois informels. Cependant, le secteur a été freiné au cours des dernières années par le manque d’investissement et de modernisation, ainsi que par la faiblesse des infrastructures, constate le rapport intitulé Se prémunir face aux risques croissants : apporter une réponse aux défis macro-budgétaires et libérer le potentiel du secteur agricole. Il est urgent de mettre en œuvre des réformes profondes et soutenues pour revitaliser le secteur agricole, qui contribue de manière significative à la réduction de la pauvreté, en particulier à l’heure où l’économie centrafricaine fait face à des crises multiples. La hausse des prix alimentaires et des carburants, la perturbation des chaînes d’approvisionnement, les troubles politiques entraînés par l’adoption de la loi sur les cryptomonnaies, ainsi que l’impact de la guerre en Ukraine ralentissent la croissance économique en RCA, avec des risques orientés à la baisse. « La RCA dispose d’abondantes terres arables et d’un climat favorable à l’agriculture et à l’élevage, » rappelle Guido Rurangwa, responsable des opérations de la Banque mondiale pour la République centrafricaine. « Une stratégie globale soutenue par des réformes concrètes, permettrait de libérer le potentiel du secteur agricole, de protéger les moyens de subsistance, d’accélérer la croissance, de créer de l’emploi, et d’améliorer les conditions de vie des Centrafricains ». Dans les années 2000 et 2010, un cycle d’instabilité politique a contribué à faire perdre au secteur une part de sa contribution à la croissance du PIB, passant de 55 % en 2011 à 32 % en 2020, alors que les récoltes, l’élevage, la foresterie, et la pêche enregistraient un déclin général de leurs productions. Au cours de la dernière décennie, les investissements publics dans l’agriculture représentaient en moyenne moins de 3 % de l’ensemble des dépenses du secteur public, un niveau bien en-deçà de la cible de 10 % fixée par le Programme détaillé pour le développement de l’agriculture africaine, une initiative à l’échelle du continent soutenue par l’Union africaine. Le rapport identifie cinq domaines prioritaires pour transformer le secteur agricole en un moteur pour la croissance et la prospérité en RCA : Le rapport souligne l’importance du rôle des femmes dans l’agriculture. Elles y représentent plus de 78 % de la main d’œuvre agricole en RCA. Leur autonomisation est essentielle au bien-être des familles et des communautés rurales et à la productivité économique globale, ainsi que pour améliorer la sécurité alimentaire et réduire la pauvreté.
Maroc. Les inégalités sociales, la pauvreté et la vulnérabilité s’accentuent
Les pouvoirs publics vont avoir fort à faire pour réduire les inégalités sociales, la pauvreté et la vulnérabilité dont l’ampleur est révélée ou plus tôt confirmée dans une récente étude réalisée par le Haut-commissariat au plan (HCP). Le premier enseignement tiré de cette étude, qui porte sur l’évaluation de l’impact de court terme des contextes de la pandémie de Covid-19 et du choc inflationniste sur la situation des inégalités sociales, confirme ce que l’on savait déjà ou presque : les effets induits par la pandémie de Covid-19 ont porté un sérieux coup au niveau de vie des ménages. Chiffres à l’appui, l’étude rapporte que sous les effets de la crise sanitaire, le niveau de vie des ménages a annuellement régressé de 2,2% entre 2019 et 2021, de 2% en milieu urbain et de 2,6% en milieu rural. Dans une note intitulée «Evolution des inégalités sociales dans un contexte marqué par les effets de la Covid-19 et de la hausse des prix», l’organisme public explique qu’entre octobre 2019 et décembre 2021, le niveau de vie moyen des ménages, mesuré par la dépense de consommation par tête en valeur nominale, a baissé de 20 400 DH à 20 040 DH au niveau national, de 24 620 DH à 24260 DH dans les villes et de 12 800 DH à 12 420 DH à la campagne. Selon la note, rendue publique récemment, « sur cette période, le niveau de vie des 20% des ménages les moins aisés a connu une baisse de 7.000 DH à 6.860 DH, soit une baisse annuelle moyenne de 2,3% en termes réels. Celui des 20% des ménages les plus aisés a chuté de 2,5%, passant de 47.780 DH à 46 620 DH ». Quant au niveau de vie des 60% des ménages intermédiaires, le Haut-commissariat constate qu’il a baissé de 15.730 DH à 15.570 DH, soit une baisse annuelle moyenne de 1,9%.Après analyse, il apparaît que « les ouvriers, les commerçants et les exploitants agricoles sont les plus touchés par les effets de la crise sanitaire», a souligné le HCP. Ainsi, selon la catégorie socioprofessionnelle des chefs de ménages, l’étude montre que le niveau de vie moyen a annuellement baissé de 3,6% pour les «Ouvriers non qualifiés», passant de 14.130 DH en 2019 à 13.440 DH en 2021; 3,6% pour les « Artisans et ouvriers qualifiés» (17850 à 16.970 DH); 2,8% pour les «Commerçants et les intermédiaires commerciaux» (19.920 DH à 19.270 DH); 2,4% pour les «Exploitants et ouvriers agricoles» (12.950 DH à 12.650 DH); 1,8% pour les «Responsables hiérarchiques et cadres supérieurs.Les conséquences de toutes ces variations sur la structure de consommation n’ont évidemment pas tardé à se manifester. En effet, sous les effets de la crise sanitaire, les ménages en sont venus à réduire fortement les dépenses allouées aux «Equipements et meubles de maison», lesquelles ont été marquées par une baisse, aux prix constants, à raison de 19,1% par an. Ils ont eu le même reflexe pour ce qui est des dépenses attribuées aux activités de loisirs qui ont également enregistré une baisse annuelle à deux chiffres, soit 14,3%, a souligné le HCP notant par ailleurs que cette tendance à la baisse s’établit à 5,9% pour les dépenses d’habillement, à 2,4% pour les dépenses alimentaires, à 2% pour les dépenses de transport. Dans sa note, le HCP relève que les dépenses allouées aux «Soins médicaux» et aux «Biens et services de communication» ont à contrario enregistré une hausse annuelle respectivement de 10,9% et 4,6%. D’après les explications de l’institution publique, « ce rebond est lié au surcoût de dépense des mesures de précaution pour lutter contre la propagation de la Covid-19 et à l’intensification des usages des technologies de communication depuis le début de la crise sanitaire». Quoi qu’il en soit, le Haut-commissariat note que le « repli du niveau de vie s’est traduit par une accentuation des inégalités sociales, de la pauvreté et de la vulnérabilité». En effet, «la part des dépenses afférentes aux 20% des ménages les plus aisés est passée de 46,1% au cours de la période d’avant-pandémie à 47,7% en 2021, contre une baisse de 7% à 6,5% pour les 20% des ménages les moins aisés». Autre constat, et non des moindres, sur la même période, il ressort que « les inégalités sociales ont connu une hausse de près de deux points de pourcentage, passant de 38,5% à 40,3% au niveau national, de 37,2% à 39,1% en milieu urbain et de 30,2% à 31,9% en milieu rural ». Ce n’est pas tout. Les contrecoups de la pandémie de Covid-19 sur le bien-être socioéconomique des ménages se sont traduits par une augmentation de l’incidence de la pauvreté absolue de 1,7% en 2019 à 3% en 2021 au niveau national, de 3,9% à 6,8% en milieu rural et de 0,5% à 1% en milieu urbain. Comme si cela ne suffisait pas, l’étude révèle, par ailleurs, que le taux de vulnérabilité a connu une importante hausse, passant de 7,3% en 2019 à 10% en 2021 au niveau national, de 11,9% à 17,4% en milieu rural et de 4,6% à 5,9% en milieu urbain. S’agissant des effets de l’inflation catégorielle sur le niveau de vie des ménages, l’étude montre que, de janvier à juillet 2022, les prix à la consommation ont augmenté plus vite et le taux d’inflation moyen, en glissement annuel, a atteint 5,5%, soit un niveau 5 fois supérieur à celui enregistré entre 2017 et 2021. Le Maroc se retrouve avec le niveau de pauvreté et de vulnérabilité monétaires de 2014 Selon une analyse des résultats de cette étude, «cette inflation moyenne cache des évolutions différenciées selon le milieu de résidence : la hausse des prix, en glissement annuel, a été en moyenne plus élevée pour les ménages ruraux (6,2%) que pour les ménages urbains (5,2%) », a-t-il estimé précisant que cette poussée inflationniste est essentiellement tirée par la hausse des prix des produits et services du quotidien, le transport et l’alimentaire.L’étude précise en outre que plus de la moitié de la hausse des prix (58%) est due à la composante «Produits alimentaires», 22%
Afrique: Il est temps d’exporter la pauvreté…
La formule paraît barbare à première vue mais elle est en réalité originale. Et c’est Aliko Dangote, l’homme d’affaires nigérian qui l’a utilisée donnant son avis sur le programme de la Banque Centrale du Nigeria (CBN). Il a exhorté tout récemment les opérateurs et banquiers de son pays à arrêter d’importer la pauvreté. “Il est temps d’exporter la pauvreté », a déclaré le PDG de Dangote Group en marge d’un séminaire de Zénith Bank tenu fin juillet à Lagos sur le potentiel des exportations non pétrolières. «Lorsque vous importez, vous importez la pauvreté dans votre pays… Lorsque vous exportez, vous créez des emplois ici et vous exportez la pauvreté vers eux. Tout ce que nous pouvons exporter, nous devons le faire », a-t-il dit avec insistance. Un pays qui décide de vivre sur les importations se tue à petit feu car il arrête la production locale pour vivre d’une économie extravertie. Dès lors que les politiques se décident de renflouer le pays de devises étrangères en produisant localement divers produits destinés à inonder le marché intérieur et à exporter la seconde partie aux marchés extérieurs, ils réduisent logiquement le chômage des classes ouvrières tout en obligeant les autres pays à vivre en dépendance de leur économie et en exportant la pauvreté à leurs acheteurs. À chaque dirigeant africain de résoudre cette équation! Par Germain Nzinga
Le Président de la Côte d’Ivoire Ouattara et le Président du FIDA, Gilbert Houngbo s’entretiendront des investissements dans la petite agriculture pour l’élimination de la faim et de la pauvreté
Alors que la COP 26 vient tout juste de s’achever et que les pays doivent continuer d’œuvrer pour favoriser le développement tout en prenant des mesures contre les changements climatiques, le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA), Gilbert F. Houngbo, se rendra en Côte d’Ivoire du 21 au 23 novembre pour des entretiens stratégiques avec le Président Alassane Ouattara et d’autres responsables gouvernementaux. Il rencontrera également des petits exploitants agricoles sur le terrain. Les changements climatiques, le renforcement de la résilience, la transformation du monde agricole et la prospérité rurale, l’établissement de partenariats stratégiques et les petits exploitants agricoles constitueront les thèmes principaux à l’ordre du jour. Bien que l’économie de la Côte d’Ivoire soit l’une des plus dynamiques du continent africain, la pauvreté continue de toucher la moitié des habitants des zones rurales. L’agriculture demeure la clé de voûte de l’économie, et le pays figure parmi les principaux producteurs mondiaux de nombreux produits agricoles (cacao, mangues, noix de kola, etc.). Les petits producteurs sont à l’origine d’au moins 75% de la production agricole totale; c’est pourquoi il est important de consacrer des investissements ciblés en faveur du renforcement de leur résilience climatique. En Côte d’Ivoire, comme dans l’ensemble de l’Afrique, les petits exploitants agricoles jouent un rôle clé dans la mise en œuvre de solutions efficaces face aux défis mondiaux. Il est primordial de réduire la pauvreté et d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des petits exploitants agricoles en soutenant des filières de produits de base qui ouvrent la possibilité d’accroître les revenus et de renforcer la résilience climatique et l’emploi dans les zones rurales. En ayant accès à des systèmes d’information météorologique, à des outils de préparation aux catastrophes, à des technologies et formations aux réseaux sociaux, à des terres, ainsi qu’à des techniques et des équipements de transformation à forte valeur ajoutée, les petits exploitants agricoles peuvent produire en quantité suffisante pour nourrir une population croissante et, dans le même temps, restaurer les écosystèmes dégradés et réduire l’empreinte carbone de l’agriculture. Tout cela nécessitera des investissements – du secteur public comme du secteur privé – en faveur des populations rurales les plus pauvres et les plus marginalisées. Houngbo s’entretiendra avec le Président de la République de Côte d’Ivoire, Alassane Ouattara; le Ministre d’État, Ministre de l’agriculture et du développement rural, Kobenan Kouassi Adjoumani; le Ministre de l’économie et des finances, Adama Coulibaly; le Ministre des ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré et le Ministre de l’environnement et du développement durable, Jean-Luc Assi. Les discussions porteront sur l’importance d’investir dans la résilience climatique pour atteindre les objectifs d’élimination de la faim et de la pauvreté dans le pays d’ici à 2030. Houngbo s’entretiendra également avec l’équipe pays des Nations Unies en Côte d’Ivoire pour examiner les progrès accomplis dans le cadre de la réforme des Nations Unies sur le terrain. Il rencontrera aussi le personnel du FIDA établi au Bureau régional du FIDA à la faveur du processus de décentralisation. Durant sa visite à Abidjan, Houngbo signera avec Jean Sansan Kambilé, Ministre de la justice et des droits de l’homme (au nom de Kandia Kamara, Ministre des affaires étrangères de la Côte d’Ivoire, de l’intégration africaine et de la diaspora), l’accord avec le pays hôte concernant le Bureau régional du FIDA. Le Bureau régional coordonnera la réalisation de toutes les interventions en Afrique de l’Ouest et du Centre, d’autant que le transfert des activités de Rome à Abidjan accroît la proximité entre le FIDA et ses bénéficiaires. La présence du FIDA dans la capitale ivoirienne contribuera à l’établissement de partenariats renforcés pour la transformation durable des systèmes alimentaires au profit des agricultrices et agriculteurs et d’habitants des zones rurales en général. Houngbo se rendra également à Divo, où il rencontrera les petits producteurs de cacao membres de l’Union des sociétés coopératives Kimbê (ECOOKIM), une alliance de 29 coopératives de producteurs de cacao, pour observer comment l’union ECOOKIM transforme leur vie et les difficultés auxquelles ils font face. ECOOKIM a bénéficié d’un prêt du Fonds d’investissement pour l’entrepreneuriat agricole, lancé par le FIDA, l’Union européenne, le Groupe des États d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique, le Luxembourg et l’Alliance pour une révolution verte en Afrique, afin d’apporter aux petits producteurs un appui sous la forme de microprêts et d’activités de formation aux meilleures pratiques agronomiques. ECOOKIM est la plus grande union qui aide ses membres à faire certifier leurs fèves de cacao. Elle utilise les primes résultant de la certification pour accroître l’accès à l’eau et à l’éducation, en construisant des pompes et des écoles dans les villages où les coopératives membres de l’union exercent leurs activités. Depuis 1984, le FIDA a participé au financement de 12 programmes et projets de développement rural en Côte d’Ivoire, en investissant 174,69 millions d’USD sur un coût total de 419,67 millions d’USD, dans l’intérêt direct de 585 500 ménages ruraux.
Le manque d’infrastructures numériques pourrait laisser des millions de familles rurales dans la pauvreté
Malgré une augmentation considérable du volume des fonds envoyés par les personnes migrantes vers leurs pays d’origine par des moyens numériques en raison de la pandémie de COVID-19, des millions de membres de leurs familles vivant en milieu rural peinent à accéder aux services bancaires mobiles qui pourraient les aider à sortir de la pauvreté. Le Président du Fonds international de développement agricole (FIDA) a demandé aujourd’hui que des fonds d’urgence soient investis dans les infrastructures numériques et les services mobiles des pays en développement afin que les familles rurales ne soient pas laissées pour compte. « Pendant la pandémie, les personnes migrantes ont montré qu’elles restaient déterminées à aider leurs familles et leurs communautés en utilisant plus que jamais auparavant les moyens numériques pour envoyer des fonds », a souligné Gilbert F. Houngbo, Président du FIDA, à l’occasion de la Journée internationale des envois de fonds à la famille. « Malheureusement, les familles vivant dans des zones rurales et reculées, où les envois de fonds sont cruciaux, accèdent difficilement aux guichets délivrant des espèces ou à d’autres solutions plus pratiques telles que les comptes d’argent mobile. Les pouvoirs publics et le secteur privé doivent investir de toute urgence dans les infrastructures numériques des zones rurales afin de remédier à ce problème. » L’année dernière, les envois de fonds par téléphonie mobile ont augmenté de 65% pour s’établir à 12,7 milliards d’USD. Cette hausse s’explique par l’abandon des espèces sous l’effet des mesures de confinement, qui ont limité le recours aux canaux informels, et des règles de distanciation physique imposées aux expéditeurs comme aux destinataires. Malgré la récession mondiale causée par la pandémie, les personnes migrantes ont continué d’envoyer de l’argent à leurs familles. En 2020, ces envois de fonds ont atteint 540 milliards d’USD, soit un montant inférieur de seulement 1,6% à celui enregistré l’année précédente. Toutefois, dans de nombreux pays, les habitants des zones rurales reculées n’ont que rarement accès à des services bancaires à l’échelle locale ou n’ont qu’un accès limité au réseau mobile. En outre, peu de prestataires proposent des services d’argent mobile comme le versement de transferts en espèces. Le plus souvent, on ne trouve ces prestataires que dans les centres urbains. Ainsi, des millions de personnes rurales pauvres doivent parcourir de grandes distances pour se rendre dans les villes, ce qui leur coûte souvent beaucoup d’argent, afin de recevoir les fonds envoyés par voie numérique par les membres de leurs familles qui ont émigré. Les virements numériques sont moins coûteux que les transferts traditionnels d’argent liquide, et les services d’argent mobile donnent également aux personnes migrantes et à leurs familles restées dans leurs pays d’origine la possibilité d’accéder à des produits financiers utiles et abordables qui leur permettent de mieux gérer leur argent, comme des services d’épargne, de prêt et d’assurance. À l’échelle mondiale, 200 millions de personnes migrantes envoient régulièrement de l’argent à 800 millions de proches. Ces fonds sont indispensables pour améliorer les conditions de vie et les moyens d’existence des destinataires. Près de la moitié de ces familles vivent dans les zones rurales de pays en développement, qui sont les plus touchées par la faim et la pauvreté. Les familles utilisent les fonds envoyés par les travailleurs migrants pour subvenir à leurs besoins essentiels, comme l’alimentation, le logement, l’éducation et les soins de santé, ainsi que pour lancer de petites entreprises. Ces ressources transforment souvent la vie des familles et des populations locales. « Si la pandémie a accéléré l’adoption des virements en ligne et des comptes d’argent mobile, elle a également mis en lumière l’omniprésence des inégalités femmes-hommes », explique Pedro de Vasconcelos, chef du Mécanisme de financement pour l’envoi de fonds du FIDA. « D’après les données dont nous disposons, la probabilité qu’une femme possède un compte d’argent mobile est de 33% inférieure à celle d’un homme. Nous devons nous atteler à combler cet écart en éliminant les obstacles qui empêchent les femmes d’obtenir et d’utiliser des services financiers mobiles. » Depuis mars 2020, le FIDA dirige le Groupe de travail de la communauté des envois de fonds, composé de 41 organisations internationales, organes intergouvernementaux, groupes sectoriels, acteurs du secteur privé et réseaux d’organisations de la diaspora, qui s’emploie à faire face aux effets qu’a la pandémie de COVID-19 sur le milliard de personnes directement concernées par les envois de fonds. Le Groupe de travail a formulé de nombreuses recommandations destinées aux secteurs public et privé et élaboré des mesures concrètes visant à stimuler le passage au numérique du marché des envois de fonds en vue de stimuler la reprise ainsi que la résilience des familles de migrants dans le monde entier. Dans le droit fil de ces mesures, le FIDA finance actuellement des solutions mobiles issues du secteur privé qui profiteront à plus d’un million de personnes rien qu’en Afrique de l’Ouest.