CICR/Libye : distribution de médicaments, de vivres, d’articles ménagers et de sacs mortuaires pour aider les milliers de personnes frappées par les violentes inondations

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s’apprête à distribuer des médicaments, des vivres, des sacs mortuaires, des trousses de premiers secours et des articles ménagers aux communautés sinistrées en Libye pour aider les milliers de familles qui en ont cruellement besoin après les inondations dévastatrices qui ont frappé le nord-est du pays. Le CICR a dépêché des équipes supplémentaires dans la région pour procéder à la distribution de l’aide humanitaire. Il a également renforcé son équipe d’experts forensiques basée à Benghazi et fourni 6000 sacs mortuaires aux autorités et au Croissant-Rouge libyen pour leur permettre d’assurer une gestion digne des corps des victimes. « Cette catastrophe a été soudaine et brutale. Une vague de sept mètres de haut s’est abattue sur Derna, emportant immeubles et infrastructures vers la mer. De nombreuses maisons ont été détruites et beaucoup de personnes sont encore portées disparues, tandis que des corps commencent à venir s’échouer sur le rivage. Les habitants de la ville ont subi un immense choc émotionnel », a indiqué Yann Fridez, chef de la délégation du CICR en Libye, dont une équipe se trouvait à Derna pour des projets micro-économiques en faveur des familles au moment où les eaux ont balayé la ville. Des sets d’ustensiles de cuisine, des matelas et des articles d’hygiène seront distribués à Derna dans les semaines à venir, en coopération avec le Croissant-Rouge libyen. Des médicaments seront également remis aux autorités et à la Société nationale ces prochains jours. L’accès aux zones touchées par les inondations est l’un des principaux défis pour les secours humanitaires, les routes ayant été détruites ou sérieusement endommagées. Le CICR s’emploie par ailleurs à évaluer les risques liés aux restes explosifs de guerre et aux dépôts de munitions abandonnés à Derna, une menace supplémentaire pour les habitants, les secouristes et les autorités qui s’efforcent de faire face à la situation. « Il est encourageant de voir qu’il y a un véritable esprit d’entraide entre la population et les autorités, qui unissent leurs efforts pour apporter toute l’assistance possible. Mais le chemin est encore long. Il faudra de nombreux mois, voire des années, pour que les habitants puissent se relever de dégâts d’une telle ampleur », a ajouté M. Fridez.

Taylan Süer, Directeur général de PMI Maghreb, livre ses perspectives pour la région 

Taylan Süer, Directeur général de PMI Maghreb, livre ses perspectives pour la région 

En prenant en charge la destinée de la filiale de Philip Morris International dans la région du Maghreb, en tant que Directeur Général, M. Süer s’est engagé à accélérer la transformation de PMI pour concrétiser le plus rapidement possible «la vision d’un avenir sans fumée » au Maroc, Algérie, Tunisie et Libye. Les premiers mois de son mandat se sont traduits par le positionnement du Maghreb en tant que l’un des hubs les plus influents dans la zone Afrique et Moyen Orient. L’objectif est de consolider une partie importante des activités de la région au niveau de la filiale Marocaine, afin d’accélérer la commercialisation responsable d’alternatives sans combustion sans fumée et moins nocives, dans le but de remplacer les cigarettes dès que possible. Dans ce sens, M. Taylan Süer a déclaré que « le Maghreb est l’une des régions prioritaires et parmi les plus importantes pour la transformation de Philip Morris International vers un avenir sans fumée. Mon objectif pour les années à venir, est d’accélérer l’implémentation de notre vision au Maghreb et offrir aux fumeurs adultes qui autrement continueraient à fumer, des alternatives à risque réduit en comparaison à la cigarette ». Fort d’une expérience de près de 20 ans au sein de PMI, M. Süer a occupé plusieurs postes clés tels que Directeur Général au Liban, Directeur Général Duty Free pour le Moyen-Orient et l’Afrique, et Directeur Général en Bosnie Herzégovine. Concernant son parcours académique, M. Süer est titulaire d’un diplôme en économie de l’Université Sabanci en Turquie, d’un Executive MBA de l’Université Koç et d’un diplôme exécutif de l’Université de Stanford. Construire un avenir sans fumée Philip Morris International (PMI) est une société internationale de tabac de premier plan qui œuvre pour un avenir sans fumée et qui fait évoluer son portefeuille à long terme pour y inclure des produits en dehors du secteur du tabac et de la nicotine. Le portefeuille actuel de produits de l’entreprise se compose principalement de cigarettes et de produits sans fumée, y compris des produits de tabac chauffé, de vapotage et des produits à base de nicotine orale. Depuis 2008, PMI a investi plus de 10,5 milliards USD pour développer, étayer scientifiquement et commercialiser des produits sans fumée innovants, pour les adultes qui autrement continueraient à fumer, dans le but de mettre fin à la vente de cigarettes. Cela comprend la mise en place de capacités scientifiques de niveau mondiale, notamment dans les domaines de la toxicologie, des systèmes précliniques, de la recherche clinique et comportementale, ainsi que des études post-commercialisation. En novembre 2022, PMI a acquis Swedish Match – un leader dans le domaine de l’administration de nicotine par voie orale – créant ainsi un champion mondial des produits sans-fumée, mené par les marques IQOS et ZYN des deux entreprises. La Food and Drug Administration (FDA) des États-Unis a autorisé la commercialisation des versions des dispositifs et consommables IQOS Platform 1 de PMI et le snus General de Swedish Match en tant que produits du tabac à risque modifié (Modified Risk Tobacco Products – MRTP). Au 31 Mars 2023, les produits sans fumée de PMI étaient disponibles à la vente sur 80 marchés, et PMI estime qu’environ 25,8 millions d’adultes dans le monde sont déjà passés à IQOS. Les produits ont représenté environ 35% du chiffre d’affaires net total de PMI. Forte d’une base solide et d’une grande expertise dans les sciences de la vie, PMI a annoncé en février 2021 son ambition de se développer dans les domaines du bien-être et des soins de santé et par le biais de sa filiale Vectura Fertin Pharma, vise à améliorer la vie en offrant des expériences de santé harmonieuses.

Des gisements massifs de pétrole et de gaz découverts en Afrique du Nord

La récente découverte pourrait transformer la Tunisie en un important producteur d’énergie en Afrique du Nord. Deux importants gisements de pétrole et de gaz ont en effet été découverts sur de vastes territoires de la Libye et de la Tunisie. Deux importants bassins de pétrole et de gaz couvrant de vastes zones s’étendant entre la Libye et la Tunisie ont été découverts, relate le Libya observer, citant un rapport de l’United States Geological Survey (USGS). Le premier gisement s’étend le long de la côte orientale tunisienne avec une plus petite partie se trouvant à terre et le reste au large de la côte. Il s’étend des rives de la ville de Bizerte et du golfe de Tunis jusqu’à la ville de Misrata en Libye. Un autre champ a été découvert dans le golfe de Sidra en Libye, au large de Syrte. La Tunisie, nouveau champion africain? Selon des estimations préliminaires, les réserves libyennes de pétrole et de gaz pourraient doubler à la suite de cette découverte, tandis que la Tunisie pourrait devenir un important producteur d’énergie en Afrique du Nord. Dans sa première évaluation de l’USGS, les gisements découverts contiennent un total de 4 milliards de barils de pétrole et 11 milliards de mètres cubes de gaz naturel, ce qui équivaut à 1,47 milliard de barils de gaz naturel liquéfié. En 2021, la Libye était le septième producteur de pétrole brut de l’OPEP et le troisième d’Afrique, après le Nigeria et l’Algérie, selon l’Energy Information Administration (EIA) des États-Unis. La Libye détient 3% des réserves mondiales prouvées de pétrole et 39% des réserves prouvées de l’Afrique. Les sous-sols tunisiens détiennent 650 millions de mètres cubes de réserves prouvées de gaz de schiste et 1,5 milliard de barils de ressources de pétrole de schiste techniquement récupérables, estime l’EIA. Retrouvez cet article sur Sputniknews

Crise libyenne : dernière ligne droite vers la tenue de la conférence de réconciliation inter-libyenne

Crise libyenne : dernière ligne droite vers la tenue de la conférence de réconciliation inter-libyenne

Tous les acteurs clés de la crise libyenne se sont accordés pour être autour de la même table depuis, le 08 janvier dernier à Tripoli, en Libye, lors de la réunion technique préparatoire du dialogue inter-libyen. Cette réunion technique préparatoire sur la conférence de réconciliation nationale inter-libyenne est perçue par bon nombre d’observateurs comme la dernière ligne droite vers ce rendez-vous majeur pour la Libye. Se tenant sous l’égide de l’Union africaine, cette réunion s’est ouverte par l’appel à la compréhension mutuelle, à la paix et à la réconciliation entre libyens, lancé depuis Brazzaville par le président du comité de haut niveau de l’Union africaine, Denis Sassou Nguesso. Son émissaire à cette réunion, le ministre congolais des Affaires étrangères, Jean Claude Gakosso, a appelé les acteurs politiques et les parties prenantes au conflit à transcender la rancœur. Il a exhorté les Libyens à saisir cette offre de l’union africaine tendant à ramener définitivement la paix dans le pays meurtri. Les participants à cette réunion qui sont appelés à préparer la conférence de réconciliation nationale inter-libyenne dans les moindres détails, se sont répartis en cinq sous commissions dès la première journée des travaux. Ils vont statuer, entre autres, sur le retour de la sécurité, la forme du gouvernement, la décentralisation et sur les questions de justice. Le mérite de cette réunion technique préparatoire aura été d’avoir rassemblé, pour la première fois, toutes les sensibilités libyennes aux revendications diamétralement opposées. Wilfrid LAWILLA

Libye. “Comme si les portes de l’enfer s’étaient ouvertes”

Libye. “Comme si les portes de l’enfer s’étaient ouvertes”

IMMIGRATION. Nous venons d’assister fin cette semaine à la 36e rencontre internationale Sant’Egidio organisée à Rome sous le thème “Le Cri de la Paix” et la plupart de participants sont restés sous le choc suite au témoignage très poignant de mademoiselle Esther, une jeune fille africaine, originaire de la région du Nigéria secouée par le Boko Haram et qui raconte l’enfer vécu dans les prisons de Libye. Ici l’Afrique se fait le bourreau de l’Afrique. L’africain prend un vilain plaisir à torturer son frère africain jusqu’à sa dernière énergie de résistance. Je vous invite donc à écouter le récit raconté de sa propre bouche. “Quand j’ai quitté mon pays, mon seul objectif était de me sauver. Il n’y avait pas de moyen légal pour partir, alors j’ai payé une connaissance qui m’a conduite en Libye. Le premier lieu où on m’a retenue a été la prison de Saba’a. C’est là que j’ai commencé à comprendre que j’étais en danger. Dans ce lieu il n y avait aucune sécurité. Nous étions traités sans humanité, comme des esclaves et personne ne pouvait nous aider. Au long de six années passées dans cette prison, j’ai été victime de violences de toutes sortes et de maltraitances. J’ai été enlevée, kidnappée et conduite au centre de détention de Tripoli. Nous étions un grand nombre de femmes. Nous dormions par terre. Il y avait très peu de nourriture. Bien souvent on ne recevait qu’un petit pain et de l’eau sale une fois par jour. Tant de fois nos bourreaux venaient prendre certaines d’entre nous pour les violenter et les torturer. On entendait leurs cris de torture qu’elles subissaient. C’était terrible. J’ai vu de filles mourir juste à côté de moi. J’avais tellement maigri et j’étais malade. Mes geôliers aussi se disaient que j’allais mourir et ont décidé de me jeter dehors. Quand certains d’entre nous ont eu la possibilité de partir en bateau, ils n’avaient en tête que la libération de ces tortures. Évidemment nous avions tous très peur de traverser la mer. Presque personne ne savait nager. Mais on était tous convaincu d’une chose : le risque de mourir en mer était préférable aux souffrances de camps de détention. À de tels moments j’ai supplié Dieu de me sauver et j’ai eu la grâce d’être inscrite sur la liste des couloirs humanitaires depuis la Libye. Et je suis arrivée à Rome depuis juillet dernier avec la communauté Sant’Egidio. Je ne sais vous décrire ma joie quand on m’a annoncé que j’allais partir de la Libye. C’est comme si la porte de l’enfer s’était ouverte et que je voyais un peu de lumière, les anges de Dieu ouvrir les portes de la prison. C’était le début du salut pour moi et pour tous ceux qui étaient embarqués avec moi. Je voyageais cette fois-ci avec des papiers d’identité, avec un visa, on m’a accueilli avec des fleurs et des sourires. Aujourd’hui je vis une vraie RÉSURRECTION et je rends grâce à mon Dieu et aux anges humains qu’il m’a envoyés pour me sauver.” Par Germain Nzinga

Libye. Le 20 octobre 2011 était assassiné le colonel Mouammar Kadhafi

Libye. Le 20 octobre 2011 était assassiné le colonel Mouammar Kadhafi

RETRO. Août 2011. Les négociations entre la Libye et l’OTAN semblent avancer, après un moment de tâtonnement. Pour la toute première fois, le départ du colonel Mouammar Kadhafi est évoqué par son propre camp et ne fait plus l’objet d’un doute. Le Guide quitterait non seulement le pouvoir, mais aussi le pays. Le président sud-africain Jacob Zuma aurait accepté d’accueillir le dirigeant libyen ainsi que sa famille, me confirma une source impliquée dans les négociations. Fin août 2020, l’épouse du Guide, Safia, sa fille Aïcha et ses fils Hannibal et Mohamed quittent la Libye pour l’Algérie. Une semaine plus tard, un convoi d’une dizaine de véhicules dans lequel se trouvent de hauts responsables du régime et un fils du Guide, Saadi, traverse la frontière du Niger, sous escorte de l’armée nigérienne. Restent le colonel et ses deux fils, Mouatassim et Saïf al-Islam, qui sont toujours en Libye. Courant octobre, un premier groupe d’une dizaine de mercenaires étrangers embauchés par une firme britannique non identifiée débarque en Libye, via Dubaï et Le Caire avec pour mission d’exfiltrer le colonel Kadhafi et ses proches du pays via le Niger. Ils sont rejoints peu de temps après par un autre groupe de dix-neuf mercenaires sud-africains blancs recrutés par une responsable de la même firme britannique résidant au Kenya. L’OTAN a donné son feu vert. Selon une source sud-africaine, le dernier contact entre le Guide libyen et l’Alliance a lieu quelques heures seulement avant le départ du dirigeant libyen. « Ils lui ont dit “vous pouvez vous en allez” » assure la source. Des avions sont positionnés à Johannesburg et à Sharjah, aux Émirats, pour aller chercher les mercenaires et leur « colis » libyen dès que la situation le permettra. Mais lorsque le convoi dans lequel se trouve le colonel Kadhafi, hissant le drapeau blanc de la trêve et de la capitulation, tente de quitter Syrte, au matin du 20 octobre, il est attaqué par un drone Predator et un Mirage 2000-D de l’OTAN. L’intention de tuer le dirigeant libyen et ses proches ne fait aucun doute. Kadhafi et une poignée de fidèles sortent miraculeusement indemnes de la frappe aérienne. Mais ils ne sont pas au bout de leur peine. Assiégés à coups de mitrailleuses et de mortiers, ils sont obligés de se réfugier dans deux maisons, abrités derrière des murs en béton. Avec un groupe de douze combattants, Mouatassim, blessé, décide d’aller faire du repérage pour tirer son père épuisé de ce mauvais pas. « Je vais essayer de vous sortir de là », lance-t-il à celui-ci. Ils ne se reverront plus. Le général Mansour Dhao, le chef de sécurité de Kadhafi, propose à son tour d’atteindre une ferme située à une centaine de mètres de l’autre côté de la route, en passant par un conduit souterrain d’irrigation. Avec sept gardes du corps, Kadhafi, Dhao et le ministre de la Défense Abou Bakr Younès Jaber ainsi que les deux fils de ce dernier tentent de gagner l’autre rive au pas de course, en passant par le gros tuyau de drainage agricole. Mais arrivés de l’autre côté, ils sont repérés presque immédiatement par les miliciens. Un des gardes du corps du Guide tente de les repousser en lançant plusieurs grenades, mais l’une d’elles rebondit sur un mur en béton et retombe au milieu du groupe et explose, blessant mortellement Abou Bakr Younès. Criblé d’éclats, Mansour Dhao perd connaissance tandis que Mouammar Kadhafi est blessé sur le côté gauche de la tête et saigne abondamment. Les miliciens de la katiba Tiger l’extirpent de sa cache, surpris de le trouver là, et se mettent à le lyncher. Les images du Guide libyen se faisant passer à tabac par les domestiques de l’OTAN, ensanglanté et plus tard exposé dans une chambre froide de Misrata comme un chien galeux, font le tour du monde. Le corps dénudé et sans vie du Guide déchu est fièrement exhibé dans les médias occidentaux comme un trophée. À ses côté, le corps de Mouatassim qui a lui aussi été capturé et tué comme son père. On apprit par la suite que le colonel Kadhafi avait été trahi puis « vendu » à l’OTAN par la firme britannique qui avait recruté les mercenaires censés le sortir de sa ville natale. Cette firme jouait en réalité le rôle d’agent double. Depuis la mort du colonel Kadhafi, la Libye démocratisée par les bombes de l’OTAN vit dans l’anarchie, pour ne pas dire le chaos. Par Patrick Mbeko

Libye : MSF appelle à faciliter l’évacuation des migrants les plus vulnérables

Libye : MSF appelle à faciliter l’évacuation des migrants les plus vulnérables

Médecins Sans Frontières (MSF) appelle les pays européens et nord-américains, entre autres, à même d’offrir une protection aux migrants bloqués en Libye, à accélérer de toute urgence l’évacuation des personnes les plus vulnérables qui vivent dans des conditions inhumaines dans le pays, à travers le renforcement des mécanismes existants et l’ouverture de voies de sortie alternatives. Depuis 2016 et le début de son intervention humanitaire auprès de personnes migrantes en Libye, MSF a été confrontée, de façon répétée, à l’impossibilité de les protéger, à l’intérieur comme à l’extérieur des centres de détention, et de garantir la continuité des soins pour celles et ceux qui présentent les troubles physiques et mentaux les plus graves, notamment les victimes de torture. « En Libye, la grande majorité des exilés sont victimes de détention arbitraire, de torture et de violences, y compris sexuelles. Leurs possibilités de protection physique et juridique y sont extrêmement limitées et fragiles. En conséquence, la route migratoire, très souvent mortelle, via la mer Méditerranée est parfois leur seule échappatoire », explique Claudia Lodesani, Responsable des programmes en Libye pour MSF.  « Nous pensons que les pays sûrs, notamment au sein de l’Union européenne, qui financent depuis des années les garde-côtes libyens et encouragent le retour forcé des migrants vers la Libye ont, au contraire, le devoir de faciliter la sortie et la protection, sur leur sol, de ces personnes victimes de violence ». MSF publie ce jour un rapport intitulé Out of Libya qui décrit la faiblesse des mécanismes de protection existants pour les personnes bloquées en Libye. Les rares voies de sortie légale vers des pays sûrs, mises en place par le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) et l’Organisation Internationale des Migrations (OIM) sont très lentes et restrictives. En effet, seules les personnes de neuf nationalités sont prises en compte pour l’enregistrement auprès du HCR, l’accès à ce service est quasiment inexistant en dehors de Tripoli et dans les centres de détention et le nombre de places dans les pays de destination est très limité. Ainsi, en 2021, seules 1 662 personnes ont pu quitter la Libye via les mécanismes de réinstallation du HCR sur environ 40 000 personnes inscrites, et environ 3 000 personnes via le programme de retour volontaire de l’OIM. Au total, on estime à 600 000 le nombre d’exilés présents dans le pays. Le rapport présente également des solutions alternatives, en particulier celles qui peuvent être mises en place par les organisations de secours et les gouvernements. En Italie, un corridor humanitaire a déjà été ouvert et permet la sortie d’un certain nombre de personnes en situation de grande vulnérabilité et ayant besoin de protection, notamment des patients de MSF en Libye. Ce type de mécanismes doit pouvoir être dupliqué dans d’autres pays sûrs. En France, des discussions sont ainsi en cours avec les autorités afin d’évacuer notamment des survivants de torture, de violence et de détention, ainsi que des personnes présentant de graves pathologies médicales. Ces personnes feraient l’objet d’un suivi spécifique de MSF à leur arrivée dans le pays d’accueil. « La prise en charge médicale de personnes détenues arbitrairement et indéfiniment, ou à risque de subir des violences systématiques, pose de nombreux dilemmes. Nos possibilités d’actions sont, de fait, limitées. Pour réellement protéger les personnes les plus vulnérables, il faut avant tout, et de toute urgence, les sortir du système de détention et du pays », explique Jérôme Tubiana, responsable de plaidoyer en Libye pour MSF. MSF est l’une des rares ONG internationales présentes en Libye. Elle y mène notamment des consultations dans des centres de détention et dans des logements de fortune qui abritent des personnes migrantes auxquelles MSF fournit des soins de santé primaire et un soutien psychosocial. L’association organise également les transferts des personnes plus gravement malades vers des hôpitaux et aide les exilés qui le souhaitent à s’enregistrer auprès des mécanismes de sortie du pays mis en place par le HCR et l’OIM.

Niger: MSF dénonce les traitements inhumains infligés aux migrants refoulés de l’Algérie et de la Libye

Niger: MSF dénonce les traitements inhumains infligés aux migrants refoulés de l’Algérie et de la Libye

De janvier à mai 2022, MSF a enregistré 14.196 migrants refoulés de l’Algérie, dont 6749 étrangers parmi lesquels 139 femmes, 30 mineurs filles et garçons. En moyenne, environ deux mille migrants sont mensuellement expulsés de l’Algérie et de la Libye, parmi lesquels on enregistre des blessés graves, des femmes victimes de viols, et des personnes souffrant d’importants traumatismes, abandonnées en plein désert à la frontière Algéro-nigerienne, au lieu-dit « Point Zéro », à 15 km de la ville d’Assamaka. Près de 70% des migrants ayant reçu une assistance médicale témoignent avoir subi des violences et toutes sortes d’actes dégradants de la part des gardes algériens et libyens. « La gravité des exactions commises sur les migrants est indiscutable. Les témoignages de nos patients et le constat de l’état de santé physique et mental dans lequel ils se trouvent en arrivant dans nos structures sanitaires prouvent que ces personnes ont vécu l’enfer au cours de leur expulsion des territoires Algériens et Libyens », affirme Jamal Mrrouch, Chef de mission de MSF au Niger. En 2021, 27 208 migrants qui essayaient de rejoindre l’Europe par la route de la Méditerranée ont été expulsés de l’Algérie dans des conditions inhumaines vers Assamaka à la frontière du Niger. En 2020, le nombre de refoulés était de 23.171, soit une hausse de 17,40%. Avec les initiatives impulsées par l’Union Européenne pour endiguer le phénomène migratoire, la route de la migration est devenue plus dangereuse, obligeant les migrants et passeurs à emprunter des couloirs excessivement dangereux dans le désert pour éviter les contrôles ; ce qui favorise davantage l’exploitation des migrants par les trafiquants. Du fait de leur statut de clandestins, leur accès aux services de base, y compris les soins de santé, devient très compliqué. Depuis 2018, les équipes de MSF organisent régulièrement des missions de sauvetage afin de secourir les migrants perdus ou abandonnés dans le désert. En soutenant plusieurs Centres de Santé Intégrés et cliniques mobiles dans la région d’Agadez, les équipes de MSF assurent des soins de santé gratuites, un appui psychosocial, des référencements pour les cas compliqués et des évacuations d’urgences. En 2021, plus de 47,000 consultations médicales ont été fournies, dont 34.276 consultations en santé mentale. Et un total de 38 corps sans vie de migrants ont été recensés entre 2020 et 2021. Face à cette situation préoccupante, MSF appelle les autorités régionales et leurs partenaires à trouver des réponses humaines, urgentes, adaptées et pérennes à la souffrance des migrants refoulés de l’Algérie et de la Libye dans le désert du Sahel. « Notre objectif n’est pas seulement de tirer la sonnette d’alarme sur la situation des migrants. En tant qu’acteur humanitaire et témoin de la terrible souffrance de milliers de migrants dans cette région du Sahel, c’est notre devoir de dénoncer ce drame humanitaire », explique Jamal Mrrouch. « C’est aussi de notre devoir de lancer un appel aux autorités concernées, à l’Union Européenne et aux partenaires humanitaires afin que des mesures immédiates soient prises pour le respect de la dignité humaine dans le contrôle des frontières. Nous ne pouvons plus continuer à simplement ignorer cette situation en pensant que le problème se résoudra de lui-même ».