Quatre mauvais souvenirs de Jonas SAVIMBI sur les officiels congolais

PARLONS-EN. Le monde entier se souvient ce 22 février 2023 de la mort du leader angolais Jonas Savimbi dit « il gallo nero » (le coq noir). La plupart d’analystes ont souvent abordé son action politique dans la confrontation directe de l’UNITA qu’il dirigeait contre le MPLA conduit sous la houlette d’Agostino Neto puis d’Edouardo Santos. La présente étude a choisi d’aborder la geste politico-militaire de ce leader angolais sous le prisme de ses accointances avec le régime du Maréchal Mobutu depuis ses heures de gloire jusqu’à sa chute qui ouvrira la porte à l’AFDL. Ce qui a attiré notre attention, c’est cette découverte d’après laquelle l’actuelle médiocrité des politiques congolais a plutôt une longue histoire et plonge ses racines dans le passé lointain de cette république à démocratiser. Pour bien l’illustrer, allons relever, dans les lignes qui suivent, les turpitudes des politiciens zaïrois/congolais qui ont laissé un goût amer à Jonas Savimbi. 1. L’étrange visite de la délégation de Likulia à Huambo En ce mois d’avril 1997, la crise politique bat son plein en Rdc (ex-Zaïre) et le régime du Maréchal Mobutu est en train de vaciller. Lubumbashi et Mbuji-Mayi, les deux poumons économiques de trésor public zaïrois sont tombés après Kivu, Goma, Kindu, Kisangani. La menace devient plus forte, se rapprochant tojjours davantage de Kinshasa, le siège du pouvoir. Le grand Léopard longtemps en soins médicaux en Suisse décide de regagner le pays pour remettre de l’ordre dans la boite. Contre toute attente de voir Mobutu respecter les accords de la CNS en remettant Etienne Tshisekedi à la primature, le maréchal élève, le 12 avril 1997, le général Likulia au rang de Premier Ministre en lieu et place de Kengo wa Ndondo. Ce nouveau nominé est ancien professeur de droit à la Faculté d’Aix-en-Provence et bénéficie de tous les soutiens du gouvernement français via le puissant réseau Pasqua. Soit dit en passant, cinq semaines plus tard, après la chute de Kinshasa, il sera accueilli dans l’ambassade française et celle-ci le fera fuir discrètement sur Brazzaville puis, lorsque les troubles éclateront dans la capitale congolaise, vers Paris, via l’opération Pélican. Fermons cette parenthèse. Dès sa nomination, le général Likulia tient à trouver une solution forte contre l’avancée des troupes de l’ADFDL en levant des décisions de haute portée stratégique. Primo, il maintient le général Mahele à son poste de chef d’État-Major général des FAZ et lui confie en outre le portefeuille de la Défense, malgré l’hostilité de Mobutu qui le sait être en intelligence avec l’ambassade américaine et les forces ennemies de l’AFDL. Secundo, il décide de prendre langue avec le leader de l’UNITA pour venir appuyer la Division Spéciale Présidentielle. Pour ce faire, le nouveau premier Ministre envoie une délégation d’officiers congolais à Huambo, le siège du pouvoir de l’UNITA pour solliciter aussi bien le soutien de ses troupes militaires que son expertise personnelle pour étudier ensemble comment stopper l’avancée des troupes de Kabila à Kenge. Jonas Savimbi qui a écouté attentivement le briefing de la délégation agrée quasi les deux demandes. Et au moment où il leur demande de déployer une carte opérationnelle pour mettre au point un plan de défense et d’attaque, il s’avise qu’aucun officier délégué chez lui ne fut en mesure de lui en fournir une. Jonas Savimbi contient sa déception par respect de son allié Mobutu. Au moment de congédier la délégation desdits officiers zaïrois, un des leurs demande au chef de l’UNITA de lui parler en aparté. Il lui sort alors des propositions concrètes du tout nouveau Premier Ministre pour pouvoir négocier le marché de diamants. Et chose ahurissante : ce négociant de diamant qui faisait partie de la délégation stratégique des officiers n’était point un militaire mais plutôt le fils propre du nouveau Premier Ministre, le général Likulia.[1] Celui-là même qui dans son discours de prise de pouvoir promettait de « gouverner autrement… de tenir compte dans la gestion de la chose publique de l’intérêt général (…), de s’ouvrir vers les couches les plus démunies (…), d’abolir toute stratification sociale(…), de bannir toute forme de privilège ou d’impunité, toute exclusion sociale. » [2] Savimbi broya du noir avec des officiers qui préparent une guerre sans aucune carte opérationnelle et avec un Chef de gouvernement qui au plus fort de la guerre qui a déjà conquis plus du 2/3 du territoire national a encore le culot de se préoccuper à faire son business personnel. 2. Les FAZ se mettent à tirer sur le contingent de l’Unita venu à leur rescousse… Dans les années 1990-97 qui ont fait suite à la fin de la guerre froide et à la disparition de deux blocs issus des accords de Yalta, il se déroule une véritable recomposition géopolitiques de l’Afrique centrale et australe. L’empire américain désormais l’unique puissance mondiale après la chute de l’ex-URSS trouve le moment propice pour imposer la Pax Americana reposant sur les deux socles ci-après: la sécurité internationale qui doit partir des USA puis le socle économique et financier chargé de placer le dollar au centre de l’économie du monde globalisé. Sans se douter que les deux socles sont appelés à s’alimenter intrinsèquement dans ce sens que toute la sécurité mondiale est désormais placée sous le service de la croissance de l’économie américaine. Comme je l’écrivais « l’objectif premier, c’est de se faire un Léviathan militaire pour pouvoir trouver la puissance économique d’administrer le système globalisé à partir de Washington »[3]. C’est également dans ce nouvel environnement géopolitique que l’administration Clinton décide de lancer le nouveau credo politique « Traid not aid » (le commerce et non l’assistance) en vue de lancer dès juin 1997 l’initiative africaine. La nouvelle politique yankee ne venait point soutenir le vent de démocratisation qui soufflait sur le continent africain depuis la conférence de La Baule tenue sous la houlette de François Mitterand. En réalité comme nous le fixeront Michel Collon et Grégoire Lalieu, « dans ces guerres yankees, ce n’est point l’Al Qaida qu’elles combattent mais la démocratie »[4]. Et cela se vérifiera dans la