Algérie : une nouvelle traque inhumaine des subsahariens
L’Algérie, grande donneuse de leçons en matière de Droits de l’Homme, devrait lire l’histoire et se rappeler qu’elle est aussi un pays d’immigration. Les responsables algériens viennent, une nouvelle fois, de procéder à l’arrestation de quelque 1400 ressortissants subsahariens dans la capitale. Ces frères à la peau noire ont été transportés jusqu’à Tamarasset, extrême Sud algérien, puis parqués dans des conditions inhumaines dans des camps de fortune, dans l’intention criminelle de les déporter vers les pays limitrophes. Inutile de parler des mauvais traitements qu’on leur a fait subir, à l’image de ceux que subissent leurs frères qui évoluent cachés en Algérie, en souhaitant de ne pas tomber entre les mains des services de police et de sécurité, conscient du sort qu’on leur réservera. Cette nouvelle chasse aux subsahariens, entamée le 1er décembre 2016, a suscité l’indignation à travers le monde, qu’il s’agisse des organisations des Droits de l’Homme, des médias internationaux ou toute personne sensible au sort qu’endurent les immigrants clandestins, particulièrement subsahariens, où qu’ils soient. L’excuse est encore plus grave que la faute ! en effet, face à ce tollé international, les responsables algériens n’ont rien trouvé de mieux que de mandater l’avocat en titre de l’Etat algérien et Président de la Ligue algérienne des Droits de l’Homme pour justifier cette opération ignoble qui porte atteinte aux Droits de l’Homme. Monsieur Farouk Ksentini a ainsi déclaré dans une interview au quotidien Essawt El Akher, et je le cite : « la présence des migrants et des réfugiés africains dans plusieurs localités du pays peut causer des problèmes aux algériens, notamment la propagation du SIDA et d’autres maladies sexuellement transmissibles. Ces maladies sont répandues par ces communautés africaines présentes en Algérie, d’où la décision des autorités algériennes de les expulser afin d’éviter une catastrophe ». Autre raison de cette chasse aux subsahariens, commanditée par les responsables algériens, celle fournie, le 07 décembre 2016, par la Présidente du Croissant Rouge Algérien, Saida Benhabylès, qui déclare dans un entretien au quotidien officiel « El Moujahid » que, et je la cite : » vu la promiscuité qu’il y a dans la capitale et qui pose des problèmes d’ordre sécuritaire, les pouvoirs publics ont décidé de « transférer les migrants dans le Sud où les conditions d’accueil sont meilleures ». Nous assistons aujourd’hui en Algérie à un scénario morbide qui rappelle l’horreur de certaines périodes sombres de l’Histoire, mais où cette fois, nos frères subsahariens sont la cible ; une période où l’Algérie est passée maître dans la traque inhumaine de ressortissants africains.