RDC/Prof Lohata Tambwe: Comment aller de l’avant dans un pays où la prédation est une pratique institutionnelle ?

TRIBUNE. « Sans un programme de socialisation des mœurs et de correction ou répression judiciaire contre la corruption ou les détournements, le Congo malheureusement se placera toujours en dernière position comme aujourd’hui », craint le Professeur Lohata Tambwe Okitokosa Paul-René dans une tribune à Pagesafrik.com C’est grave, lorsqu’on pense que les ambitions de croissance inhérentes aux investissements équivalent au développement. Le ministre de l’industrie invité sur Top Congo ce matin (jeudi 28 août, dnr), expose son argumentaire avec optimisme, en vantant des projets de long terme comme le faisaient les mobutistes, les kabilistes ou récemment les partisans de Fatshi. Ça nous rappelle l’épopée d’Inga et la révolution de la modernité ainsi que le programme de 100 jours. On connaît ce que les pratiques perverses ont fait ou font comme facteurs du sous-développement en RDC. D’un côté, les éléphants blancs et de l’autre, le Bokangalozo ou encore les préfabriqués pour les militaires, continuent à faire reculer le pays vers la paupérisation pire que celle vécue au 19ème siècle. Le ministre ignore que le premier obstacle au développement est anthropologique. Comment aller de l’avant, dans un pays où la prédation est une pratique institutionnelle ? Sans un programme de socialisation des mœurs et de correction ou répression judiciaire contre la corruption ou les détournements, le Congo malheureusement se placera toujours en dernière position comme aujourd’hui. Même après cent ans, on n’avancera jamais malgré les investissements et le discours officiel. Tenez, I ‘I G F vient de sauver une dizaine de jeeps destinées aux jeux de Francophonie soustraites par les gestionnaires de cette activité !!! L’accord avec Primira relève de la même logique. Dans ces conditions, même si on donnait à la RDC le budgets chinois ou américain en termes des recettes, tant que l’homme congolais en général (et le gestionnaire de l’État en particulier), ne deviendra pas normal, le sous-développement continuera à progresser au rythme géométrique. Professeur Lohata Tambwe Okitokosa Paul-René
IGF : Jules Alingete Key invite l’UE à changer son regard sur la RDC

ACTUALITE. Mardi 27 septembre, M. Jules Alingete Key, Inspecteur Général de l’IGF (Inspection Générale des Finances) en République Démocratique du Congo, s’est exprimé au Parlement Européen en Belgique sur la corruption et d’autres antivaleurs. Les services européens de l’action extérieure, conduits par l’ambassadeur Bernard Quintin, ont reçu le Chef de service à l’IGF qui leur a demandé d’adopter un regard positif sur la RDC au vu des efforts qu’elle a déployés dans la lutte contre la corruption et autres antivaleurs dans la gestion des biens publics et la transparence. Lors de ces échanges, quatre thèmes principaux ont été élaborés : l’état de la corruption en RDC en 2019, les stratégies et actions menées par la RDC depuis 2020 à ce jour, les résultats obtenus en termes de bonne gouvernance et de réduction de la corruption, ainsi que les perspectives d’avenir. Le Chef de service de l’IGF a ainsi présenté les avancées de la lutte contre la corruption en RDC grâce au contrôle a priori. Des délégués de l’Union européenne ont soutenu cette stratégie, affirmant qu’il s’agit du moyen le plus efficace pour assainir les finances publiques. Le Parlement européen est un forum de débat politique et de prise de décision au niveau de l’UE, où les électeurs de chaque État membre désignent des représentants chargés de défendre les intérêts de la population en matière de législation européenne. Au fil des ans et en raison de l’évolution des traités européens, le Parlement a acquis d’importants pouvoirs législatifs et budgétaires qui lui permettent de définir la direction que prend le projet européen. Par le biais de ce forum, le Parlement cherche ainsi à promouvoir la démocratie et les droits de l’homme tant en Europe que dans le monde. Jules Alingete a rencontré ces délégués dans l’espoir d’obtenir le soutien de la Commission européenne pour l’IGF. À l’issue de son audience, le Chef de service à l’IGF s’est adressé à la presse en déclarant : « Nous avons été agréablement surpris par tous les services européens d’apprendre que la Belgique et la France pratiquent le contrôle a priori depuis plus de trente ans. Ils ont été surpris qu’au Congo, cela ne fait qu’un an que nous sommes passés au contrôle a priori, que nous qualifions de patrouille financière. » Jules Alingete a de plus ajouté : « Selon l’Union européenne, le contrôle a priori est le moyen le plus efficace de lutter contre la corruption dans la gestion publique. L’UE nous a encouragés à mettre en œuvre ce contrôle préventif dans toutes les entreprises du portefeuille de l’État, les institutions publiques, les provinces, et même au niveau du pouvoir central. C’est une grande satisfaction pour nous et nous avons la promesse ferme de l’UE de nous accompagner dans la mise en place d’un contrôle a priori permanent dans la République Démocratique du Congo pour lutter efficacement contre la corruption. » Mercredi 28 septembre 2022, Jules Alingete était également invité au Parlement Fédéral belge pour discuter des progrès et des résultats obtenus dans la lutte contre la corruption en RDC. Ces deux interventions se tiennent juste après que Jules Alingete a reçu le prix Forbes Best of Africa pour la meilleure pratique anti-corruption, preuve évidente des efforts déployés par l’IGF pour exécuter la vision et l’initiative lancé par le Président Félix Antoine Tshisekedi afin d’établir une nation libre des antivaleurs telles que la corruption et le détournement des deniers publics.
RD Congo. Instant détente avec Koffi Olomide dans « Ligablo IGF »

RD Congo. Jules Alingete est-il réellement en porte-à-faux avec Félix Tshisekedi?

TRIBUNE. Cette semaine finissante a été riche en déclarations politiques. Tenez! En l’espace de trois jours, nous avons assisté à deux discours contradictoires du patron de l’IGF. Le mercredi 27 avril 2022 à Houston aux USA, Jules Alingete rassurait: « Je voulais vous rassurer que le Congo n’est pas un pays en guerre, il est vrai que le Congo connaît un petit problème d’insécurité mais cette insécurité se place à plus de 2500 km des institutions de la République, il s’agit en faite des groupes armés qui opèrent à la frontière de notre pays avec le Rwanda, une frontière riche en minerais particulièrement au Nord mais il ne s’agit pas d’une situation de guerre et cette insécurité est actuellement maîtrisée et quand vous arrivez à Kinshasa où à Lubumbashi, vous serez étonné de ne rien voir de ce que vous suivez dans les images comme insécurité au Congo. Le Congo est SAFE, très safe, soyez-en rassurés, nous n’avons PAS LA GUERRE AU CONGO « Ce samedi 30 avril 2022 le même fait un rétropédalage : « Je regrette et je partage la douleur de mes compatriotes de l’Est du pays qui souffrent des AFFRES DE LA GUERRE. Et je regrette que nos compatriotes aient été vexés, parce que nos propos ont été sortis de leur contexte ». QU’EN PENSER AU FINAL? 1. En faisant le déni de la vérité qui crève les yeux, Jules Alingete semble abonder dans le narratif de Paul Kagame qui clame devant qui veut l’entendre que dans la Région des Grands Lacs il règne la paix, la grande paix. Alingete fait donc là un précieux cadeau à Kagame car désormais le monde entier peut entendre de la bouche même d’un proche collaborateur du chef de l’Etat la version des faits imposée depuis par les officiels rwandais à l’opinion publique internationale. 2. Seulement voilà les faits sont têtus. Jules Alingete en donnant raison à Kagame se met publiquement en flagrante contradiction avec le président Tshisekedi qui a instauré l’ÉTAT DE SIÈGE au Nord Kivu et en Ituri; qui a déclaré tout récemment devant les deux chambres du parlement ne pouvoir pas bien remplir toutes les promesses électorales de son mandat à cause de la GUERRE qui frappe le pays ou encore, dans son speech vidéoconférence de ce matin de samedi 30 avril aux groupes armés réunis à Nairobi, disait très clairement: « En RDC, il y a de la place pour tout le monde. Nous ne devons pas nous faire LA GUERRE pour des questions de terre ou des communautés (…).” 3. A ceux qui depuis avant-hier défendent l’indéfendable en soutenant qu’on ne parle de guerre qu’en cas d’attaque ou de riposte d’une armée étrangère, faut-il expliquer encore et encore que la RDC est dans une GUERRE PERMANENTE depuis 1996. Trois de quatre dirigeants avec lesquels Félix Tshisekedi a siégé à Nairobi ont des armées sur le territoire congolais, destinées à semer la violence extrême pour pouvoir piller les richesses du Congo. 4. Le plus pathétique en tout ça, c’est de voir qu’aucun communiqué officiel de la Présidence n’est venu recadrer Jules Alingete mais c’est au contraire d’écouter ce matin le président congolais vouloir blanchir les tueurs et violeurs de nos frères et sœurs congolais. En leur tendant la main sans leur demander des comptes pour les crimes de guerre et des crimes contre l’Humanité commis contre les populations congolaises, en appelant “COMPATRIOTES” des militaires de nationalités étrangères vêtus en treillis de FARDC comme pour dire que ce qui se passe à l’Est est un conflit entre congolais et en leur rassurant qu’il y a de la place pour tout le monde, le gouvernement congolais ignore la gravité de son mode opératoire, car sans le savoir peut-être, il contribue à RENFORCER les positions ennemies dans leur plan d’envahir le pays, de l’infiltrer sur tous les échelons avant sa partition définitive. 5. Contrairement à ce que l’on puisse penser de l’apparente contradiction de discours entre le Chef de l’Etat et son haut fonctionnaire, en réalité les deux sont sur la même longueur d’onde. Faire le déni de la guerre en RDC et caresser les tueurs ou violeurs des congolais dans le sens du poil, cela veut dire la même chose au final, à savoir refuser de nommer le mal par son nom et servir de couverture officielle aux crimes des camps ennemis. Ça et là, la praxis politique reste la même, au grand dam des cris de désespoir des congolais! L’on sait d’avance que la guerre reprendra de plus belle après l’officialisation de la énième infiltration des institutions par des sujets de nationalités étrangères. Nous ne tirons aucune leçon de notre douloureux passé ! Par Germain Nzinga
RD Congo. Entre « diminuer » ou « éradiquer » la corruption : Les musiciens congolais interrogent l’IGF…

OPINION. Je me suis sérieusement interrogé sur le message que l’inspection générale des finances avait à dire à la rencontre qu’elle a convoquée avant-hier avec les musiciens congolais. Ma première hypothèse a été l’annonce de l’obligation de déclaration d’impôt de la part des artistes congolais. Mais je me suis trompé ! En écoutant le mot de clôture de Alingete qui cherche à faire des artistes congolais en tant que leaders d’opinion comme des collaborateurs directs de l’actuel chef de l’état dans sa lutte contre la corruption, j’ai simplement déchanté. En réalité nous sommes plutôt en pleine période de pré-campagne électorale présidentielle et chaque candidat fourbit déjà ses armes pour damer les pions aux adversaires. De mémoire d’homme, c’est la première fois dans l’histoire des nations que le ministère des finances puisse recourir aux artistes de son pays dans sa lutte contre la corruption au moment où il détient entre ses mains tous les instruments utiles pour s’imposer et imposer une nouvelle mentalité du respect absolu du Bien de l’Etat. De toutes les interventions des participants ayant fait suite à l’allocution de l’inspecteur général, c’est Félix Wazekwa qui a été à la hauteur du débat. Regardant droit l’inspecteur Alingete dans les yeux, il lui a dit : « Là où tu dis qu’on DIMINUE seulement la magouille, ça revient-il à dire que le gouvernement se sent impuissant à ÉRADIQUER cette corruption? Ça ça fait très mal. » Sans le savoir peut-être ce congolais a mis le doigt dans la plaie béante du mal congolais. Et lorsqu’il va continuer à parler au responsable de l’IGF en lui posant là question suivante : « Et pour ce qui regarde la construction des routes et les détournements y afférents, pourquoi ne pas surveiller PENDANT qu’ils font les travaux au lieu de venir faire le constat de vol d’argent quand c’est trop tard? », Félix Wazekwa ignore que la rétrocommission comme puissant levier de vol et de corruption du régime actuel s’est vu légitimé par le numéro un de ce pays dans son interview de septembre 2019 aux journalistes de TV 5 où, en réponse à la question lui posée sur les millions de dollars volés par Kamerhe, il avouait publiquement avoir récriminé contre l’inspecteur général des finances qui avait voulu s’arroger les compétences du procureur dans ce dossier de détournements de millions de dollars par son DirCab. De sa propre bouche donc, Félix-Antoine Tshisekedi a enchaîné cette phrase très illustrative de la gouvernance actuelle : « Ça ce n’est pas l’argent volé du trésor de l’Etat. Ce sont des rétro commissions. En lingala on appelle ça coop qui est le diminutif de coopération. Donc c’est ça. » Les nombreuses preuves sont là : Vital Kamerhe, Willy Bakonga, Eteni Longondo etc. accusés de détournements de millions de dollars sont libérés sans condition. Autant comprendre que la corruption est devenue un mal endémique et systémique qui a gangrené tout le tissu national et en a fait un mode de gouvernance. Depuis la deuxième république jusqu’à ce jour, la corruption va de mal en pis puisque le poisson pourrit par la tête. Aucun travail de sensibilisation des musiciens n’y pourra changer grand chose aussi longtemps que la justice congolaise ne travaillera pas en toute indépendance et que les tenants du pouvoir régalien ne se remettront pas eux-mêmes en question pour servir de vrai moteur de ce changement. Par Germain Nzinga