Le Bénin peut créer des opportunités pour une transition énergétique juste et une croissance verte inclusive

Le Bénin peut créer des opportunités pour une transition énergétique juste et une croissance verte inclusive

Si la forte croissance de la dernière décennie a permis au Bénin de réduire la pauvreté, les gains de développement du pays se trouvent menacés par l’impact des chocs climatiques, selon les conclusions du nouveau rapport national sur le climat et le développement du pays (CCDR), publié aujourd’hui (jeudi 7 décembre, Dnr). Des actions ambitieuses sont nécessaires à la promotion d’une croissance durable et inclusive, tirant profit des opportunités pour une meilleure gestion des forêts et des terres, des infrastructures urbaines résilientes ainsi qu’une transition énergétique permettant d’atteindre l’accès universel à l’électricité. Le Bénin affiche des taux d’émissions de gaz à effet de serre parmi les plus bas au monde, cependant le pays reste l’un des plus vulnérables au changement climatique, se plaçant 152e sur 181 pays au classement de la vulnérabilité extrême au climat. Les inondations sont de plus en plus sévères et posent des défis importants face à l’insuffisance de l’approvisionnement en eau, de l’assainissement, et des systèmes de collecte des déchets. En plus de la déforestation croissante, les 125 kilomètres de littoral du pays souffrent d’une érosion côtière sévère, qui devrait empirer si rien n’est fait. « L’enjeu soulevé par le rapport est de trouver comment concilier développement et défis liés au changement climatique afin de protéger les pauvres et les plus vulnérables, » souligne Nathalie Picarelli économiste senior à la Banque mondiale et auteure principale du rapport. « Notre rapport estime qu’entre un demi-million et jusqu’à 1 million de personnes supplémentaires pourraient basculer dans la pauvreté d’ici 2050 si aucune mesure d’adaptation n’est prise. » La vulnérabilité du Bénin au changement climatique est due en partie à une structure économique dépendante de l’agriculture et de l’emploi informel. Cependant, il y a lieu d’être optimiste si le pays s’oriente rapidement vers un développement économique résilient, en concentrant ses investissements et ses politiques sur l’adaptation aux risques liés au changement climatique. « Le Bénin a accompli d’importants progrès dans certaines zones de son littoral pour s’attaquer à l’érosion côtière, mais il reste encore du travail à accomplir car le pays enregistre l’un des taux d’érosion côtière les plus élevés du Golfe de Guinée, » rappelle Manuela Ravina da Silva, spécialiste de l’environnement à la Banque mondiale et co-auteure du rapport. « Il est également nécessaire d’investir davantage dans les mesures d’atténuation, notamment l’énergie renouvelable, d’étendre l’accès à l’électricité pour la population et de s’attaquer à la déforestation par le biais de systèmes d’occupation des sols durables. Les objectifs de reforestations du pays doivent aussi être atteints d’ici 2030. » L’adaptation au changement climatique exige un modèle de croissance résilient. Le gouvernement et le secteur privé doivent être mieux préparés à affronter le changement climatique — le développement d’institutions et de structures de gouvernance adaptées jouera un rôle crucial. Si tous les secteurs doivent devenir plus résilients, cette transformation s’avère particulièrement urgente pour l’agriculture et l’occupation des sols, l’aménagement urbain et les infrastructures de réseau, ainsi que le développement humain (éducation, santé). « Le programme de développement du Bénin est très ambitieux. Affronter le défi du changement climatique est nécessaire pour parvenir à une croissance inclusive. Les besoins de financement sont importants et exigeront une action coordonnée, des solutions de financement innovantes et une implication soutenue du secteur privé. Le rapport CCDR constitue un appel à l’action pour toutes les parties prenantes du développement au Bénin, » conclut Nestor Coffi, responsable des opérations de la Banque mondiale au Bénin.

L’Afrique est-elle prête pour la croissance verte ? Un nouveau rapport évalue le Gabon, le Kenya, le Maroc, le Mozambique, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie

L’Afrique est-elle prête pour la croissance verte ? Un nouveau rapport évalue le Gabon, le Kenya, le Maroc, le Mozambique, le Rwanda, le Sénégal et la Tunisie

Un nouveau rapport co-écrit par la Banque africaine de développement et l’Institut mondial pour la croissance verte, a trouvé des preuves d’un engagement politique croissant en faveur de la croissance verte en Afrique. Le rapport d’évaluation de l’état de préparation de l’Afrique à la croissance verte a été lancé mercredi lors d’une session en marge de la 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification, qui se tient à Abidjan du 9 au 20 mai. L’étude a porté sur une analyse approfondie dans sept pays : Gabon, Kenya, Maroc, Mozambique, Rwanda, Sénégal et Tunisie. Les résultats sont basés sur neuf dimensions stratégiques et opérationnelles, dont l’engagement politique, la planification, ainsi que le financement et la budgétisation. Les auteurs définissent la croissance verte comme « le moyen de promouvoir et de maximiser les opportunités de développement économique durable en renforçant la résilience et en gérant efficacement les ressources… » Al-Hamndou Dorsouma, directeur par intérim chargé du Changement climatique et de la Croissance verte à la Banque africaine de développement, a déclaré : « Ce rapport devrait stimuler un dialogue et un débat précieux sur les moyens de faire progresser l’action climatique et la croissance verte en Afrique. Pour la Banque, investir dans la croissance verte nécessite à la fois des interventions politiques et un financement adéquat, d’autant plus que les investissements dans la croissance verte exigent un financement initial important pour exploiter les solutions environnementales innovantes et les technologies propres. Il s’agit notamment de construire des économies résilientes et à faible émission de carbone, des villes intelligentes et durables, de rendre l’industrialisation plus verte et de construire des infrastructures résistantes au climat. » Directeur et responsable des programmes pour l’Afrique à l’Institut mondial pour la croissance verte, Dr Malle Fofana, a déclaré : « La prise de décision basée sur les données est fondamentale, notamment en ce qui concerne les questions liées au changement climatique. Ce rapport offre un large éventail d’opportunités et de recommandations pratiques qui aideront les dirigeants africains à jouer un rôle essentiel dans le soutien aux modèles de croissance verte. L’Institut mondial pour la croissance verte, en tant qu’organisation intergouvernementale, a pour mission de soutenir et de promouvoir une croissance économique forte, inclusive et durable dans les pays en développement et les économies émergentes. » L’évaluation a trouvé des preuves que les dirigeants africains défendent activement les objectifs de développement durable des Nations unies et mettent simultanément en œuvre les Contributions déterminées au niveau national, une composante de l’Accord de Paris sur le climat. En outre, le Kenya, le Maroc et la Tunisie ont inscrit les principes fondamentaux de la croissance verte, notamment le droit à un environnement propre et sûr et le droit des citoyens à la consultation, dans leur Constitution. Les gouvernements du Rwanda, du Kenya, du Maroc, du Sénégal et du Mozambique ont adopté des stratégies économiques de croissance verte et de résilience climatique. L’évaluation a révélé que les indicateurs restants laissaient plus de place à des améliorations : sectoriel, juridique et réglementaire, financier et budgétaire, recherche et développement, innovation, ressources humaines et capacités et enfin en suivi-évaluation.

Les progrès de la croissance verte traînent le pied

Les progrès de la croissance verte traînent le pied

Les progrès réalisés dans le domaine de la croissance verte seraient trop lents selon l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dont un nouveau rapport vient d’être publié dernièrement. « Beaucoup de pays utilisent avec plus d’efficacité qu’auparavant les ressources naturelles et les services environnementaux, et créent plus de richesse par unité de carbone émis, et d’énergie ou de matières premières consommées », a noté l’organisation internationale. Malgré cela, l’OCDE a constaté que les progrès sont trop lents soulignant que « si l’on tient compte du contenu des échanges internationaux en émissions, l’accroissement de la productivité environnementale est plus modeste ». A en croire l’OCDE, aucun des pays étudiés n’obtient des résultats satisfaisants dans toutes les dimensions de la croissance verte et la plupart d’entre eux n’ont pas encore complètement rompu le lien entre croissance économique, d’une part, et consommation d’énergie fossile et émissions polluantes, d’autre part. En effet, il ressort du rapport un constat : «Les avancées sont souvent insuffisantes pour préserver le capital naturel ou atténuer la pression exercée sur les écosystèmes et les services fournis par le milieu naturel, comme l’épuration de l’eau et la régulation du climat», a indiqué l’organisme dont le siège se situe à Paris. Comme le fait observer Simon Upton, directeur de l’environnement de l’OCDE, «des signes de croissance verte apparaissent, mais la plupart des pays ne progressent que sur un ou deux fronts, et guère sur les autres». Pour ce responsable, il est évident qu’il va falloir fournir davantage d’efforts pour améliorer cette situation. Il pense que « des efforts plus importants sont nécessaires à tous les niveaux pour sauvegarder les actifs naturels, réduire notre empreinte collective sur l’environnement et couper le lien entre croissance et pressions environnementales ». A noter que la publication « Green Growth Indicators 2017 » présente une sélection d’indicateurs actualisés et nouveaux qui illustrent les progrès réalisés par les pays de l’OCDE et du G20 depuis les années 1990. Ce livre « s’appuie sur une panoplie d’indicateurs allant de l’utilisation des terres à la productivité du CO2 en passant par l’innovation pour classer 46 pays en fonction de l’équilibre entre croissance économique et pressions sur l’environnement au cours de la période 1990‑2015», peut-on lire sur le site officiel de l’institution. Et selon ces indicateurs, seuls des pays comme le Danemark, l’Estonie, le Royaume‑Uni, l’Italie et la Slovaquie ont fait de réels progrès dans le domaine de la croissance verte depuis 2000. Signalons aussi que depuis 1990, tous les pays de l’OCDE et du G20 ont accru leur productivité globale corrigée de l’environnement (qui mesure la productivité économique en tenant compte des pressions telles que la pollution et l’utilisation des ressources naturelles). Selon le rapport, « la productivité du carbone (PIB par unité de CO2 émis) s’améliore, la moitié des 35 pays membres de l’OCDE « découplant » leurs émissions et leur croissance, ce qui signifie que leurs émissions n’augmentent plus parallèlement à leur expansion économique ». Il ressort de l’étude que la Suisse et la Suède affichent la productivité du carbone la plus élevée, la Slovaquie, la Lettonie et la Pologne ont réduit leurs émissions de CO2 alors que leur PIB grimpait. En revanche, l’OCDE a relevé dans son portail officiel que le bilan est plus nuancé lorsque les flux commerciaux sont pris en considération et si les émissions sont envisagées du point de vue de la consommation finale. La même source indique que « la plupart des pays de l’OCDE sont importateurs nets d’émissions de CO2, de sorte que, si l’on comptabilise le CO2 émis au stade de la production des biens et services à l’étranger, seuls 12 pays de l’OCDE ont découplé leurs émissions et leur PIB ».