Bank Al-Maghrib: Les perspectives économiques mondiales restent globalement défavorables

INTERNATIONAL. Selon une analyse de Bank Al-Maghrib (BAM), la banque centrale du Maroc, les perspectives économiques mondiales restent globalement défavorables. D’après les prévisions de l’institution, « au niveau des grandes économies avancées, la croissance ressortirait à 2,4% aux Etats-Unis cette année », a-t-elle estimé lors de son dernier Conseil trimestriel de l’année 2023. A en croire les experts de BAM, la croissance « devrait décélérer à mesure que l’effet de l’impulsion budgétaire s’estompe et que celui des conditions monétaires et financières restrictives se diffuse, revenant à 1,1% en 2024 avant de s’améliorer légèrement à 1,7% en 2025 ». En ce qui concerne la zone euro, l’organisme prévoit que « la croissance se limiterait à 1% en 2023 et à 0,9% en 2024, puis s’accélérerait à 1,9% en 2025 », en raison notamment de la reprise de la consommation et de l’investissement avec l’assouplissement monétaire prévu. Dans les principaux pays émergents, poursuit l’institution, l’économie chinoise croitrait de 5,2% en 2023 et à un rythme en deçà de 5% à moyen terme, alors qu’en Inde, le PIB progresserait de 6,7% en volume cette année, de 5,9% en 2024 et de 6,3% en 2025, porté par les investissements publics et la demande intérieure. Martin Kam
Maroc. Bank Al-Maghrib laisse de nouveau inchangé son taux directeur

Le taux directeur reste de nouveau inchangé à 3%. Bank Al-Maghrib en a ainsi décidé au terme de la quatrième et dernière réunion trimestrielle de son Conseil de l’année 2023 tenue mardi 19 à Rabat. Le Conseil, estime que « le niveau actuel du taux directeur reste approprié et favorise le retour de l’inflation à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix » et assure suivre de près l’évolution de la conjoncture économique et des pressions inflationnistes, tant au niveau national qu’international. La croissance de l’économie nationale devrait s’établir à 2,7% en 2023 et s’améliorer à 3,2% en 2024 puis à 3,4% en 2025 Cette décision, qui se base sur un ensemble de données, prend en compte notamment l’évolution de la conjoncture nationale et internationale, les projections macroéconomiques à moyen terme de la Banque, la nette atténuation des pressions inflationnistes à l’international, la baisse des prix de l’énergie ainsi que la décélération de la croissance économique qui continue de pâtir des tensions géopolitiques et de la montée des incertitudes. A propos des pressions inflationnistes, en particulier de l’inflation domestique, le Conseil a noté un ralentissement sensible qui devrait se poursuivre à moyen terme. L’inflation terminerait l’année avec une moyenne de 6,1% contre 6,6% en 2022 Il en veut pour preuve, « depuis le pic de 10,1% atteint en février dernier, l’inflation a décéléré progressivement pour revenir à 4,3% en octobre et terminerait l’année avec une moyenne de 6,1% contre 6,6% en 2022 », a-t-il fait remarquer dans un communiqué publié à l’issue de sa réunion. Concernant toujours l’inflation, le Conseil prévoit qu’elle devrait enregistrer une nette baisse pour se situer autour de 2,4% en 2024 et en 2025. Précisons toutefois que cette prévision prend en considération la dissipation prévue des pressions inflationnistes d’origine externe, des effets directs des mesures fiscales de la loi de Finances 2024 et du processus de décompensation graduelle prévu par la programmation budgétaire triennale 2024-2026, et dans l’hypothèse d’une quasi-stabilité des prix des produits alimentaires à prix volatils, comme cela a été souligné. A cette prévision s’ajoute celle de sa composante sous-jacente qui « connaîtrait une évolution similaire, passant de 6,6% en 2022 à 5,6% en 2023 puis s’atténuerait à 2,4% en 2024 et à 2,3% en 2025 », selon le Conseil. Tenant compte cette fois-ci d’une production céréalière de 55,1 millions de quintaux au titre de la campagne précédente, le Conseil prévoit une amélioration de 5% de la valeur ajoutée agricole au titre de cette année. Selon la Banque centrale, « elle augmenterait ensuite de 5,9% en 2024 et de 2% en 2025, sous l’hypothèse de productions céréalières moyennes de 70 millions de quintaux et de la poursuite de la performance tendancielle des autres cultures ». Pour les activités non agricoles, le rythme d’accroissement de leur valeur ajoutée devrait ressortir à 2,5% cette année, à 2,7% en 2024 avant de s’accélérer à 3,7% en 2025, Tiré par la reprise prévue dans les secteurs de l’industrie et du BTP, le rythme d’accroissement de la valeur ajoutée des activités non agricoles devrait ressortir à 2,5% cette année, à 2,7% en 2024 avant de s’accélérer à 3,7% en 2025. Ainsi, « après un taux de 1,3% enregistré en 2022, la croissance de l’économie nationale devrait s’établir à 2,7% cette année et s’améliorer graduellement à 3,2% en 2024 puis à 3,4% en 2025 », selon le Conseil. Sur le plan des comptes extérieurs, les échanges de biens devraient accuser une légère baisse en 2023 avant de reprendre leur hausse. En effet, après une contraction prévue de 2,6% cette année, les importations s’accroîtraient de 4,2% en 2024 et de 8,2% en 2025 ; tandis que les exportations seraient en quasi-stagnation en 2023. En parallèle, les recettes voyages poursuivraient leur amélioration avec une progression de 13,2% en 2023 à 106 milliards de dirhams, une quasi-stabilité en 2024 et une augmentation de 6,5% en 2025 à 112,4 milliards. Les transferts des MRE devraient de leur côté s’établir à 112,8 milliards de dirhams en 2023, contre 110,7 milliards en 2022, et atteindre 120 milliards en 2025 ; tandis que les recettes des IDE connaîtraient une baisse en 2023 pour avoisiner l’équivalent de 2,3% du PIB, avant de retrouver leur niveau tendanciel de 3% au cours des deux prochaines années. Ainsi, et tenant compte notamment des financements extérieurs réalisés et prévus du Trésor, les avoirs officiels de réserve de Bank Al-Maghrib se situeraient à 360,9 milliards de dirhams à la fin de cette année et de 2024 avant d’atteindre 372,1 milliards à fin 2025. Sur les conditions monétaires, le Conseil note que les taux débiteurs ont connu une nouvelle hausse trimestrielle de 10 points de base à 5,36% au troisième trimestre 2023, cumulant ainsi une augmentation de 112 points de base depuis le début du resserrement de la politique monétaire. Le besoin de liquidité des banques continuerait de se creuser pour s’établir à 92,6 milliards de dirhams à fin 2023 et atteindre 137,7 milliards en 2025; le crédit au secteur non financier devrait connaître une sensible décélération avec un rythme revenant de 7,9% en 2022 à 2,6% en 2023, avant de s’accélérer à 4,6% en 2024 tandis que le taux de change effectif réel afficherait une hausse de 0,8% en 2023, et poursuivrait son appréciation avec des taux de 1,1% en 2024 et de 0,6% en 2025. Au niveau des finances publiques, le Conseil prévoit que « le déficit budgétaire devrait se situer, selon les projections macroéconomiques de BAM, à 4,8% du PIB en 2023, à 4,5% en 2024 et à 3,9% en 2025 ». Alain Bouithy
Maroc. Bank Al-Maghrib met fin au statu quo en relevant son taux directeur à 2%

En réaction à une forte accélération de l’inflation, Bank Al-Maghrib a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base (pbs) à 2%. Il se situait jusqu’à récemment à 1,5%. Cette décision, à laquelle s’attendaient la totalité des investisseurs étrangers sondés en septembre dernier par Attijari Global Research (AGR) (alors que la plupart des institutionnels pronostiquaient une stabilisation), met ainsi fin au statu quo opté depuis juin 2020 par la Banque centrale. Elle vise à «prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et assurer les conditions d’un retour rapide à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix», a expliqué Bank Al-Maghrib à l’issue de la troisième session de l’année 2022 de son Conseil tenue mardi 27 à Rabat. Pour rappel, lors de sa première session de 2020 (mardi 17 mars), tenant compte des évaluations d’alors et de l’évolution de l’inflation à moyen terme, et dans l’objectif de soutenir l’activité économique, le Conseil avait décidé de réduire le taux directeur de 25 points de base à 2% tout en promettant de continuer à suivre de très près l’ensemble de ces évolutions. Un trimestre plus tard (mardi 16 juin), le Conseil de Bank Al-Maghrib avait cette fois-ci décidé de procéder à une deuxième réduction du taux directeur de 50 points de base, le ramenant à 1,5%, et de libérer intégralement le compte de réserve au profit des banques. Lequel taux est resté en vigueur jusqu’à la récente décision de BAM. Selon l’institution publique, qui assure continuer à suivre de près la conjoncture économique, tant au niveau national qu’international, et en particulier l’évolution des pressions inflationnistes, l’économie continue à ce jour de pâtir d’un environnement externe défavorable et des répercussions d’une sécheresse particulièrement sévère, avec une nette décélération de la croissance et une forte accélération de l’inflation. Et si l’inflation continue d’être alimentée par des pressions d’origine externe, la Banque centrale constate toutefois que «les dernières données disponibles montrent une large diffusion vers les prix des produits non échangeables». Ainsi, tenant compte de ses prévisions de juin, elle table désormais sur un niveau d’inflation nettement plus élevé en 2022, suivi d’un ralentissement moins marqué en 2023. Les données disponibles dénotent une diffusion de plus en plus large de la hausse des prix L’analyse des données relatives aux huit premiers mois de l’année montre que «l’inflation a poursuivi son accélération pour atteindre 8% en août après 7,7% en juillet, 6,3% en moyenne au deuxième trimestre et 4% au premier», a relevé BAM expliquant qu’elle est tirée essentiellement par le renchérissement des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants. L’organisme public en veut pour preuve : sur les 116 sections de biens et services qui composent le panier de référence de l’indice des prix à la consommation, 60,3% ont connu une augmentation de plus de 2% en août contre 42,2% en janvier. Tenant compte de ces évolutions, Bank Al-Maghrib anticipe désormais sur une accélération de l’inflation à 6,3% sur l’ensemble de l’année, contre 1,4% en 2021, avant de revenir à 2,4% en 2023. Selon ses projections, sa composante sous-jacente, portée par la hausse des prix des produits alimentaires qui y sont inclus, passerait de 1,7% à 6,3% en 2022 puis décélérerait à 2,5% en 2023. La croissance économique marquerait un net ralentissement cette année à 0,8% La Banque centrale est persuadée que la croissance économique marquerait un net ralentissement cette année à 0,8%, résultat d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles. Elle devrait, en revanche, s’accélérer à 3,6% en 2023 suite à la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. Tandis que les activités non agricoles continueraient en revanche de ralentir, leur rythme devant revenir à 2,5%. Selon les projections de BAM, la forte dynamique des échanges devrait se poursuivre cette année avec une hausse des exportations de 34%, tirée essentiellement par les ventes du phosphate et dérivés et celles du secteur automobile. Avec la baisse relative des cours du phosphate et dérivés, la Banque centrale s’attend à un recul des exportations de 1,1% en 2023 ; tandis que les importations diminueraient de 4,6%, en lien principalement avec les replis prévus des cours des produits pétroliers et des approvisionnements en blé. Par ailleurs, les recettes voyages connaîtraient une nette amélioration à 79,8 milliards de dirhams cette année et se stabiliseraient à ce niveau en 2023 ; les transferts des MRE devraient continuer de progresser pour totaliser près de 100 milliards de dirhams sur l’ensemble de l’année avant de revenir à 92,4 milliards en 2023 ; les recettes des IDE avoisineraient l’équivalent de 3,2% du PIB annuellement sur les deux prochaines années alors que les avoirs officiels de réserves s’établiraient à 343,7 milliards de dirhams à fin 2022 et à 360,7 milliards à fin 2023. « S’agissant du besoin de liquidité des banques, il se creuserait à 85,1 milliards de dirhams à fin 2022 et à 89,6 milliards à fin 2023 », selon les pronostics de BAM qui s’attend à ce que le crédit bancaire au secteur non financier augmente de 4% en 2022 et de 3,6% en 2023. Alain Bouithy