« Lettres à un jeune romancier sénégalais », d’Alain Mabanckou, le partage de mille vies

« Lettres à un jeune romancier sénégalais », d’Alain Mabanckou, le partage de mille vies

LIVRES. Alain Mabanckou est de ces écrivains qui, après l’isolement nécessaire à l’écriture de ses livres, savourent les rencontres avec le public. Il suffit de l’entendre narrer sa vie comme un conte, au point qu’il devient souvent difficile de distinguer – mais c’est là tout son charme – ce qui procède chez lui de l’expérience véritable de ce qui est invention pure, pour comprendre à quel point l’auteur aime partager. Lettres à un jeune romancier sénégalais, son nouvel ouvrage, se propose ainsi comme une invitation au partage. Il s’y défend d’emblée de vouloir « dresser un catalogue qui serait une sorte de feuille de route pour quiconque aspirerait à devenir écrivain ». Pour l’écrivain congolais né en 1966 et qui, cette année, peut revendiquer trente ans d’édition, l’idée consiste plutôt en un échange fraternel avec des frères et sœurs auteurs potentiels et désireux comme il le fut d’accéder un jour à la publication… Lire la suite sur LeMonde

Congo. Lu pour vous

Congo. Lu pour vous

LIVRE. Durant cette rentrée littéraire 2022, l’on ne pourra se passer de l’intéressant nouveau roman d’Alain Mabanckou au titre évocateur « Le commerce des allongés » publié tout récemment aux éditions du Seuil. Le roman emprunte le style d’une fable dont le héros central est un jeune homme nommé Liwa Ekimakingaï qui a passé son enfance mais continue adulte à habiter chez sa grand-mère, Mâ Lembé, car sa mère, Albertine, est morte en lui donnant la vie. Il est employé comme cuisinier à l’hôtel Victory Palace de Pointe-Noire. Et il attend de rencontrer désespérément l’amour. Un soir de 15 août où l’on fête l’indépendance du pays, il réunit ses plus beaux atours à peine achetés l’après-midi, et assez extravagants, pour aller en boîte. Au bord de la piste de danse, la belle Adeline semble inatteignable. Pourtant, elle accepte ses avances, sans toutefois se compromettre. Elle signera sa fin… Le roman est une remontée dans la vie et les dernières heures du jeune homme, qui assiste à sa propre veillée funèbre de quatre jours et à son enterrement. Aussitôt enseveli, il ressort de sa tombe. Pour se venger ? En toile de fond, la ville de Pointe-Noire et ses cimetières – en particulier le Cimetière des Riches, où tout le monde rêverait d’avoir une sépulture mais où les places sont très chères, et celui dit Frère-Lachaise, pour le tout-venant dont Liwa fait partie. Ce grand roman social est une fresque de la vie sociale et politique qui brosse le tableau du rapport que les africains entretiennent avec la mort. Dans cet univers noir, la mort et la vie de côtoient. Et la vie elle-même n’est plus l’apothéose de l’existence, loin de là ! C’est plutôt l’autre vie qui est derrière, de l’autre côté, qui est la meilleure. Parmi les nombreuses publications d’Alain Mabackou, ce nouveau roman semble être le plus féminin. Il valorise la figure de la femme africaine à travers la mère qui a donné sa propre vie pour pouvoir en donner une à son nouveau-né, la grand-mère qui en dépit de son âge avancé prend soin de son petit-fils resté orphelin ou encore la mise en exergue de la figure de cette femme Kimpa Vita qui est appelée la Jeanne d’Arc de l’histoire congolaise parce qu’elle fut brûlée pour ses convictions. La même fresque féminine pousse les frontières de sa fiction jusqu’au courage et à la détermination de ces femmes qui tiennent le marché de Pointe-Noire pour nourrir riches et pauvres, la nation tout entière tout comme leurs humbles foyers. Au-delà du débat suscité par l’auteur Alain Mabanckou sur la fatalité universelle pour quiconque de finir « allongé » ou sur l’intuition romanesque de pouvoir être « ressuscité » du tombeau, c’est à travers la possibilité ou non d’être enseveli dans un cimetière des riches ou dans celui des pauvres que ce roman prend le mérite de révéler l’existence en Afrique de la lutte des classes sociales qui marque la vie quotidienne des vivants et se poursuit jusque dans le royaume des morts, où ceux-ci sont d’ailleurs étrangement vivants. Je vous en conseille vivement la lecture! Par Germain Nzinga

Rencontres avec Alain Mabanckou à l’Auditorium de l’IF de Tunisie et à l’Institut national du patrimoine

Rencontres avec Alain Mabanckou à l’Auditorium de l’IF de Tunisie et à l’Institut national du patrimoine

Pour sa nouvelle rentrée littéraire, l’Institut français de Tunisie propose une rencontre exceptionnelle avec Alain Mabanckou, penseur universel à la plume originale et engagée, autour de son actualité littéraire « Les cigognes sont immortelles » (Éditions Le seuil, 2018). La rencontre, qui aura lieu mercredi 11 septembre à 18h30 à l’Auditorium de l’Institut français de Tunisie (entrée libre / Tout public), est organisée avec la complicité de la Librairie Clairefontaine. Elle sera animée par Hatem Bourial. L’écrivain d’origine congolaise est également attendue à une deuxième rencontre prévue jeudi 12 septembre à 19h à l’Institut national du patrimoine (Entrée Libre). Il s’agit d’une conférence autour du thème « Repenser la francophonie » Considéré à juste titre comme un des grands noms de la littérature du monde, Alain Mabanckou a reçu, il y a vingt ans, le « Grand prix littéraire d’Afrique noire » pour son premier roman Bleu, Blanc, Rouge (Présence Africaine, 1998). Mais, comme le rappelle l’If de Tunisie, c’est avec son cinquième roman Verre cassé (Seuil, 2005) qu’il s’est imposé comme le chef de file incontestable de la nouvelle génération de romanciers africains. Avec plus de 17 précieux prix internationaux à son palmarès, l’écrivain Alain Mabanckou est Officier des Arts et Lettres depuis 2016. Il a été fait et Chevalier de la légion d’honneur par décret du Président de la République française en 2010. Adrien Thyg

NBA: Alain Mabanckou salue la victoire des Raptors de Serge Ibaka et Pascal Siakam

NBA: Alain Mabanckou salue la victoire des Raptors de Serge Ibaka et Pascal Siakam

Dans un message posté sur sa page Facebook, l’écrivain congolais Alain Mabanckou a salué la victoire des « Raptors — l’équipe de basket de Toronto — qui deviennent la première franchise non états-unienne championne de la NBA ». « Ma joie est d’autant plus immense que l’équipe en question compte deux ressortissants de l’Afrique centrale : le Camerounais Pascal Siakam et le Congolais de Brazzaville Serge Ibaka », s’est-il réjoui. « A ma connaissance c’est la première fois que des basketteurs venus du Cameroun et du Congo-Brazza atteignent ce couronnement historique », a-t-il ajouté avant de conclure par un « Bravo Champions du monde !!! » Adrien Thyg

Triste anniversaire*

Triste anniversaire*

Triste anniversaire. Le 15 juin 2016 le général Jean-Marie Michel Mokoko, candidat à l’élection présidentielle du Congo-Brazzaville a été arrêté par les autorités congolaises et purge une peine de vingt ans de prison. Une occasion de réaffirmer mon vœu le plus cher : celui d’une Afrique émancipée et éloignée de la pratique des arrestations arbitraires très courantes dans le Bassin du Congo. Mes pensées à cet homme de grande envergure. Alain Mabanckou (Fb) *titre DNR

Alain Mabanckou : Le présent de la jeunesse africaine est cabossé, son avenir est en déliquescence

Alain Mabanckou : Le présent de la jeunesse africaine est cabossé, son avenir est en déliquescence

Dans un entretien accordé à nos confrères de La libre Afrique, Alain Mabanckou a déclaré que le rôle de l’écrivain n’est pas de tourner le dos à la jeunesse africaine. « Si on va vers eux et qu’on leur montre l’exemple, ils vont le suivre. Ils veulent devenir des écrivains, des gens qui parlent de la liberté. C’est à nous de leur offrir des pistes pour leur avenir. Ils ont besoin de lire les histoires de gens qui réussissent… », a estimé l’écrivain franco-congolais. Evoquant sa mobilisation sur twitter avec le hashtag #RevolutionBassinDuCongo, il a reconnu que les jeunes africain lui a ouvert les yeux et interpellé, expliquant que « via twitter et Facebook, ils m’écrivaient. Ils m’ont dit qu’il n’était pas normal qu’ils aient un grand frère qui dispose d’une plateforme pour s’exprimer et qui ne dise pas les choses telles qu’elles sont sur la place publique. J’ai suivi le courant, aussi ». Pour Alain Mabanckou, il est tout à fait justifié qu’il puisse redonner ce qu’on lui a donné. En ce sens, « j’ai eu la chance de grandir à une période où on pouvait aller à l’école, passer ses examens et éventuellement venir en Europe pour poursuivre ses études. Eux, ils n’ont pas cette chance. Donc c’est à moi de sacrifier de mon temps et ma réputation pour venir à leur rescousse », a–t-il expliqué. C’est ainsi que fut créé le hashtag #RevolutionBassinDuCongo qui « convoque une certaine liberté dans les pays du bassin du Congo : au Gabon, au Congo-Brazzaville, en Centrafrique, en RDC, en Angola, etc. », a poursuivi l’écrivain. Dans cet entretien, l’écrivain a affirmé également avoir rencontré quelques-uns de ces jeunes lors de ses voyages en Afrique : au Sénégal, en Afrique du Sud, au Zimbabwe, dans le Maghreb et au Congo, quand il avait encore l’autorisation d’y aller… « J’y ai croisé des lycéens et des collégiens et j’ai pu sentir la température. Ce qui manquait à ces jeunes, c’est une définition de leur présent. Leur présent est cabossé et leur avenir est en déliquescence. La pauvreté est partout. Les régimes dictatoriaux ne leur permettent pas de s’exprimer », a confié l’auteur au site belge. Enfin, l’écrivain a estimé que « notre rôle n’est pas d’être des écrivains qui soient contents des honneurs et des prix littéraires que le système leur offre et qui tournent le dos à ces jeunes ».

Alain Mabanckou à E. Macron : la Francophonie «institutionnelle» n’a jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques

Alain Mabanckou à E. Macron : la Francophonie «institutionnelle» n’a jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques

L’écrivain Alain Mabanckou ne contribuera aux « travaux de réflexion » que le président français Emmanuel Macron souhaite « engager autour de la langue française et de la Francophonie ». Dans une lettre ouverte adressée au chef de l’Etat français, l’auteur de « Verre cassé » et «Mémoires de Porc-Epic» (prix Renaudot 2006) a estimé qu’en raison des tares que charrie la Francophonie actuelle – en particulier les accointances avec les dirigeants des républiques bananières qui décapitent les rêves de la jeunesse africaine – qu’il ne participerait pas à ce projet. « J’ai le regret, tout en vous priant d’agréer l’expression de ma haute considération, de vous signifier, Monsieur le Président, que je ne participerai pas à ce projet », a-t-il écrit. Dans sa lettre, Alain Mabanckou a rappelé aussi que « le grand reproche qu’on adresse à la Francophonie «institutionnelle» est qu’elle n’a jamais pointé du doigt en Afrique les régimes autocratiques, les élections truquées, le manque de liberté d’expression, tout cela orchestré par des monarques qui s’expriment et assujettissent leurs populations en français? » L’écrivain, qui est aussi l’auteur de «Lumières de Pointe-Noire», estime que « ces despotes s’accrochent au pouvoir en bidouillant les constitutions (rédigées en français) sans pour autant susciter l’indignation de tous les gouvernements qui ont précédé votre arrivée à la tête de l’Etat ».