Abebe Aemro Sélassié: le Cameroun a considérablement contribué à reconstituer les réserves de la BEAC

Abebe Aemro Sélassié: le Cameroun a considérablement contribué à reconstituer les réserves de la BEAC

Il est essentiel que le Cameroun continue de jouer un rôle de chef de file en poursuivant la consolidation budgétaire pour assurer le succès de la stratégie régionale de la CEMAC, a estimé Abebe Aemro Sélassié, directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI). « Le programme de réformes économiques et financières du Cameroun qui est appuyé par l’accord conclu avec le FMI au titre de la facilité élargie de crédit a considérablement contribué à reconstituer les réserves de la BEAC, en dépit d’un rééquilibrage budgétaire moins prononcé que prévu en 2017 », a-t-il déclaré dernièrement à l’issue de sa visite à Yaoundé au Cameroun, les 4 et 5 juillet 2018. Grâce à la mise en œuvre déterminée du budget 2018 révisé et à des mesures visant à mieux maîtriser les dépenses, Abebe Aemro Sélassié a dit être convaincu que le Cameroun continuera de montrer la voie à suivre. « À terme, il sera important de continuer à élargir l’assiette des recettes non pétrolières, notamment en réduisant les exonérations fiscales, et à améliorer la qualité des dépenses afin de créer un espace budgétaire pour les dépenses sociales et les investissements prioritaires, tout en préservant la viabilité de la dette », a-t-il ajouté. A noter que lors de son séjour, Abebe Aemro Sélassié a rencontré le Comité ministériel de l’Union monétaire de l’Afrique centrale (UMAC), l’occasion de faire le bilan de la mise en œuvre de la stratégie régionale et d’examiner les problèmes que la région continue de rencontrer. Félicitant les autorités nationales et régionales de leurs efforts soutenus, qui ont contribué à une forte baisse des déséquilibres budgétaires et extérieurs, ainsi qu’à une stabilisation de la dette publique et des réserves internationales de la BEAC, il cependant indiqué que ces progrès restent fragiles. il en veut pour preuve, les dérapages budgétaires observés dans certains pays de la CEMAC. Ainsi, « avec l’appui des institutions régionales et des partenaires au développement, les autorités des pays de la CEMAC devraient donc continuer de mettre en œuvre de manière déterminée les politiques économiques et les réformes nécessaires pour atteindre les objectifs budgétaires qui sont établis dans les programmes appuyés par le FMI », a-t-il estimé. Abebe Aemro Sélassié a notamment suggéré que les pays de la CEMAC et les institutions régionales poursuivent ces efforts pour rétablir la viabilité économique intérieure et extérieure, en particulier pour continuer de reconstituer les réserves régionales, et ouvrir la voie à une croissance soutenue et inclusive. Martin Kam

Afrique subsaharienne : une croissance à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans

Afrique subsaharienne : une croissance à son plus bas niveau depuis plus de vingt ans

Le taux de croissance économique de l’Afrique subsaharienne devrait descendre à son plus bas niveau depuis plus de deux décennies, selon les projections du Fonds monétaire international (FMI) Dans la dernière édition du rapport sur « les Perspectives économiques régionales pour l’Afrique subsaharienne », l’institution financière indique que le taux de croissance moyen devrait tomber à 1.4 % en 2016, niveau inférieur à la moitié de celui de l’année précédente et très loin des 5 % enregistrés sur la période 2010–14. Les experts de l’organisation ajoutent que le PIB par habitant devrait aussi se contracter pour la première fois depuis 22 ans. Le ralentissement spectaculaire était dû à deux facteurs principaux, a expliqué le Directeur du Département Afrique du FMI, Abebe Aemro Selassie. Le premier concerne l’environnement extérieur, qui se serait détérioré pour beaucoup de pays de la région, « notamment parce que les cours des produits de base sont à leur plus bas niveau depuis plusieurs années et les conditions financières se sont sensiblement durcies », précise-t-il. Le deuxième facteur est en lien avec le grand nombre des pays les plus touchés par ces chocs. Abebe Aemro Selassie pense que « les autorités ont réagi avec beaucoup de retard et de façon parcellaire, ce qui a eu pour effet de décourager l’investissement privé et d’empêcher de nouvelles sources de croissance de se développer.» D’après les auteurs dudit rapport, l’Afrique subsaharienne connaît en réalité une croissance à plusieurs vitesses, les chiffres globaux masquant une diversité considérable des trajectoires économiques des pays de la région. Ils constatent que les pays peu tributaires des exportations de produits de base continuent d’enregistrer de bons résultats et affichent des taux de croissance d’au moins 4 %. « Ces pays bénéficient de la diminution de leur facture pétrolière, de l’amélioration du climat des affaires et du niveau élevé des investissements d’infrastructure. Ainsi, des pays tels que la Côte d’Ivoire, l’Éthiopie, le Sénégal et la Tanzanie devraient encore enregistrer des taux de croissance de plus de 6 % au cours des deux prochaines années », expliquent-ils. Ce n’est pas le cas pour la plupart des pays exportateurs de produits de base qui subissent de graves tensions économiques. « C’est le cas en particulier des pays exportateurs de pétrole, comme l’Angola, le Nigéria et cinq des six pays membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, dont les perspectives à court terme se sont considérablement dégradées ces derniers mois malgré la légère remontée des cours du pétrole », notent-ils. Selon les auteurs du rapport, les répercussions du choc initial dans ces pays se propageraient désormais au-delà du secteur pétrolier et touchent l’ensemble de l’économie, et le ralentissement de l’activité risque de se pérenniser. Autre enseignement souligné dans ce rapport : les pays exportateurs de produits de base autres que le pétrole continuent aussi de connaître des conditions difficiles, en particulier l’Afrique du Sud, où l’expansion de la production devrait marquer le pas cette année. La situation est quasiment la même en République démocratique du Congo, au Ghana, en Zambie et au Zimbabwe où la croissance accuse un ralentissement considérable ou reste molle. Plus généralement, le FMI assure que dans plusieurs de ces pays, toutes ces difficultés ont été amplifiées par les effets d’une grave sécheresse touchant une bonne partie de l’Afrique orientale et australe. Pour le FMI, l’ajustement des politiques publiques est le moyen de raviver la croissance. Il assure que « la croissance économique pourrait remonter à près de 3 % en 2017 si les autorités, en particulier dans les plus grands pays de la région, prennent des mesures décisives au cours des prochains mois ».