Le Fonds monétaire international (FMI) a conclu un accord avec les autorités gabonaises sur les politiques économiques nécessaires pour achever la première revue du mécanisme élargi de crédit (MEDC), a annoncé Alex Segura-Ubiergo qui a dirigé une mission du FMI, du 18 octobre au 1er novembre à Libreville.
A en croire ce dernier, « le Conseil d’administration du FMI devrait examiner le rapport des services pour la première revue à la mi-décembre 2017. L’achèvement de la première revue permettrait de procéder à un deuxième décaissement de 71.43 de Droits de Tirages Spéciaux (environ 98,8 millions de dollars) dans le cadre du programme. »
Sur l’état de l’économie gabonaise, il a déclaré que les perspectives économiques à court terme restent difficiles, estimant que la croissance globale devrait être modeste en 2017, aux environs de 0,8 %.
Alex Segura-Ubiergo a cependant observé que l’économie se stabilise notant que le secteur pétrolier profite de la remontée des prix internationaux de l’énergie, et d’autres secteurs liés aux ressources naturelles (manganèse, bois et agroalimentaire) se développent rapidement.
Pour ce dernier, « la croissance dans les industries extractives a contribué à accroître les exportations de 38 % (sur un an) à fin juin, et ainsi à améliorer la balance commerciale et à ralentir la baisse des réserves internationales imputées au Gabon à la BEAC ».
Pour autant, il a constaté que l’économie reste très vulnérable, soulignant que les secteurs du commerce et des services restent faibles, et les dépôts bancaires et le crédit à l’économie ont continué de baisser.
Malgré les efforts soutenus déployés pour maîtriser les dépenses publiques et le niveau plus élevé que prévu des recettes pétrolières, Segura-Ubiergo craint que « la faiblesse des recettes non pétrolières et les tensions liées à la masse salariale du secteur public constituent des sources de risques budgétaires qu’il convient de traiter ».
Bien que la mise en œuvre du programme reste globalement en bonne voie et qu’à la fin du premier semestre de 2017, la plupart des critères de réalisation quantitatifs et des repères structurels ont été respectés, force est de constater que les autorités ont accumulé de nouveaux arriérés extérieurs et intérieurs.
Par ailleurs, si une grande partie de l’aide financière extérieure est attendue au dernier trimestre de l’année, le cadre du FMI a estimé que « les autorités doivent renforcer la gestion de la dette à court terme et de la trésorerie, ainsi que les procédures de contrôle des dépenses, pour éviter l’accumulation de nouveaux arriérés ».
Il a soutenu, en outre, qu’« il sera essentiel de communiquer fréquemment avec les créanciers intérieurs et extérieurs, ainsi que de mettre en œuvre un plan crédible pour résoudre la question des arriérés, afin de préserver la crédibilité de la politique économique du Gabon et de rétablir la confiance ».
Quant à la stratégie en matière d’arriérés, Segura-Ubiergo a indiqué qu’elle est devenue l’enjeu économique à court terme le plus urgent pour le Gabon. A ce propos, il a rappelé que « les arriérés intérieurs, en particulier les factures impayées aux fournisseurs de l’État, pèsent lourdement sur l’activité du secteur privé, et touchent durement les petites et moyennes entreprises qui devraient demeurer une source importante d’innovation et de création d’emplois ».
Ce n’est pas tout. Il a, par ailleurs, estimé indispensable d’apurer promptement les arriérés extérieurs pour maintenir la solvabilité du Gabon et assurer un niveau adéquat d’investissement étranger et de financement extérieur, y compris pour des projets qui devraient contribuer à la stratégie de diversification des autorités.
Enfin, Segura-Ubiergo a conclu en exhortant le Gabon à « continuer de mener des réformes pour améliorer le climat des affaires », estimant qu’«il s’agit d’un élément important de la stratégie de diversification du pays et des efforts qui sont déployés pour porter la croissance à 5 % à moyen terme », a-t-il dit.
D’après le FMI, le programme appuyé par le MEDC aidera le Gabon à rétablir la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance inclusive.