«Les perspectives économiques à court terme du Gabon demeurent délicates, la croissance économique globale devant être modeste, aux alentours de 1 %, en 2017 », a annoncé une mission du Fonds monétaire international (FMI) qui a séjourné à Libreville du 26 juillet au 2 août.
Conduite par Segura-Ubiergo, l’équipe du FMI a passé en revue l’évolution de la situation économique et eu des échanges avec les autorités gabonaises, notant qu’à partir de 2014, la chute des cours internationaux du pétrole est allée de pair avec un ralentissement de l’activité économique, un net repli des exportations de pétrole et des recettes budgétaires et une détérioration de la balance des paiements.
«Malgré ces perspectives difficiles, certains signes sembleraient indiquer que l’économie a commencé à se stabiliser au premier semestre 2017. Le secteur pétrolier a bénéficié du redressement des prix énergétiques internationaux par rapport aux faibles niveaux enregistrés au début 2016 », a constaté Segura-Ubiergo.
Dans un communiqué du FMI, ce dernier a, en outre, ajouté que d’autres secteurs liés aux ressources naturelles, comme par exemple les filières manganèse et bois et les activités agro-industrielles ont connu une croissance rapide, et les BTP a semblé manifester plus de résilience que prévu.
A noter que l’analyse des données douanières préliminaires a montré que la croissance des industries extractives du Gabon a dopé les exportations de 38 % (en glissement annuel) à fin juin, tandis que les importations ont reculé de 21 %.
Selon le responsable du FMI, « cette amélioration de la balance commerciale aurait ainsi contribué à atténuer le repli des réserves internationales imputées au Gabon à la BEAC ». il a toutefois précisé « l’économie continue d’accuser de sérieuses vulnérabilités. Le secteur du commerce et les services sont en récession et les dépôts bancaires et le crédit à l’économie ont diminué ».
Dans ces conditions, la mission a encouragé les autorités à mener des réformes pour accroître la mobilisation de recettes non pétrolières, tout particulièrement au plan douanier, où les résultats ont été décevants.
Dans le même objectif, l’équipe du FMI a recommandé une plus grande mobilisation de recettes afin d’aider à protéger les programmes essentiels de santé, d’éducation et de protection sociale en faveur des couches de population démunies.
Par ailleurs, « pour rétablir la confiance dans l’économie, une communication fréquente avec les parties prenantes sera nécessaire, au même titre que des progrès résolus dans la mise en œuvre du plan d’apurement des arriérés des autorités », a estimé la délégation du FMI.
A noter que la mission a salué les progrès récemment enregistrés sur le front des réformes structurelles, y compris l’adoption de nouvelles procédures de dépenses et le renforcement des contrôles pour éviter le recours aux dépenses extrabudgétaires. Elle a cependant estimé que des réformes additionnelles pour accroître l’efficience et la transparence des dépenses publiques seront également essentielles.
« Il faudra pour cela respecter scrupuleusement les règles budgétaires, améliorer les marchés publics afin de réduire les contrats de gré à gré, recourir davantage aux études de faisabilité pour hiérarchiser les projets d’investissement public, et assurer une diffusion plus large de l’information économique », a expliqué Segura-Ubiergo. Et d’ajouter que la publication d’un rapport trimestriel sur le montant et la composition des arriérés et des analyses de la rentabilité des projets d’investissement public dépassant 20 milliards de FCFA seront autant de pas importants dans la bonne direction.
«La mise en œuvre énergique des plans d’apurement des arriérés de l’État sera également vitale pour accroître la résilience du secteur financier. Dans le même temps, les réformes destinées à améliorer le climat des affaires en appui à la stratégie de diversification devraient également être menées avec vigueur car elles offrent la possibilité de hisser la croissance vers les 5 % à moyen terme », a-t-il poursuivi.
A noter que l’équipe des services du FMI reviendra à Libreville en octobre prochain pour mener les discussions relatives à la première revue de l’accord conclu avec le Gabon au titre du mécanisme élargi de crédit.
A ce propos, il est à rappeler que le 19 juin dernier, le Conseil d’administration du FMI a approuvé en faveur du Gabon un accord élargi d’un montant d’environ 642 millions de dollars au titre du mécanisme élargi de crédit.
Appuyé par le MEDC, ce programme aidera le Gabon à rétablir la stabilité macroéconomique et à jeter les bases d’une croissance inclusive. Il vise à assurer la viabilité de la dette au niveau national et à contribuer à préserver la stabilité extérieure pour la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC).
Selon le FMI, le Conseil d’administration ouvre la voie au décaissement d’environ 98,8 millions de dollars, précisant que les décaissements restants s’étaleront sur la durée du programme et seront subordonnés à des revues semestrielles.