
HAUT ET FORT. Le Congo « a été plongé dans une crise économique, financière, sociale, politique, démocratique, sécuritaire et électorale sans précédent. La qualité de vie des populations est allée de mal en pis », déplore l’Alliance pour la République et la Démocratie (ARD). « Au lieu de l’émergence promise, le Congo est plutôt descendu aux enfers », constate cette formation, présidée par l’ancien ministre des Fiances et opposant Mathias DZON, dans la déclaration ci-dessous faite lors d’une conférence tenue jeudi 6 février dernier.
« Un grand acteur politique du 19 ème siècle, Abraham Lincoln, président des USA de 1861 à 1865 déclarait à propos de la manipulation politique : « On peut tromper une partie du peuple tout le temps et tout le peuple une partie du temps, mais on ne peut pas tromper tout le peuple tout le temps ».
L’Etat/PCT qui a toujours fondé son action sur le recours à la force brutale, la corruption, le mensonge éhonté, la manipulation de l’opinion, la ruse politique et l’enfumage, martèle chaque jour sans la moindre honte, que le Congo va bien et qu’il poursuit sa marche vers le développement, alors que le pays est en faillite totale et en cessation des paiements courants, du fait de sa mal-gouvernance par le pouvoir actuel.
Dans son fonctionnement, un pays est comparable à un corps humain. En effet, dans un corps humain, quand le sang ne circule plus dans les veines, quand il n’y a plus de respiration et d’activités cérébrales, la vie s’arrête. C’est la mort. De la même manière, au niveau d’un pays, quand il y a une faillite financière comme cela est le cas du Congo-Brazzaville aujourd’hui, le pays devient un mort-vivant. Faisant fi de cette vérité d’évidence, et pour tenter de masquer son bilan désastreux et le chaos total dans lequel il a plongé le pays, le pouvoir congolais vient de lancer par anticipation, la campagne pour l’élection présidentielle de 2026, ce, quatorze mois avant la date échue.
Il espère par cette manœuvre dilatoire, éviter de faire au peuple congolais, le bilan de l’exécution de ses promesses mensongères en faveur du développement du Congo, notamment :
– l’accès de notre pays au statut de pays émergent en 2025 ;
– la déclinaison de slogans enchanteurs, tels : « Santé pour tous ; -Autosuffisance alimentaire ;
– Plan de résilience sur la crise alimentaire 2022-2023 ;
– la stabilisation des prix des produits alimentaires et agricoles essentiels ;
– l’eau potable pour tous ;
– la construction d’un boulevard énergétique ;
– 2024 : année de la jeunesse ;
– la création de dix mille emplois en 2024 ;
– la diversification de l’économie ;
– la promotion des politiques industrielles, agricoles et d’aménagement du territoire, etc.».
Rien de tout cela n’a été traduit en actes concrets. Au contraire, le pays a été plongé dans une crise économique, financière, sociale, politique, démocratique, sécuritaire et électorale sans précédent. La qualité de vie des populations est allée de mal en pis. Au lieu de l’émergence promise, le Congo est plutôt descendu aux enfers. Le peuple galère. Malgré ce contexte morose, prenant les Congolais pour des imbéciles malléables et corvéables à merci, l’Etat/PCT tente de faire oublier les vrais problèmes du moment, à savoir, le calvaire que vivent les populations avec les délestages quotidiens d’électricité, la grave pénurie de carburant dans un pays pourtant troisième producteur de pétrole en Afrique subsaharienne, la faillite financière du pays, la cessation des paiements courants et leurs conséquences dramatiques pour les couches populaires.
Comme on le sait, l’expérience historique a montré qu’une population se développe à partir du moment où elle parvient à s’affranchir de la misère, puis, à s’extraire de la pauvreté. Manquant de courage politique pour regarder la réalité en face, l’Etat/PCT se réfugie dans des fuites en avant, en faisant de l’élection présidentielle de mars 2026, la principale préoccupation des Congolais aujourd’hui. Il s’agit purement et simplement de l’enfumage, c’est-à-dire, d’une dissimulation ou d’un camouflage de la réalité quotidienne sur le terrain, d’une volonté délibérée de brouiller les cartes, d’une duperie, en somme, d’une pure diversion, pour tromper les consciences insuffisamment averties. C’est un jeu de dupes ou un attrape-nigaud.
Comment comprendre qu’au moment où, d’une part, le pays est en faillite totale, et ’autre part, le peuple congolais croupit dans une extrême pauvreté, que les dirigeants de l’Etat, dont le premier devoir est de protéger les Congolais contre la paupérisation et l’exclusion sociale et d’ouvrir au pays totalement ruiné, la voie du redressement, en mettant en œuvre, des mesures d’urgence, visant à rétablir la liquidité de l’Etat, la liquidité générale de l’économie, l’équilibre des comptes internes et externes, les paiements courants, comment comprendre disons-nous, que ces dirigeants tournent résolument le dos aux défis majeurs auxquels le pays est confronté, et font croire que l’élection présidentielle de 2026 est devenue désormais, la première priorité des Congolais, le tout, au cri de : « Tout pour le peuple, rien que pour le peuple ».
Instruit par les pratiques politiques et sociales du pouvoir actuel, le peuple congolais n’est plus dupe. L’élection présidentielle de 2026 ne constitue pas sa priorité :
ses attentes sont ailleurs et ont pour noms :
– le redressement financier du pays ;
– le rétablissement des paiements courants ;
– la régularité du paiement des salaires des fonctionnaires, des pensions des retraités, des bourses des étudiants, de la vraie dette sociale intérieure ;
– l’amélioration de l’accès des populations à l’eau potable, à l’électricité, au carburant, à des soins de santé de qualité, à une éducation et une formation professionnelle de bon niveau, à des emplois et à des salaires décents, à des logements sociaux confortables et à prix modérés, à un environnement sain, à une paix sociale véritable, à l’unité et à la concorde nationales, au vrai vivre-ensemble.
Pour prendre en compte ces vraies attentes du peuple congolais, il est impératif de promouvoir en amont, une gouvernance démocratique, rationnelle, transparente, sociale et participative. Or, l’Etat/PCT gouverne contre le peuple congolais et affiche une indifférence inhumaine et coupable aux souffrances sociales atroces qu’il endure. La misère extrême des Congolais est le cadet de ses soucis. Il n’est préoccupé que par une chose : la préservation coûte que coûte du pouvoir et des biens incommensurables que ses tenants ont acquis au moyen de multiples rapines.
Par ailleurs, les relations pour le moins opaques entre Brazzaville et Kigali, font courir au Congo-Brazzaville, le risque d’être entraîné malgré lui, dans une guerre fratricide avec la RDC, pays avec lequel, nous avons en partage la même culture, les mêmes langues, les mêmes us et coutumes.
Il est en outre navrant et consternant de constater que plusieurs acteurs politiques congolais qui se réclament pourtant de l’opposition, continuent de privilégier leurs intérêts personnels et/ou partisans et de servir de béquille à l’Etat/PCT, bourreau du peuple congolais. En effet, beaucoup d’entre eux sont tombés pieds joints dans le piège tendu par le pouvoir et se sont déjà portés candidats à l’élection présidentielle de 2026, pour faire le jeu du candidat du pouvoir, alors qu’aujourd’hui, les conditions permissives d’une élection présidentielle transparente, honnête et crédible ne sont aucunement remplies.
Avant d’aller à l’élection présidentielle de mars 2026, il y a des conditions préalables à remplir. Ces conditions sont notamment :
– L’organisation d’accord-parties, entre la mouvance présidentielle et la mouvance oppositionnelle, d’un recensement administratif spécial, pour déterminer de façon consensuelle, un corps électoral fiable et des listes électorales honnêtes et crédibles ;
– L’introduction de la biométrie intégrale dans le processus d’identification d’un corps électoral fiable, sincère et honnête, dans le dessein d’éviter le vote multiple d’un même électeur ;
– La dissolution de la Direction générale des Affaires électorales (DGAE), aujourd’hui érigée en véritable Commission d’organisation des élections au Congo, usurpant ainsi les prérogatives de cette dernière. Il faut rendre à César, ce qui est à César ;
– La mise en place d’une commission électorale nationale, véritablement indépendante, composée de façon égalitaire, de représentants de la mouvance présidentielle et de la mouvance oppositionnelle, et ayant la maîtrise de toutes les opérations pré-électorales, électorales et post-électorales ;
– L’élaboration et l’adoption d’une nouvelle loi électorale véritablement impartiale et impersonnelle, en lieu et place de la loi scélérate, partisane et bancale actuelle ;
– L’élaboration et l’adoption d’un découpage électoral juste et impartial, adossé sur les standards internationaux ;
– La mise en place d’un Comité arbitral indépendant, chargé de gérer le contentieux électoral, en lieu et place de la Cour constitutionnelle aux ordres du pouvoir ;
– La neutralité des agents de la Force publique affectés à la surveillance des élections ;
– L’interdiction absolue pour les préfets, les sous-préfets, les maires, les administrateurs-maires, les chefs de quartier et de village, tenus au respect de la neutralité, d’être responsables ou membres des Commissions locales d’organisation des élections, comme cela est le cas dans le système électoral mafieux à l’œuvre depuis 2002 ;
– La proclamation des résultats provisoires et leur affichage dans chaque bureau de vote ;
– La remise aux représentants de chaque candidat dans les bureaux de vote,d’une copie des résultats provisoires, dûment signée par tous les membres du bureau de vote ;
– La proclamation des résultats définitifs des élections par la Commission électorale nationale indépendante et non pas par le ministre de l’Intérieur ;
– La prise en charge réelle des représentants de tous les candidats dans les bureaux de vote par l’Etat et non pas seulement ceux du PCT ;
– La suppression du vote anticipé des militaires et du vote par procuration ;
– La reconnaissance aux Congolais de la Diaspora, de leur droit d’être électeurs et de se faire élire ;
– Le financement équitable et juste de la vie politique et des campagnes électorales, par l’octroi d’une subvention appropriée à tous les partis politiques légalement constitués ;
– Le plafonnement des dépenses électorales, l’obligation pour chaque candidat d’avoir un compte de campagne et le strict respect du plafond des dépenses électorales ;
– L’abrogation des taux exorbitants des cautionnements aux différentes élections nationales et leur fixation ainsi qu’il suit :
50.000 F CFA, par liste, pour les élections locales ;
100.000 F CFA, par candidat, pour les élections législatives et sénatoriales ;
5.000.000 F CFA, par candidat, pour l’élection présidentielle.
– L’interdiction stricte pour tout candidat quel qu’il soit, d’utiliser les moyens de l’Etat (avions, hélicoptères, bateaux, hors-bords, véhicules automobiles de fonction, chauffeurs des services publics) à des fins de transport pour campagne électorale.
Si ces conditions préalables ne sont pas remplies, l’élection présidentielle de 2026 ne sera qu’une nouvelle farce électorale, ourdie par l’Etat/PCT, dans le macabre dessein d’imposer par la force, la corruption et la tricherie électorale, son candidat dont le bilan, après 43 ans de pouvoir sans partage est très catastrophique pour le Congo et son peuple.
Par ces motifs, il est urgentissime de convoquer dès maintenant, un vrai dialogue politique national inclusif, devant déboucher sur l’ouverture d’une période de transition de 2 ans maximum, période au cours de laquelle, il sera élaboré et mis en œuvre de façon consensuelle, dans tous les domaines de la vie nationale, des mesures concrètes, fortes et appropriées, pour sortir le Congo de façon pacifique, du tombeau où il gît aujourd’hui.
Tout bien considéré, il est inconcevable, irrationnel et inadmissible d’envisager d’aller à des élections générales en 2026 dans un pays comme le Congo-Brazzaville, actuellement plombé par une crise multidimensionnelle gravissime qui obère son développement global, équitable et durable. Il n’est pas possible d’aller à des élections, alors que le pays est naufragé. Le bon sens commande de commencer d’abord par juguler la crise actuelle, avant toute autre entreprise. Toute démarche contraire relève de la manipulation de l’opinion et d’un odieux mensonge politique.
L’Etat/PCT est une machine à tromper. Ne tombons pas dans ses pièges, à l’instar de ce que le pouvoir et ses soutiens proposent aujourd’hui : le dialogue dit constructif que Martin Mbéri prépare en ce moment, ou le dialogue dit intelligent, que préconise l’UDR-MWINDA, ou encore, l’Union sacrée, que propose le député d’Oyo, Serges Ikiemi, animateur du Café du savoir.
En avant pour un vrai dialogue politique national inclusif.
Fait à Brazzaville, le 6 février 2025
Pour la Conférence des présidents
Mathias DZON »