L’orchestre congolais « Les Bantous de la capitale » souffle ses 58 bougies

15 août 1959 – 15 août 2017,  » Les Bantous de la capitale », l’un des plus anciens orchestres d’Afrique a totalisé ses 58 ans d’existence.

En dépit des difficultés de tous ordres rencontrées, il a été la fierté et le porte-étendard pendant plusieurs années, de la musique congolaise à travers l’Afrique et le monde. Il aura marqué le plus sensiblement la musique congolaise au cours de plus d’un demi siècle.

Aujourd’hui, les deux survivants cofondateurs des Bantous sont : le chanteur brazzavillois Edo Ganga (84 ans, encore en activité) et le guitariste-solo kinois Dicky Baroza (78 ans, a quitté le groupe en 1961)

L’orchestre Les Bantous de la capitale est demeuré l’une des fondations les plus sûres de la musique congolaise et s’est imposé comme une véritable « école » de musique pratique d’où sont sortis presque tous les grands noms de la musique congolaise , en marge du fait d’avoir réussi à exporter son genre et ses danses.

L’idée de la création prend forme au début de l’année 1959, à Léopoldville (Kinshasa), par une rencontre des musiciens congolais de Brazzaville qui évoluaient dans les orchestres léopoldvillois : OK Jazz et Rock-A-Mambo. Elle se concrétise le 15 août 1959 au dancing « Chez Faignond » à Brazzaville. Un concert y réunit sept enfants prodigues, à l’exception de Jean-Dieudonné Nino Malapet (resté à Kinshasa, jusqu’en 1961 aux éditions Esengo et à la tête de l’orchestre Rock-A-Mambo). Ils se révèlent éblouissants de forme, faisant scintiller les nombreuses facettes de leur art basé sur l’étendue de la maîtrise instrumentale et l’originalité de la pensée mélodique. Ils sont :

– 5 congolais de Brazzaville : Jean-Serge Essous (chef d’orchestre, clarinettiste), Edouard Ganga « Edo » et Célestin Kouka (chanteurs), Daniel Loubelo « De la lune » (guitariste-bassiste), Saturnin Pandi (percussionniste), Damien Evongo (marcassite qui n’est resté qu’un mois)

– Deux congolais de Kinshasa : Dicky Baroza (guitariste solo), Jacques Dignos (guitariste rythmique)

– Un cap-verdien : André Aribot (drummer, qui a rejoint l’orchestre au début de 1960 )

Tout au long de son histoire, l’orchestre Bantous de la capitale a tenu contre vents et marées à perpétuer sa forme de musique que nombre de mélomanes apprécient profondément. L’orchestre le plus connu du Congo-Brazzaville a pratiqué depuis sa création, outre la musique congolaise, la musique du monde dans tous ses contours et a acquis une grande réputation qui fait que l’orchestre reste toujours un groupe de référence pour de nombreuses générations. Ce qui lui a permis d’ailleurs :

1 – d’être présent depuis plus de cinq décennies à plusieurs, manifestations continentales et internationales, allant des manifestations diverses de sport et de musique, aux festivals de tous genres, tels les plus importants – 1966: 1er Festival Mondial des Arts Nègres à Dakar – 1969 : 1er Festival Culturel Panafricain d’Alger – 1974/1975: Tournée artistique à Cuba – 1978 : 11ème Festival Mondial de la Jeunesse et des Etudiants à Cuba – 1977: 2ème Festival culturel panafricain de Lagos – 2007: Concert des Bantous en France au 26ème Festival Jazz sous les pommiers à Coutances (Manche) – Participation à la 32ème édition du Festival des musiques métisses d’Angoulême – Concert à Anvers (centre des cultures du monde Zuidershuis) Belgique – Prestation à Nijmegen (Music Meeting de Nijmegen) – Hollande – 2009: Participation à la 5eme édition du festival Babel Med à Marseille (Marché des musique du monde) – Coup de chapeau ! surtout pour le passage à l’Olympia de Paris, le dimanche 12 avril 2009.

2017 – Prestation à Rome (Italie), le 25 mai à l’occasion de la journée mondiale de l’Afrique sous les auspices du groupe Pella Yombo (GPY)

2 – de se produire dans plus d’une soixantaine de pays du monde, redorant partout son blason de porte étendard de la musique congolaise et africaine et de parvenir à imposer sa personnalité.

3 – de marquer fortement, depuis 1960, sa présence à travers une discographie très fournie, et dont le dernier opus en date est l’album « Explosion » (Bantous de la capitale « Bakolo mboka ») paru en Avril 2012 et qui constitue le dernier enregistrement du stratège chef d’orchestre, Nino Malapet, avant de s’en aller.

4 – d’obtenir à titre de reconnaissance pour sa contribution forte au rayonnement de la musique africaine, de nombreux titres honorifiques, des médailles et diplômes d’honneur du Congo et de l’étranger. La plus récente reconnaissance étant, la décoration à titre exceptionnel, au grade de Commandeur dans l’ordre du mérite congolais, attribuée par le Chef de l’Etat Denis Sassou Nguesso, à l’occasion de la 7ème édition du Festival Panafricain de Musique (FESPAM), le 1er Août 2009.

Conclusion : On peut cependant affirmer que depuis ces temps difficiles marqués par les décès de Jean-Serge Essous, le 25 Novembre 2009, Nino Malapet, le 29 janvier 2012, Joseph Elenga « Elyngton » le 17 juin 2016, Célestin Kouka, le 20 août 2016, la mauvaise état de santé de quelques musiciens, tels que : Lambert Kabako, Passi-Ngongo « Mermans » et Michel Ngouolali ; l’orchestre Bantous de la capitale n’a plus redoré son blason de porte-étendard de la musique congolaise et n’est plus parvenu à imposer sa personnalité. Son absence sur la scène internationale et sur le marché du disque a suscité un sentiment de frustration chez ses admirateurs.

Toutefois, au regard de l’obtention des nouveaux instruments de musique, de la régularité des concerts en week-end dans l’arrondissement 2 Bacongo-Brazzaville et surtout de la mise en place d’une nouvelle organisation administrative et financière, dirigée par un homme fort et intègre qui tient à mettre définitivement de l’ordre dans la bergerie : Dieudonné Loussakou, (président du bureau exécutif des Bantous). On s’attend à l’émergence d’une musique toujours créative et originale, avec comme perspectives :

– de stimuler le travail des jeunes musiciens en exigeant d’eux un minimum de technique. Comme Il est indispensable de définir concrètement un plan de travail visant à développer le mouvement populaire musical, sur la base des objectifs du Ministère de la culture et avec son concours.

– de relancer la production discographique pour un nombre plus grand des nouvelles créations.

– Revoiron ne le dira jamais assezle nombre des musiciens qui composent le groupe. 22 musiciens c’est excessif (10 ou 12 musiciens est le nombre idéal pour prétendre à des contrats à l’étranger, et surtout par les temps difficiles qui courent. A moins de dégager formellement deux groupes bien distincts). Le dernier déplacement, le 25 mai 2017 de l’orchestre à Rome avec 12 musiciens (nombre exigé) a servi d’exemple.

Le 58ème anniversaire des Bantous de la capitale constitue donc un moment d’émotion et de souvenir dans l’histoire de la République du Congo. Pour donner la mesure de l’importance du travail accompli par ce groupe, il faut signaler qu’il serait impossible de comprendre les aspects les plus spécifiques de notre musique , tout au long des 58 dernières années, sans évaluer ce qu’a représenté et représente l’orchestre Les Bantous de la Capitale.

Bon Anniversaire, Les Bantous de la capitale !

Clément Ossinondé

Pratique. composition actuelle du groupe :

Président d’honneur: Dieudonné Loussakou

Commission d’orientation : Edo Ganga (chant), Passi-Ngongo Mermans (guitare) et Ricky Siméon Malonga (drums)
Chef d’orchestre : Simon Mangouani (chant),
Directeur artistique : Albert Nsounga Dédé (guitare solo)
Section cuivres : Pierre Kissampieno, Gérard Batsimba (Mills), Arthur Samba Nona, Samuel Malonga « Sammy trompette » et Michel Ngouolali
Tumbas : Makirimbia et Roland Massengo
Guitare basse : Pacheco
Guitare rythmique : Simon Kolos
Claviériste : Faustin Nzakanda et Roselin Samba Nkoussou
Drums : Ulrich Aymar Massamba
Chant : Lambert Kabako, David Sita Athis, Toussaint Mabika, Freg Nganga, et Dimitri

https://www.youtube.com/watch?v=FYdlM2idxvc&feature=em-share_video_user

3 Responses

  1. Toute la mémoire de la musique des rives du fleuve Congo est logée dans ton cerveau.Tu es , pour nous Clément , cette dernière bibliotheque sur laquelle nous devons veiller.En consacrant tout ton temps à l’historique de la musique congolaise , pour ne pas la citer, tu mets à la disposition des milliers des jeunes congolais de 2 Congo , des ingredients pour bien savourer cette musique qui fait danser toute l’Afrique.Bravo !

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