TRIBUNE. S’il y a un film d’Hollywood que je ne me lasserai de visionner c’est bien le film intitulé « Les Évadés » réalisé en 1994 par Frank Darabont. L’intrigue du film se déroule entre 1946 et 1966, dans un pénitencier américain. L’insolite amitié entre deux prisonniers: Andy interprété par Tim Robbins, un intellectuel, idéaliste et secret, et Red interprété par Morgan Freeman, un vétéran, bienveillant mais désabusé. Le premier apprendra la survie, le second retrouvera l’espoir…
En 1947, Andy Dufresne, un jeune banquier, est condamné à la prison à vie pour le meurtre de sa femme et de son amant. Ayant beau clamer son innocence, il est emprisonné à `Shawshank’, le pénitencier le plus sévère de l’Etat du Maine. Il y fait la rencontre de Red, un homme désabusé, détenu depuis 20 ans. Commence alors une grande histoire d’amitié entre les deux hommes.
Suivant très fidèlement la trame de la nouvelle de Stephen King, Frank Darabont tisse, pour son premier film, une très belle histoire d’amitié carcérale qui ne hésitait à franchir « La Ligne verte » de la prison qui fut le symbole du plaidoyer contre la peine de mort adapté du même auteur. Et comme l’Etat refusait de retirer cette peine de mort à Red qui se disait plutôt innocent, ce prisonnier va s’employer à creuser pendant de longs mois un tunnel à partir de sa chambre pour réussir sous une nuit de pluie battante, à s’évader de la prison.
La première fois que j’avais visionné ce film, ce fut en août 1998,année où on se sentait vivre à Kinshasa comme dans une prison à ciel ouvert, conscient de la chape de plomb que nous faisait peser l’occupation rwandaise qui s’était substituée à la dictature de Mobutu. On prenait conscience qu’on avait quitté un méchant pour un monstre et on se sentait coincé entre quatre murs.
Mais c’est cette dernière conversation d’Andy avec Red qui m’avait redonné espoir : « Il est important, confiait-il à son ami, de ne pas se courber totalement devant le bourreau. Il nous faut rêver, il nous faut sortir de là où le bourreau veut nous enfermer et nous asphyxier. Il nous faut imaginer déjà aller dans un autre mode de vie de liberté pour préserver en nous ce quelque chose de sacré auquel l’ennemi ne peut avoir accès… Même dans une prison on n’enferme pas l’espoir. Car il y a des oiseaux qu’on ne peut se permettre d’enfermer dans des cages ».
Comme j’aurais souhaité que mon peuple soit cet oiseau rebelle qui soit obstiné à s’affranchir de toutes les prisons idéologiques et politiques où l’on veut le tenir enfermé… Vivement ce jour où mon peuple va briser les chaînes et faire tomber les murs de sa prison!
Par Germain Nzinga