ZOOM. Les bonnes affaires de maman Berdanette Boumpoutou. Elle est partie de rien pour être aujourd’hui à l’abri du besoin en brûlant quotidiennement ses doigts au feu de bois pour frire et vendre des beignets dont raffolent de nombreux brazzavillois.
6 mars 2023, rue Lampakou, Plateau des 15 ans, dans le 4ème arrondissement, Brazzaville. Le soleil tarde son coucher en ces temps de forte chaleur en cette période de l’année. Il 17 heures, lorsque nous surprenons maman Bernadette Boumpoutou, qui nous reçoit avec affabilité, entrain d’éplucher des bananes douces dont la pâte servira aux beignets du lendemain.
À l’extérieur, de rutilantes 4×4 sont immobilisées devant le foyer de friture des beignets à base de farine de blé et/ou de banane douce. Des clients patients et alignés qui attendent des beignets chauds!
C’est une mini entreprise familiale de friture et de vente de beignets que cette dame de 75 ans s’est constituée depuis 33 ans d’exercice ininterrompue. Aujourd’hui, ce sont ses filles, fils, belles filles et petits fils qui se relaient pour pérenniser ce fonds de commerce qui leur permet de vivre et d’abréger les souffrances du manque d’emploi au Congo. Une espèce d’auto entreprenariat familial.
« Tout commence en 97, lorsque nous sommes obligés de fuir les affres de la guerre civile de Brazzaville. À Pointe-Noire, au quartier Foucks, notre point de chute, raconte t-elle, visage plein de bonhomie, j’apprends à faire des beignets « patachoux ». Après la guerre, mon époux et moi revenons à Brazzaville, où nous lançons la friture et vente de beignets à domicile ». Ainsi démarre ce que l’on est en droit d’appeler une très petite entreprise informelle de de friture et de vente de beignets.
» Mon époux, s’en souvient Bernadette- qui marque un temps d’arrêt pour se rappeler au bon souvenir de son époux décédé – battait la pâte et se chargeait de la friture pendant que je me chargeais de la vente. Et vice versa ».
En ce moment là, un beignet coûtait 10 fcfa , un sac de farine à 9000 fcfa et un bidon d’huile de 25 litres à 13000 fcfa, précise cette dynamique maman.
Des petits bénéfices engrangés et gardés at home dans une vieille bouteille de gaz lui permettent d’intégrer les » likelimba »( tontines, en français).
Résultat, mama Bernadette a pu se construire des maisons tout en soutenant les études ses 8 enfants. Aujourd’hui, ses enfants, petits fils et belles filles vivent grâce à ce fonds de commerce, un peu comme à la chinoise.
Une famille calme et sans histoire au Plateau des 15 ans.
Mama Bernadette n’a pas été invitée à Owando, chef lieu du département de la Cuvette, où le gouvernement célèbre la Journée internationale de la Femme. Et pourtant, la ministre de la promotion de la femme et de l’économie informelle, Inès Nefer Ingani, qui est également députée Moungali, vit à 600 mètres de la très petite entreprise informelle de friture et vente de beignets, propriété de Bernadette Boumpoutou et fils.
Probablement, sa maisonnée consomme ces beignets de mama Bernadette. Tout autant que de nombreux autres clients à Brazzaville.
Par A.Ndongo
Journaliste économique et financier