Maroc. La croissance économique devrait ralentir à 2,8% en 2024 et rebondir à 4,4% en 2025

Après une accélération à 3,4% en 2023, la croissance économique devrait ralentir à 2,8% cette année, avant de rebondir à 4,4% en 2025, selon les projections de Bank Al-Maghrib. D’après les explications de la Banque centrale, « cette prévision recouvre une contraction de 6,9% de la valeur ajoutée agricole en 2024, puis une progression de 8,6% en 2025, sous l’hypothèse d’une production céréalière moyenne de 55 millions de quintaux ». La croissance non agricole devrait continuer à s’améliorer, passant de 3,6% en 2023 à 3,9% en 2024 et 2025, a poursuivi BAM à l’issue de la troisième réunion trimestrielle de 2024 de son Conseil indiquant qu’elle serait tirée principalement par les industries manufacturières et extractives ainsi que par les activités liées au tourisme. Sur le plan des comptes extérieurs, après une baisse en 2023, les échanges de biens devraient afficher une reprise en 2024 qui se poursuivrait à moyen terme. Ainsi, les exportations de biens se renforceraient de 4,8% en 2024 et de 9,2% en 2025, tandis que les importations augmenteraient de 5% en 2024 et de 9% en 2025. Alain B

Maroc. Les prix à la consommation bondissent de 1,7% à fin août

Conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires   L’inflation a bondi au cours du mois d’août 2024. Selon le Haut-commissariat au plan (HCP), l’indice des prix à la consommation (IPC) a en effet enregistré une hausse de 1,7% par rapport au même mois de l’année 2023. L’inflation continue ainsi de s’inscrire dans une tendance haussière, les prix à la consommation ayant enregistré leur huitième hausse consécutive de l’année en cours. En effet, cette nouvelle hausse de l’IPC intervient après les hausses enregistrées durant les mois de janvier (2,3%), février (0,3%), mars (0,9%), avril (0,2%), mai (0,4%), juin (1,8%) et juillet (1,3%). Selon les explications de l’institution chargée de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, l’évolution de l’IPC observée en août dernier est la « conséquence de la hausse de l’indice des produits alimentaires de 2% et de celui des produits non alimentaires de 1,4% ». En ce qui concerne les produits non alimentaires, les variations vont d’une baisse de 1,4% pour la «Santé» à une hausse de 3,7% pour le «Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles», a également relevé le Haut-commissariat dans sa note d’information relative à l’Indice des prix à la consommation (IPC) du mois d’août 2024. A titre de rappel, la hausse de l’IPC de 1,3% enregistrée en juillet 2024 avait été attribuée à celle de l’indice des produits non alimentaires de 1,8% et de celui des produits alimentaires de 0,5%. Pour les produits non alimentaires, les variations étaient allées d’une baisse de 1,2% pour la «Santé» à une hausse de 3,8% pour le «Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles». L’indicateur d’inflation sous-jacente en hausse de 0,3% sur un mois et de 2,6% sur une année Dans sa note, l’organisme public indique en outre que l’IPC a connu, au cours du mois d’août 2024, une hausse de 0,8% par rapport au mois précédent, expliquant que « cette variation est le résultat de la hausse de 1,8% de l’indice des produits alimentaires et de la stagnation de l’indice des produits non alimentaires ». Selon la même source, les hausses des produits alimentaires observées entre juillet et août 2024 ont concerné principalement les «Viandes» (6,8%), le «Lait, fromage et œufs» (3,5%), les «Poissons et fruits de mer» (2,8%), les «Légumes» (2,4%), le «Café, thé et cacao» (0,3%) et les «Huiles et graisses» (0,1%). En revanche, poursuit le Haut-commissariat, les prix ont diminué de 4% pour les «Fruits». Pour les produits non alimentaires, la baisse a concerné principalement les prix des «Carburants» avec 1,8%, a-t-il fait savoir. A titre de comparaison, les baisses des produits alimentaires observées entre juin et juillet 2024 avaient concerné principalement les «Légumes» (6,5%), le «Lait, fromage et œufs» (1,0%) et les «Huiles et graisses» (0,5%). En revanche, les prix avaient augmenté de 4,7% pour les «Poissons et fruits de mer», de 0,9% pour les «Fruits» et de 0,4% pour le «Sucre, confiture, miel, chocolat et confiserie», comme l’avait souligné le HCP dans sa précédente note affirmant, pour ce qui est des produits non alimentaires, que la hausse avait concerné principalement les prix des «Carburants» avec 1,3%. A noter que les hausses les plus importantes observées en août dernier ont été enregistrées à Al-Hoceima (2,8%), à Safi (1,5%), à Errachidia (1,2%), à Agadir, Dakhla, Settat et Beni-Mellal (1,1%), à Oujda (1,0%), à Fès et Tétouan (0,9%), à Kénitra (0,8%), à Meknès (0,7%), à Casablanca, Marrakech et Rabat (0,6%), à Guelmim (0,5%) et à Tanger et Laâyoune (0,4%). Entre juin et juillet 2024, rappelons que les baisses les plus importantes de l’IPC avaient été enregistrées à Errachidia (1,1%), à Safi (1,0%), à Fès et Marrakech et Dakhla (0,5%), à Agadir et Rabat (0,4%) et à Oujda, Meknès et Settat (0,3%). Toujours selon l’institution, des hausses avaient été enregistrées durant cette même période à Laâyoune et Beni-Mellal avec 0,5%, à Kénitra avec 0,4% et à Tanger et Guelmim avec 0,2%. A la lecture de l’évolution de l’IPC telle qu’observée au cours du mois d’août 2024, le Haut-commissariat a déduit que l’indicateur d’inflation sous-jacente aurait connu une hausse de 0,3% par rapport au mois de juillet 2024 et de 2,6% par rapport au mois d’août 2023. Alain Bouithy

En hausse de 20,3%, les exportations aéronautiques poursuivent leur bonne trajectoire

Progression des exportations des phosphates et dérivés de 14,1% durant les sept premiers mois de 2024 Les exportations du secteur aéronautique poursuivent leur bonne trajectoire. Selon l’Office des changes, elles ont atteint 15,34 milliards de dirhams (MMDH) au terme des sept premiers mois de l’année 2024 contre 12,75 MMDH il y a un an. Les données publiées par l’institution publique montrent que les ventes du secteur ont progressé de 20,3% (+2,58 MMDH) par rapport à la même période un an auparavant. Cette amélioration provient de l’accroissement des ventes du segment de l’assemblage de +2,45 MMDH (+32,4%) et des exportations du segment EWIS (Electrical Wiring Interconnection System – système d’interconnexion de câblage électrique) de +111MDH (+2,2%), qui ont atteint respectivement 10,04 MMDH et 5,21 MMDH à fin juillet 2024. Egalement en hausse, les exportations de l’automobile ont bondi de 8,5% (+7,23 MMDH) pour atteindre 92,75 MMDH au terme de la même période contre 85,51 MMDH une année auparavant, a fait savoir l’Office des changes dans son récent bulletin sur les indicateurs mensuels des échanges extérieurs de juillet 2024. L’Office justifie cette évolution par l’accroissement des ventes du segment de la construction (+2,77 MMDH), du segment du câblage (+2,48 MMDH) et du segment de l’intérieur véhicules et sièges (+838MDH), atteignant  respectivement 40,83 MMDH (+7,3%), 32,25 MMDH (+8,3%) et 5,415 MMDH (+18,3%). Dans son bulletin, l’Office des changes fait également état de l’amélioration de 14,1% correspondant à +5,71 MMDH des exportations dans le secteur des « Phosphates et dérivés » qui ont ainsi atteint 46,16 MMDH à fin juillet 2024 contre 40,45 MMDH un an auparavant. Les chiffres recueillis suggèrent une hausse des ventes des phosphates (+49,4% ; +1,629 MMDH), des engrais naturels et chimiques (+11,2% ; +3,36 MMDH) et de l’acide phosphorique (+10,3% ; +721 MDH).  Les exportations de l’industrie alimentaire et de l’agriculture à la traîne  Toujours selon l’Office des changes, les exportations des secteurs « Textile et cuir », « Electronique et électricité » et « Agriculture et agro-alimentaire » ont accusé une baisse durant les sept premiers mois de l’année en cours. En effet, les données montrent que les ventes du secteur « Textile et cuir » ont reculé de 2,1% (-599 MDH) pour n’atteindre que 27,941 MMDH au lieu de 28,54 MMDH durant la même période de l’année écoulée, suite à la baisse des ventes des chaussures (-223 MDH) et des vêtements confectionnés (-182MDH). Même tendance du côté de l’« Electronique et électricité » qui a reculé de 2,6% (-276MDH) atteignant 10,18 MMDH au lieu de 10,45 MMDH un an plus tôt, après le recul des ventes des composants électroniques (-527MDH, -11,3%) et des appareils électriques pour téléphonie ou télégraphie par fil (-30 MDH, -2,6%). L’Office fait toutefois remarquer que cette baisse est contrebalancée par la hausse des exportations des appareils pour la coupure ou la connexion des circuits électriques (+195 MDH, +20,7%) qui  se sont élevées à 1,13 MMDH à fin juillet 2024 contre 942 MDH un an auparavant. Enfin, en recul de -0,9% correspondant à -483 MDH,  les exportations du secteur « Agriculture et agro-alimentaire » se sont chiffrées à 51,13 MMDH au lieu de 51,61 MMDH un an plus tôt. Dans son bulletin, l’Office fait état du recul des exportations de l’industrie alimentaire (-367 MDH, -1,5%) et de l’agriculture, sylviculture, chasse (-270 MDH, -1,1%), atténué par la hausse des exportations de l’industrie du tabac (+138MDH, +23,0%). A noter enfin que les exportations marocaines ont atteint globalement 262,44 MMDH à fin juillet 2024 contre 248,732MMDH une année auparavant, correspondant à une progression de +5,5% équivalant à +13,71 MMDH. Alain Bouithy

Maroc: Industries manufacturières: L’indice des prix à la production reste sur une tendance haussière au deuxième trimestre

L’indice de la production des industries manufacturières hors raffinage de pétrole est ressorti en hausse au deuxième trimestre de 2024, selon les chiffres publiés par le Haut-commissariat au plan (HCP). Il reste ainsi sur une tendance haussière pour le deuxième trimestre consécutif. En effet, d’après l’institution publique dirigée par Ahmed Lahlimi Alami, « l’indice de la production des industries manufacturières hors raffinage de pétrole a enregistré une hausse de 5,8% au cours du deuxième trimestre de 2024 par rapport à la même période de 2023 ». Au cours du premier trimestre de 2024, il était ressorti en hausse de 2% en glissement annuel. Selon les explications du Haut-commissariat, l’évolution observée au deuxième trimestre résulte notamment de la hausse de l’indice de la production de l’«industrie chimique» de 18,8%, de celui de l’«industrie automobile» de 22,7%, de celui de la «fabrication de produits à base de tabac» de 25,8%, de celui de la «fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques» de 25,9%. Dans une récente note d’information relative à l’indice des prix à la production industrielle, énergétique et minière (IPPIEM), le HCP indique que cette variation s’explique également par la hausse de l’indice de la production de  la «fabrication d’autres produits minéraux non métalliques» de 3,2%, de celui de la «métallurgie» de 8,9% et de celui de la «fabrication de produits en caoutchouc et en plastique» de 7%. A titre de comparaison, l’évolution observée au cours du premier trimestre 2024 était justifié notamment par la hausse de l’indice de la production de l’«industrie chimique» de 13,2%, de celui de l’«industrie automobile» de 9,2%, de celui de la «fabrication de produits informatiques, électroniques et optiques» de 31,3%, de celui des «industries alimentaires» de 2,6% et de celui de l’«industrie pharmaceutique » de 7,3%. Toujours selon l’institution chargée de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, au deuxième trimestre de l’année en cours, l’indice des «industries alimentaires» a en revanche enregistré une baisse de 6,9%, celui de la «fabrication de boissons» 13,4%, celui de l’«industrie de l’habillement» 6,3%. Ce recul est aussi observé au niveau de l’indice de la production de la «fabrication de produits métalliques, à l’exclusion des machines et des équipements» de 6,9%, de celui de la «fabrication d’équipements électriques» de 10,7% et de celui de la «fabrication de textiles» de 8,8%. Une tendance déjà observée au premier trimestre dernier. En effet dans sa précédente note d’information, le HCP avait fait état d’une baisse de l’indice de production de la «fabrication de produits à base de tabac» de 28,6%, de celui de la «fabrication de produits métalliques, à l’exclusion des machines et des équipements» de 11,7%, de celui de la «fabrication de l’habillement» de 8,4% et de celui de la «fabrication d’équipements électriques» de 7,4%. Dans sa dernière note, le Haut-commissariat indique par ailleurs que l’indice de la production des industries extractives a enregistré une hausse de 29% au titre du deuxième trimestre de 2024. Cette évolution résulte de la hausse de l’indice de la production des «produits divers des industries extractives» de 30,4% et de celui des «minerais métalliques» de 0,6%, a expliqué l’organisme public ajoutant que l’indice de la production de l’énergie électrique a enregistré, de son côté, une baisse de 6,6%. A titre de comparaison, rappelons qu’au trimestre précédent, l’indice de la production des industries extractives avait enregistré une hausse de 28,6%, résultant de la hausse de l’indice de la production des «produits divers des industries extractives» de 30,2% et de celui des «minerais métalliques» de 0,2%. De son côté, l’indice de la production de l’énergie électrique était ressorti en hausse de 3,2%. Alain Bouithy

Maroc: Les grossistes s’attendent à une stabilité du volume des ventes au troisième trimestre 2024

CONJONCTURE. 73% des grossistes s’attendent à une stabilité du volume global des ventes au troisième trimestre de 2024, selon les résultats des enquêtes trimestrielles de conjoncture réalisées par le Haut-commissariat au plan (HCP) auprès des entreprises opérant dans les secteurs des services marchands non financiers et du commerce de gros. En effet, dans une note d’information relatant les principales appréciations des grossistes telles qu’elles ressortent de ces enquêtes de conjoncture, le HCP indique : « Les anticipations de 73% des grossistes affichent une stabilité du volume global des ventes pour le 3ème trimestre de 2024, et une hausse selon 18% d’entre eux ». Selon les explications de l’institution publique, chargée de la production, de l’analyse et de la publication des statistiques officielles au Maroc, cette évolution serait principalement attribuable, d’une part, à la hausse prévue des ventes dans le «Commerce de gros de produits alimentaires, de boissons et de tabacs», le «Commerce de gros de biens domestiques» et les «Autres commerces de gros spécialisés». Cette variation s’expliquerait aussi par la baisse prévue des ventes dans le «Commerce de gros d’équipements de l’information et de la communication» et le «Commerce de gros de produits agricoles bruts et d’animaux vivants », poursuit la note. D’après les chefs d’entreprise opérant dans le secteur du commerce de gros, « les commandes prévues pour le troisième trimestre de 2024 seraient d’un niveau normal selon 79% des chefs d’entreprise». Quant à l’emploi, la note révèle qu’il « connaîtrait une stabilité des effectifs selon 82% des grossistes ». Toujours selon le Haut-commissariat, dirigé par Ahmed Lahlimi Alami, 28% des grossistes sondés dans le cadre de ces enquêtes estiment que les ventes du secteur du commerce de gros sur le marché local auraient connu une augmentation au deuxième trimestre de 2024. Ils sont 64% à soutenir qu’elles étaient stables durant cette même période. Comme le souligne l’organisme public dans sa note, cette évolution serait principalement attribuable, d’une part, à la hausse des ventes dans le «Commerce de gros d’autres équipements industriels», le «Commerce de gros de produits alimentaires, de boissons et de tabacs» et les «Autres commerces de gros spécialisés». Le HCP attribue également cette évolution à la baisse des ventes dans le «Commerce de gros d’équipements de l’information et de la communication», fait-il en outre remarquer. Pour 86% des grossistes, l’emploi aurait connu une stabilité au deuxième trimestre dernier. 88% d’entre eux estiment que les stocks de marchandises se seraient situés à un niveau normal alors que 80% des chefs d’entreprise interrogés sont persuadés que la tendance observée des prix de vente aurait affiché une stabilité (ils sont seulement 11% à penser au contraire à une baisse). A noter que les anticipations de 56% des chefs d’entreprise du secteur des services marchands non financiers révèlent une augmentation de l’activité globale au troisième trimestre de 2024, et une baisse selon 16% d’entre eux. Selon le HCP, ces anticipations seraient dues, d’une part, à la hausse de l’activité prévue dans les branches des «Transports aériens», de l’«Entreposage et services auxiliaires des transports» et des «Transports terrestres et transport par conduite» et, d’autre part, à la baisse de l’activité prévue dans les branches des «Activités de location et location-bail» et les «Activités de poste et de courrier». D’après l’institution, 49% des chefs d’entreprise de ce secteur prévoient une hausse de la demande et 26% une augmentation des effectifs employés. Il est à signaler que l’activité des services marchands non financiers aurait connu une hausse au deuxième trimestre de 2024, selon 68% des patrons sondés contre 15% qui estiment qu’elle aurait connu une baisse. Cette évolution aurait été le résultat, d’une part, de la hausse des activités au niveau des branches des «Télécommunications», des «Transports aériens» et des «Transports terrestres et transport par conduite», explique le Haut-commissariat dans sa note. La même source estime qu’elle aurait été aussi influencée par la diminution d’activité enregistrée au niveau des branches des «Activités immobilières», des «Activités de poste et de courrier» et de la «Programmation et diffusion». Par ailleurs, si le taux d’utilisation des capacités de prestation (TUC) du secteur se serait établi à 70%, la note rapporte que les carnets de commandes du secteur se seraient situés à un niveau normal par 74% des patrons; tandis que « l’emploi aurait connu une augmentation selon 35% des chefs d’entreprise, et une diminution selon 22% ». Alain Bouithy Alain Bouithy

Maroc. Emploi et pouvoir d’achat, préoccupations majeures des jeunes

Des cris d’inquiétude et de colère que les décideurs feignent d’entendre  SPÉCIAL EMPLOI & POUVOIR D’ACHAT. La situation qui prévaut sur le marché du travail inquiète de plus en plus les jeunes. Ne sachant plus à quel saint se vouer, certains estiment payer le prix de la mauvaise politique du gouvernement en matière de création d’emploi pendant que d’autres pointent du doigt les errements de l‘Exécutif dans l’application de ses propres programmes. Si chacun y va de son analyse, un point semble bien rapprocher les différents points de vue : la situation des jeunes est devenu insupportable pour tout le monde y compris pour leurs familles qui supportent de moins en moins le sort qui leur est réservé. Une situation plombée par la rareté du travail et par le faible voire qua-inexistant pourvoir d’achat chez cette catégorie sociale. Rareté du travail et pouvoir d’achat en chute Pourtant, comme pour l’emploi, le gouvernement a annoncé récemment poursuivre la mise en œuvre des mesures visant à préserver le pouvoir d’achat des citoyens. D’après la note d’orientation du projet de loi de finances (PLF) au titre de l’exercice 2025, l’Exécutif compte le faire « à travers notamment le soutien aux biens et services essentiels, tels que le gaz butane, le sucre et la farine de blé tendre, avec une allocation de 16,5 milliards de dirhams (MMDH) destinée à la Caisse de compensation », rapporte la MAP. En attendant d’y voir plus clair, les jeunes entendent bien rester prudents et vigilants à l’égard de ces nouveaux engagements et promesses. « A vrai dire et d’après ce que j’ai observé ces derniers mois, le pouvoir d’achat est très faible chez les jeunes. Avec ces  prix qui augmentent de plus en plus au Maroc, il est difficile, déjà, pour ceux qui travaillent de s’en sortir, même permis les cadres; alors comment croire que ça va mieux pour les jeunes  chômeurs », fait remarquer Sara, étudiante en communication. Commercial occasionnel, Ahmed partage la même observation. Pour ce jeune diplômé en économie, la situation des jeunes n’a cessé d’empirer. « Au cours des dernières années, le pouvoir d’achat des jeunes Marocains a été fortement mis à l’épreuve en raison de divers facteurs. Tout d’abord, l’augmentation du taux de chômage a eu un impact significatif, réduisant les opportunités d’emploi pour cette catégorie de la population. En outre, des phénomènes tels que la sécheresse ont entraîné une augmentation des prix des denrées alimentaires de base, ce qui a encore davantage restreint le budget des jeunes ». Mais ce qui inquiète le plus A., qui n’a jusqu’alors pu trouver un emploi correspondant à sa formation, c’est surtout la détérioration du pouvoir d’achat : « elle affecte non seulement les jeunes, mais également toutes les couches de la société, bien que de manière différenciée », confie-t-il avec amertume. Pour Leila R., une étudiante en stage au sein d’une start-up nouvellement créée dans le digital, la situation est encore plus préoccupante dès lors qu’on ne peut trouver de solution du côté de sa famille qui se démêle elle-même pour joindre les deux bouts. Explications : « on avait toujours tendance à dire qu’au Maroc on s’entraide dans la famille. S’il y une personne qui chôme, elle est aidée par sa mère, son père ou sa sœur ou encore son frère… Maintenant c’est à peine si ils arrivent à s’en sortir avec leurs propres charges, pour pouvoir aider un autre membre de la famille en chômage, surtout si cette personne censé vous aider a des enfants à charge, sa propre petite famille… », Constate-t-elle faisant remarquer par ailleurs que tout est devenu payant, surtout dans les grandes villes comme Casablanca. Existe-t-il vraiment des solutions pour sortir de cette impasse et espérer gagner sa vie par ses propres ailes ? En guise de réponse à cette question, Brahim confie : « les jeunes chômeurs ne restent pas les bras croisés. Bon nombre continuent de chercher des sources de revenus par le biais d’Internet, en créant par exemple un business en ligne, entre autres.  Cela a marché pour quelques uns, mais il y a toujours des risques pour ceux qui ne savent pas s’en servir ou rencontrent des personnes malintentionnées qui les manipulent afin de les dépouiller de leurs économie ruinant ainsi leurs efforts ». En quête d’emploi depuis plus d’un an, Khadija confie ceci : « ces dernières années, la plupart des jeunes, en l’occurrence des étudiants, émancipent un « plan b » face au chômage en essayant de ne pas tomber dans les mêmes erreurs que leurs aînés qui ont autrefois souffert du même fléau ». Selon ce qu’elle a pu observer autour d’elle : « nombreux parmi mes anciens camarades d’université ont fini par se lancer dans l’apprentissage des langues étrangères, comme l’allemand, pour multiplier les chances d’être recrutés ailleurs. Certain ont passé le Toefel dans le même objectif espérant ainsi réussir ce test avant de quitter le pays. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à y songer avant même d’entrer à l’université. L’apprentissage de la langue chinoise n’échappe pas à cette tendance. Bref, on se déploie pour se sortir de la souffrance et de la crainte du lendemain ». La vigilance doit rester le mot d’ordre Amina, deuxième année à la faculté de médecine en est certaine : « malgré les promesses des responsables politiques qui vantent l’auto-emploi, l’auto entreprenariat, la vigilance doit rester le mot d’ordre. Pour les moins chanceux, surtout pour ceux d’entre nous qui sommes issus de familles modestes. Il faut admettre que la crainte d’un lendemain sans travail sûr et prometteur ne cesse de nous hautes, parents comme jeunes ». Mais pour Khadija, « la vraie hantise des jeunes c’est le travail informel ou intermittent : on avance sans connaitre ses droits ni ses obligations », déplore-elle. Dans ce cas, «je préfère suivre des formations continues et des stages instructifs de préférence payants en espérant ainsi pouvoir mieux m’intégrer dans le monde du travail ». Pour Ilias, qui s’essaie à l’entreprenariat après plus d’un an de chômage, « les jeunes se retrouvent souvent confrontés à des difficultés majeures pour accéder à un emploi stable et rémunérateur, ce qui aggrave leur situation financière et leur capacité à subvenir à leurs

Ni en emploi, ni en éducation, ni en formation: La situation des jeunes NEET au Maroc

L’aperçu préoccupant du HCP SPÉCIAL EMPLOI & POUVOIR D’ACHAT. Plus de 25 % des jeunes Marocains âgés de 15 à 24 ans se trouvent dans une situation de NEET (ni en emploi, ni en éducation, ni en formation) soit 1,5 million de jeunes, a annoncé en mai dernier le Haut-commissariat au plan (HCP) indiquant que cette catégorie représente un contingent substantiel de la population juvénile. « Cette proportion significative souligne l’importance de comprendre les motifs sous-jacents et les dynamiques sociales qui contribuent à cette désaffiliation des activités éducatives, professionnelles et formatives », estimait alors l’organisme public dans ses « Brefs du plan » (N°29 du 15 mai 2024). Dans ce 29ème numéro, intitulé «Profils et déterminants des jeunes NEETS au Maroc : Un éclairage à partir de l’enquête nationale sur l’emploi 2022 », le Haut-commissariat annonçait qu’une analyse plus approfondie des données révèle une distinction notable entre les jeunes NEET au chômage et ceux inactifs. En effet, soulignait-t-il, plus d’un quart des jeunes NEET (27,6%) sont au chômage, tandis que les trois quarts (72,4%) restants sont inactifs, ne manifestant pas d’intérêt actif pour l’insertion professionnelle. Pour les auteurs de cette étude, Khamissa Elkachach et Zineb EL Ouazani Touhami, « cette distinction entre les deux catégories soulève des interrogations sur les politiques de promotion de l’emploi et de l’activité économique, ainsi que sur les dispositifs d’accompagnement des jeunes vers l’emploi et la formation ». D’après eux, une analyse différenciée selon le genre met en lumière des disparités significatives. Ainsi que le révèle l’étude, « les jeunes femmes sont disproportionnellement touchées par la « NEETitude », avec un taux atteignant 37,3% chez cette population, comparativement à 13,5% chez les hommes ». Il s’avère que « cette disparité de genre dans l’accès à l’éducation et au marché du travail soulève des questions essentielles sur l’égalité des chances et l’accès aux opportunités socio-économiques pour les jeunes femmes au Maroc », faisait savoir l’étude. Toujours selon les deux auteurs, une analyse géographique révèle des variations régionales dans la répartition des jeunes NEET, notant qu’en dépit du fait que « la prévalence soit plus marquée en milieu urbain (51,4% des jeunes NEET sont en milieu urbain), certaines régions telles que Béni Mellal-Khénifra (30,6%) et l’Oriental (28,1%) affichent des taux de NEET supérieurs à la moyenne nationale (25,2%) ». Alain Bouithy Lire également: Maroc/Chômage des jeunes. Cette épine que l’Exécutif peine trop à retirer Maroc/Observations de la Cour des comptes : L’action publique en matière d’emploi pointée du doigt  

Maroc/Observations de la Cour des comptes : L’action publique en matière d’emploi pointée du doigt

SPÉCIAL EMPLOI & POUVOIR D’ACHAT. « L’action publique en matière d’emploi, notamment l’insertion des jeunes, se caractérise par la multiplicité des acteurs qui interviennent à plusieurs niveaux, sans une définition claire et précise de leurs rôles et responsabilités et des relations qui les lient », avait déploré la Cour des comptes dans son rapport annuel au titre de 2022-2023 soutenant que cela impactait négativement la convergence et la coordination dans ce domaine. S’il est convenu que le ministère chargé de l’emploi a pour mission d’élaborer et de mettre en œuvre la politique publique dans le domaine de l’emploi conformément au décret n°2.14.280 fixant ses attributions, « la création d’emplois est liée principalement aux différentes stratégies sectorielles », avait indiqué le rapport. « D’où la nécessité de renforcer la coordination et la convergence en termes de fixation des objectifs relatifs à la création d’emplois et garantir leur réalisation », avait alors déduit l’Institution. Il se trouve que « les démarches suivies dans la planification de l’action publique en faveur de l’insertion des jeunes ne permettent pas la consolidation des efforts fournis à cet égard, et ce pour répondre aux spécificités et au caractère transversal de l’emploi », avait fait remarquer ledit rapport soulignant la non adoption de la stratégie nationale de l’emploi (2015-2025) par l’ensemble des parties concernées. Dans ce cadre, selon l’Institution publique, « la conception et l’évaluation du plan national de promotion de l’emploi (2017-2021) ont été marquées par des insuffisances liées principalement aux objectifs et réalisations en termes d’emplois créés ». Explication : pour la fixation de l’objectif lié à la création des postes d’emploi, il s’est limité à la consolidation des objectifs déclarés par les départements ministériels. La Cour des comptes signalait, à cet égard, que « certaines stratégies n’ont pas fixé d’objectifs globaux en termes de création d’emplois (comme la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique par exemple) et que certains secteurs n’ont pas été pris en compte par ledit plan malgré leur importance en matière de création d’emplois (à l’instar du secteur de la pêche) ». Autres griefs évoqués dans son rapport: le plan n’a pas fixé les rôles et les responsabilités des parties concernées ainsi que les ressources à mobiliser afin de mettre en œuvre les mesures préconisées. En conséquence, « cette situation a limité l’appropriation dudit plan par les autres départements ministériels, ce qui a impacté négativement sa mise en œuvre qui reste tributaire de l’engagement de tous les acteurs concernés », avait alors regretté le rapport. Alain Bouithy Lire également: Maroc/Chômage des jeunes. Cette épine que l’Exécutif peine trop à retirer Ni en emploi, ni en éducation, ni en formation: La situation des jeunes NEET au Maroc