Lors de l’examen de son rapport au Comité contre la torture, la République démocratique du Congo (RDC) a présenté les mesures qu’elle a prises pour appliquer la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
« Il est important de rappeler que c’est surtout en milieu carcéral que la torture est pratiquée » en RDC, a déclaré Marie-Ange Mushobekwa, la Ministre congolaise des droits humains devant le Comité réuni à Genève.
Selon Mme Mushobekwa, les détenus congolais sont victimes de torture, de traitements cruels, inhumains ou dégradants de la part des gardiens de prisons. « Mais nous avons également constaté que certains détenus infligent des violences physiques à l’encontre de leurs camarades codétenus », a-t-elle relevé.
D’autre part, certains détenus réservent les mêmes types de traitement aux personnels pénitenciers. « Ceci sans compter certains cas d’abus sexuels subis par les détenus hommes et femmes en prison », a ajouté la Ministre qui a insisté sur le fait que « tout cela doit cesser ».
Malgré l’application de la loi criminalisant la torture et la condamnation de certains auteurs de torture, beaucoup de choses restent à faire, a reconnu la Mme Mushobekwa. « Au-delà des discours, la seule manière d’éliminer la torture en milieu carcéral, c’est la sanction et la prévention. Une sanction sévère, à la hauteur du crime commis. Et la prévention en vulgarisant la loi qui criminalise la torture en RDC », a-t-elle dit.
La Journée internationale pour le soutien aux victimes de la torture organisée dans les prisons
Devant le Comité contre la torture, Mme Mushobekwa a rappelé que son ministère a choisi, depuis 2017, de commémorer chaque année la Journée internationale de lutte contre la torture dans une prison de la RDC. La Ministre a précisé vouloir ainsi exprimer la solidarité et le soutien de son ministère aux victimes de la torture sous toutes ses formes.
Lors des débats, le corapporteur pour l’examen du rapport de la RDC, Benjamin Touzé, a regretté que ce dernier ait été présenté avec dix ans de retard, même s’il reconnait que l’État partie était confronté à un contexte régional et interne particulièrement complexe de même qu’à une situation des droits de l’homme qui semblait s’aggraver, à en croire un constat du Haut-Commissariat aux droits de l’homme (HCDH) dressé en 2018.
M. Touzé a ainsi rappelé que le HCDH indiquait qu’à cette date, plus de 63% des violations des droits de l’homme en RDC était commises par des agents de l’État, principalement des militaires des Forces armées du pays (FARDC) et des agents de la police nationale.
Sur ces interpellations ainsi que certaines interrogations posées les membres du Comité, la délégation congolaise répondra jeudi aux questions des experts onusiens. Le Comité adoptera ultérieurement, lors de séances à huis clos, ses observations finales sur le rapport de la RDC et les rendra publiques à l’issue de la session, le 17 mai prochain.