Ratzinger : L’avenir de l’Église appartient aux “minorités créatives“

TRIBUNE. Le pontificat du pape Benoît XVI que nous avons accompagné le jeudi 5 janvier dernier à sa dernière demeure a été confronté à des tempêtes les plus redoutables de l’histoire de l’humanité. Au milieu de vents violents contraires, ce pape a tenu bon et d’une manière originale inattendue, fixant l’opinion du monde avec une lucidité fulgurante sur la position de l’Evangile et du Christ face à chaque crise. De ce fait , il ne s’est jamais laissé anéantir par des critiques, des moqueries et des diatribes de ses détracteurs. Face au doute généralisé et diffus dans l’esprit de cette génération, il a fait briller la lumière de l’Evangile. Face au relativisme ambiant tant chez les païens que chez les chrétiens, il a pris position pour expliquer, enseigner à temps et à contretemps, faire des reproches et encourager à prendre la bonne direction. L’on découvre ainsi que la pensée de Ratzinger est loin d’être conservatrice ou réactionnaire. Elle a plutôt eu l’audace de la vérité qui dérange comme ce fut le cas à Ratisbone face au politiquement et religieusement correct. Ou encore cette inédite renonciation à sa charge pontificale qui fut un vrai dynamitage idéologique dont ne se remettra point la frange réactionnaire de l’Église. Ce départ choisi est pourtant l’acte le plus novateur et le plus puissant qu’un pape ait fait depuis des décennies, peut-être des siècles. Cette renonciation remet le Christ au centre du village. Il y a, derrière ce geste d’un homme s’avouant fragile et reconnaissant son échec, une puissante pensée politique, théologique et spirituelle. À l’optimisme à toute épreuve de Jean-Paul II au prisme duquel on pouvait encore croire qu’il soulèverait la chrétienté par la force de sa foi et que l’on s’inclinerait à nouveau devant la « splendeur de la vérité » a succédé le réalisme de Benoît XVI qui a permis aux catholiques de faire leur deuil de toute illusion dominatrice et de tout fantasme majoritaire. Benoît XVI a voulu que les catholiques ne se fassent plus d’illusion sur la reconquête du monde, ni même sur les chances de succès à court terme. Renoncer au désir mondain pour tenir au dépôt de la foi et pour recarder la foi du troupeau de Dieu sur le mystère du « petit reste » sera l’itinéraire lumineux qu’a voulu dessiner le pontificat de Benoit XVI. Pour ce dernier, ce n’est plus le succès et la renommée internationale qui compte mais la force spirituelle de s’accrocher au Christ dans sa joie d’entrée à Jérusalem tout comme dans sa solitude de Getsemani. Ce n’est plus le grand nombre remplissant la Place Saint Pierre qui l’intéresse mais le petit nombre de chrétiens résolus à rester fidèles au cœur du kerygme chrétien. Ce “petit reste” qui ne se laisse pas abattre par les dures épreuves parce que convaincu de la Parousie finale. Cette minorité créative qui sous l’inspiration du Saint-Esprit réussit à inventer des solutions aux problèmes nouveaux pour que ne sombre jamais la barque de Pierre. L’acte de foi de Benoît XVI ouvre l’église à un avenir tant que les chrétiens devenus minoritaires se laisseront guider par l’Esprit du Ressuscité pour continuer à ouvrir de nouvelles pistes dans la marche en avant de l’église. Je comprends maintenant mieux le sens caché de l’homélie qu’il nous faisait en 2007 à Loreto : « Allez à contre-courant, n’écoutez pas les voix qui sont nombreuses à faire la propagande de modèles de vie fondés sur l’arrogance et la violence, le succès à tout prix, l’apparence et les possessions matérielles. » On ne s’étonne plus que ce pape ait tant compté dans la vocation de tant de jeunes prêtres que j’ai croisés sur mon chemin. Il les a intellectuellement réarmés et convaincus qu’ils avaient l’avenir devant eux, mais uniquement en Dieu seul et en leur charisme d’inventer les possibles. Voilà pourquoi Joseph Ratzinger sera un jour proclamé docteur de l’Église. Cette même Église qu’il a cherché à soigner en s’immolant volontairement lui-même dans une solitude humiliante pour pouvoir lui indiquer un avenir radieux. Par Germain Nzinga
Vatican/Le testament spirituel de Benoît XVI. “Tenez bon dans la foi!”

DISPARITION. Le Bureau de presse du Saint-Siège a publié dans la soirée d’hier, samedi 31 décembre 2022, le testament rédigé bien avant son décès par le pape émérite. Voici le texte complet. «Si, à cette heure tardive de ma vie, je jette un regard en arrière sur les décennies que j’ai traversées, je vois tout d’abord combien j’ai de raisons de remercier. Je remercie avant tout Dieu lui-même, le dispensateur de tous les bons dons, qui m’a donné la vie et m’a guidé à travers de nombreuses tribulations, qui m’a toujours relevé lorsque je commençais à glisser, qui m’a toujours offert la lumière de son visage. En regardant en arrière, je vois et je comprends que même les parties sombres et pénibles de ce chemin ont été pour mon Salut et que c’est justement là qu’Il m’a bien guidé. Je remercie mes parents qui m’ont donné la vie à une époque difficile et qui, au prix de grands renoncements, m’ont préparé par leur amour un merveilleux foyer qui comme une lumière claire illuminent tous mes jours jusqu’à aujourd’hui. La foi clairvoyante de mon père nous a appris à croire, à nous frères et sœurs, et elle a tenu bon comme guide au milieu de toutes mes connaissances scientifiques ; la piété chaleureuse et la grande bonté de ma mère restent un héritage pour lequel je ne pourrai jamais assez rendre grâce. Ma sœur m’a servi de manière désintéressée et pleine de sollicitude pendant des décennies ; mon frère m’a toujours ouvert la voie par la clairvoyance de ses jugements, avec sa puissante détermination et avec la sérénité de son cœur ; sans cette présence continue qui me précède et m’accompagne, je n’aurais pas pu trouver le bon chemin. Je remercie Dieu du fond du cœur pour les nombreux amis, hommes et femmes, qu’Il a toujours mis à mes côtés ; pour les collaborateurs à toutes les étapes de mon chemin ; pour les enseignants et les élèves qu’il m’a donnés. Je les confie tous avec reconnaissance à sa bonté. Et je voudrais remercier le Seigneur pour ma belle patrie des Préalpes bavaroises, dans laquelle j’ai toujours pu voir transparaître la splendeur du Créateur Lui-même. Je remercie les habitants de ma patrie de m’avoir toujours permis de faire l’expérience de la beauté de la foi. Je prie pour cela, pour que notre pays reste une terre de foi et vous prie : chers compatriotes, ne vous laissez pas détourner de la foi. Enfin, je remercie Dieu pour toutes les belles choses que j’ai pu expérimenter aux différentes étapes de mon parcours, mais surtout à Rome et en Italie, qui est devenue ma deuxième patrie. À tous ceux à qui j’ai fait du tort d’une manière ou d’une autre, je demande pardon du fond du cœur. Ce que j’ai dit tout à l’heure de mes compatriotes, je le dis maintenant à tous ceux qui ont été confiés à mon ministère dans l’Église : Tenez bon dans la foi ! Ne vous laissez pas troubler ! Il semble souvent que la science – d’une part les sciences naturelles, d’autre part la recherche historique (en particulier l’exégèse des Saintes Écritures) – ait des vues irréfutables qui s’opposent à la foi catholique. J’ai assisté de loin aux transformations des sciences naturelles et j’ai pu voir comment des certitudes apparentes fondées contre la foi, ne se révélaient pas être des sciences, mais des interprétations philosophiques appartenant seulement en apparence à la science – tout comme la foi a appris, dans le dialogue avec les sciences naturelles, la limite de la portée de ses affirmations et ainsi à mieux comprendre ce qu’elle est. Depuis soixante ans, j’accompagne le chemin de la théologie, en particulier celui des études bibliques, et j’ai vu s’effondrer, au fil des générations, des thèses qui semblaient inébranlables et qui se sont révélées n’être que de simples hypothèses : la génération libérale (Harnack, Jülicher, etc.), la génération existentialiste (Bultmann, etc.), la génération marxiste. J’ai vu et je vois comment, dans l’enchevêtrement des hypothèses, la raison de la foi a émergé et émerge à nouveau. Jésus-Christ est vraiment le chemin, la vérité et la vie – et l’Église, dans toutes ses imperfections, est vraiment Son corps. Enfin, je demande humblement : priez pour moi, afin que le Seigneur me laisse entrer dans les demeures éternelles malgré tous mes péchés et mes insuffisances. À tous ceux qui me sont confiés, j’adresse jour après jour ma prière qui vient du cœur.»
Le Pape reporte sine die son voyage en RDC

C’est depuis quelques mois déjà que l’on a vu le pape François marcher difficilement et les services de presse de Vatican expliquaient les faits par l’état dégradant du genou de l’Evêque de Rome. C’est donc en raison de ces fortes douleurs et à la demande de ses médecins qu’il reporte sine Die son voyage apostolique du 2 au 5 juillet 2022 tant attendu par les fidèles chrétiens congolais, ainsi que toute la République. En attendant la nouvelle date du voyage, prions pour la santé du pape François qui fêtera ses 86 ans le 17 décembre prochain Par Germain Nzinga
Guerre en Ukraine : Le Pape s’est rendu ce matin à l’Ambassade russe

ACTUALITE. Fait tout à fait inhabituel dans les us et coutumes du Vatican, le pape François a laissé sa maison pour effectuer ce vendredi matin une visite de plus d’une demi-heure dans les bureaux de l’ambassade de la fédération russe près le Saint- Siège avec à la clef ce message bien clair de sa vive inquiétude concernant la guerre en Ukraine. Comme l’annonce un communiqué de presse du Vatican, « le Pape a voulu exprimer sa préoccupation concernant la guerre en Ukraine». Il n’est pas à sa première intervention sur cet épineux problème. Déjà avant-hier mercredi 23 février, au terme de l’audience générale, le Souverain Pontife avait déjà fait part de sa «grande douleur» au sujet de la tournure des évènements en Ukraine. «Malgré les efforts diplomatiques de ces dernières semaines, des scénarios de plus en plus alarmants s’ouvrent» a-t-il déclaré. «Une fois de plus, la paix de tous est menacée par des intérêts partisans», a poursuivi François, invitant à une journée de PRIÈRE et de JEÛNE pour la paix le 2 mars prochain, mercredi des Cendres. À ces armes spirituelles, le pape François veut compléter l’efficacité de l’arme diplomatique. Selon certaines fuites d’information, alors que la Russie s’est engagée dans une opération de grande ampleur en Ukraine, le pape a voulu en rencontrer l’ambassadeur pour « tenter de servir de MÉDIATEUR dans ce conflit » et ce, en vue d’empêcher à tout prix que « les intérêts partisans » ne puissent prendre le dessus sur la paix dans le monde. Par Germain Nzinga