Des jeunes de Madagascar en route vers l’indépendance financière

Des jeunes de Madagascar en route vers l’indépendance financière

La population de Madagascar s’accroît rapidement et devrait passer de 24,2 millions en 2015 à 36 millions d’ici à 2030, selon les chiffres de l’ONU. La croissance démographique présente un potentiel économique, mais pourrait aussi être un défi pour le pays. Les jeunes de Madagascar exercent une pression sur les systèmes d’éducation et de formation afin qu’ils offrent une éducation de qualité pour tous. Un autre défi auquel la nation est confrontée, comme de nombreux autres pays à faible revenu, est la précarité du marché du travail : en 2012, 86 % des employés avaient des emplois précaires. Pour aider à relever ces défis, le Programme de développement des capacités pour l’éducation (CapED) de l’UNESCO est mis en œuvre à Madagascar depuis 2010. Le Programme aide le pays à développer la formation professionnelle pour les jeunes non scolarisés des zones rurales, en offrant des opportunités d’éducation de qualité, pertinente et durable dans les domaines présentant des débouchés pour l’emploi. Depuis 2014, 2 500 jeunes ont été formés, parmi lesquels certains ont mis à profit la formation pour créer leurs propres entreprises et par conséquent, devenir financièrement indépendants. À l’issue de la formation, chaque élève reçoit un kit de démarrage avec soit des graines, soit des ustensiles de cuisine ou d’autres matériels, selon leur domaine d’études, pour les aider à démarrer leurs propres entreprises. Les matières enseignées dans les centres d’apprentissage incluent la maçonnerie, la charpenterie, l’élevage de porcs, la couture, l’ingénierie mécanique et la vannerie. En plus d’offrir aux jeunes la possibilité d’acquérir des compétences pour réaliser leurs ambitions, l’initiative est dénuée de stéréotypes sexistes, ce qui permet aux femmes d’avoir accès à des postes traditionnellement occupés par des hommes. En outre, l’une des retombées positives du programme est qu’il aide à retenir les jeunes travailleurs dans les zones rurales, puisqu’en les dotant des compétences dont ils ont besoin pour trouver des emplois locaux ou lancer leurs propres entreprises, on leur donne une autre option que de migrer vers les villes pour travailler. « Je ne dépends plus de mes parents, je suis financièrement indépendante », dit Natacha Obienne, 21 ans, qui vit avec son mari et son fils. Durant sa formation professionnelle, elle a appris à élever des poissons et à gérer leurs conditions de vie pour optimiser la production. Avant la formation, Natacha ne connaissait rien à la pisciculture. Elle envisage désormais de construire un deuxième étang d’élevage, et elle a pu acheter une maison et une vache. « Je conseille aux jeunes comme moi de suivre une formation car cela m’a tout appris », dit-elle. « Mon avenir est assuré si je continue de progresser comme je le fais maintenant. » Jean Thierry, 22 ans, possède aujourd’hui une entreprise de construction florissante, explique qu’il ne connaissait absolument rien de l’industrie de la construction avant de suivre sa formation. Outre les compétences en construction, il a acquis des techniques de motivation, d’entrepreneuriat et de gestion. L’une des compétences qu’il a appris à maîtriser est de savoir comment doser le béton. Jean recrute désormais d’autres jeunes travailleurs et leur transmet son savoir. Il est aujourd’hui financièrement indépendant depuis deux ans et espère conclure de plus grands contrats prochainement. « Mon avenir est assuré si je continue de progresser comme je le fais maintenant », dit-il. « Je suis fière d’avoir ma propre entreprise. » Emma Claudia, 25 ans, explique que sa mère est morte alors qu’elle n’avait qu’une semaine, qu’elle n’a pas terminé ses études et qu’elle n’a pas de diplômes. Avant la formation, elle ne s’en sortait pas bien financièrement mais le stage auquel elle a participé l’a beaucoup aidée. « Cela a complètement changé mon attitude », dit-elle. « Après la formation, je n’ai même pas attendu de recevoir le kit de démarrage, j’ai commencé à travailler et à appliquer directement tout ce que j’avais appris. » Emma a depuis lancé son propre restaurant. Au début, elle n’avait qu’une casserole et une plaque de cuisson. Aujourd’hui, elle envisage d’ajouter un autre étage à son restaurant. « Je suis fière d’avoir ma propre entreprise », dit-elle. « Même si je ne suis pas encore aisée, je suis en mesure de répondre à tous mes besoins. » Suite au succès du programme de formation CapED, le Président de Madagascar a appelé à élaborer la toute première Politique nationale de l’emploi et de la formation professionnelle, qui vise à accroître les opportunités d’emploi. Cette politique a été légalement adoptée en 2015 avec le soutien de CapED.