Maroc. Près de 40% des entreprises ont réduit leurs effectifs en 2021

Maroc. Près de 40% des entreprises ont réduit leurs effectifs en 2021

2021 n’a pas été une année facile pour bon nombre d’entreprises confrontées aux effets socioéconomiques souvent dévastateurs et catastrophiques de la crise sanitaire liée à la pandémie de coronavirus (Covid-19). L’impact du Covid -19 a été tel que près d’un tiers d’entre elles ont dû arrêter leur activité, pour une durée moyenne de 143 jours en 2021, relève le Haut-commissariat au plan (HCP) qui vient de dévoiler les principaux résultats de sa 4ème enquête qualitative sur les effets du Covid-19 sur l’activité des entreprises. « La reprise d’activité en 2021 a été un peu difficile pour 28% des entreprises qui ont suspendu leur activité pour une durée moyenne de 143 jours durant cette année », a en effet noté le Haut-commissariat dont l’enquête vise à établir un état des lieux des effets de la pandémie sur l’évolution de l’activité des entreprises durant l’année 2021 et à la comparer à ce qu’elle était avant la crise. «Cette suspension a été légèrement plus longue pour 30% des TPE, avec une période moyenne de 158 jours d’arrêt, contre 116 jours pour 27% des PME et 107 jours pour 14% des GE», a fait savoir l’institution publique notant toutefois que les entreprises de l’enseignement et santé humaine (94%), de l’énergie (84%) et du commerce (83%) ont exercé continuellement leur activité sans arrêt en 2021. Au cours de cette même année, «les entreprises des secteurs de l’hébergement (52%), des arts, spectacles et activités récréatives (49%) et de la construction (37%) ont arrêté leur activité pour une période moyenne de 250, 186 et 169 jours respectivement », a poursuivi le Haut-commissariat. Réalisée auprès d’un échantillon de 2300 entreprises organisées, représentant l’ensemble des unités opérant dans les secteurs de l’industrie manufacturière, de la construction, de l’énergie, des mines, de la pêche, du commerce et des services marchands non financiers, l’enquête du HCP révèle par ailleurs que « près de 43 % des entreprises ont subi une baisse d’activité supérieure à 50% ou plus durant l’année 2021 par rapport à la période avant Covid, 27% ont déclaré une baisse entre 10% et 50% et 10% une baisse de moins de 10% ».Précisons que plus de la moitié des TPE ont subi une baisse d’activité de 50% ou plus en 2021 contre 31% pour les PME et 13% pour les GE, selon la note. Ainsi que le révèlent les résultats de cet important travail, décliné selon les catégories d’entreprises et les secteurs de la nomenclature marocaine des activités, « dans le secteur de l’hébergement, la quasi-totalité des entreprises ont rapporté une diminution d’activité et 86% ont déclaré une baisse de 50% ou plus durant l’année 2021 par rapport à la période avant Covid ». Et de préciser que les baisses d’activité supérieures à 50% restent également importantes dans les secteurs de la restauration (65%) et des arts, spectacles et loisirs (75%). Il apparaît que « l’année 2021 a marqué une croissance relative de l’activité pour 7% des entreprises, par rapport à la période précédant la crise » et que, par catégorie, une grande entreprise sur cinq a connu une augmentation de son activité, contre 7% pour les PME, selon le HCP. Il ressort par ailleurs que plus de la moitié des entreprises ont subi une baisse de leur liquidité, la proportion étant de 54% pour les TPE, 51% pour les PME et 43% pour les GE.«La détérioration du niveau de liquidité a été observée dans la quasi-totalité (98%) des entreprises du secteur de l’hébergement et dans 88% de celles de la restauration et des arts, spectacles et loisirs». Tandis que les secteurs de l’énergie et de l’enseignement et santé humaine ont montré plus de résilience face à cette crise, avec respectivement 43% et 48% des entreprises qui ont pu maintenir leur niveau de liquidité.  Sur le volet emploi, il ressort qu’en 2021, 39% des entreprises ont connu une baisse de leurs effectifs employés par rapport à la période précédant la pandémie, 5% ont rapporté une augmentation et 56% ont maintenu leurs effectifs durant cette période. Par catégorie, 24% des GE ont déclaré une réduction de leurs effectifs contre 34% des PME et 43% des TPE. Selon le HCP, « les entreprises ayant réduit leurs effectifs de la moitié ou plus représentent 21% en 2021, par rapport à la période précédant la crise sanitaire. Cette proportion atteint 28% pour les TPE, 10% pour les PME et 5% pour les GE. Précisons que les entreprises de l’hébergement et de la construction ayant réduit leurs effectifs de plus de la moitié représentent respectivement 47% et 30% ». Autre enseignement : près de 24% des entreprises ont réduit le niveau de rémunération de leurs salariés durant l’année 2021. Par catégorie, cette proportion atteint 27% pour les TPE, 20% pour les PME et 10% pour les GE. En revanche, 69% d’entre elles ont pu maintenir le niveau de rémunération de leurs employés et près de 8% l’ont même augmenté par rapport au niveau précédant la pandémie. Précisons que « plus de huit entreprises sur dix opérant dans le secteur de l’hébergement (82%) ont baissé le niveau de salaire de ces employés, 60% de ces entreprises l’ont baissé de 10% ou plus et 22% de moins de 10% ». Selon toujours l’enquête,  12% des salariés étaient en télétravail (17% des entreprises) en 2021, 3% étaient en chômage partiel et 83% travaillaient en présentiel. Le télétravail est particulièrement fréquent dans les secteurs de l’information et communication (39% des salariés) et des activités immobilières (23%). Enfin, «près de 41% des entreprises ont enregistré des absences dues à des contaminations covid au sein de leur personnel, 35% d’entre elles ont signalé plus de 30% d’absences», a fait savoir le HCP précisant que la pandémie a touché 72% des GE, 57% des PME et 31% des TPE. Notons que cette enquête, menée via la collecte assistée par tablette et par téléphone du 17 au 20 janvier 2022, vise également à saisir les perceptions des chefs d’entreprise concernant leurs perspectives en matière d’investissement et de recrutement durant l’année 2022. Elle révèle ainsi que près de 29% des entreprises prévoient de réaliser des projets

Les effets du COVID-19 sur l’alimentation et l’agriculture à l’échelle mondiale

Les effets du COVID-19 sur l’alimentation et l’agriculture à l’échelle mondiale

«A l’heure où le virus se propage et où les cas augmentent, et alors que de nouvelles mesures sont prises pour endiguer sa diffusion, le système alimentaire mondial va subir un bouleversement et une mise à l’épreuve dans les prochaines semaines et les prochains mois », a annoncé l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). «Nous risquons une crise alimentaire imminente si des mesures ne sont pas prises rapidement pour protéger les plus vulnérables, préserver les chaînes d’approvisionnement alimentaire mondiales et atténuer les effets de la pandémie sur l’ensemble du système alimentaire», a prévenu l’agence onusienne. Selon l’organisation internationale, « la fermeture des frontières, les mesures de quarantaine et les perturbations des marchés, des chaînes d’approvisionnement et des échanges commerciaux pourraient restreindre l’accès des populations à des ressources alimentaires suffisantes, diverses et nutritives, en particulier dans les pays durement touchés par le virus ou déjà touchés par des niveaux élevés d’insécurité alimentaire ». A en croire la FAO, la communauté internationale doit s’attendre à des perturbations dans les chaînes d’approvisionnement alimentaire à partir des mois d’avril et de mai. Ainsi qu’elle l’explique sur son site Internet, « les restrictions de mouvements, ainsi que les réactions de défiance des travailleurs, peuvent empêcher les agriculteurs de faire leur travail et les transformateurs de denrées alimentaires – qui manipulent la grande majorité des produits agricoles – de les transformer ». Autre situation à craindre : la pénurie d’engrais, de médicaments vétérinaires et d’autres intrants qui pourrait affecter la production agricole, selon elle. Ce n’est pas tout, puisqu’il faut également s’attendre à ce que « les fermetures de restaurants et les achats moins fréquents dans les épiceries diminuent la demande de produits frais et de produits de la pêche, ce qui affecte les producteurs et les fournisseurs», avertit de même source l’agence affirmant que les petits exploitants agricoles seront particulièrement vulnérables. En outre, les mesures limitant la circulation notamment «des travailleurs saisonniers pourraient avoir des effets sur la production agricole et, par conséquent, impacter les prix sur les marchés à l’échelle mondiale».Par ailleurs, «les mesures destinées à garantir des conditions sanitaires acceptables dans les usines des produits alimentaires pourraient, quant à elles, entraîner un ralentissement de la production». Pour ceux qui n’auraient pas encore pris la mesure de la menace, la FAO rappelle que «la demande alimentaire dans les pays les plus pauvres est particulièrement liée aux revenus, de sorte qu’une perte des sources possibles de revenus pourrait avoir des effets sur la consommation». Mais en dépit de toutes ces menaces qui pèsent à la fois sur les vies et les moyens de subsistance des populations, à l’échelle mondiale, la FAO se veut toutefois rassurante. En effet, elle soutient que, «pour l’instant, les perturbations sont minimes car les approvisionnements en produits alimentaires ont été adéquats et les marchés sont restés stables ». L’agence estime, en outre, que « le niveau des stocks mondiaux de céréales est encore bon et les prévisions sur les récoltes du blé et les principales cultures sont positives pour 2020 ». Par ailleurs, en dépit du fléchissement de la production alimentaire pour les denrées de grande valeur (par exemple les fruits et les légumes) qui aurait probablement déjà eu lieu, la FAO affirme qu’« il n’est pas encore perceptible car il est attribué aux mesures d’endiguement et aux perturbations de la filière ». L’organisation appelle toutefois à la prudence. Et pour cause, si le moment n’est pour l’instant pas à la panique du fait qu’« au niveau mondial, il y a assez de nourriture pour tout le monde », elle exhorte les décideurs politiques du monde entier à « veiller à ne pas répéter les erreurs commises lors de la crise alimentaire de 2007-2008 et à ne pas transformer cette crise sanitaire en une crise alimentaire tout à fait évitable». Car, comme elle le souligne, «nous savons que la maladie finira par se résorber mais nous ne savons pas combien de temps cela prendra». Alain Bouithy