IN MEMORIAM
8 juillet 2020 à l’Espace Culturel Zao de Bacongo à Brazzaville, le Forum des Gens de Lettres, sous la direction de son président Jessy Loemba, a rendu un hommage littéraire aux illustres écrivains Sylvain Bemba et Jean Baptiste Tati Loutard qui nous avaient quittés respectivement le 8 juillet 1995 et le 4 juillet 2009. Ont intervenu à cette occasion les écrivains Willy Gom, Huppert Malanda, Rosin Loemba et Noël Kodia-Ramata. Ci-après notre communication sur le dernier roman intitulé Le Masque de chacal de Tati Loutard publié trois ans avant sa disparition. Deuxième roman de J.B. Tati Loutard après Le Récit de la mort, Le Masque de chacal publié à Présence africaine en 2006, apparaît comme un autre pan de la réalité sociopolitique du Congo esquissé déjà dans les précédentes proses narratives. Et il n’est pas étonnant de voir Dozock rimer avec Touazock du Récit de la mort. De la prose loutardienne, on remarque que ce sont les personnages du terroir qui sont partout omniprésents dans toutes les histoires qui nous sont rapportées. Même s’ils ont pris de l’âge, des Chroniques congolaises au Masque du chacal. Le Masque de chacal est un récit qui confirme le roman-réalité congolais qui nous rappelle les récits de Tati Loutard. S’il y a un prosateur dont l’inspiration baigne toujours dans les réalités de son terroir, c’est bien Tati Loutard. Il habite le Congo comme le Congo l’habite. Trois spécificités se remarquent dans ce roman : la vraisemblance, le bestiaire et la touche poétique de l’auteur. 1. Vraisemblance dans le récit Le Masque de chacal, contrairement aux autres récits de l’auteur qui s’éparpillent dans plusieurs villes congolaises tels Pointe Noire, Dolisie, soutient des aventures qui se déroulent à Brazzaville que l’auteur nous présente avec une nette objectivité sur fond de connaissances géographiques et sociologiques approfondies. Cette ville de Brazzaville qu’il nous présente, dégage encore les effluves des années 90 : « Ce jour-là, Dozock était resté tard dans le bureau. Il avait écrit un article sur les leçons à tirer de la guerre de juin 1997. Il s’était interrogé sur les raisons profondes qui avaient poussé des Congolais à prendre les armes contre eux-mêmes » (p.71). L’auteur élabore son histoire avec les ingrédients qu’il ramasse autour de lui car faisant partie de son quotidien, des ingrédients dont il a eu à vivre les manifestations physiques et morales. Tout se passe dans Brazzaville qu’il connaît comme le fond de sa poche. Ainsi, les lieux comme la Tour Nambemba et la Cathédrale Sacré-Cœur (p.8), Poto-Poto et le port de Yoro (p.9), l’église Saint Esprit p.(74), le rond-point de Poto-Poto (p.82), la Cathédrale et l’Hôtel de ville (p.91), le Cimetière du Centre-ville dans le quartier de la Maison d’Arrêt non loin du complexe d’habitation de ce que fut la compagnie aérienne Air Afrique (p.114)… sont des réalités géographiques qui appartiennent bel et bien à la capitale du Congo. Et le Congolais lambda peut « suivre » les personnages du roman à travers la ville de « Brazzaville-fiction » qui fait écho à « Brazzaville-réalité ». Mais dans ce vraisemblable de l’univers diégétique, se révèle, en dehors de la situation géographique, quelques réalités sociales et sociétales des Congolais dans Le Masque du chacal. Comme dans la plupart de ses récits, Tati Loutard se définit à certains moments comme le secrétaire de la société congolaise dont il semble bien connaître les us et coutumes. Les confrontations interethniques, la vie on ne peut plus énigmatique des hommes politiques, la démocratie naissante au niveau de la presse qui se voudrait libre, voilà quelques aspects réels de la société qui se dévoilent dans ce roman. Celui-ci ne puise ni dans le passé, ni dans ses souvenirs lointains, mais dans le présent des événements qui sont encore frais dans sa mémoire. Aussi l’attitude de Dozock vis-à-vis de sa femme quand celle-ci devient la secrétaire du maire entre dans le normatif de l’inquiétude de l’homme qui craint d’être cocufié. Surtout que les dirigeants politiques ne respectent pas les femmes des autres : « Quand Dozock la vit [Mouna sa femme] quitter la maison pour se rendre au travail, son visage s’assombrit (…) Que lui voulait le maire ? Ces gens de la classe politique ont l’argent et les honneurs. Ils ont maîtresses, épouses, enfants » (p.42). Comme dans la plupart des récits de l’auteur, la mort devient une obsession qui rappelle la réalité congolaise dans la façon de gérer ce phénomène. Dans Le masque de chacal, elle apparaît à travers le personnage de la mère de Mouna. Et le décès de cette dernière dévoile au lecteur l’attitude du beau-fils devant la mort de sa belle-mère. Comme tout Congolais, Dozock s’y implique moralement et matériellement comme le demande la tradition : « Il devait consentir des sacrifices financiers pour améliorer son image auprès de ses beaux-parents (…) Il s’endetterait même lourdement pour être à la hauteur des obsèques et une sépulture susceptible de lui attirer la sympathie » (pp.123-124). Quand on se réfère aux autres récits de l’auteur après la lecture du roman, on constate qu’il y a trace d’intertextualité aux niveaux social et géographique des éléments rapportés presque dans toute sa prose. Aussi, on pourrait aussi définir Le Masque de chacal comme une « chronique congolaise ». 2. La part du bestiaire dans Le Masque de chacal Souvent fondé sue le réalisme congolais et surtout sur le thème de la mort, le récit de Tati Loutard, après un tour dans le surnaturel dans Fantasmagories, donne une place remarquable au bestiaire. Le chacal dont le masque rappelle au héros le temps passé avec son oncle, révèle une réalité congolaise : la complicité qui existe ente le neveu et l’oncle, surtout si ce dernier n’a pas eu d’enfants dans sa vie : « Tout se mélangeait dans sa tête, comme au temps légendaires où les hommes et les bêtes ont des rôles et des actions interchangeables, à l’infini. Ce chacal, c’était l’esprit de son oncle qui devait chaque fois lui rappeler le commerce intellectuel et spirituel qu’ils avaient entretenu tous les deux, du vivant de cet homme qui avait semé
Denis MALANDA : La belle moisson des écrivains de la nouvelle émission « La Voix des Ecrivains »
A la place de l’ancienne émission « L’heure de la lecture » supprimée et remplacée par « La Voix des Ecrivains », les écrivains de tous les horizons tremperont désormais leur plume dans Melun leur ville préférée, mais leur notoriété auprès du public dépasse parfois les frontières de leur région. Les « écrivains régionaux » qui allaient se retrouver le 14 mars 2020 ont vu cette émission annulée en raison du Corona virus. Puis, tout d’un coup, on s’est aperçu qu’il était possible de réaliser l’émission dans un petit studio, en l’occurrence le studio « Spiritu », sur un plateau virtuel, avec les invitées de marque ci-après, et qui ont régulièrement trempé leur plume dans l’encrier de leur terroir : Florence Renard (Poétesse), Véronique Diarra (Romancière), Jade Dragotta (Romancière) et Alfoncine Nyélénga-Bouya (Romancière) qui ont répondu aux questions de Denis Malanda, depuis chez elles. Il y a eu aussi l’intervention des lectrices habituelles à savoir : Claudia Doumax, Corinne Richard, et Anne-France Badoui. Pour Denis Malanda, cette mode d’émission ancrée dans la mise en valeur de tous les aspects de la littérature contemporaine est d’abord une réaction au succès des contributions de toutes les actrices et de tous les acteurs, ou autres nouveaux romans cultivés en dehors de l’hexagone. La première émission disponible sur Youtube a été bien appréciée par tous ceux qui l’on suivie. La plus importante reconnaissance, Denis Malanda l’a reçu de la Mairie de Melun à travers une correspondance de félicitations. Etant entendu que c’est en Septembre 2020, que les activités culturelles reprendront et avec elles l’émission « La Voix des Artistes » qui se tiendra dans la salle de la Maison des Associations Jean XXIII. Ci-après la vidéo de la première émission « La voix des Ecrivains » Clément OSSINONDE