Guinée équatoriale. L’«opération de nettoyage » met à mal les droits humains, et non la délinquance
Les autorités de la Guinée équatoriale doivent immédiatement cesser d’arrêter de façon arbitraire et sans discernement des jeunes hommes dans le cadre de leur lutte contre la délinquance liée aux gangs, a déclaré le 18 août Amnesty International, qui a réuni de nombreux témoignages au sujet de ces arrestations. Réagissant à une multiplication, selon les autorités, des agissements criminels de gangs de jeunes, en particulier d’un groupe appelé « 8 Machettes », le vice-président de la Guinée équatoriale, Teodoro Nguema Obiang Mangue, a lancé début mai un plan national de lutte contre ces gangs, qualifié par les autorités d’« opération de nettoyage ». Le 9 mai 2022, le vice-président Nguema Obiang Mangue a déclaré à la télévision nationale qu’il avait décidé de lancer cette opération afin de « nettoyer » les rues de la Guinée équatoriale en les débarrassant des délinquants et des bandits, et de montrer le « droit chemin » aux jeunes délinquants. « L’ »opération de nettoyage » menée en Guinée équatoriale est extrêmement préoccupante, car elle donne lieu à d’intolérables violations des droits humains. Sous couvert de lutte contre la criminalité, les autorités arrêtent et détiennent de façon arbitraire des jeunes, dont un grand nombre sont torturés, maltraités ou perdent la vie, ou sont soumis à une disparition forcée, a déclaré Marta Colomer, responsable du travail de campagne pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International. « Les autorités de la Guinée équatoriale doivent immédiatement mettre un terme à cette campagne, qui constitue une attaque ciblée contre les droits humains. Il est tout à fait possible de faire face à la criminalité en respectant les droits humains. » Arrestations massives et couvre-feux Le plan du gouvernement comprend un couvre-feu pour les jeunes gens, ainsi que l’incarcération des délinquants présumés dans des prisons de haute sécurité. En l’espace d’une seule semaine, en mai, plus de 400 jeunes ont été arrêtés, et trois mois plus tard, plusieurs milliers de jeunes hommes avaient semble-t-il été arrêtés à travers le pays. En raison d’un manque de preuves dans certaines affaires, des juges ont décidé d’accorder la libération conditionnelle à certains suspects. Au moins deux des personnes arrêtées sont par ailleurs mortes en détention. Amnesty International a mené des entretiens avec des proches de jeunes arrêtés et placés en détention. Dans de nombreux cas, ils ont déclaré que leur proche avait été maltraité par les forces de sécurité pendant son arrestation ou sa détention. Rubén, un jeune homme de 21 ans vivant à Campo-Yaunde, a été arrêté le 20 mai en même temps qu’un groupe de jeunes qui s’étaient rassemblés dans le secteur de Campo-Yaunde, à Malabo, la capitale du pays. Les autorités avaient qualifié ces jeunes de criminels. Le 6 juin, Rubén est mort en détention. La famille a récupéré son corps et un rapport médical indiquant que Rubén avait souffert de problèmes respiratoires et d’anorexie, entre autres problèmes de santé. La famille soutient que Rubén ne souffrait pas de problèmes de santé au moment de son arrestation. Le frère aîné de deux garçons arrêtés a déclaré à Amnesty International : « Les autorités ont pris des mesures pour faire face aux agissements d’un gang qui volait les gens, mais elles ciblent au hasard. Certains sont des délinquants, mais d’autres sont innocents. Il n’y a pas d’enquête. Nous ne sommes pas les seuls à en pâtir. De nombreuses autres familles en subissent aussi les conséquences, partout dans le pays. » « C’est un malfrat, et nous allons l’envoyer en prison » Dans de nombreux cas, on ignore où se trouvent les jeunes hommes qui ont été arrêtés de façon arbitraire par les forces de sécurité, et leurs familles ne reçoivent souvent pas, ou que très peu, d’informations à leur sujet. Lucas, qui est âgé de 24 ans, a été arrêté par la Force d’intervention rapide le 8 mai alors qu’il était en compagnie de sa petite amie et d’amis. Il a été emmené au poste central de police de Malabo. Quand la petite amie de Lucas, Anita, a voulu lui rendre visite, la police lui a dit : « C’est un malfrat, et nous allons l’envoyer en prison ». La famille a appris, de sources informelles, que Lucas serait détenu à la prison de Black Beach, à Malabo, mais personne n’a pu confirmer cette information. En raison de l’absence d’informations sur ce qu’il est advenu de lui et sur le lieu où il se trouve, sa privation de liberté pourrait constituer une disparition forcée, qui est un crime de droit international. Anita a déclaré à Amnesty International : « La seule chose qu’ils disent, c’est qu’aucun de ceux qui ont été arrêtés n’est innocent. S’il s’avère à un moment ou à un autre qu’ils sont innocents, ils seront alors libérés. Ce qui est arrivé à Lucas se produit partout dans le pays, pas seulement ici, à Malabo. » Santiago, un étudiant âgé de 22 ans qui a été arrêté dans la municipalité de Bata il y a trois mois, continue d’être détenu de façon arbitraire par la police. Alors que la police a dit à la famille qu’aucun élément ne prouve que Santiago serait un délinquant, elle lui a demandé de lui verser 100 000 francs CFA (environ 150 dollars des États-Unis) en échange de sa libération. Comme la famille n’a pas les moyens de payer, Santiago est maintenu en détention dans un lieu non révélé. « Je ne suis pas le seul à me retrouver dans cette situation. Tous les postes de police sont remplis de jeunes hommes qui ont été arrêtés. L’autre jour, quand j’y suis allé, il y avait au moins 400 garçons », a déclaré le père de Santiago. La Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, à laquelle la Guinée équatoriale est partie, prévoit que les personnes arrêtées et placées en détention ont le droit de contacter un membre de leur famille ou toute autre personne de leur choix et de communiquer avec cette personne. Quelques jours avant le lancement de l’« opération de nettoyage », le président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo avait déclaré à l’intention de la population du pays que ce plan ne portait pas atteinte aux droits humains, et que les organisations étrangères de défense des droits
Les entreprises pharmaceutiques ont contribué à la catastrophe des droits humains en 2021
Les grands groupes pharmaceutiques ont monopolisé la technologie liée aux vaccins contre le COVID-19, se sont opposés au partage de la propriété intellectuelle, ont facturé leurs vaccins à des prix élevés et les ont vendus en majeure partie à des pays riches. C’est ce qu’observe Amnesty International dans le cadre d’une nouvelle évaluation des pratiques des principaux laboratoires élaborant les vaccins contre le virus. Dix milliards de doses de vaccins contre le COVID-19 ont été produites l’année dernière, ce qui était largement suffisant pour atteindre l’objectif fixé par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) de vacciner 40 % de la population mondiale d’ici la fin de l’année 2021. Pourtant, le rapport intitulé Quand l’argent dicte les décisions : La réponse des entreprises pharmaceutiques à la crise des vaccins contre le COVID-19, qui est une mise à jour du rapport de septembre 2021 d’Amnesty International intitulé «Une double dose d’inégalité. Les laboratoires pharmaceutiques et la crise des vaccins contre le COVID-19», révèle que seulement un peu plus de 4 % des personnes vivant dans des pays à faible revenu présentaient un schéma vaccinal complet à la fin de l’année dernière. « Plus de 1,2 milliard de personnes dans les pays à revenu faible ou intermédiaire inférieur auraient pu être vaccinées à la fin de l’année 2021 si les pays à revenu élevé et les fabricants de vaccins avaient pris au sérieux leurs obligations et responsabilités en matière de droits humains », a déclaré Danièle Gosteli Hauser, experte économie et droits humains à Amnesty International Suisse. « Si les pays à revenu élevé ont accaparé les vaccins, épuisant impitoyablement les stocks avant que les régions plus pauvres du monde ne puissent y accéder, les entreprises pharmaceutiques ont également joué un rôle majeur dans cette catastrophe des droits humains, laissant les personnes les plus vulnérables livrées à elles-mêmes. Ces entreprises ont tourné le dos à celleux qui avaient le plus besoin de vaccins et ont simplement continué de faire des affaires comme si de rien n’était, plaçant les profits au-dessus des êtres humains. Si nous voulons que l’année 2022 soit la dernière de cette pandémie, nous devons changer de cap dès maintenant pour atteindre l’objectif fixé par l’OMS de voir 70 % de la population mondiale vaccinée en juillet 2022. » En 2021, Pfizer/BioNTech et Moderna ont projeté des revenus allant jusqu’à 54 milliards de dollars américains, et pourtant, moins de 2 % de leurs vaccins ont été envoyés à des pays à faible revenu. Tandis que les entreprises chinoises Sinovac et Sinopharm ont envoyé respectivement seulement 0,5 % et 1,5 % de leurs vaccins à des pays à faible revenu. Johnson & Johnson et AstraZeneca ont effectué une meilleure distribution, 50 % de leurs stocks ayant été envoyés à des pays à revenu faible ou à revenu intermédiaire inférieur (dont un grand nombre de doses ont été fournies à titre de « dons » par des pays à revenu élevé et non pas dans le cadre d’accords commerciaux). Cependant, les deux entreprises refusent toujours de partager leur technologie et leur propriété intellectuelle dans le cadre des initiatives coordonnées par l’OMS et abandonnent maintenant leur modèle tarifaire sans but lucratif. Chiffres éloquents « Malgré les milliards de dollars de financement public, ces entreprises continuent de placer leur cupidité avant leurs responsabilités en matière de droits humains. Il est extrêmement inquiétant que l’on donne la priorité aux profits plutôt qu’aux êtres humains, alors même que plus de 5,6 millions de personnes sont mortes du COVID-19 à ce jour. Combien de variants devons-nous affronter avant que les pays à revenu élevé et les entreprises pharmaceutiques réalisent que les personnes dans les pays à faible revenu doivent également avoir accès aux vaccins, et non pas seulement celles des pays riches ? », a déclaré Danièle Gosteli Hauser. Des éléments fournis jusqu’au 31 décembre 2021 par Airfinity, une entreprise scientifique et pharmaceutique, indiquent : AstraZeneca a produit presque 2,4 milliards de doses de vaccin en 2021 et en a fourni 1,7 % à des pays à faible revenu et 70 % à des pays à revenu intermédiaire inférieur, soit une augmentation par rapport à l’évaluation précédente. Johnson & Johnson a produit un peu plus de 300 millions de doses en 2021 et en a fourni 20 % à des pays à revenu faible et 31 % à des pays à revenu intermédiaire inférieur, soit une augmentation considérable par rapport à l’évaluation précédente. Moderna a produit 673 millions de doses en 2021 et en a fourni 2 % à des pays à faible revenu et 23,5 % à des pays à revenu intermédiaire inférieur, ce qui représente une augmentation considérable par rapport à l’évaluation précédente, mais n’est toujours pas suffisant pour atteindre le niveau nécessaire. Pfizer/BioNTech a produit 2,4 milliards de doses en 2021 et en a fourni 1 % à des pays à faible revenu et 14 % à des pays à revenu intermédiaire inférieur, ce qui représente une légère augmentation par rapport à l’évaluation précédente, mais reste bien en dessous de l’objectif de 50 % fixé par Amnesty International. Sinopharm a produit un peu plus de 2,2 milliards de doses en 2021, dont la plupart ont été destinées à la Chine. L’entreprise a fourni 1,5 % de ses doses à des pays à faible revenu et 24 % à des pays à revenu intermédiaire inférieur, ce qui est en dessous de ce qui est nécessaire pour assurer une distribution équitable de ses vaccins. Sinovac a produit un peu plus de 2,4 milliards de doses en 2021, dont la plupart ont été destinées à la Chine. L’entreprise a fourni 0,4 % de ses doses à des pays à faible revenu et 20,5 % à des pays à revenu intermédiaire inférieur. Pas de partages des technologies Le rapport d’Amnesty montre également que ces entreprises ne partagent pas leur propriété intellectuelle, leurs connaissances et leur technologie, érigeant ainsi des obstacles à un accès équitable aux vaccins, et font activement pression contre l’assouplissement des droits de la propriété intellectuelle. « La lutte pour un accès équitable aux vaccins et loin d’être terminée », a déclaré Danièle Gosteli Hauser. « Nous continuerons d’appeler les entreprises pharmaceutiques à donner la priorité aux livraisons aux pays à faible revenu, afin d’arriver à l’objectif fixé par l’OMS
Tunisie : quel avenir pour les droits humains et la démocratie ?
TRIBUNE. Depuis le 25 juillet dernier, EuroMed Droits, ses membres tunisiens et ses partenaires suivent de près la situation politique en Tunisie après que l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) a été interdite de réunion et le Chef du Gouvernement limogé. L’annonce récente par le Président tunisien Kaïs Saïed, dans la nuit du 23 au 24 août, de la prolongation de ces mesures exceptionnelles « jusqu’à nouvel ordre » et d’une déclaration au peuple « dans les prochains jours » soulève des interrogations quant à l’avenir pour les droits humains et les acquis démocratiques depuis 2011. EuroMed Droits constate l’augmentation des interdictions de voyager qui touchent plusieurs tranches de la population, des assignations à domicile et le recours à des tribunaux militaires pour juger des civils, et s’inquiète des discours de haine qui se propagent dans le pays. La démocratie ne peut fonctionner sans l’existence d’institutions législatives et exécutives qui représentent la volonté du peuple et mettent en action cette volonté. Un retour au fonctionnement normal des institutions de l’État, fondé sur la séparation des pouvoirs, est d’autant plus nécessaire que les citoyen.ne.s tunisien.ne.s continuent de faire face à d’importantes difficultés économiques, sociales et sanitaires. L’annonce d’un délai clair (et son respect) pour mettre fin à l’état d’exception et marquer le retour à l’État de droit et à la démocratie est une nécessité à laquelle aucun État démocratique ne peut se soustraire. EuroMed Droits considère que la mise en place, réclamée plusieurs fois par le réseau, de la Cour Constitutionnelle, organe prévu par la Constitution de 2014, aurait permis de trancher le débat sur la constitutionnalité des récentes décisions. Sa création dans les plus brefs délais est primordiale. Tout projet futur doit en outre s’assurer du respect des engagements internationaux de la Tunisie, tout particulièrement en matière de respect des droits humains, y compris des droits des femmes et des droits des personnes migrantes. Les libertés d’expression, d’association, de participer à la vie politique du pays sont des droits fondamentaux garantis par la Constitution de 2014 ; ceux-ci doivent être respectés afin d’empêcher tout retour à un état policier. L’autonomie des Instances publiques indépendantes, dont la liste complète figure au chapitre VI de la Constitution tunisienne, doit également être au cœur de ces priorités. Soutenues depuis leur création par des organisations de la société civile, dont EuroMed Droits, celles-ci sont les garantes du respect des droits humains et des libertés fondamentales. Leur indépendance est essentielle pour la transition démocratique. EuroMed Droits dénonce la fermeture des locaux de l’Instance nationale de lutte contre la corruption, par décision du Ministre de l’Intérieur, et la suspension de ses activités pour une durée indéterminée. EuroMed Droits se tient aux côtés de ses membres et partenaires tunisiens, de toute la société civile et des Tunisien.ne.s, afin d’assurer une transition pacifique vers une démocratie participative qui puisse répondre à leurs besoins et aspirations. EuroMed Droits restera vigilant quant au respect des droits humains et aux restrictions aux libertés que le réseau observerait dans les prochaines semaines, et appelle à une vigilance similaire au niveau international. C’est à cette condition que la Tunisie pourra rester un phare démocratique qui brille dans la région depuis les révoltes arabes de 2011. Dans le cas contraire, les droits humains, les garanties constitutionnelles et la démocratie seront en danger en Tunisie
Congo/Droits humains : l’ACAT pour l’amélioration des conditions de détention
Le président de l’Action des chrétiens pour l’abolition de la torture au Congo (ACAT-Congo), Christian Loubassou, a animé le 2 juillet 2021 à Brazzaville une conférence de presse au cours de laquelle il a émis le souhait de voir le pays se doter d’un texte spécifique relatif au traitement des personnes détenues. Les droits de la personne privée de liberté en République du Congo est le thème sur lequel Christian Loubassou s’est exprimé devant les hommes de plumes du Congo. Selon lui, les droits du détenu sont contenus dans la plupart des instruments juridiques internationaux et régionaux mais leur mise en œuvre dépend de la situation économique, politique et géographique de chaque pays. Il a également émis le vœu de voir qu’au Congo, il existe un texte spécifique relatif à l’ensemble des règles minima des droits de détenu, en fonction des réalités. Il a formulé le souhait qu’au moins, un minima de ces droits soit respecté dans la plupart des prisons congolaises de différente manière en fonction des possibilités du gouvernement. Pour lui, être privé de liberté aujourd’hui ne signifie pas être privé des droits fondamentaux et cela ne devrait pas laisser un regard indifférent à nos semblables. La prison c’est la privation de la liberté d’aller et de venir et rien d’autre. Le constat que nous avons réalisé est que la situation varie d’une prison à une autre. Au Congo, les droits à l’alimentation et à la santé sont garantis mais peut-être pas au rythme souhaité Il a rappelé quelques droits des prisonniers notamment le droit à la présomption d’innocence, à la santé, au contact avec le monde extérieur, au maintien des liens familiaux et amicaux, à un conseil, à la protection de l’intégrité physique, à la non-discrimination et à une alimentation suffisante et équilibrée. A titre de rappel, l’ACAT-Congo depuis 2017 mène en partenariat avec la Fédération internationale des ACAT (FIACAT) un projet de lutte contre la détention préventive abusive (DAP) en République du Congo. Ce projet intitulé : « Garantir l’accès des détenus en attente de jugement à la justice dans quatre prisons de la République (Brazzaville, Pointe-Noire, Dolisie et Ouesso » est dans sa deuxième phase. L’objectif étant de sensibiliser l’opinion publique congolaise aux droits des détenus, aux conditions de détention, aux normes internationales en la matière, à l’impact sur les familles, ainsi que rappeler l’ensemble des garanties judiciaires d’application dans un Etat de droit. A son avis, certaines personnes estiment que parler des droits du prisonnier relève de l’utopie, surtout dans un pays comme le Congo. Compte tenu de son rôle éducatif, la prison prépare le détenu à la resocialisation. Cependant, les valeurs humaines consacrent à la dignité humaine un minimum des droits fondamentaux y compris pour la personne privée de liberté. Florent Sogni Zaou
Droits humains : Yvonne Chaka Chaka au Congo pour défendre les droits de l’enfant
L’artiste-musicienne sud-africaine de renommée internationale, Yvonne Chaka Chaka, est arrivée à Brazzaville le 22 juillet 2019 par le beach en provenance de Kinshasa en RDC. Elle est actuellement engagée dans l’humanitaire et séjourne au Congo jusqu’au 26 juillet prochain pour un plaidoyer auprès du secteur privé. Ce plaidoyer qu’elle mène vise le renforcement d’un partenariat en faveur de la promotion des droits de l’enfant au Congo. Selon elle,le gouvernement congolais ne peut pas tout faire seul. Le secteur privé joue un rôle majeur dans le développement des nations en investissant dans la santé, l’éducation et la protection de l’enfant. «Je suis donc heureuse de venir discuter avec les acteurs du secteur privé du 25 au 26 juillet à Pointe-Noire pour mobiliser ledit secteur en faveur de l’enfant », a-t-elle dit en substance. Yvonne Chaka Chaka arrive au Congo en qualité d’ambassadeur de bonne volonté de l’Unicef et des Nations unies. Elle a toutefois reconnu les efforts de la république du Congo dans la promotion des droits des enfants à l’éducation, à la santé. Elle envisage d’apporte un soutien au gouvernement pour accélérer la réalisation de ces droits. Elle a également prévu un voyage à Pointe-Noire. Avant d’y aller, Yvonne Chaka Chaka va d’abord s’entretenir avec plusieurs autorités de la ville de Brazzaville. Il sied de rappeler que par ailleurs que Mme Chaka Chaka est la fondatrice de la Fondation Princesse de l’Afrique, une organisation de bienfaisance. C’est en 2005 que l’Unicef l’a élevée au rang d’ambassadeur continental spécial sur le paludisme avant d’être plébiscitée, par l’Union africaine et l’Unicef, ambassadrice de bonne volonté pour la prévention des violences contre les enfants en 2008. Florent Sogni Zaou
Kumi Naidoo présente sa vision pour le mouvement des droits humains: « Plus grand, plus audacieux et plus inclusif »
Le premier secrétaire général sud-africain de l’histoire d’Amnesty présente sa vision pour la direction de la plus grande organisation de défense des droits humains du monde, alors qu’il débute son mandat en se rendant à Johannesburg. Le mouvement de défense des droits humains doit être plus grand, plus audacieux et plus inclusif s’il veut répondre aux défis auxquels sont confrontés les gens aujourd’hui, a déclaré le militant chevronné Kumi Naidoo au moment de prendre officiellement ses fonctions de secrétaire général d’Amnesty International. « Notre monde est confronté à des problèmes complexes qui ne peuvent être résolus que si l’on s’éloigne de la vision traditionnelle qui voudrait que les droits humains ne recouvrent que certaines formes d’injustices subies par des personnes, mais pas d’autres. Les schémas d’oppression qui nous entourent sont interconnectés », a déclaré Kumi Naidoo. « On ne peut pas parler de la crise du changement climatique sans reconnaître qu’il s’agit également d’un problème d’inégalité et de race ; on ne peut pas s’attaquer à la discrimination sexuelle sans reconnaître qu’elle est liée à l’exclusion économique des femmes ; et on ne peut pas ignorer le fait que les droits civils et politiques d’une population sont souvent supprimés au moment même où ces personnes tentent de réclamer une justice économique élémentaire. » Amnesty International a alerté à de nombreuses reprises sur le fait que nous vivons à l’une des époques les plus clivantes de l’histoire moderne, avec des dirigeants de premier plan qui nous offrent une vision cauchemardesque de la société, aveuglée par la haine et la peur. Ce n’est qu’en nous rassemblant sous des valeurs communes qui nous unissent, comme les droits humains, que nous pourrons surmonter cette adversité, a déclaré Kumi Naidoo. « Dans mon premier message en tant que secrétaire général, je veux qu’il soit clair qu’Amnesty International ouvre désormais les bras, plus grand que jamais, pour construire une communauté résolument mondiale qui s’étend aux quatre coins de la planète, et en particulier dans les pays du Sud. « Je veux que nous construisions un mouvement de défense des droits humains qui soit plus inclusif. Nous devons redéfinir ce que cela signifie d’être un défenseur des droits humains en 2018. Un militant peut venir de quelque horizon que ce soit : syndicat, école, groupe religieux, gouvernement ou même d’une entreprise », a déclaré Kumi Naidoo. « Je veux que les jeunes sachent tout particulièrement que nous sommes ouverts à eux et que nous avons besoin qu’ils nous mettent au défi d’en faire plus pour eux. Ma conviction la plus profonde, c’est que les jeunes ne sont pas les dirigeants de demain, mais les dirigeants dont nous avons besoin ici et maintenant. Les Ahed Tamini, les Elin Ersson, les Sibongile Ndashe, et toutes les autres personnes qui n’ont pas reculé devant la désobéissance civile ou devant le fait de se faire traiter de naïfs ou d’idéalistes sont les modèles audacieux dont nous avons besoin aujourd’hui. « Amnesty International a été construite sur l’idée que des personnes, qu’importe où elles soient ni qui elles soient, fassent de l’injustice subie par d’autres personnes une affaire personnelle. Et à maintes reprises cela a été prouvé, lorsque des inconnus se réunissent pour se battre en faveur de personnes qu’ils n’ont jamais rencontrées et qui se trouvent de l’autre côté de la terre, alors le changement est possible. » « Aujourd’hui plus que jamais, nous avons besoin que des personnes agissent ensemble et défient les oppresseurs. J’invite toutes les personnes qui se soucient du présent et du futur, celles qui se soucient de leurs enfants et de leurs petits-enfants, celles qui font de l’injustice une affaire personnelle, à nous rejoindre. Amnesty International a besoin de votre voix, de votre participation et de votre présence dans notre mouvement pour faire des droits humains une réalité. » Rendant hommage au précédent dirigeant d’Amnesty International, Kumi Naidoo a déclaré :« Je tiens à remercier Salil Shetty pour tout ce qu’il a apporté à Amnesty International au cours de ces huit dernières années, et pour son travail visant à renforcer notre présence dans le monde entier. J’espère construire sur ces fondations et les élargir, pour veiller à ce que nous devenions un mouvement mondial uni. » Briser les règles, amener le changement Originaire d’Afrique du Sud, Kumi Naidoo a milité toute sa vie en faveur de la justice sociale. Né à Durban en 1965, sa première expérience du militantisme a eu lieu alors qu’il avait 15 ans, lorsqu’il a organisé une manifestation anti-apartheid et qu’il y a participé, ce qui lui a valu d’être renvoyé de son école. À partir de ce moment-là, il s’est investi profondément dans le militantisme dans sa communauté locale et dans l’organisation de mobilisations de masse contre le régime d’apartheid. En 1986, à l’âge de 21 ans, Kumi Naidoo a été inculpé de violation des dispositions relatives à l’état d’urgence. Il a été contraint de passer dans la clandestinité, avant de décider de vivre en exil au Royaume-Uni, où il est resté jusqu’à la libération de Nelson Mandela et la levée de l’interdiction des mouvements de libération. En 1990, alors que le régime d’apartheid s’effondrait, Kumi Naidoo est rentré en Afrique du Sud pour travailler avec l’African National Congress. Là, il s’est attelé à une cause qui lui tenait à cœur : l’éducation, et plus particulièrement les campagnes d’alphabétisation pour adultes et le travail en faveur de l’éducation des électeurs, pour redonner du pouvoir aux communautés qui ont été privées de leurs droits de manière historique et systématique. Kumi Naidoo a eu de nombreux postes de dirigeant, mais son rôle de directeur exécutif de Greenpeace International a consolidé sa réputation de militant audacieux qui défend la désobéissance civile, comme la fois en 2011 où il a été arrêté pour avoir escaladé une plateforme pétrolière groenlandaise afin de remettre en mains propres une pétition pour protester contre les forages dans l’Arctique. Un an plus tard, il occupait une plateforme pétrolière russe dans la mer de Barents, dans la région arctique russe.