Maroc. La croissance nationale atteint 6,6% au quatrième trimestre 2021
Le taux de croissance de l’économie nationale a atteint 6,6% au quatrième trimestre 2021, au lieu d’une baisse de 5,1% durant le même trimestre de l’année précédente, selon une estimation du Haut-commissariat au plan (HCP) dévoilée hier, jeudi 31 mars. Le rebond économique du Maroc provient de la forte hausse de l’activité agricole et des activités non agricoles, qui ont connu une progression respective de 18,9% et 5,6% au cours du dernier trimestre de l’année écoulée. Il est ainsi important de noter que « la valeur ajoutée en volume du secteur primaire, corrigée des variations saisonnières, a augmenté de 20,7% au cours du quatrième trimestre de l’année 2021 au lieu d’une baisse de 9% réalisée durant la même période en 2020 », comme l’a relevé l’institution publique dans une note d’information relative aux comptes nationaux du quatrième trimestre de l’année 2021. « Cette évolution est due à la hausse de l’activité de l’agriculture de 18,9% au lieu d’une baisse de 10,7% une année auparavant et de celle de la pêche de 40,7% au lieu d’une hausse de 11,5% », a expliqué le Haut-commissariat de même source précisant que la performance de l’économie nationale a été réalisée dans le contexte d’une hausse de l’inflation et d’un léger besoin de financement de l’économie nationale. Des chiffres publiés par le HCP, il ressort également que « la valeur ajoutée du secteur secondaire a connu une augmentation de 5,2% au lieu de 0,9% durant le quatrième trimestre de l’année précédente ». A en croire le Haut-commissariat, cette évolution fait suite à l’amélioration des valeurs ajoutées de l’électricité et eau qui ont atteint 6,9% au lieu de 0,2%, du bâtiment et travaux publics (6,4% au lieu d’une baisse de 1,9%), des industries de transformation (5,5% au lieu de 0,9%) ainsi que de la baisse de celle de l’industrie d’extraction (2% au lieu d’une hausse de 8,8%). En hausse de 5,1%, après un recul de 7,1% durant le quatrième trimestre de l’année précédente, la valeur ajoutée du secteur tertiaire a pour sa part bénéficié de l’effet conjugué de la hausse des valeurs ajoutées des hôtels et restaurants de 44% au lieu d’une forte baisse de 57,7%, du commerce de 11,8% au lieu d’un recul de 7,2%, des transports de 5,5% au lieu d’une forte baisse de 22,8%, des services rendus par l’administration publique générale et la sécurité sociale de 5,4% au lieu d’une baisse de 2,1%, des services de l’éducation, de la santé et de l’action sociale de 3% au lieu d’une baisse de 2,2% et des services rendus aux ménages et aux entreprises de 2,4% au lieu d’une baisse de 1,4%. Ainsi que de la baisse de celles des postes et télécommunications de 2% au lieu d’une baisse de 1% et des services financiers et assurances de 1,9% au lieu d’une baisse de 2,2%. C’est partant de toutes ces données, et tenant compte de la hausse de 3% des impôts sur les produits nets des subventions, que le Haut-commissariat a estimé que le produit intérieur brut (PIB) en volume a enregistré un rebond de 6,6% durant le quatrième trimestre 2021 au lieu d’un recul de 5,1% une année auparavant. Sur un tout autre volet, tout aussi important pour comprendre l’évolution de la situation économique du pays, l’organisme public a indiqué qu’avec une hausse de 9,7% du PIB aux prix courants au lieu d’une baisse de 3,3%, le niveau général des prix a connu ainsi une hausse de 3,1% au lieu de 1,8% la même période de l’année passée. En progression de 7,3% au quatrième trimestre 2021 au lieu d’une baisse de 4,9% la même période de l’année 2020, la demande intérieure a contribué pour 7,8 points à la croissance économique nationale au lieu d’une contribution négative de 5,3 points. S’agissant des échanges extérieurs, il est rapporté qu’ils ont dégagé une contribution négative à la croissance, se situant à 1,2 point au lieu d’une contribution positive de 0,2 point le même trimestre de l’année précédente. Selon les données recueillies par le HCP, les importations de biens et services ont affiché une hausse de 5,3% durant le quatrième trimestre 2021 au lieu d’une baisse de 6,7% ; tandis que les exportations ont connu une progression de 3,1% au lieu d’une baisse de 7,7%. Alain Bouithy
La croissance nationale devrait enregistrer une régression de 1,8% au deuxième trimestre (Maroc)
On en sait désormais un peu plus sur l’impact que devrait avoir la pandémie du nouveau coronavirus (Covid-19) sur la croissance de l’économie nationale au premier et au deuxième trimestre 2020. Comme on pouvait s’en douter, les chiffres que vient de publier le Haut-commissariat au plan (HCP) confirment ce que tous les spécialistes redoutaient : l’activité économique sera pénalisée sous l’effet de la pandémie. Selon l’institution publique, sous l’effet de la crise sanitaire, la croissance de l’économie nationale devrait enregistrer une régression de 1,8% au deuxième trimestre 2020, après avoir ralenti à +1,1% au premier trimestre de l’année en cours. « Cette contraction serait principalement le fait d’une baisse de près de la moitié du rythme de croissance de la valeur ajoutée du secteur tertiaire, suite à un arrêt presque total dans les activités de restauration et d’hébergement, d’une réduction de 60% de l’activité dans le transport et de 22% dans le commerce, en comparaison avec notre scénario de référence », a expliqué le HCP. Dans sa récente note de conjoncture trimestrielle, qui retrace les estimations pour le premier trimestre 2020 et les prévisions pour le deuxième, le Haut-commissariat a indiqué qu’outre le ralentissement des services, la valeur ajoutée du secteur secondaire connaîtrait une contraction de 0,5%. Concernant ce secteur, tout porte à croire que « les industries manufacturières seraient les plus affectées par le repli de la demande étrangère adressée au Maroc, avec la chute de la production des secteurs de l’automobile, du textile et des industries électriques », a prévenu le HCP soulignant dans le même temps, que les activités des mines subiraient le repli de la demande des industries chimiques, dans le sillage de la forte régression des exportations de l’acide phosphorique. S’agissant du secteur primaire, l’institution pronostique que les activités agricoles enregistreraient un repli qui se limiterait à 2,9%, en rythme annuel. Ce, en raison notamment de « l’amélioration des perspectives de croissance des cultures printanières, favorisée par le retour quasi-général des précipitations à fin mars et la stabilisation des prix des aliments de bétail ». Le HCP a cependant prévenu que les effets de cette impulsion climatique devraient s’effriter, face à un prolongement des restrictions de circulation des travailleurs saisonniers et au maintien des mesures strictes de contrôle imposées par les pays européens au-delà du mois d’avril 2020, notamment pour les productions périssables comme les fruits et les légumes. Tout compte fait, le Haut-commissariat a estimé que « les effets du confinement au cours du mois d’avril 2020 devrait amputer la croissance du PIB de 3,8 points au deuxième trimestre 2020 ». Ce qui correspond à une perte d’environ 10,9 milliards de dh, au lieu de 4,1 milliards de dh un trimestre auparavant, a fait savoir le HCP ajoutant que les services devraient y contribuer le plus avec -2,49 points, suivis des industries manufacturières qui perdraient -0,39 point. Selon les estimations du HCP pour le premier trimestre 2020, la croissance de la demande étrangère adressée au Maroc se serait infléchie de 3,5% au premier trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu de 1,3% prévu en l’absence de l’effet de la crise du Covid-19, suite au repli du commerce mondial et de la baisse de l’activité de nos principaux partenaires commerciaux. « Le déficit de la balance commerciale se serait creusé sensiblement (+23,8%) au premier trimestre 2020, sous l’effet de la baisse plus conséquente des exportations par rapport aux importations », a relevé l’institution notant que cette situation se serait traduite par une baisse du taux de couverture de 11,6 points pour atteindre 49,7%. Dans le même temps, la consommation des ménages aurait ralenti, affichant une hausse de 1,2%, en variation annuelle ; les prix à la consommation auraient augmenté de 1,4%, en glissement annuel, au lieu de +0,7% ; la masse monétaire aurait évolué au rythme de 3,6%, après +3,7% un trimestre auparavant ; la croissance des créances sur l’économie se serait modérée alors que le marché des actions aurait connu l’une des plus grandes baisses réalisées au cours des vingt dernières années. Mais comme a tenu à le préciser le Haut-commissariat, toutes « ces prévisions restent sujettes à des révisions plus ou moins importantes au fur et à mesure de la publication de nouvelles données », rappelant un contexte empreint de fortes incertitudes quant à la durée de la crise sanitaire, des diverses mesures de confinement et de restriction aux déplacements ainsi que de l’ampleur de l’impact des programmes de dépenses et des plans de soutien à l’économie nationale. A noter qu’en l’absence de la crise Covid-19, le PIB global devrait enregistrer une hausse de 2,1% (en variation annuelle) au deuxième trimestre 2020, contre +1,9% au premier trimestre. Portée par la progression de 2,1% du secteur secondaire et +3,2% du tertiaire, dans un contexte marqué par l’amélioration des activités liées au tourisme, « la croissance des activités hors agriculture devrait accélérer à 2,7% », a souligné le HCP. Parallèlement, la demande intérieure continuerait de soutenir la croissance économique, avec une hausse de la consommation des ménages de 2,7%, tandis que l’investissement poursuivrait son redressement au rythme de 2,3%, dans le sillage d’une amélioration de l’investissement en équipement industriel. Toujours avant la propagation du Covid-19, on notera également que la croissance économique devrait atteindre 1,9% au premier trimestre 2020, en variation annuelle, au lieu de 2,1% au dernier trimestre de 2019. A en croire le HCP, « ce ralentissement avait été attribuable à une décélération de la valeur ajoutée hors agriculture, dont le rythme de croissance se serait établi à 2,5%, au lieu de 3% au cours de la même période ». Alain Bouithy
Maroc: La croissance nationale pourrait s’établir à 3,6% en 2018 et baisser à 3,1% en 2019
Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de maintenir le niveau actuel de son taux directeur à 2,25%, estimant qu’il reste « approprié » au regard de l’évolution récente de la conjoncture économique, des projections macroéconomiques pour les huit prochains trimestres et notamment des trajectoires de l’inflation et de la croissance à moyen terme. La décision du maintien du taux directeur est intervenue lors de sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2018, tenue mardi 19 à Rabat, au cours de laquelle le Conseil de la Banque centrale a examiné et approuvé le Rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du Maroc, ainsi que sur les activités de l’institution d’émission au titre de l’exercice 2017. Au cours de cette réunion, le Conseil de Bank Al-Maghrib a relevé une nette accélération de l’inflation sur les quatre premiers mois de l’année, reflétant « l’impact de la révision par le HCP en mars dernier de la structure du panier de référence de l’indice des prix à la consommation, ainsi que des hausses notables des prix des produits alimentaires à prix volatils et des tarifs des produits réglementés », a-t-il souligné. A l’issue de sa réunion, BAM a indiqué que l’inflation devrait atteindre 2,4% en 2018, avant de revenir à 1,4% en 2019 et que sa composante sous-jacente, qui mesure la tendance fondamentale des prix, continuerait à évoluer à des niveaux modérés, avoisinant 1,1% en 2018 et 1,6% en 2019. S’agissant de la situation de l’économie du pays, le Conseil a indiqué que la croissance nationale s’est accélérée à 4,1% en 2017 contre 1,1% en 2016, grâce notamment au rebond de 15,4% de la valeur ajoutée agricole, alors que la progression de celle des activités non agricoles n’a été que de 2,7%. La croissance nationale devrait ressortir à 3,6% en 2018 et à 3,1% en 2019, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib qui tablent sur une progression de la croissance des activités non agricoles à 3,2% en 2018 et à 3,5% en 2019. Quant à la valeur ajoutée agricole, l’institut d’émission a indiqué qu’elle devrait s’accroître de 5,7% cette année, à la faveur de la bonne campagne agricole, « avec notamment une production céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 98,2 millions de quintaux, avant de reculer de 1,7% en 2019, sous l’hypothèse d’une campagne agricole normale », a-t-il précisé. En ce qui concerne la demande, Bank Al-Maghrib a indiqué que la consommation des ménages et l’investissement maintiendraient un rythme soutenu à moyen terme, tandis que la contribution des exportations nettes à la croissance redeviendrait négative. Commentant la situation du marché du travail entre le premier trimestre de 2017 et le même trimestre de cette année, la Banque centrale a relevé la création de 116 mille postes, dont 50 mille dans les services, 43 mille dans l’agriculture et 32 mille dans le BTP. En revanche, soulignons que les données analysées par BAM ont fait apparaître une perte de 9 mille emplois au niveau de l’industrie, y compris l’artisanat. Par ailleurs, après une entrée nette de 92 mille demandeurs sur le marché, il est apparu que « le taux d’activité a reculé de 0,4 point à 47,1% et le taux de chômage est revenu de 10,7% à 10,5% au niveau national et de 15,7% à 15,6% en milieu urbain », a noté l’institut d’émission. Portée essentiellement par une hausse notable des ventes de la construction automobile et des recettes voyages, la dynamique des exportations s’est maintenue sur les cinq premiers mois de l’année, a relevé la Banque centrale soulignant que le rythme des importations de biens est resté soutenu, notamment pour les biens d’équipement et les produits énergétiques. Autre point abordé lors de cette réunion est celui du dirham dont le cours s’est apprécié au premier trimestre de 2,5% contre le dollar américain et s’est déprécié de 1,8% vis-à-vis de l’euro. Selon les analystes de Bank Al-Maghrib, le taux de change effectif s’est déprécié de 0,9% en termes nominaux et de 0,8% en termes réels, ce qui a contribué à maintenir des conditions monétaires accommodantes. Quant aux taux débiteurs, ils ont connu un recul de 15 points de base, notamment au niveau des prêts immobiliers et des facilités de trésorerie aux entreprises, a-t-on noté. « Dans ce contexte, le crédit au secteur non financier a progressé de 4,1% à fin avril, avec une hausse notable des prêts à l’équipement, alors que les facilités de trésorerie ont accusé une diminution », a indiqué la Banque centrale qui, sur la base de ces évolutions, des perspectives de la croissance non agricole et des anticipations du système bancaire, a revu sa prévision à la baisse pour 2018 à 4% et l’a maintenue inchangée à 4,5% pour 2019. Il est à signaler qu’au niveau des finances publiques, l’exécution budgétaire à fin avril a dégagé un déficit budgétaire de 1,4 milliard à 14,2 milliards, résultant en particulier du recul du solde positif des comptes spéciaux du Trésor. En outre, la Banque centrale a indiqué l’accroissement des recettes ordinaires de 1,1%, ce qui reflète principalement « l’amélioration des rentrées au titre des impôts indirects », a-t-elle indiqué. Alors que les dépenses globales se sont allégées de 1,1%, avec notamment des baisses de 2,7% de l’investissement et de 11,7% de la charge de compensation, a-t-elle poursuivi. Bank Al-Maghrib a toutefois affirmé qu’à moyen terme, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre mais à un rythme « plus lent que prévu en mars » et que le déficit avoisinerait 3,4% du PIB en 2018 et 3,3% en 2019, selon elle. Alain Bouithy