Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de maintenir le niveau actuel de son taux directeur à 2,25%, estimant qu’il reste « approprié » au regard de l’évolution récente de la conjoncture économique, des projections macroéconomiques pour les huit prochains trimestres et notamment des trajectoires de l’inflation et de la croissance à moyen terme.
La décision du maintien du taux directeur est intervenue lors de sa deuxième réunion trimestrielle de l’année 2018, tenue mardi 19 à Rabat, au cours de laquelle le Conseil de la Banque centrale a examiné et approuvé le Rapport annuel sur la situation économique, monétaire et financière du Maroc, ainsi que sur les activités de l’institution d’émission au titre de l’exercice 2017.
Au cours de cette réunion, le Conseil de Bank Al-Maghrib a relevé une nette accélération de l’inflation sur les quatre premiers mois de l’année, reflétant « l’impact de la révision par le HCP en mars dernier de la structure du panier de référence de l’indice des prix à la consommation, ainsi que des hausses notables des prix des produits alimentaires à prix volatils et des tarifs des produits réglementés », a-t-il souligné.
A l’issue de sa réunion, BAM a indiqué que l’inflation devrait atteindre 2,4% en 2018, avant de revenir à 1,4% en 2019 et que sa composante sous-jacente, qui mesure la tendance fondamentale des prix, continuerait à évoluer à des niveaux modérés, avoisinant 1,1% en 2018 et 1,6% en 2019.
S’agissant de la situation de l’économie du pays, le Conseil a indiqué que la croissance nationale s’est accélérée à 4,1% en 2017 contre 1,1% en 2016, grâce notamment au rebond de 15,4% de la valeur ajoutée agricole, alors que la progression de celle des activités non agricoles n’a été que de 2,7%.
La croissance nationale devrait ressortir à 3,6% en 2018 et à 3,1% en 2019, selon les prévisions de Bank Al-Maghrib qui tablent sur une progression de la croissance des activités non agricoles à 3,2% en 2018 et à 3,5% en 2019.
Quant à la valeur ajoutée agricole, l’institut d’émission a indiqué qu’elle devrait s’accroître de 5,7% cette année, à la faveur de la bonne campagne agricole, « avec notamment une production céréalière estimée par le Département de l’Agriculture à 98,2 millions de quintaux, avant de reculer de 1,7% en 2019, sous l’hypothèse d’une campagne agricole normale », a-t-il précisé.
En ce qui concerne la demande, Bank Al-Maghrib a indiqué que la consommation des ménages et l’investissement maintiendraient un rythme soutenu à moyen terme, tandis que la contribution des exportations nettes à la croissance redeviendrait négative.
En ce qui concerne la demande, Bank Al-Maghrib a indiqué que la consommation des ménages et l’investissement maintiendraient un rythme soutenu à moyen terme, tandis que la contribution des exportations nettes à la croissance redeviendrait négative.
Commentant la situation du marché du travail entre le premier trimestre de 2017 et le même trimestre de cette année, la Banque centrale a relevé la création de 116 mille postes, dont 50 mille dans les services, 43 mille dans l’agriculture et 32 mille dans le BTP.
En revanche, soulignons que les données analysées par BAM ont fait apparaître une perte de 9 mille emplois au niveau de l’industrie, y compris l’artisanat.
En revanche, soulignons que les données analysées par BAM ont fait apparaître une perte de 9 mille emplois au niveau de l’industrie, y compris l’artisanat.
Par ailleurs, après une entrée nette de 92 mille demandeurs sur le marché, il est apparu que « le taux d’activité a reculé de 0,4 point à 47,1% et le taux de chômage est revenu de 10,7% à 10,5% au niveau national et de 15,7% à 15,6% en milieu urbain », a noté l’institut d’émission.
Portée essentiellement par une hausse notable des ventes de la construction automobile et des recettes voyages, la dynamique des exportations s’est maintenue sur les cinq premiers mois de l’année, a relevé la Banque centrale soulignant que le rythme des importations de biens est resté soutenu, notamment pour les biens d’équipement et les produits énergétiques.
Autre point abordé lors de cette réunion est celui du dirham dont le cours s’est apprécié au premier trimestre de 2,5% contre le dollar américain et s’est déprécié de 1,8% vis-à-vis de l’euro.
Selon les analystes de Bank Al-Maghrib, le taux de change effectif s’est déprécié de 0,9% en termes nominaux et de 0,8% en termes réels, ce qui a contribué à maintenir des conditions monétaires accommodantes.
Autre point abordé lors de cette réunion est celui du dirham dont le cours s’est apprécié au premier trimestre de 2,5% contre le dollar américain et s’est déprécié de 1,8% vis-à-vis de l’euro.
Selon les analystes de Bank Al-Maghrib, le taux de change effectif s’est déprécié de 0,9% en termes nominaux et de 0,8% en termes réels, ce qui a contribué à maintenir des conditions monétaires accommodantes.
Quant aux taux débiteurs, ils ont connu un recul de 15 points de base, notamment au niveau des prêts immobiliers et des facilités de trésorerie aux entreprises, a-t-on noté.
« Dans ce contexte, le crédit au secteur non financier a progressé de 4,1% à fin avril, avec une hausse notable des prêts à l’équipement, alors que les facilités de trésorerie ont accusé une diminution », a indiqué la Banque centrale qui, sur la base de ces évolutions, des perspectives de la croissance non agricole et des anticipations du système bancaire, a revu sa prévision à la baisse pour 2018 à 4% et l’a maintenue inchangée à 4,5% pour 2019.
Il est à signaler qu’au niveau des finances publiques, l’exécution budgétaire à fin avril a dégagé un déficit budgétaire de 1,4 milliard à 14,2 milliards, résultant en particulier du recul du solde positif des comptes spéciaux du Trésor.
En outre, la Banque centrale a indiqué l’accroissement des recettes ordinaires de 1,1%, ce qui reflète principalement « l’amélioration des rentrées au titre des impôts indirects », a-t-elle indiqué. Alors que les dépenses globales se sont allégées de 1,1%, avec notamment des baisses de 2,7% de l’investissement et de 11,7% de la charge de compensation, a-t-elle poursuivi.
Bank Al-Maghrib a toutefois affirmé qu’à moyen terme, l’ajustement budgétaire devrait se poursuivre mais à un rythme « plus lent que prévu en mars » et que le déficit avoisinerait 3,4% du PIB en 2018 et 3,3% en 2019, selon elle.
Alain Bouithy